MetalDays 2016 - Part 2

par Grum (07/11/2016)

Ce qui est agréable avec le MetalDays, c’est cette sensation de bien-être. L’organisation s’évertue depuis des années à conserver la jauge de festivaliers au même niveau (12000 personnes par jours) et parfois, on a même du mal à se dire qu’il y a réellement autant de monde sur le site. Le site est vaste, très vaste, un énorme parking/camping plus une partie camping en zone boisée et deux plages. Ce n’est que tardivement, grosso modo vers le coucher du soleil, que le public se presse en masse devant les concerts. L’avantage sera de pouvoir toujours se trouver hyper bien placé pour celui qui le souhaite vraiment, même en arrivant deux minutes avant le début du concert et ce, même pour les têtes d’affiches.

Ainsi, il y a une grosse partie des festivaliers qui passent leur journée à faire des boucles en partant de la second beach, se laisser porter par le courant en bouée ou matelas pneumatique jusqu’à la main beach, puis en remontant tout le site à pied depuis la main beach, en passant devant la second stage et par une partie du camping pour retourner à la second beach, et recommencer. Ce qui crée une certaine animation dans les allées du festival.



Mercredi 27 juillet

Bombus fera les frais d’une programmation avancée. Trop peu de monde aura fait le déplacement en ce début d’après-midi pour apprécier la prestation de haute volée du quatuor suédois. Proposant une mélange Heavy Metal / Hard Rock avec un son très gras, la musique du groupe, qui oscille entre Motörhead pour la voix et Mastodon pour la lourdeur des riffs, est parfaite pour accompagner le soleil de plomb qui pour l’instant cogne sur la mainstage. Matte et Feffe, les deux guitaristes/chanteurs, s’adonnent à un jeu de chaises musicales et n’arrêtent pas de changer de place sur scène tout au long du set, ce qui rajoute du dynamisme à l’ensemble et les trente minutes qui leur étaient allouées ont semblé bien trop courtes. Pour citer les Nuls, “parfois le gras s’en va, mais il reste une tache”. Une grosse tache de sang pour l’occasion, avec l’arrivée d’Aborted et son Death-Goregrind sur scène. Les Belges maîtres es-bourrinage offriront un show à la hauteur de leur réputation, ruinant les tympans et les cervicales des festivaliers qui commencent à affluer devant la mainstage, découvrant au passage une nouvelle activité dans le pit : la bataille de copeaux de bois (qui avaient été épandus dans la nuit pour éponger la boue). Activité qui atteindra son paroxysme pendant le set de Pro-Pain, avec plusieurs festivaliers s’adonnant à moult roulades et chenilles vautrés dans ce gloubi-bouga champêtre. Sur scène, c’est une vraie branlée : son massif, jeu hyper carré, riffs furieux, chant puissant, solos impeccables, les Américains délivrent une des prestations les plus intenses de la semaine. Impossible de rester coi devant le groove dégagé par leur crossover Hardcore/Thrash et la pluie se fait complètement oublier.



Jusque là, on n’avait pas eu trop l’occasion de rigoler et ce n’est pas avec l’arrivée de Dying Fetus que ça allait changer. Le trio assène une méchante claque à un public conquis d’avance. Attendant toujours un nouvel album du groupe (Reign Supreme date déjà de 2012), nous aurons quand même droit à leur nouveau titre, Induce Terror. Malgré l’absence d’une deuxième guitare, le groupe réussit à créer un mur de son imposant, entraînant dans la danse des festivaliers de plus en plus nombreux (la plage quand il pleut, c’est beaucoup moins marrant) et terminera son set sur Killing On Adrenaline. Après ça, il fallait bien une petite redescente. Elle sera abrupte dans le changement de radical de style avec Graveyard et son Heavy Blues psychédélique. Bouffée d’air frais salvatrice avant la suite bien costaud qui nous attendait, les Suédois emportent l’adhésion totale de l’audience, ce qui ne paraissait pas gagné d’avance, grâce à une performance maîtrisée et énergique comme sur Buying Truth. Et dire que sans le savoir, nous assistions à un des tout derniers concerts du groupe.

Alors que la nuit commence à tomber, le MetalDays se met à l’heure british avec Napalm Death. C’est sûr que Barney et sa bande ne sont pas venus pour prendre le thé, mais pour défoncer les religions et les politiques en musique. Le tube des Dead Kennedys repris pour l’occasion sera d’ailleurs transformé en Nazi Trump Fuck Off. Le son est abusivement monstrueux et Barney, remonté comme une pendule. Nous aurons droit bien évidemment à You Suffer, Scum, Suffer The Children et pour le reste le groupe tapera dans ses plus récents albums, avec un final estampillé Smear Campaign avec Persona Non Grata et Smear Campaign.



Place ensuite à Kreator pour la pièce de résistance de la soirée avec un show enflammé. Deux silhouettes menaçantes débarquent sur scène, fusée de détresse à la main alors que retentissent les notes d’intro de Choir of the Damned et puis, Enemy Of God. Le son est énorme, la balance des instruments et de la voix parfaite. Quant à la setlist, habile tissage entre le titres old school et des plus récents, tout le monde y trouve son bonheur : Terrible Certainty, Phobia, Endless Pain, Warcurse, difficile de faire la fine bouche. Mille exhorte le public entre chaque chanson, reprenant dans ses speechs les mêmes thématiques que Napalm Death juste avant eux. S’ajoutent à ça différents effets pour renforcer le show - flammes, fumée, confettis à deux reprises - et le spectacle se transforme en vraie fête. Le concert s’articule en trois actes et pour le deuxième, c’est le dernier album en date (plus pour longtemps) qui est mis à l’honneur. avec Phantom Antichrist, From Flood Into Fire et Civilization Collapse. Le final sera consacré à un retour aux sources commençant avec Violent Revolution. Les incontournables Pleasure To Kill et Flag Of Hate finiront le travail avec en cerise sur le gâteau Betrayer à la place de l’habituel Tormentor. Du travail de pro. La qualité allemande sera également de mise pour la suite avec Die Apokalyptischen Reiter. Une mise en scène léchée avec des effets de manche pyrotechniques (littéralement) ou encore quand Fuchs se transforme en esclave le temps d’une chanson, entravé d’énormes chaînes aux poignets. Niveau musique, rien à redire non plus pour qui apprécie celle des teutons, le son est parfait et l’interprétation habitée, Fuchs étant presque autant un acteur qu’un chanteur. Puis c’est au son de Misery Index sur la second stage que rejoindront notre tente pour un repos mérité.



Jeudi 28 juillet

Après la grosse journée d’hier, place au farniente. La surprise du matin sera la présence d’un Jésus mexicain sur la main beach, tentant tant bien que mal de marcher sur l’eau, mais non, le miracle n’aura pas lieu et il finira par tremper sa toge. Nous décidons de profiter du reste de la matinée pour aller se promener en ville et finir par se faire piéger par une très violente averse. À court d’option, nous nous réfugions dans une pizzeria, assiégée de festivaliers. Une serveuse qui se goure dans les commandes des différentes tables et nous mettrons près d’une heure à être servis. Attente non récompensée puisque nous nous retrouvons face à des pizzas bien trop salées et dégoulinantes d’huile et nous regrettons immédiatement celles servies sur le festival. Alors que la pluie se calme légèrement, nous tentons de regagner le festival, bien tardivement. La pluie tombe encore quand nous arrivons devant Immolation peu après 16h00 et nous nous étonnons de voir le groupe évoluer en formation trio. L’absence du second guitariste se fera malgré tout sentir, laissant de nombreux vides lors des solos. La programmation assez virile de la journée sera interrompu par la venue de Delain. Dans un registre très léger, la bande de Charlotte assure un show divertissant et rafraîchissant. Les membres du groupe se lancent des clins d’oeil et des sourires non stop et on sent une alchimie entre eux, même avec Merel qui a rejoint le groupe l’an dernier. Un problème de pantalon qui n'arrêtera pas de tomber gâchera apparemment un peu l’expérience de Charlotte, qui sortira de scène à plusieurs reprises pour le rajuster.

L’enchaînement avec SepticFlesh sera des plus violents, d’autant plus que la basse de Spiros était mixé bien trop forte, à la limite de la brown note pour ceux qui étaient dans les premiers rangs. Organisant une annihilation sonore totale, les Grecs ont réussi à fédérer un public très nombreux en ce début de soirée. L’univers du groupe transporte et le charisme de Spiros fait le reste. Niveau découverte, Nine Treasures, groupe sino-mongol, se posait là. Du Folk Metal oriental, avec moult instruments traditionnels, joué avec une fraîcheur folle. De quoi mettre la pâtée à toute la scène Pagan actuelle et le public ne s’y est pas trompé, leur réservant une ovation incroyable. Electric Wizard ayant une réputation live loin d’être flatteuse, nous décidons de ne pas bouger nos fesses de là car Gama Bomb allait commencer son concert sur la second stage et, le groupe se faisant assez rare en France, c’était un rendez-vous à ne pas manquer. Un gros moment de n’importe quoi, avec des chansons qui parlent de ninjas ou de zombies dans l’espace, Gama Bomb réussit le pari 2 en 1 de faire marrer et headbanguer les festivaliers en même temps.



Le reste de la soirée sera en roue libre en attendant At The Gates, DevilDriver rassemblera une foule dingue devant la mainstage tandis que nous préférons taire nos impressions face à la performance de Bury Tomorrow (l’erreur de casting de la semaine !). At The Gates était vraiment attendu des festivaliers et le groupe le leur rendra bien, en intégrant notamment la quasi totalité de Slaughter Of The Soul dans la setlist du soir (seul manquait à l’appel Into The Dead Sky). Les suédois joueront aussi de nombreux titres issues de leur dernier album At War With Reality et force est de constater que le mariage des deux fonctionnera parfaitement. Tomas Lindberg, casquette trucker vissée sur la tête comme à l’accoutumée parcourt la scène de long en large et s’amusera à quelques reprises avec le public. Ce sera d’ailleurs le seul à réellement bouger, le reste du groupe étant statique et le show sans fioriture ni effet. Mais quand la musique est bonne, est-ce vraiment nécessaire d’en faire des caisses.
Pour finir la soirée, Obscura mettra un KO technique à son auditoire avec son Death alambiqué, qui pourra nous consoler du split de Necrophagist.
Éreintés par tant de notes jouées à la minute, nous regagnâmes difficilement nos pénates pour cette antépénultième nuit en terre slovène.
(À suivre).

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