Rebellion Festival - Jour 2

par Hugauze (23/08/2016)

Suite de notre première partie, publiée ici.

Après une bonne mais courte nuit réparatrice, l’ami Denis et moi reprenons le chemin du Wintergardens mais nous nous retrouvons devant un barrage de police : la rue est bloquée car un pauvre type est assis sur le rebord d’un immeuble, les jambes dans le vide, prêt à sauter…. Aucune envie de voir et encore moins d’entendre ça, on emprunte les chemins de traverse, puis on prend des forces pour la journée avec un copieux petit déjeuner bien dans la tradition Anglaise (c’est à dire assez dégueulasse !) et on rejoint la scène de la Tower Street Arena pour un bout du set de Contempt, un autre de ces enfants illégitimes de Discharge, RAS. Direction l’Opera pour le set de Slice of Life avec la légende Steve Ignorant de Crass au chant pour un set intimiste et acoustique. Agréable à l’écoute, mais pas évident d’apprécier quand on ne pige pas les textes ! Je retourne dehors découvrir Wonk Unit dont on m’a dit monts et merveilles... Bof, suis pas convaincu, ni par les compos ni par le chant, même si ce groupe a l’air d’avoir ses fans parmi la jeune génération. J’apprécie bien plus Glitter Trash et son chanteur (chanteuse?) transsexuel habillé en indien bondage (!) et dont le set rappelle les grands moments de Wayne CountyReagan Youth suit et c‘est la grosse déception : j’avais jamais été trop fan des disques de ce groupe dans les early 80’s, mais là, avec un seul membre originel à la guitare (jouant faux et pas en place), ça ne décolle pas.

Je change donc de salle pour ne pas rater le début du set des jeunes Australiens de Clowns, dernier ajout au festival, dont les vidéos annonçaient quelque chose d’assez sauvage...  « Ho bordel ! » comme dirait le grand Jean-Pierre Marielle ! Ça déchire sévère du début à la fin du set ! Le chanteur escalade les crash barriers et vient hurler au milieu de la foule, m’arrachant mon iPhone au passage pour le glisser dans sa poche et me le rendre à la fin du morceau, salopiot ! Grand concert de ce groupe, un mélange de psyché et de néo-hardcore 80’s dans une veine Trash Talk / Obliterations / Career Suicide que j’apprécie particulièrement. Comme quoi, le hardcore sans stéroïdes et guitares métal, ça existe encore, ouf ! Le chanteur est une bombe (et un homme de goût comme en atteste son tattoo du logo de Birthday Party) et derrière ça joue sévère. La découverte du festival pour moi !

Pas évident de partir avant la fin, mais je veux absolument voir mes vieux potes Thomas et Vovotte envoyer la purée avec Kommintern Sect, c’est cool de les retrouver ici, et très drôle de voir des punks et des skins Anglais reprendre les refrains en chœur et en Français s’il vous plaît ! Je retrouve avec plaisir les potes dans les couloirs du Rebellion et je passe un peu de temps à papoter avec eux, ce qui fait que je rate une bonne partie du set des Subhumans dehors. J’ai vu une seule fois ce groupe à l’été 1984 pour un concert Londonien avec les californiens de Youth Brigade, bon souvenir. Là, les 2 titres que j’écoute ne me font ni chaud ni froid, je vais donc jeter une oreille au set des glameux Italiens Giuda en compagnie de mon pote Wayne, chanteur de Slaughter and the Dogs, et son amie Erin, tout juste débarquée de Long Beach ; bienvenue en Europe, Erin !

Sono impeccable dans l’Empress Ballroom, groupe homogène et excellent chanteur, ce groupe est très bon sur scène, même si leur resucée des early 70’s n’est pas ma tasse de thé (je sais, j’ai des goûts de chiotte !). Après un détour pour apercevoir d’autres Italiens, les Argies et leur Oi punk, je me rends à l’Opera assister à la fin du set des cultes Not Sensibles, groupe formé en 1978 dont le second single « I’m in love with Margaret Thatcher » est un énorme classique de l’underground. Coup de bol, ils jouent ce morceau au rappel, ce groupe est bordélique et très drôle sur scène, un peu les cousins Anglais des Angry Samoans. Je passerais sur le Punk classique des A Heads pour parler plutôt de Super Fast Girlie Show, excellent trio de Liverpool avec un batteur et deux bassistes-chanteurs dans une veine très Amphetamine Reptile. Comme quoi, la diversité existe au Rebellion, n’en déplaise aux sectaires !

Je n’ai jamais vu Penetration, ce groupe légendaire de la première vague Punk, c’est donc avec plaisir que j’assiste à leur set, très différent du son agressif de la programmation générale. On est plutôt dans de la New/Cold Wave à la Siouxsie, parallèle sûrement dû à la voix de Pauline Murray. Pas mal, mais je m’attendais quand même à quelque chose d’un peu plus énergique.

Je retourne à l’Opera assister à la conférence de l’ami Alvin Gibbs, talentueux et éminemment sympathique bassiste des UK Subs et Iggy Pop, que j’ai croisé à de nombreuses reprises ici et là.
Son histoire sur la visite de Jerry Only et ses Misfits dans le village où Alvin réside en Gironde est impayable, surtout qu’un an auparavant, j’ai eu la version du sieur Only lui-même dans les backstages d’une salle de Los Angeles, à l’occasion d’un concert de Slaughter and the Dogs et des Misfits !

Discharge poursuit les hostilités et comme d’habitude, c’est énorme. Là aussi, j’ai vu le groupe quelques mois plus tôt à la Secret Place, c’est cool de les revoir sur une grosse scène et devant un public nombreux. Je pars avant la fin, histoire de capter l’ambiance du concert des légendaires Dictators, qui, pour les puristes, resteront comme le premier groupe Punk de l’histoire à avoir sorti un album (prédatant les Ramones de quelques mois). Toujours une bonne bête de scène, le parrain Handsome Dick Manitoba !

Je file voir Anti-Pasti, que j’ai vu gamin à Londres à l’été 1981... en oubliant qu’ils ont annulé et sont remplacés par Straps et ses 3 guitaristes ! Pas convaincu, je file voir Brix Smith and the Extricated, une ancienne membre de the Fall (un groupe sur lequel je n’ai jamais vraiment accroché). Pas mal, du post-punk de bonne facture, mais là encore, ça mériterait une bonne compréhension des lyrics !

Le marathon reprend de plus belle : je fonce voir Saint-Charlie Harper et ses UK Subs pour la douzième fois environ, un participant du festival m’a dit que c’était les chouchous du public ici et qu’il ne fallait pas rater ça. Effectivement, l’ambiance est énorme et le concert très bon, comme d’habitude, malgré des petits ratages sur les solos de la part de leur nouveau guitariste. Personnellement, en grand fan de Nicky Garratt, le guitariste originel des Subs, que je considère comme l’un des meilleurs guitaristes punks de tous les temps, j’ai toujours un petit pincement au cœur en pensant à ce que serait ce concert des Subs s’il était toujours là… Je fais un rapide détour vers l’Empress pour le set du Johnny Halliday du Punk, j’ai nommé Animal et son Anti-Nowhere League. Là aussi, je fais l’impasse sur le set de ce groupe puisque je les ai vu peu de temps avant à …. ok, vous avez compris, la Secret Place ! Mais j’arrive vraiment pas à prendre ce groupe au sérieux en voyant se déhancher le sosie de notre Jojo national, même si le groupe est excellent sur scène.

Le groupe que je veux voir absolument, ce sont les légendaires Weirdos, pionniers de la première scène Punk de Los Angeles avec les Screamers, les Dickies ou les Germs ! Formés en 1975 (!) et auteurs de véritables classiques, c’est tout simplement la première fois qu’ils jouent en Europe, incroyable ! Ils ont influencé absolument toute la scène Punk et Hardcore Californienne et ont compté dans leurs rangs Flea et Cliff Martinez, deux membres des Red Hot Chili Peppers (à l’époque où ce groupe ne produisait pas l’infâme soupe qu’il nous sert aujourd’hui).

Le Pavilion s’est rempli pour voir l’une des curiosités du festival et le public, participatif, ne sera pas déçu : John Denney, le chanteur, a une tronche et un charisme incroyable, son frère Dix a un jeu de guitare vraiment particulier et Bruce Moreland (ex-Wall of Voodoo, un de mes groupes préférés des 80’s !) assure les parties de basse avec classe.
« We got the Neutron Bomb », « Solitary Confinement », « Helium Bar », tous ces classiques obscurs se succèdent, un moment rarissime et un bon concert, malgré l’age respectable des musiciens !
Je les retrouve à leur stand de merch après le show pour faire signer mes singles, en vieux fan transi que je suis : John Denney est absolument charmant, super-gentil et assez ému de voir que des gens en Europe s’intéressent encore à son groupe.

Il est 23 heures lorsque l’intro de « Boredom » résonne dans la Tower street Arena : et c’est parti pour la ronde des hits des fabuleux, inusables et intemporels Buzzcocks, un groupe que je vois en live pour la sixième ou septième fois, mais je pourrais dépasser la centaine de sets que ça ne me dérangerait pas le moins du monde ! Les accords du premier titre du premier single Punk auto-produit jamais sorti à peine terminé, ça enchaîne sur la ribambelle de tubes de toutes les époques du duo Pete Shelley / Steve Diggle (dont je recommande la bio). Alors OK, Pete Shelley se transforme vraiment en vieux pépé et ne chante pas toujours juste (comme toujours en concert), mais putain, ces compos…
A pleurer, même en les ayant écouté des milliers de fois ! Steve Diggle a toujours la patate d’un kid de 20 piges et la section rythmique qui les accompagne depuis maintenant 8 ou 9 ans assure le job sans jamais faillir. Mortel !

Naked Agression, présenté à tort selon moi comme un groupe classique du LA Hardcore, ne m’emballe pas plus que ça, assez « generic » et la voix de la chanteuse n’a vraiment rien de particulier. Je préfère aller écouter le Punk Dadaïste des Cravats, ce groupe formé en 77 et dont John Peel ou Henry Rollins sont de grands fans. On comprend pourquoi : proche de l’esprit de Pere Ubu, l’imposant et classieux chanteur déclame des textes que j’imagine surréalistes sur un fond musical expérimental mais énergique. Un saxo trempé dans les effets spéciaux ajoute des sons vraiment particuliers et originaux, et donne à l’ensemble une ambiance très personnelle.Très bon groupe !

Impossible de comprendre tout ce que raconte Kunt and the Gang, ce type un peu bizarre, seul sur la scène de l’Opera, avec son Ipod qui balance d’ignobles titres easy-listening sur lequel il chante des textes visiblement très drôles. En tous cas, ça a l’air très pipi-caca-cul-pédophilie, la salle est pliée en deux de rire et reprend en chœur les refrains. Les vidéos que j’ai vu de ce type sont complètement barrées, c’est de l’humour très Anglais, un peu comme un Mr Bean scato !

J’ai déjà vu 26 groupes, il est 1H du matin, je suis mort, mais pas question de rater le set de Menace, un de ces nombreux groupes formés en 1977 mais restés confinés à la seconde division de la Punk league. Dommage dans ce cas, car les 2 singles de Menace que j’ai acheté en 1980 (et que je leur ai fait signer !) sont de bonne facture, bien produits et n’ont pas ce côté pompeux d’un Sham 69 par exemple (jamais accroché sur ce groupe, sorry !). Les mecs de Menace sont super-cools de surcroît et j’ai longuement discuté avec leur nouveau bassiste, ancien King Kurt, ce groupe psycho-fun qui était venu jouer 2 soirs à Lyon en 1982 pour leurs premiers concerts en-dehors de Londres et auxquels j’avais bien entendu assisté ! Menace envoie donc la purée avec des anciens et des nouveaux titres, le groupe est très bon en live, le public suit et envahit même la scène pour chanter en chœur le « GLC GLC ! Youuu’re full of shit ! ». Excellent set pour finir une deuxième journée de malade ! Vais-je encore tenir le rythme pendant 2 jours ?! Mystère !

Tableau d’honneur du deuxième jour (27 groupes vus, ça monte en puissance !)
Palme du groupe Hit-Machine : Buzzcocks
Palme des vieux qui bottent encore des culs : Weirdos
Palme des rois du D-Beat : Discharge
Palme du concert Fiesta : Menace
Palme de la branlée-prends ça dans ta gueule : Clowns (qui font pas rire)

Palme des mecs les plus cools : WeirdosMenaceAlvin Gibbs et Kommintern Sect (mais c’est de la triche, c’est des vieux potes)
Prix du débile profond mais que c’est drôle : Kunt and the Gang

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