Gojira + Car Bomb (01/04/2017)
par Neredude (17/04/2017)
Une tournée nationale du plus grand groupe de metal de l'histoire de France, c'est toujours un événement. D'autant plus que la popularité de la formation originaire des Landes n'a fait que croître avec leurs deux derniers albums. Quatre longues années après leur dernier passage parisien au Bataclan, c'était le grand retour de Gojira, dans une Olympia complète. La réussite serait-elle au rendez-vous ?
Car Bomb
Nous l'avions appris la veille : pas de Code Orange en ouverture de la première soirée à Paris. La formation de sludge américaine ne se produira que le lendemain à l'Olympia. Aujourd'hui, les new-yorkais de Car Bomb ont la tâche on ne peut plus ardue d'ouvrir pour le reptile géant. Placé en mezzanine juste devant la régie, l'ingé-son du groupe nous assure que le son devrait être optimal, avec de "bonnes basses", pour le citer. Le groupe ayant sorti un des meilleurs albums de 2016 avec leur troisième effort Meta, il y avait de quoi être impatient, surtout après la claque en première parte de Meshuggah en 2014.
Malheureusement, le son est vraiment décevant au balcon : imprécis et surchargé en basses. Les subs couvrent tout, et avec une musique aussi dense et tordue que celle de Car Bomb, il est très difficile d'apprécier ce concert. Evidemment, lorsqu'un ou deux instruments sont seuls à jouer, le tout reste audible, mais c'est quand l'ensemble du groupe joue que le son devient baveux : guitare muette, pas ou peu de voix. La puissance des compositions de Car Bomb est évidente, mais dans ces conditions elles ne prennent pas toute leur ampleur.
La situation sonore est moins grave avec les morceaux récents, moins complexes et chaotiques, laissant entendre les excellents riffs signés Greg Kubacki. On peut également noter un jeu de lumières très élaboré, avec des colonnes lumineuses visiblement déclenchées par des capteurs sur la batterie de l'excellent Eliott Hoffmann.
Finalement, en se replaçant derrière la régie, les basses sont nettement moins envahissantes, ce qui permet de profiter des derniers morceaux de ce bien trop court set de 40 minutes, avec un final épique sur "Secrets Within". Comme quoi, il faut toujours se déplacer en concert en cas de problème, comme recommandé dans notre dossier sur le son. Dommage que Car Bomb n'ait pas eu un temps de jeu plus long avec l'annulation de Code Orange. Avec l'accueil plus qu'enthousiaste du public, on peut espérer que les américains auront la possibilité de revenir en Europe, dans de meilleures conditions. Heureusement, Gojira devrait effacer cette frustration.
NDLR : Le problème de son au balcon nous a été confirmé par le personnel de l'Olympia. Selon notre source, la conception du système son de la salle ne permet la diffusion des subs qu'en mezzanine ou en fosse. Apparemment, la salle reçoit régulièrement des plaintes du public placé dans la zone où les subs sont diffusés à chaque concert. Une situation quelque peu ubuesque compte tenu du prestige de l'Olympia et des prix pratiqués par la salle.
Gojira
Suite à cette Bérézina du son en première partie, direction la fosse pour tenter de limiter la casse. L'ouverture du concert se fait sur la complexe "Only Pain" avec un son sec, puissant et heureusement, bien plus satisfaisant que pour Car Bomb. Le mix met très en avant la voix de Joe Duplantier, conséquence logique des derniers albums de Gojira où le chant a gagné en importance. Il est assez convaincant en voix claire, qui est bourrée d'effets au demeurant. Immédiatement, le public est habité par la musique du quatuor : ils connaissent tous les breaks des nouveaux morceaux (qui passent très bien sur scène) et chantent les paroles en choeur. Cette hystérie s'amplifie au fur et à mesure du concert, particulièrement quand le groupe ressort ses classiques de From Mars To Sirius, leur album le plus populaire.
Entre deux morceaux, Joe rappelle que leur premier concert parisien s'était fait au Divan du Monde il y a une vingtaine d'années et qu'ils ne se seraient jamais imaginés jouer dans une Olympia complète deux décennies plus tard. Il remercie le public d'un simple "vous êtes géniaux !", avant d'enchaîner sur "Silvera". Ce morceau, incroyablement accrocheur, avec son riff à la Meshuggah aux angles polis et sa partie de tapping harmonisé est le nouveau tube en puissance de Gojira, sans doute l'hymne du metal français de cette décennie.
Globalement, il n'y a pas grand chose à redire de la performance. Les Landais sont mortellement bien rodés. Ce parfait équilibre entre énergie et précision a beaucoup contribué à leur réputation. La scène est pourvue d'un immense écran sur lequel sont projetées de belles vidéos, dont on retiendra notamment celles d'un volcan en éruption. On peut juste remarquer que, si l'on enlève les titres de Magma, la setlist n'est guère surprenante : la grande majorité des chansons jouées ce soir sont des indéboulonnables de leurs concerts et c'est frustrant quand on connaît les nombreuses pépites de leur catalogue, y compris sur l'Enfant Sauvage, dont seul le titre éponyme est interprété ce soir.
Une des seules vraies surprises du concert est le rappel avec "Clone", tiré de leur premier album sous-estimé. Joe prévient : "Pour ceux qui nous ont découvert avec Magma, ça va un peu secouer !". Quel plaisir d'entendre ces riffs ravageurs inspirés par Morbid Angel, d'autant plus qu'ils montrent bien le chemin parcouru par la formation depuis leurs débuts. Et le talent était déjà là à l'époque. Le doublon avec "Oroborus" est très efficace et nous amène à la deuxième surprise de ce soir : en regardant l'heure, on peut voir que le groupe joue depuis 1h45, un beau cadeau quand on se rappelle que Gojira étaient habitués des concerts d'une heure et quart bien tassées. En bref, une vraie réussite, même le solo de batterie !
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