HARK, KEN Mode
par VinZ (08/10/2014)
La fin de cette année 2014 au Ferrailleur sera placée sous le signe de la « fuzz » ou ne sera pas. En l’espace d’une semaine, les Nantais auront pu apprécier les prestations de Conan, Muezli, HARK (la suite de Taint), KEN Mode, Yob, Pallbearer ou encore Huata… De quoi couronner une fin d’année également riche en sorties d’albums. Et ce soir, pas de fatigue qui tienne, car entre le sludge sur-vitaminé d’HARK et le noise-hardcore sous-tension et malsain de KEN Mode, impossible de rester de marbre.
C’est pourtant dans une salle à peine rempli de moitié qu’HARK entame la soirée. Tant pis, je pourrais au moins apprécier pleinement la présence scénique du trio comme si j’assistais à un concert privé. Déjà aperçu au Roadburn et au Hellfest en début d’année, mais dans des prestations entachées de problème techniques à répétition pour le premier et de vol de matériel lors de leur concert de la veille à Paris pour le second, je retrouve néanmoins la bonne humeur communicative de Jimbob à la guitare (dont le talent n’est plus à prouver depuis Taint), la fougue impressionnante de Nikolai à la basse et le jeu léché de Simon derrière les fûts. C’est carré, propre et les morceaux s’enchaînent dans une atmosphère nantaise qui tarde pourtant à se réchauffer. Qu’importe, imperturbables, les gallois nous envoient une bonne partie des titres de leur premier LP Crystalline dans la tronche, avec notamment un magnifique "Clear Light Of…", chanté avec Neil Fallon de Clutch sur le disque, mais admirablement suppléé par Nikolai en live. Aux frontières du stoner, du sludge et du hardcore, HARK a cette particularité de ne jamais s’attarder sur ses riffs, aussi puissants et bien sentis qu’ils soient : on est rapidement noyé sous le déluge de notes, on relève parfois la tête, pour mieux affronter les autres vagues, sans relâche, jusqu’à la fin du set.
Après une petite pause et une sympathique conversation au merch avec les trois Gallois, c’est parti pour le second trio, canadien cette fois, KEN Mode. Découverts pour ma part au Hellfest de 2011, j’avais été à l’époque subjugué par l’attitude de Jesse, le guitariste (et frère du batteur Shane), sur scène : il arborait alors un regard particulièrement fou, un regard de psychopathe (le saviez-vous : KEN Mode est l’acronyme de Kill Everyone Now Mode…). Même impression ce soir : le gaillard, au demeurant fort gentil en dehors de la scène, hypnotise la salle en quelques minutes, mais il faut vraiment le voir pour le croire. Côté setlist, pas mal de morceaux d’ Entrench, leur dernier album en date, et surtout un magistral "Never Was" issu de Venerable, morceau aussi tendu qu’un string brésilien porté par un éléphant. Cette alternance entre paroles chuchotées sur fond de guitare "mutée" et passages explosifs hurlés ne fait qu’amplifier l’état de malaise permanent qui émane des compositions du groupe. Un rappel plus tard, on ressort de la salle en silence, éprouvés par les coups que l’on vient de prendre, non pas dans le pit, mais bien dans la tête. KEN Mode est un groupe à part, et l’expérience de leurs concerts est unique.
Les deux formations auront donc livré ce soir des sets solides et sans bavures avec une très belle énergie, dans une salle malheureusement bien trop vide pour que l'attitude du public puisse les sublimer…
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