ANTIFest 2016 (Anti-Flag, Belvedere, Tired Lion, Kenneths)

par Grum (13/07/2016)

En arrivant à la Flèche d’Or, on me dit que le public déjà présent est assez calme et peu nombreux. Les lendemains difficiles de Hellfest, paraîtrait-il. Il ne restait qu’une façon d’en avoir le coeur net (et d’être agréablement surpris), en pénétrant dans la fournaise de cette ancienne gare.



Kenneths sont en train de jouer le dernier accord de leur dernière chanson lorsque nous rentrons dans la salle. Malgré un public encore épars, la salle bouillonne déjà et le chanteur annonce alors « n’oubliez pas de passer par notre stand de merch, sinon nous n’aurons pas de quoi rentrer chez nous ! ». Après un changement de set rapide, c’est le quatuor Tired Lion qui débarque pour continuer de chauffer l’atmosphère. Originaire de Perth en Australie, ils se plaindront même du climat français, c’est dire. Mené par la chanteuse/guitariste Sophie Hopes, le groupe délivre un indie rock voguant entre grunge et noise par moment, et est, du coup, un peu en décalage avec le reste de la soirée, résolument Punk. La voix de sale gosse de Sophie Hopes émeut ou agace suivant les moments, mais finira quand même surtout par agacer à force de finir toutes ses interventions entre les chansons par des « je me demande pourquoi je vous dis ça, vous ne comprenez surement rien ». Quoique, elle n’avait pas forcément tort, car au moment de jouer I Don’t Think You Like Me, elle demande au public la traduction en français du titre et plusieurs personnes de répondre « je pense que tu ne m’aimes pas »…


Kenneths / Tired Lion / Belvedere

Place aux Canadiens de Belvedere, pour leur troisième passage dans la capitale depuis leur reformation en 2012. Difficile de faire plus cool que ce groupe, qui agrémente tous leurs interludes par des citations ou des références à Retour Vers Le Futur. Douze ans séparent leur dernier album The Revenge Of The Fifth, sorti cette année, du précédent, mais les musiciens n’ont rien perdu de leur fraicheur et continuent de jouer avec la même fougue qu’ils devaient avoir lorsque, adolescents, ils avaient monté leur premier groupe. Oui, on a l’impression d’avoir affaire à quatre gosses sur scène, ça chambre, ça chahute mais surtout, ça joue, à fond la caisse. Belvedere a beau jouer du skate punk, on sent une grosse influence Metal dans leurs riffs et Scott Marshall balance des solos de guitare de malade sur son Explorer tout en sautant comme un diable. Le tempo très élevé réveille pour de bon le public parisien qui commence à se mettre en jambe en dodelinant de la tête (un headbanging tout en retenue quoi) et en tapant le rythme du pied. Ce show des Calgariens a eu de quoi mettre la banane sur les visages déjà trempés de sueurs des spectateurs, malgré une timidité apparente de leur part. Ou peut-être se préservaient-ils pour la pièce de résistance...




Un bon gros doigt, c'est primaire, mais ça fait toujours du bien !

Et apparemment, c’était le cas. Anti-Flag se fait désirer et le public commence à trépigner d’impatience quand la bande à Justin Sane se pointe enfin sur scène et entre de suite dans le lard de l’auditoire avec The Press Corpse. Basse ronflante, skank beat pour les riffs de guitare et la batterie, choeurs vindicatifs, le décor est planté pour l’heure et quart à venir. Et l’ébullition monte dans la salle, le public finit rapidement de se chauffer et les slammeurs commencent à pleuvoir. Justin Sane s’époumone sur Fabled World, le hit pop de leur dernier album American Spring, ou Broken Bones mais Chris Barker à la basse et aux choeurs ne tardera pas à lui voler la vedette avec un petit discours prononcé avant Fuck Police Brutality. Chris n°2 (son surnom) revient sur les récentes bavures aux USA (NB : malheureusement, de nouvelles ont eu lieu depuis le concert…) et parle de la situation en France avec l’état d’urgence et la répression exercée lors des dernières manifestations. On sent alors le musicien vraiment impliqué et informé (qui se soucie réellement de la situation en France aux USA ?) et la chanson, et même le concert, bascule alors dans une toute autre ambiance, résolument Punk. Chris n°2 supplante Justin sur les parties vocales bien hargneuses et le public se lâche alors sans compter. Il continue à haranguer la foule sur les chansons suivantes, au moment notamment d’interpréter les reprises de Waiting Room de Fugazi et l’incontournable Nazi Punks, Fuck Off! des Dead Kennedys, remanié pour l’occassion en Nazi Trump, Fuck Off! Démago peut-être, mais tellement défoulant ! La fin du concert se fera en roue libre et après Brandenburg Gate, direction le milieu du pit pour la batterie de Pat Thetic et le micro de Chris n°2 (impressionnant de voir à quel il s'est approprié des chansons qui ont été écrite et enregistrée avant son arrivée dans le groupe), afin de ne faire plus qu’un avec les spectateurs. Die For The Government et Fuck The Flag enchainés, histoire de gueuler un bon coup une dernière fois avant de terminer sur l’optimiste Power To The Peaceful.



Car oui, il faut garder espoir ! Tant que l’on pourra se rendre dans des salles de concert pour s’en prendre plein les oreilles et l’ouvrir bien fort, c’est que la vie vaudra encore le coup d’être vécue. Alors continuons d'en profiter avant qu’il ne soit peut-être trop tard.

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