Thee Silver Mt Zion Orchestra, The Besnard Lakes
par Chorizo (02/10/2014)

Porté par son récent et fougueux Fuck off, Get Free, We Pour Light on Everything, le collectif montréalais Thee Silver Mt Zion Orchestra pose ses étuis le temps d'un soir à Paris. L'occasion pour Efrim Menuck et sa bande de partager leurs révoltes et leurs espoirs en plein cœur d'un monde naufragé, une lueur de chaleur au sein d'un univers ravagé. Car rien n'a changé depuis la dernière fois que le groupe est venu à Paris, c'est Efrim qui, véhément, introduit l'histoire. On pourrait même dire que cela s'est empiré. Et que nous reste-t-il ? pas grand chose pour se rassurer. Alors le groupe jette toutes ses foces dans la bataille, jouant avec l'énergue du désespoir. L'introductive "Fuck off Get Free (for the Island of Montreal)" lance l'assaut. La basse est lourde, la distorsion crade de la guitare prend rapidement le pas et noie la douceur des deux violons dans des mouvements rageurs.
Comme un seul homme, un géant impressionnant, le groupe s'impose. Il règne au sein du collectif un mélange de défi et d'harmonie, d'impétuosité moqueuse et de fébrilité qui ajoute chaque fois plus à l'intensité des morceaux. Plus que jamais, A Silver Mt Zion est politique, et chaque note somme comme une revendication. Entrecoupé par les harangues de Menuck, le dernier album est joué dans son intégralité - de l'épique "Austerity Blues" à l'émouvante "What We Loved Wast Not Enough", et une fin a cappella qui clôt le concert en forme de réquisitoire contre les regrets et l'éloignement. Tant pis pour les fans de la première heure. Seule l'inédite "The State Itself Did Not Agree" se fera entendre entre un titre de Kollaps Tradixionales et 13 Blues for Thirteen Moons.
Efrim Menuck, en studio comme sur scène, se pose comme le véritable maître d’œuvre du collectif. Sa voix atypique, dramatiquement cassée, et son caractère intransigeant en font un des frontmen les plus charismatiques qui soient. Une attitude qui se révèle toutefois à double tranchant ce soir. Avec un son déjà à la limite de qualité, il lutte pendant tout le concert contre un jack capricieux, qui tour à tour crache une distorsion vraiment dégueulasse ou étouffe complètement le son de la guitare. Son refus de changer de matériel en cours de show n'améliore pas vraiment les choses et gâche quelque peu le plaisir sur "'Piphany Rambler" ou "13 Blues for Thirteen Moons". Reste toutefois la générosité avec laquelle le groupe joue et l'abnégation dont il fait preuve envers et contre tout. Punk jusqu'au bout.
En première partie, on retrouve leurs compatriotes de The Besnard Lakes. Ce groupe, je crois ne pas l'avoir écouté depuis 2010 et leur ... Are The Roaring Night. Ils sont revenus l'an dernier, de manière relativement inaperçue, avec Until in Excess, Imperceptible UFO et je me suis toujours promis d'y jeter une oreille attentive. Régulièrement nommé pour le prix Polaris (qui récompense les meilleurs groupes canadiens), ce groupe a pourtant tout pour réussir et pour plaire. Les compositions, alternant entre pop orchestrale et rock progressif (n'allez pas penser que ce sont des termes péjoratifs; dans le cas ici présent c'est plutôt un compliment), sont toujours soignées et particulièrement bien écrites. Sur scène, Jace Lasek et Olga Goreas, qui chantent tous les deux, empruntent le même chemin éthéré, rêveur. Jouer une musique qui allège l'âme et donne du baume au cœur n'est pas chose aisée. Il semblerait qu'on ait ici trouvé des artisans plutôt doués. Dommage qu'il ait fallu redescendre les pieds sur terre au bout d'une courte demi-heure.
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