Ain, Déluge et Celeste à la Machine à Vapeur
par theunknownskater (19/03/2016)
Rien au cœur de cette journée
ensoleillée et printanière ne laissait présager la danse apocalyptique des éléments
qui allaient survenir ce vendredi soir sur la terre nancéienne. Ou plutôt sur
les remous de la Meurthe, puisque c’est à La Machine à Vapeur, que Aîn, Déluge
et Celeste sont venus décharger leur Black tonitruant et dissonant, pour le
plus grand plaisir d’une audience unie dans une sorte de fraternité musicale.
Un concert organique placé sous le signe de la convivialité, que la cale de la
péniche a merveilleusement accueilli sur son plancher en lattes de bois
gonflées et irrégulières.
L’horloge annonce 20h45 lorsque Aîn s’accapare la scène exigüe du
navire : Encapuchonné pieusement sous un vêtement monastique, le quatuor
délivre les premières notes de son post black occulte dans les effluves
naissantes des herbes aromatiques. La messe noire se transforme progressivement
en voyage initiatique et ésotérique
à travers un désert brûlé et aride, les voix écorchées se mêlent aux riffs lourds et à la batterie impétueuse, nous traînant
encore davantage dans les braises incandescentes et les vapeurs d’encens. Étonnamment, le son est
propre et puissant et les contraintes acoustiques de l’embarcation semblent
avoir été dépassées avec
succès. Une première partie mélangeant la terre mystique et les flammes
endiablées, qui ne laissait pas présager le retour au calme.
Setlist :
Stance I-III / Stance I-VII / Stance 1 -1 / Stance I-IV / Stance I-V / Stance
I-VI
C’est ensuite au tour de Déluge, fort d’un succès naissant, d’assurer la suite des hostilités. Et s’il est un groupe qui porte bien son nom, il s’agit bien de l’œuvre de ces quatre cavaliers de l’apocalypse. Après l’incendie vient la tempête : la musique brutale et puissante s’engouffre dans un amas de noirceur et de vigueur et les interludes, agrémentés de sons d’averses diluviennes, abreuvent la foule sans toutefois lui laisser le temps de sortir la tête hors de l’eau. Déluge nous malmène, nous prend aux tripes et nous assène son énergie débordante en nous noyant sous les hurlements démentiels. Alors que le tonnerre gronde encore, l’heure de la sombre délivrance sonne, et les dernières notes du mélange post black/hardcore fraîchement salué par la critique, retentissent dans l’obscurité du bateau.
Setlist: Intro / Bruine / Mélas | Khōlé / Avalanche / Appâts / Naufrage / Houle
Après la terre, les flammes et l’eau, vient le tour de l’air, ou plutôt son absence via la suffocation apportée par les lyonnais de Celeste. Une expérience irréelle qui n’accorde aucune échappatoire ni rien à quoi se raccrocher, si ce ne sont les quatre faisceaux rougeoyants placés sur le crâne des musiciens, que l’on distingue à peine dans le brouillard opaque et enveloppant. Celeste nous embarque dans un voyage épileptique et aérien, annihilant toute légèreté, faisant vibrer la structure métallique du rafiot au rythme des lumières incessantes des stroboscopes. Une tornade stellaire aux accents « sludgesques » composée de rafales hardcore et de riffs typés post-black qui s’achève pour laisser place aux applaudissements d’un public au visage blême.
Setlist : D'errances en inimitiés / Laissé pour compte comme un bâtard / Sans crainte de s'avouer un jour naufragée / Emprunte d'érotisme / Dans ta salive sur sa peau / Ces belles de rêve aux verres embués / Toucher ce vide béant attisé ma fascination
Bref, un choix de programmation judicieux couplé à une atmosphère et à un lieu à l’identité marquée étaient les ingrédients intrinsèques de cette soirée couronnée de succès.
Merci à Mega Productions, aux Acteurs de l’Ombre, et à Denovali Records, ainsi qu’à La Machine à Vapeur pour l’organisation de cette majestueuse et cataclysmique révolte des Eléments.
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