Enslaved + Ne Obliviscaris à Paris
par Neredude (19/11/2016)
Cela fait déjà 25 ans qu'Enslaved existent, avec une signature musicale qui les rend immédiatement reconnaissables. Treize albums au compteur, sans aucun raté ni bévue : les Norvégiens abattent depuis leurs débuts une carrière admirable à tous les points de vue. Etant des habitués des tournées, il était logique de les retrouver sur les routes pour fêter ce quart de siècle, avec un programme concentré sur leurs derniers albums. Avec Ne Obliviscaris et Oceans of Slumber en ouverture, l'affiche était plus qu'alléchante !
Oceans of Slumber
Une interview avec Enslaved ayant été confirmée pendant le créneau du groupe, nous n'avons pu écouter qu'une partie de l'introduction et de la conclusion du concert. Ceci dit, ces courts moments ont suffi à attiser la curiosité, avec une chanteuse au timbre chaleureux et un niveau technique certain. Le son était plutôt précis, permettant de percevoir distinctement les riffs bien lourds des deux guitaristes. A approfondir !
Ne Obliviscaris
Qui va les arrêter ? Difficile à dire, tant la lancée des Australiens est impressionnante. Ayant commencé à tourner hors de leur terre natale en 2015, ils ont depuis plus ou moins mis tout le monde d'accord et ont beaucoup gagné en reconnaissance, notamment grâce à une longue tournée en ouverture de Cradle of Filth. Ce créneau en première partie d'Enslaved était on ne peut plus logique, et mérité, allaient-ils s'en montrer digne ?
Eh bien, on a déjà un semblant de réponse à la moitié du titre d'ouverture "Devour Me, Colossus", qui laisse entendre un groupe au sommet de son art. Ce soir, le son n'est pas bon à l'étage du Divan du Monde, une descente dans la fosse révèle une mise en son bien plus équilibrée, y compris devant. Ayant eu avec Obscura un son nickel au balcon quelques jours avant, cela prouve que ce n'est pas une science exacte et qu'il ne faut pas hésiter à bouger dans une salle lorsque l'on entend pas bien.
Ne Obliviscaris est toujours aussi intimidant sur scène, avec des instrumentistes qui restituent avec une maîtrise qui force le respect leurs compositions, aussi extrêmes que denses. Mention spéciale au batteur qui est une véritable machine de guerre.
Au chant, le groupe est toujours mené par deux vocalistes qui s'en sortent vraiment bien, même si une forme d'insatisfaction demeure en les écoutant. En effet, le chant clair manque de coffre, et les lignes aiguës de Tim Charles sont plutôt lassantes à la longue. Idem pour Xenoyr, techniquement très au point, mais dont le growl a un timbre qui sonne trop moderne parfois. Un chant extrême un poil plus sale ne serait pas du luxe. Une fois ces pinaillages étalés, il n'y a plus qu'à headbanguer, car il est difficile de faire autrement sur des morceau de bravoure comme "Triptych Lux" et "And Plague Flowers The Kaleidoscope". Car les deux guitaristes du combo se révèlent être de fins limiers pour flairer un bon riff. On sent ici que le groupe a le potentiel pour aller très loin. Tout dépendra des prochains albums, dont le suivant est actuellement en cours de composition sur la route.
Enslaved
C’est sur la musique d’Orange Mécanique que les Norvégiens montent sur les planches, révélatrice de la puissance brute à laquelle l’audience va être exposée. Sans plus attendre, le set commence sur les chapeaux de roue avec «Roots of the Mountain» de leur dernier chef d’oeuvre en date Riitiir. Il est juste regrettable que le son, comme souvent en début de concert, soit loin d’être parfait. Cela sera corrigé en cours de route, mais du coup, certains n’auront pas profité des premiers morceaux de la même manière. Il faut dire que ce début de set est serti d’un répertoire imparable : «Ruun», «The Watcher» ou «Building With Fire» sont des titres qui révèlent les qualités de composition d’Ivar Bjornson, mais aussi d’Enslaved en tant qu’interprètes sur scène !
Comme au Hellfest plus tôt cette année, on a rarement entendu le groupe dans une telle forme. Cela vaut particulièrement pour Herbrand Larsen qui est très juste au chant clair, ce qui était loin d’être toujours le cas par le passé. On pardonne à Ivar ses quelques pains, car ils sont compensés, notamment par la présence scénique incontestable de Grutle, ou bien sûr Ice Dale, avec ses poses on ne peut plus rock n’ roll pendant ses solos. Si cette tournée anniversaire est concentrée sur les dernières sorties d’Enslaved, le groupe n’en oublie pas ses racines pour autant, et nous sort de vieilles pépites comme «Fenris» tirée de Frost. C’est très étrange d’ailleurs, car la formation sonne encore mieux sur cette ancienne chanson, alors qu'Enslaved revendique ostensiblement s’être éloignés de leurs début musicaux. Le choix d’interpréter «The Crossing» du référentiel Below The Lights
est surprenant, car c’est loin d’être le titre le plus adapté à la
scène de l’album. Mais cette chanson a le mérite de sortir du lot dans
un setlist qui comporte finalement beaucoup de titres qui sont joués à
chaque tournée.
L’enchaînement avec «Ground» paraît malvenu, car entame sérieusement le dynamisme dont avait fait preuve le concert jusqu’ici. Ajoutez à cela un solo de batterie aussi court qu’inutile, et nous étions à deux doigts de voir Enslaved finir sur une bévue. Heureusement, les Norvégiens ont plus d’un tour dans leur sac, et dégaînent «One Thousand Years of Rain», qui se révèle comme un titre étonnement efficace sur scène, alors que la version studio était un des titres les moins évidents du dernier album. Le final sur «Allfadr Odinn» confime qu’Enslaved sont puissants sur leur répertoire ancien, laissant le public sur une très bonne note. Après 25 ans d’une carrière exemplaire, Enslaved continuent sur une voie d’excellence, un fait d’arme dont peu de groupes peuvent se vanter. Prions les dieux d’Asgard pour que ça dure !
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