Robert Plant
par Bran (16/11/2005)

Pour promouvoir le très bon Mighty Rearranger, Robert Plant et son nouveau groupe, The Strange Sensation, sont en tournée un peu partout en France. A Rennes ils se sont produits au Musikhall, au Parc des Expositions, une salle relativement mal conçue, très large, et dominée par les courants d'air, chose très appréciable un soir de Novembre pour un concert où l'on est plus là pour contempler l'artiste que pour se défouler...
Quoiqu'il en soit, Th' Legendary Shack*Shakers ont assuré la première partie du sextet avec brio, et ce malgré un son vraiment moyen, plutôt assourdissant. Le jeune groupe opère dans différents genres avec un sacré panache, mélangeant Rock, Country, Blues, Ska, voire même du Hardcore par moment dans le chant, et le tout avec une cohérence déconcertante. Le quatuor est plutôt impressionnant dans le genre allumé, avec un chanteur frénétique et squelettique jouant également de l'harmonica, un contrebassiste aux influences Ska, un guitariste déjanté, et un batteur d'une efficacité surprenante (surtout quand on voit la taille ridicule de son instrument, mais cet aspect disparaît totalement quand on voit comment il l'exploite !). Th' Legendary Shack*Shakers joua une bonne demi-heure et fut plutôt bien accueilli par un public très homogène en terme d'âge, et n'écoutant pas forcément ce genre de musique.
Après une petite demi-heure d'installation les lumières s'éteignent et on peut entendre un remix Dub, virant Drum n'Bass à la fin, de Shine It All Around, vraisemblablement l'oeuvre de John Baggot, qui ne l'oublions pas, vient de Portishead et de Massive Attack.
Peu à peu les musiciens montent sur scène, Robert Plant le dernier évidemment. Le groupe entame le concert par Tin Pan Valley, chanson un brin mystique sur laquelle Plant murmure, avant que la chanson n'éclate vers un Hard Rock pur et dur. Ce fut la chanson idéale pour se mettre dans l'ambiance puisqu'elle présente les deux aspects principaux de la musique de Robert Plant qui aime tour à tour alterner ballade et rock. The Strange Sensation enchaîna ensuite sur Shine It All Around, petit bijou de groove malheureusement ternie par une basse peu audible. Cet aspect là fut l'un des plus regrettable du concert, surtout quand on sait que Billy Fuller est omniprésent sur l'album. Pour le reste, le son fut irréprochable, ce dont on pouvait douter vu la salle et la prestation des Th' Legendary Shack*Shakers. On est encore sous le choc du solo de Skin que retentissent des notes fort bien connues depuis 1971, celles de Black Dog de Led Zeppelin, avec ces fameux 'ha ha, ha ha, ha ha, haaaaaaaaa', repris à chaque pose par un public alors en ébulition !
Freedom Fries intervint ensuite, continuant ainsi une lancée bien énergique avant de faire retomber l'ambiance avec Darkness, Darkness, chanson mélancolique extraite de l'album de reprises Dreamland. Fort différente des quatre première pistes, cette chanson à la douce teinte mélancolique a néanmoins su transporter le public grâce à la gracieuse voix de Plant.
Un autre titre de Led Zeppelin fut ensuite repris, Going to California, sans doute la plus faible du concert, un tel choix fut assez surprenant d'ailleurs. Après deux reprises, The Strange Sensation repassa à son Mighty Rearranger avec la très tribale Another Tribe, bien plus accrocheuse en live que sur disque, sans doute est-ce différent quand on voit les musiciens avec des instruments aussi peu triviaux. Puis retour sur Led Zeppelin avec les excellentes Four Sticks et Thank You, remises pour l'occasion à la sauce The Strange Sensation.
Le Hey Joe de Jimi Hendrix était méconnaissable, car beaucoup plus lent et chanté différemment par Plant. Si la chanson n'est pas mauvaise pour autant, elle dénote un peu dans le paysage. Gallows Pole retourne dans la lignée calme du concert avant que Takamba et When The Leeves Breaks remirent les choses en place, en apportant un sursaut d'énergie et d'originalité avant le rappel !
En rappel, The Strange Sensation joua l'étrange The Enchanter, et son étonnant melting-pot de genres, avant de finir en apothéose sur la psychédélique Whole Lotta Love de Led Zeppelin, rien que ça ! La version distillée ce soir là ne valut évidemment pas celle que le quatuor britannique distillait durant les années 1970, mais elle fut tout de même un grand moment du concert. Les gens surent reconnaître les titres de Led Zep', et les différents titres repris ce soir là furent l'objet d'une plus grande attention de leur part. Le public fut cependant peu enclin à chanter (au grand damne de Plant qui eut l'air déçu plus d'une fois voyant que personne ne suivait), préférant applaudir inutilement en plein milieu de certains titres dès le rythme redescendait...
Fin du concert après 2h d'intenses émotions partagées entre joie et mélancolie. On regrettera simplement l'absence de basse et surtout de Mighty Rearranger, le morceau titre de l'album que le groupe jouait pourtant lors de la sortie du disque l'été dernier !
Quoiqu'il en soit, à 56 ans la voix de Robert Plant transporte toujours autant fait parvient encore à provoquer de doux frissons qui parcourent et reparcourent le dos avec délectation. Il a su s'entourer de musiciens tout à fait exceptionnels, musiciens qui troquaient de temps à autre une basse contre une contrebasse avec un archer, une batterie contre un tambourin, une guitare contre des instruments plus exotiques (dont je ne saurai vous dire le nom)... Le résultat est tout simplement une musique intense et définitivement à part.
A noter que les efforts fournis au niveau de l'éclairage, tantôt jouant sur les ombres, tantôt très intimiste pour les chansons plus calmes. Un vrai régal permettant de ne se plonger que plus dans l'ambiance chaleureuse du concert.
Que rajouter encore si ce n'est que ce n'est pas son âge « avancé » qui empêche Robert Plant de bouger sans cesse sur scène. Il communique son plaisir à travers un profond sens de l'humour et une gentillesse certaine, malgré une pointe d'amertume envers Tony Blair. Un grand concert donné par un Grand Monsieur qui continuera d'enchanter moult générations, encore et encore...
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