Gohelle Fest 2016

Après deux éditions qui ont vues défiler Kreator, Carcass et Obituary, notamment, le Gohelle Fest est de retour en 2016 sous forme de warm-up. Enfin, c'est vite dit quand on regarde l'affiche de plus près : Benighted, Hypno5e, Carcariass, Svart Crown, Leng Tch'e et les locaux de Death Control. On a vu plus moche. Le rendez-vous est pris le 17 décembre dans la très belle salle du Métaphone, à Oignies, pour l'un des derniers événements Metal de l'année dans les Hauts-de-France. 

Ce n'est jamais évident de débuter un festival. Le public arrive petit à petit et n'est pas encore chaud, qu'à cela ne tienne, les Death Control ont pour mission de lancer les hostilités et ils vont le faire ! Les Ch'tis font dans le Death Old School classique mais bougrement efficace. c'est lourd, violent, le tempo varie, c'est très bien construit. Chaque musicien occupe l'espace, met tout ce qu'il a et leur frontman est très à l'aise, il n'hésite pas à communiquer et à chauffer la foule entre les titres. C'est un petit voyage dans l'esprit Death des 90's et sur une petite demi-heure les gaillards auront réussi leur pari : lancer le festival !
Entre le Nord de la France et la Belgique il y a une frontière, mais celle-ci a disparu depuis bien longtemps. C'est un peu naturellement donc, que pour un tel événement nos frères belges soient représentés. Et l'organisation du Gohelle n'a pas choisi les plus timides, puis que c'est Leng Tch'e qui débarque. Du Grind en veux-tu en voilà, gros son, changements de tempos à la pelle, un coup c'est lourd, un coup ça blast, bref on ne s'ennuie pas ! L'un des atouts majeur de Leng Tch'e, c'est leur vocaliste, Serge. Ce mec est un fou furieux, outre son organe (sa voix, on parle bien de sa voix), il excelle dans l'art de rendre un concert vivant. Il n'hésite pas à inviter des amis présents dans le public à monter sur scène ou à donner son micro dans la fosse pour que le premier venu hurle sa joie. Néanmoins, ça reste carré et ce n'est pas du grand n'importe quoi, Leng Tch'e sait y faire musicalement et envoie une bonne branlée comme il se doit. Les Belges profitent de leur prestation pour rendre un putain d'hommage mérité à Mika Bleu qui nous a quittés cette année, ce gars avait des amis partout, qu'on se le dise, on est pas prêt de l'oublier. 

On change radicalement d'ambiance puisque après que les techniciens se soient affairés à préparer la scène, c'est à Svart Crown de monter sur les planches. Nous avons appris récemment que le quatuor français avait signé chez Century Media, et qu'un nouvel opus est en préparation pour 2017, on en est que plus impatients de les voir jouer ce soir. C'est de dos, dans un atmosphère pesante que Svart Crown entame sa prestation avec les surpuissants Manifestatio Symptoms et Genesis Architect. On est direct dans le bain, leur Black Death est plus que jamais ravageur et en impose un max. Les mecs dégagent énormément d'assurance c'est assez impressionnant à voir, en même temps s'ils ont déjà tourné avec des groupes comme Nile, Septic Flesh et Melechesh, ce n'est pas le fruit du hasard. Hormis au début du dernier titre, An Eternal Descent, il n'y aura pas de com' avec le public, mais sincèrement, il n'y en avait pas besoin, la musique suffisait largement à faire comprendre beaucoup de choses, ce n'est pas les vivats réservés par le Gohelle Fest qui prouvera le contraire. 

Quand vient le tour de Carcariass, les anciens et amateurs de Death Technique sont très attentifs. Fin des 90's début 2000, les Français avaient conquis les fans avec des albums qui sont aujourd'hui à citer parmi les classiques du genre (Sideral Torment en 1998 et Killing Process en 2002). Mais depuis 2009 on a plus ou moins perdu de vue le groupe et ce fut un peu une surprise de les voir à l'affiche de ce warm-up. L'embêtant avec le Death hautement technique et mélodique c'est qu'il faut du temps pour rentrer dans l'ambiance, du moins, si on n'est pas fan. Pourtant au fur et à mesure de ce récital métallique, les Carcariass vont réussir à conquérir le public, au plus le temps passe, au plus les applaudissements sont forts et sincères. Plus qu'une simple démonstration, c'est un set puissant et intense que délivre Carcariass ce soir, l'alchimie entre la technique, la mélodie et la brutalité donnent naissance à une prestation de haut vole qui se terminera par une ovation bien méritée. 

C'est à présent à Hypno5e de monter scène. La salle est bien remplie, tout le monde est chaud, on n'attend qu'une chose : prendre un nouveau tampon. Hypno5e aura passé une bonne partie de l'année sur les routes pour défendre son dernier (et génial album) Shores of The Abstract Line, on imagine donc sans peine que le spectacle sera rodé et plus encore. C'est effectivement le cas, c'est à la fois doux et puissant, beau et triste, étrange mélange de sensations indéfinissables, de Metal, de passages atmosphériques, de cinématiques. Les minutes passent et on ne sait pas, on ne sait plus quel titre est joué, ni de quel album il provient, on profite simplement. Les gaillards se donnent à fond, il voyage en même temps que nous, on a tous pris un billet en business class pour une destination inconnue où le plus important n'est pas où l'on va, mais bien le trajet. 

L'an dernier, ils avaient raté leur rendez-vous avec le Gohelle Fest, puisque leur batteur s'était cassé le bras. C'est donc avec une envie multipliée par deux que Benighted investit les lieux avec autorité. Une petite intro et c'est parti avec Collection Of Dead Portraits, directement suivi par les sauvages Experience Your Flesh et Let The Blood Spill Between My Broken Teeth en 10 minutes Benighted a déjà mis un bordel terrible dans le Métaphone. Les mecs en imposent à mort, Julien Truchan est un frontman énorme qui chauffe le public au maximum, mosh pit, circle pit, wall of death, tout y passe. Les classiques sont de sorties, nous avons le droit aux très romantiques Slut et Swallow mais aussi à deux titres du prochain album, Necrobreed, qui sortira le 17 février 2017. Versipellis et Reptilian sont d'une violence inouïe et totalement taillés pour la scène. Ce dernier fera d'ailleurs l'objet d'un clip bien gore qui paraitra mi-janvier, annonce Julien. Une petite heure (à peu près) de tabassage et de partage plus loin, on est rincés, le show de Benighted aura été une pure folie. 


Au final, pas de têtes d'affiche internationale comme en 2014 et 2015, mais sincèrement, l'important était ailleurs. On a vu des organisateurs et des bénévoles dévoués pour faire vivre un festival qui comme beaucoup est en souffrance financière. Ce "warm-up" avait fière allure, on recommence quand vous voulez.