Cherry Choke, Radio Moscow, Colour Haze

Soirée Up In Smoke organisée par Garmonbozia. Plutôt habitués à nous ravaler la façade avec du Death, du Black ou du Thrash, les gaillards nous fournissent cette fois un plateau qui sent le souffre et pèse son poids de gras. Sont appelés à la barre les britanniques de Cherry Choke, les américains de Radio Moscow et enfin les mythiques allemands de Colour Haze. 

Alors que la salle se remplie peu à peu, Cherry Choke débarque assez soudainement et débute cette soirée placée sous l’égide du Stoner. 
Cette étiquette apparaît tout de même bien réductrice pour les anglais. Après plusieurs moreaux, les influences du trio sont définitivement éparses : un peu de Blues par ci, beaucoup de Psyché par là et pour agrémenter le tout une petite dose de Stoner. 
Cherry Choke nous propose une performance parfaitement maitrisée, où des envolées rythmiques sauvages viennent ponctuer des morceaux allant allègrement au delà des cinq minutes. Peut-être trop maitrisée ? C’est à se demander s’ils n’ont pas été infectés par la blasitude aigüe du bassiste de Colour Haze tant leur stoïcisme sur scène frappe à l’œil. Le batteur, en revanche, donne tout ce qu’il a, et va même jusqu’à nous reproduire l’entame rythmique du Rasputin de Boney M au milieu du dernier moreau. (Suis-je le seul que cela ait marqué ? (La fatigue ?)).
Une bonne représentation malgré tout, même si davantage de personnalité dans les compositions ne serait pas de refus. 

Si la salle s’était déjà bien remplie à la conclusion du concert de Cherry Choke, elle est complètement blindée à l’entame de celui de Radio Moscow. La popularité du trio américain n’est plus à faire et le Divan du Monde en est le premier témoin ce soir. Quelle ambiance ! 
Un public majoritairement jeune est venu en découdre sur les rythmiques effrénées de Radio Moscow. Après le premier morceau, sorte de mise en condition, ils parviennent à faire littéralement imploser la fosse. Les slams, les pogos et autres jets de bières ne se comptent plus, la moitié de la salle devient folle. Il faut dire qu’ils savent y faire, ces américains. Leur mélange de Hard Rock/Blues/Stoner est d’une efficacité redoutable et les cassures rythmiques sont implantées de telle sorte à ce qu’il est difficile de ne pas être convaincu par leur performance ce soir. Le concert se termine sur un gros solo de batterie qui a fini de ravir un public décidément surexcité. 
 
Là où le bas blesse en revanche, c’est lorsque vient le temps des légendaires Colour Haze de brancher les guitares et de se rendre compte que la ferveur pendant Radio Moscow s’en est allée comme elle est venue. Beaucoup de monde toujours, attention, mais enfin, la désertion est rude malgré tout. 
21 ans de carrière, une dizaine d’albums, l’impatience était grande… et largement récompensée. Colour Haze c’est avant tout un son. A la fois rocailleux et suave, la chaleur du Divan du Monde n’a fait qu’embellir la performance des allemands. L’onde émanant de la scène est si puissante et majestueuse que la résistance est vaine. S’il est indéniable que Colour Haze a une empreinte musicale particulièrement forte en studio, cette dernière vient également s’accoler au live. Une heure trente de plongée au cœur de leur très riche discographie dont la continuité et l’homogénéité n’en reste pas moins flagrante. Alors certes, sur scène, c’est loin d’être la folie. Le bassiste notamment, n’a pas dû faire plus de quatre pas sur l’ensemble de la performance. Tout cela s’avère finalement assez peu important tant le rayonnement du trio est aveuglant ce soir. Tous les éléments sont présents pour faire perdre la notion de réalité. Les images psychédéliques (voire sexy sur la fin) diffusées en arrière plan contribuent à mettre en avant la plénitude ressentie pendant cette prestation de haute volée. 

Gros succès donc pour ce Up In Smoke. Une salle pleine, un public ravi, un son excellent de bout en bout… Une très bonne soirée en somme. 


Merci À Jeter Prom et Garmonbozia, ainsi qu’à l’inévitable Grum Lee.