Most Precious Blood
par Fragone (01/03/2006)

Une fois n'est pas coutume le Caravan Sérail affiche complet. Visiblement le collectif MSA a bien fait les choses puisqu'une une centaine de personnes a envahi le petit club pour une soirée des plus alléchantes regroupant, autour de la tête d'affiche Most Precious Blood, une partie du gratin toulousain en devenir, à savoir Hate Me Tender et 8 Control, ainsi que les lyonnais de The Cold Within.
Arrivé sur les lieux un poil en retard, je n'ai donc pu assister à la prestation de Another Bleeding Season, mais je parviens juste à temps à me glisser à l'intérieur du club au moment où Hate Me Tender entame la sienne. N'étant pas trop versé dans le style émo core plaintif, j'avoue tout de même avoir été agréablement surpris. Malgré une apparence juvénile, Hate Me Tender fait montre d'une maturité assez rare qui lui permet de mettre le public présent assez rapidement dans sa poche. Les deux chanteurs se complètent assez bien et se partagent la scène de manière équitable pour une prestation d'une demi-heure d'assez bonne qualité qui recueille un franc succès.
On change de registre avec les lyonnais de The Cold Within. Les gones nous avaient tellement scotchés avec leur premier ep A Burden of Reason et leur split sorti l'année dernière, qu'il me tardait de voir ce que le groupe avait dans le ventre. De fait, je ne suis pas déçu. Profitant de l'aspiration provoquée par Hate Me Tender, The Cold Within nous expédie dans le nez son hardcore old/new school bostonien, localisé entre Give Up The Ghost et The Hope Conspiracy. L'énergie déployée par les protagonistes déclenche quelques parties de pogos assez efficaces autour du chanteur Flo, impressionnant cerbère de deux mètres de haut qui, par bonheur, prend bien garde de ne pas trop gesticuler dans le pit. Alternant le franchement brutal et le plus torturé, les lyonnais font feu de tout bois et parviennent à mettre le feu à un Caravan Serail en totale ébullition.
On ne présente plus 8 Control. Pensionnaire de Disagree Records en compagnie de leurs collègues Fat Society, les toulousains proposent un set relativement posé en totale adéquation avec leur hardcore métal. Bien qu'un peu statique, 8 Control n'en est pas pour autant dépourvu d'une énergie qui satisfait amplement un public entièrement acquis à sa cause dont l'intense activité nous repousse peu à peu à proximité du bar.
Le clou de la soirée étant imminent, je prends mes quartiers proche de la scène où, tout en me désaltérant, j'ai tout le loisir de détailler la préparation des new yorkais de Most Precious Blood venus en Europe défendre leur dernier opus Merciless. Très rapidement, on sent un groupe pressé d'en découdre, quelque peu frustré d'avoir dû annuler leur tournée du printemps 2005. Aussi le round d'observation s'avère bref et Most Precious Blood entre rapidement dans le vif du sujet, déclamant quelques classiques extraits de Our Lady of Annihilation et du dernier skeud, déclenchant de monstrueux pogos et des circle pits auxquels il est difficile de résister. Les new yorkais ont même droit à quelques séances de slam, pratique que je croyais définitivement perdue, dont une mémorable du balcon du Caravan qui, bien que prudente, provoque l'hilarité de Fusco et de ses acolytes, puis leurs félicitations. Il est quasiment 2 heures du matin et le public toulousain ne se lasse pas. Après la folie sur "The Great Red Shift", la frénésie générale parvient à arracher in extremis un rappel à Most Precious Blood, qui conclue son show sur le classique "Rise Above" de Black Flag, maintes fois repris mais toujours aussi efficace.
Bref un concert qui aura octroyé aux anciens un retour de quelques années en arrière, à l'époque où Toulouse était une place forte du hardcore en France. Par conséquent, ce n'est pas tant la prestation, au demeurant fort honorable, des protagonistes que l'on retiendra, mais plutôt la chaude ambiance qui régnait. Preuve qu'il est encore possible d'organiser avec succès des concerts extrêmes et de rameuter les populations lorsqu'on s'en donne les moyens. "Hardcore Still Lives" comme dirait l'autre.
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