Interview de Gravity Slaves le 1/06/05

Interview par mail avec Ben et Nico, tous deux guitaristes du groupe orl�anais Gravity Slaves.

Metalorgie : Dans un premier temps, pourriez vous pr�senter Gravity Slaves aux lecteurs de Metalorgie ?
Nico : Dudu, bassiste dans le groupe depuis 1995, boumien et tombeur de meuf. Tibo, batteur du groupe depuis 1995, trasher inv�t�r�. Nico guitariste du groupe depuis 1995 et le petit Ben guitariste depuis 2001.
 
Ben : Nous venons d'Orl�ans, nous existons depuis 1995. Nous avons fait beaucoup de dates en France depuis. Gravity Slaves,  c'est quatre personnes qui s'entassent dans un cametar pour jouer le plus possible un peu partout.
 
M : Vous avez seulement enregistr� deux albums en 10 ans mais accumul� une impressionnante s�rie de concerts (300). Pour Gravity Slaves, le plus important est d�finitivement le plaisir que l'on prend sur sc�ne ?
Nico : On a mis longtemps avant de comprendre � quoi servait la SACEM, d�clarer ses morceaux et tout �a. La musique c'est quelque chose d'�ph�m�re, de libre et on n'est pas forc�ment des commerciaux vendeurs de disques alors ce qui nous para�t le plus important, c'est clair, c'est la sc�ne. C'est l� o� se passent les meilleures choses comme les pires. C'est l� o� tu peux r�ellement voir ce que vaut un groupe. C'est aussi en passant du temps dans un camion pour aller jouer � p�taouchnock que tu passes du temps avec tes potes � te remettre en question : � quoi �a sert tout �a ? juste le kiff !
 
Ben : Le plaisir et l'exp�rience aussi. La sc�ne c'est le meilleur moyen d'avancer. G�n�ralement, � la fin d'un concert, tu te rends compte des morceaux qui ne fonctionnent pas sur sc�ne, les gens te disent directement, ce qu'ils n'aiment pas dans ta musique. Il y a un rapport humain qui te fait avancer beaucoup plus vite dans ce que l'on pourrait appeler la � maturit� cr�ative �. Le studio, c'est beaucoup plus introspectif comme d�lire. Tu fais ton truc sans trop te poser la question de ce qu'en penseront les gens. T'es dans ta bulle. Nous avons toujours pens� que rien ne servait de d�penser des tunes pour une prod avec des compos moyennes. Autant faire une d�mo pas ch�re qui va te permettre de trouver des concerts. Et puis le jour o� tu penses avoir les morceaux, tu pars en studio. La sc�ne c'est le nerf de la guerre, on fait pas du rock pour avoir nos faces dans RockSound ou pour copiner avec le Team Nowhere !
 
M : Quel est jusqu'� aujourd'hui votre meilleur souvenir de tourn�e ? Avec quel groupe aimeriez vous jouer ?
Nico : Dacyco dans leur r�gion de Bressuire/Poitiers en 1998 avec toute la clique Seven Hate, Unlogistic et la periode o� on jouait pas mal avec les Keneda et puis bien s�r les Burning Heads.
On avait fait aussi des super dates vers Albi avec les Nemless, ou � Tours avec les Curb Side (US) genre presque tous sponso en snowboard � se prendre des grosses vautres sur la rampe de sk8 l'apr�m, et � leur faire d�couvrir la zeb fran�aise le soir. Et bien s�r les Devonmiles bien cool et les Enky plus r�cemment.
Sinon , on est assez open en g�neral pour jouer avec n'importe quel groupe de rock qui le fait bien et on est toujours content de pouvoir c�toyer des nouvelles t�tes, �a ram�ne en g�neral un peu de fra�cheur dans les rapports.
 
Ben : Y'en a plein. Mais je dirais ces deux jours qu'on a pass�s avec les Burning Heads. O� on a jou� au Nouveau Casino (Paris) et � l'Astrolabe (Orl�ans). Deux grandes dates. Et puis �a se passe vraiment bien avec les Burning Heads sur la route, y'a jamais de prise de t�te � deux balles. Que du kiff. On avait fait une date aussi au Moulin de Brainans, avec une grosse f�te jusqu'� pas d'heure dans les loges qui ressemblent � un appart'. Une date � Saint-Brieuc au Wagon. Super punk-attitude, je crois que les Burning Heads voulaient qu'on vive �a un jour. C'�tait bien trippant. Sinon, Le Lac au Festival Aucard de Tours. En ouverture, avec une chaleur de 40�, c'�tait l'�t� de la canicule. On n'a jamais jou� aussi v�n�r. C'�tait super physique. Mais tellement bon.

M : Quelle diff�rence notable retenez-vous entre Choice et Come Down ?

Ben : Les deux albums n'ont pas grand-chose � voir. Choice a �t� fait car cela faisait 3 mois que j'�tais dans Gravity Slaves et on voulait mettre � plat les grattes et le set en g�n�ral. Les instrus ont �t� enregistr�s en deux jours. Tout en live avec quatre p�los qui jouent de leur instrument dans le local de r�p�t. Et puis on a fait les voix en une semaine, en prenant notre temps. Cet album-demo, c'est vraiment fait dans l'urgence. Au d�but on ne voulait m�me pas le sortir, c'�tait plus pour d�marcher les salles de concert et les labels. Pour Come Down, on a voulu faire un album propre avec un son un peu plus fat. Les compos sont beaucoup plus travaill�es, il y a eu beaucoup de taf sur les voix. Bref, on a pass� plus de temps, c'est un d�lire moins punk, plus pro. On avait besoin de passer ce cap. De faire une prod commercialisable.
 
M : Choice a �t� autoproduit et vendu aux concerts du groupe. L'autoproduction a t-elle �t� un choix
d�lib�r� ou une obligation ?

Ben : Un peu des deux. Disons que notre musique n'int�resse pas trop les professionnels qui signent des contrats d'artistes o� l'on te paye tout. Le studio, la bouffe, le pressage, la com', etc. Donc autant faire les choses comme nous avons envie de les faire. C'est-�-dire nous m�mes, sans un DA v�reux au cul qui veut que ton refrain sonne plus � love �. On ne veut pas pervertir nos cr�ations pour vivre de notre musique. On pr�f�re largement avoir des occupations � c�t� et continuer � militer pour l'underground.
 
M : Come Down est par cons�quent votre premi�re production � sortir sur un label (The Age of Venus Records). Avez-vous re�u des propositions �manant d'autres labels ? Pourquoi le choix s'est-il arr�t� sur The Age of Venus et qu'attendez vous de lui ?
Ben : Nous n'avons pas eu d'autres propositions en fait. Il se trouve qu'Oliv d'AOV nous a vus sur sc�ne. Il a �cout� Choice, et nous a fait une proposition spontan�e, deux semaines apr�s. On a fonc�.
 
Nico : c'est vrai que �a c'est un peu pass� comme �a, et �a partait pas trop mal.
Le gros hic que l'on a eu c'est que l'album a un peu tard� pour sortir, que Julien qui �tait notre chanteur � l'�poque a l�ch� le groupe en septembre (pour des raisons personnelles) � la sortie du skeud, et qu'Olivier d'AOV s'est retrouv� avec des couilles de distributions. On a donc repris le chant, Dudu et moi, et �a a mis bien deux trois mois avant que l'on soit op�rationnel pour supporter l'album sur sc�ne.
Au final, on a fait une vingtaine de dates depuis un peu partout et on s'en sort pas trop mal. Ce que l'on attendait de AOV c'�tait surtout du contact pour les concerts parce que l'on a g�r� �a Dudu et moi y'a quelques temps et surtout Julien sur la fin qui avait vraiment du temps libre et qui voulait tout g�rer, et le jour ou il est parti, on s'est retrouv� comme des cons. Du coup c'est le p'tit Ben qui �tait bien motiv� au d�but pour r�cup�rer �a, qui s'est un peu mis sur l'affaire avec le Dudu qui avait encore quelques cartes dans sa manche et le Boris de PPM qui continuait un peu � s'occuper de nous. Mais �a manquait cruellement d'un tourneur cette histoire !
 
M : Que vous a apport� la production de Pierre des Burning Heads ?
Ben : Pierre nous a fait prendre du recul, c'est le genre de mec qui te dit : � Si tu joues ton plan de gratte comme �a, �a donnera �a. Si tu le joues autrement �a donnera �a. A toi de voir ! �. Quoi qu'il arrive, Pierre �tait surtout l� pour bosser avec nous sur le chant. Et je pense que cela s'entend vraiment quand tu compares les deux albums. Cela dit Samprass n'�tait pas tout seul. Je tiens donc aussi � souligner que le boulot de PE sur Come Down a �t� �norme. Ce mec a un sens du rythme et du groove qui nous a beaucoup fait avancer. Il vient de l'electro, c'est lui qui avait fait le premier 6 titres de Keneda. Big up.
 
M : Les sensations divergent � l'�coute de Come Down. Certains �voquent l'influence de Snapcase, le sticker promotionnel celles de Fugazi et d' At The Drive-In.  Pour ma part, m�me si celle de Fugazi est pr�sente, je trouve celle de Quicksand beaucoup plus importante. Vous sentez-vous proches de ces
groupes et quelles sont donc vos sources d'inspiration ?

Ben : Bien s�r que l'on se sent proche de ces groupes. Cela dit, nous avons tous beaucoup d'influences vraiment diff�rentes. Notre inspiration, on la trouve aussi bien dans le hiphop que dans le HxC, la pop ou bien l'electro. On n'a pas trop de barri�res dans nos go�ts musicaux. Apr�s je pense que la plus grande source d'inspiration c'est notre vie de tous les jours. Mais c'est vrai qu'on a plut�t tendance � pondre des morceaux tortur�s. C'est notre emo-style �a !!!
 
M : Et au niveau des textes ?
Ben : Les textes, les � du temps c'est vraiment du brut de d�coffrage, c'est notre vie. Nos ressentis, nos coups de gueule. Rien de militant dans les textes, on ne se sent pas de l'assumer apr�s. Le militantisme passe dans la mani�re dont nous vivons notre groupe.
 
M : Sans nier la qualit� de "Satanas Playground" et de "Congratulations Mr. X", deux morceaux � la tonalit� tr�s punk hardcore m�lodique traditionnel, il est difficile d'y trouver un fil conducteur avec le reste de Come Down, beaucoup plus inspir�, plus intense, en un mot plus ambitieux. Qu'est ce
qui a motiv� leur pr�sence ?

Ben : Je sais pas. On les kiff ces morceaux. On s'est dit rien � branler. Et puis on a un pass� bien punk-rock. C'�tait peut-�tre le moyen de faire un petit hommage au pass�. Franchement, on ne s'est pas pos� la question, �a a �t� spontan�. Et puis si tu viens au concert tu verras que nous jouons encore des morceaux punk-rock. �a nous colle � la peau. On aime �a quand �a speed un peu...quand �a arr�te de r�flechir.
 
M : De plus, le skeud poss�de une interface video donnant un aper�u du groupe sur sc�ne. L'enregistrement d'un dvd live ou non fait-il partie de vos objectifs � plus ou moins long terme ?
Ben : Un DVD? on va d�j� essayer de faire un autre disque on verra apr�s! Les vid�os, on aime bien en faire. Et puis j�remy de Blackburst d�chire vraiment. Mais de l� � faire un DVD, �a serait pas trop justifi�. Trop ambitieux, on est un petit groupe tu sais.
 
M : La partie centre ouest de la France, et particuli�rement l'axe Poitiers/Tours/Orl�ans, a toujours �t� un moteur de la musique underground en France. Hier avec les Thugs, Portobello Bones, Seven Hate, Burning Heads, aujourd'hui avec Gravity Slaves, Epileptic, sans oublier les salles comme le Confort Moderne o� le Fury Fest du Mans entre autres. A quoi selon vous est d� cet �tat de fait ?
Ben : je peux pas t'expliquer. C'est comme �a. C'est peut-�tre qu'on fait tous partie du � Vive la baroude Club �.
 
M : Les �tiquettes n'ont qu'une importance relative. Toutefois, trouvez vous que "emo-punk" soit la plus satisfaisante pour d�finir la musique de Gravity Slaves ?
Nico : Moi je dirais plust�t  � EMO-MENTAL-PSIK�-dermatoambiancehardrockdeconnard depuis peu �
 
Ben : Je ne suis pas convaincu par le cot� � emo �. Pour moi la musique est � emo � par d�finition. Apr�s je n'ai pas l'impression de faire du punk non plus. Cette question d'�tiquette m'ennuie beaucoup. La plupart du temps je reponds que nous faisons du Rock. Et puis je m'arrange pour dire aux gens d'�couter le disque. Je suis plus partisan du � �coute et fais toi ton id�e �.
 
M : Avez vous �t� sollicit� pour participer au tribute de Seven Hate ?
Ben : Non.
Nico : C'est  con hein !
 
M : Les membres de Gravity Slaves ont, semble t-il, tendance � butiner parall�lement au projet principal. Nico avec les Bundies et les Burning Heads, Guillaume avec Keneda, Julien avec les Flying Donuts, et Thibaut qui se transforme en DJ Teebal. Dans quelle direction souhaitez vous faire �voluer
Gravity Slaves et doit-on s'attendre � quelques surprises pour les prochaines productions ?

Ben : Possible. Qui sait ?
 
M : Quelle est l'actualit� imm�diate de Gravity Slaves ?
Ben : Encore quelque dates jusqu'� d�but juillet et puis, on commence � mettre � plat des morceaux. On enregistrera une maquette ce weekend (n.d.ch.: celui du 4 juin). En vue d'une prod cet �t�. Puis � la rentr�e, on enquille les concerts de nouveau.
 
M : Le mot de la fin ?
Ben : Non.
Nico : Pffffff ! un peu d'humilit� les jeunes, �a ferait pas de mal.

Merci � Ben et Nico des Gravity Slaves, ainsi qu'� Olivier et Nicolas d' Age Of Venus Records.


 

Fragone (Juin 2005)

Partager :
Kindle
A voir sur Metalorgie

Laisser un commentaire

Pour déposer un commentaire vous devez être connecté. Vous pouvez vous connecter ou créer un compte.

Commentaires

Pas de commentaire pour le moment