Galvano, Regarde Les Hommes Tomber, Pallbearer, Yob

par Humtaba (10/11/2014)

Vous avez dit soirée immanquable ? Les Stoned Gatherings et Kongfuzi ne sont pas les derniers pour vous en offrir. Faut-il vraiment que je développe sur l’intérêt de cette affiche ? Sa simple évocation ne suffit-elle pas d’elle-même ? 


L’odeur de souffre des grands jours domine avant le démarrage de Galvano. Il y a plusieurs mois de cela, leur premier album Two Titans sorti en 2012 découvert par hasard ne m’avait déjà pas laissé de marbre, loin s’en faut. Les voir s’ajouter à l’affiche parisienne de cette soirée exceptionnelle était donc une aubaine dont je me réjouissais sans vergogne. 
Eh bien, quelle bonne surprise ! Les deux gaillards (oui, seulement deux sur scène) parviennent à envoyer avec clarté, précision et amour, des parpaings dans les boites crâniennes du public déjà présent en nombre. La puissance qui se dégage de la scène est tout à fait percutante et étonnante pour un duo. Les riffs sont bien sentis, les grooves efficaces, bref Galvano parvient petit à petit à conquérir un public dont la froideur de la découverte a vite laissé place à l’engouement. 
Le Sludge psychédélique des Suédois a fait forte impression ce soir et ce serait une erreur de passer à côté. En espérant un retour discographique bientôt, allez donc jeter une oreille du côté de Two Titans.


En voilà un groupe qu’il me tardait de découvrir sur scène. Les Français de Regarde Les Hommes Tomber ont fait sensation l’an passé avec leur premier album éponyme qui allie avec férocité la lourdeur du Sludge à l’agressivité du Black Metal. 
En concert, le groupe adopte une mise en sène aussi extrême que leur musique. Non sans rappeler l’apocalypse sonore de Celeste, les nantais dévoilent leurs morceaux dans une atmosphère minimaliste, où seuls les flashs stroboscopiques viennent fendre la pénombre dans laquelle nous sommes plongés. 
L’énergie scénique qui se dégage de la scène s’entremêle à la sensation d’urgence provoquée par le dispositif lumineux. Le chanteur, tout de chauve vêtu, n’hésite pas à haranguer le public de ses gestuelles provocatrices. Regarde Les Hommes Tomber mélange avec vice les genres les plus extrêmes tels que le Black, le Doom, le Sludge mais possède aussi un côté Hardcore qui ressort d’autant plus sur scène. 
Le son, crade et brutal, souligne la violence froide du groupe parfaitement. Si ma préférence va à leurs passages aux tempos alourdis, franchement dévastateurs, il est indéniable que le mélange des genres fait mouche et le public du Glazart ne s’y trompe pas. Une belle prestation qui confirme tout le bien que je pensais d’eux en amont. 


J’ai un problème avec Pallbearer. Difficile de nier la qualité intrinsèque du quartet tant sur le plan compositionnel que technique. Pourtant, aussi bien leur premier album Sorrow and Extinction que le dernier en date Foundations of Burden ne m’a convaincu. La faute sans doute à une approche du Doom trop classique à mon goût et à une voix claire qui est certes impeccable mais qui m’empêche d’adhérer aux morceaux. Mon ressenti live sera t-il le même ? 
Sans surprise, oui. Les Américains délivrent une prestation honnête, le son est bon et le public est au rendez-vous. De belles parties instrumentales dérivant bien souvent sur une montée en puissance épique saupoudrent une performance très professionnelle. Le chant, s’il n’est pas toujours juste, est tout de même globalement en place.
Seulement, de mon point de vue, le tout peine par un certain manque d’originalité et ne parvient pas à me convaincre malgré une exécution remarquable. Le public semble quant à lui conquis. 


Dire que le groupe de Mike Scheidt était attendu avec impatience est un doux euphémisme. Le Glazart est littéralement plein à craquer alors que le groupe fait son entrée sur scène. Chauffé à blanc, le public se déchaine dès les premières notes. 
Il faut dire que Yob démarre en fanfare avec un Ball of Molten où les riffs hargneux diablement efficaces chevauchent une rythmique infernale. Parfait opener pour un show époustouflant du début à la fin. Le son est tétanisant de grandeur et de puissance, rien ne semble pouvoir stopper les chevaux de l’apocalypse s’extirpant de la scène. 
Mike est en grande forme ce soir, son chant aigue caractéristique se mêle à merveille à la lourdeur asphyxiante des morceaux.
Sur les cinq morceaux joués, trois proviennent du dernier album en date Clearing the Path to Ascend, sorti cette année. S’il m’apparaît qu’en studio l’album manque de souffle et de moments forts, sur scène les morceaux sont transcendés par une ampleur singulière. 
Comment ne pas évoquer Marrow, dernier morceau joué et certainement l’un des plus beaux sortis cette année, tout genre confondu. Tout est ici décuplé, les âmes vagabondes, éreintées par plus de 4h de show chancellent sur la rythmique rêveuse. Quelle beauté ! Rarement ai-je eu l’occasion d’observer une scène aussi forte, intense, une telle communion entre un groupe et son public. Après la tempête vint le calme. Mike, épuisé par la tournée Européenne dont il effectue ici la dernière date, s’agenouille alors que le morceau se termine et lève les bras en l’air, suivi instantanément par l’ensemble du public qui reproduit le même geste. L’émotion est à son paroxysme et il est difficile de ne pas penser à Christophe, créateur de Kongfuzi, parti quelques jours plus tôt. Quel meilleur hommage pouvait lui être rendu que ce moment de grâce absolu qui n’aurait pas été possible sans lui ? 


Une soirée douce-amère. Éreinté, vidé, heureux, la tête pleine d’images et de songes. Une soirée à la hauteur de l’attente suscitée. Une soirée dont le succès demeure le témoin le plus fidèle de l’incroyable travail accompli par Christophe et son équipe. Bravo et surtout merci. 

Remerciements appuyés pour Benjamin du Glazart, Nicolas de Dead Pig et Vince de Kongfuzi

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