Clan of Xymox + Des Âmes Libres

Après deux ans d'absence à Paris, Clan of Xymox étaient de retour. Le groupe français Des Âmes Libres avaient la tâche difficile d'ouvrir pour ces légendes de la scène darkwave/goth.

Des Âmes Libres

D'entrée de jeu, un son plutôt bien équilibré se fait entendre, de quoi découvrir le groupe dans de bonnes conditions. La formation intègre des pulsations très efficaces à la boîte à rythme dans ses compositions. Mais les parties mélodiques sont loin d'être aussi convaincantes. Les riffs ne font pas mouche, tout simplement. Même chose pour le chant somme toute bien exécuté et bourré d'effets, lui donnant un aspect éthéré.



Pourtant, il ne se révèle vraiment accrocheur que sur une partie des morceaux. En plus de cela, la performance s'étire sur un long moment, faisant que la tension s'abaisse petit à petit pour aboutir à de l'ennui, ce qui laisse le temps de s'intéresser aux beaux rideaux rouges tirés derrière la scène, façon Twin Peaks. Alors que le set des Âmes Libres continue, ces impressions se confirment. On voit clairement que le groupe veut bien faire, en plus d'être bien au point au niveau technique. A revoir dans d'autres circonstances peut-être.



Clan of Xymox

Après un long moment d’attente, les Hollandais montent enfin sur scène sur les coups de 22h. Le set commence sous de bons auspices avec « Stranger », tiré de leur album éponyme. Le son est plutôt bon, mais on remarque déjà que la guitare de Ronny Moorings n’est pas très mise en avant dans le mix. Ce dernier se retourne d’ailleurs plusieurs fois en regardant son ampli, sans doute à cause d’un accroc technique.  Alors que le concert se poursuit, une série d’interrogations viennent à l’esprit.  Déjà, où sont passés les sons de clavier profonds et classieux, une des signatures de Clan of Xymox, remplacés ici par des synthétiseurs kitsch dignes d’une compilation Dance Machine Années 80 ?



Pourquoi la voix de Ronny Moorings est-elle dépourvue des effets qui lui donnent tant de charme sur album ? C’est tout à son honneur de chanter avec sa voix naturelle, mais l’aura, la mystique de son chant ont complètement disparus en conséquence.  Qu’est-ce qui justifie la simplification embarrassante des parties de guitare, notamment sur « Michelle » et « A Cry in The Wind » ? Qui est l’auteur des images projetées sur l’écran derrière le groupe, qu’on croirait pour la majeure partie avoir été téléchargées en tapant « gothic wallpaper » sur internet ?



Qui dans Clan of Xymox s’est dit qu’il serait bien que le claviériste vienne au premier rang pour jouer avec un mini-synthé à néons fluorescents bleus en faisant des grimaces ? En fait, tout donne l’impression que le groupe ne fait aucun effort, que ce soit dans l’interprétation même des morceaux, le choix du timbre des instruments, le chant, les projections… Ou même la présence scénique ! Si le guitariste/bassiste qui épaule Moorings montre une certaine énergie, le chanteur est lui complètement transparent sur scène, se contentant de quelques gestes pour accentuer ses phrases ou de taper dans les mains quand le rythme s’y prête. Les plus observateurs auront remarqué qu’il avait posé un bloc de feuilles devant un de ses retours : il s’agissait ni plus ni moins que l’intégralité des paroles de ses chansons, dont il tournait les pages à chaque pause ! [NDLR : notre photographe a fait de son mieux pour immortaliser la situation] Il arrive à beaucoup de chanteurs d’user de prompteurs en concert, notamment Abbath ou James Hetfield. Mais ici, ce procédé dérange encore plus car il est à l’image du concert : paresseux et mal présenté.



Pourtant le public semble satisfait et continue de danser comme si de rien n’était. A croire que tous n’attendaient la même chose de Clan of Xymox. Il y avait de quoi avoir des sueurs froides en imaginant que la formation oserait reprendre « Heroes » de David Bowie dans cette configuration, mais le retard déjà accumulé au cours de la soirée a empêché cela, et c’est sans doute mieux ainsi. En fait, le seul réel point positif de ce soir concerne la boîte à rythmes, qui était programmée avec goût, et des sons pleinement adéquats avec la musique de Clan of Xymox, même pour cette version 2016 ! Il est difficile de croire que le groupe ayant joué ce concert a un jour fait partie de la fine fleur du label 4AD…