Chaos E.T Sexual, Esben & The Witch
par Humtaba (23/11/2014)

En voilà un plateau étrange ! Chaos E.T Sexual, groupe français d’Indus/Dub, se retrouve accolé aux britanniques d’Esben And The Witch qui pratiquent un rock indépendant aux forts relents de Post-Rock voire de musique expérimentale sur leur dernier opus en date, A New Nature.
Le trio parisien ne tarde pas à mettre en place leur marque de fabrique. Particulièrement influencé par les maitres du Metal Industriel que sont Godflesh, ils assènent sur une rythmique plombée des riffs d’outre-tombe. Chaos E.T Sexual parvient néanmoins à se démarquer de ses paires en développant une atmosphère hypnotique, provoquée par la répétitivité de la boite à rythme et par une touche mélodique bien sentie.
Le son est bon, la profondeur des basses vient chatouiller nos sens tandis que la multiplicité des petits soli permet aux compositions ainsi qu’au public de respirer au milieu de cette noirceur. Malsain, sombre, le groupe nous plonge dans une obscurité enivrante née de la friction assumée entre lourdeur et légèreté. Chaos E.T Sexual demeure toutefois particulièrement accrocheur, le côté presque Dub des morceaux n’y étant pas étranger. Les riffs de guitare, efficaces, viennent racler les tréfonds de l’imaginaire. Le concert se termine dans le chaos collectif, chaque membre du groupe martelant des fûts avant de quitter la scène.
Le choix de mettre Chaos E.T Sexual avant Esben And The Witch reste cependant curieux tant leurs univers diffèrent. Une phrase lâchée par le guitariste résume d’ailleurs cette pensée « Merci d’être resté ! ». Pour les plus aventureux ce soir-là, la surprise n’a pu qu’être bonne tant la prestation des parisiens était de qualité.
Après un changement de plateau particulièrement long (plus de trois quart d’heure !) Esben And The Witch démarre son set. Les anglais originaires de Brighton délivrent depuis leur formation en 2008 une musique à la croisée des genres. Officiant d’abord dans une Pop indé teintée d’électronique s’approchant de la Darkwave, le groupe dérive aujourd’hui de plus en plus vers les envolées lyriques du Post-Rock, le tout teinté d’expérimentations diverses. Autant abréger les débats sans tarder : la longue attente est très vite oubliée tant la performance du trio est source d’émerveillement. Dès les premières notes jouées, la classe du groupe se répand sur le public de l’Espace B.
Ayant pris le parti d’allonger allègrement les compositions, une atmosphère majestueuse se met en place, portée par une chanteuse tout bonnement incroyable de charisme et d’élégance.
Esben And The Witch s’amuse des genres et des sous-genres. Que ce soit en les enchaînant, les entremêlant ou en les frictionnant, la mixture concoctée par les anglais est tout à fait savoureuse. Le groupe enchaîne les montées en puissance, assez typiques du Post-Rock, avec brio et plonge l’auditeur dans un espace-temps indéfini. La rythmique parfois très cadrée se rapproche d’un Post Punk voyageur. L’on pense à PJ Harvey qui aurait rencontré Godspeed You Black Emperor ! et Swans. Si le groupe gagnerait à s’éloigner un peu de ces références, on ne boude pas notre plaisir.
Une très belle performance que l’on aurait aimé voir se prolonger de quelques minutes.
En attendant, je ne peux que vous recommander d’aller écouter A New Nature sorti cette année, et qui se révèle être tout à fait captivant.
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