7 Weeks Hellfest 2013

A l'occasion du Hellfest 2013, Metalorgie a pu poser quelques question à Julien Bernard, chanteur et bassiste de 7 Weeks, qui ouvrait l'édition 2013 sur la Valley...

Pour éviter la traditionnelle présentation du groupe, vu qu'une bio est présente sur le zine, pouvez vous me donner 3 adjectifs ou mots qui vous correspondent le mieux ?


Rock, Stoner mais pas que, parce qu'on nous a longtemps catalogué stoner, mais on essaie de se débarrasser un peu de l'étiquette, elle nous gêne pas, mais si quelqu'un veut vraiment aller voir un groupe de stoner, c'est pas forcément 7 weeks qu'il ira voir, on utilise des gimmicks, des sonorités qui viennent du stoner, mais c'est une influence comme tant d'autres, comme le métal. C'est nos influences les plus évidentes, mais pas que, surtout depuis le dernier album, et encore plus sur celui d'avant où on a intégré un clavier. A la base on s'en servait uniquement pour le ciné concert (l'album Dead Of Night), mais ça nous a tellement plus qu'on a décidé de lui laisser une place importante dans notre musique. Si tu veux, on avait pas réellement de barrière stylistique à ne pas franchir sur cet album, si on voulait mettre un clavier, si on voulait mettre des samples et des ambiances bizarres, on se prenait pas la tête de savoir si ça ressemblait à nos précédents albums, on s'en foutait. Et la réaction du public a été tellement enthousiaste qu'on a décidé qu'on remettra ça dans nos prochains albums. 

Est-ce qu'il a participé à la composition du dernier album ? (Carnivora)

Ouais, on a tellement apprécié le travail de Manu (le clavier) qu'on lui a demandé de nous suivre, il a ramené ses influences, ses sonorités bizarres et ça s'est fait petit à petit. Sur Carnivora il y a dix titres, et sur cinq on a du clavier. Des fois je lui demandais d'ajouter du clavier sur certaines compos, de doubler les accords, etc, mais tu te rends compte assez vite que ça sert à rien, c'est pas toujours utile. Par contre il apportait ses idées sur toutes les compositions de l'album, et il a fini par être complètement intégré au groupe ; à la base je savais même pas s'il nous suivrait sur scène, s'il continuerait au delà de l'aventure en studio. Mais voilà, on est vite tombés sous le charme : humainement il s'est super bien intégré au groupe, et musicalement il a une présence qui est devenu indispensable.

Dernier mot ?

Ah putain ça faisait que deux, désolé j'suis parti loin !
Alors j'avais dit rock, stoner mais pas que, et on va dire... décomplexion. A chaque album on s'est un plus décomplexé, un peu plus affirmé. Au départ on était sur des formats courts, des rythmes très appuyés, lourds, l'album d'après on s'est mis à faire des trucs plus speeds, plus cools aussi, et puis après l'expérience du ciné concert, où on a fait ce qu'on voulait, on a vraiment atteint notre objectif, à savoir ne plus trop se prendre la tête à rester dans une thématique ou un format pré défini. Et je reviens sur l'album Dead Of Night, on s'est dit, au passage, que si ça plaisait autant, ce serait complètement con de garder à tout prix les codes qui définissaient nos deux premiers albums, si tu t'appelles Metallica tu remets pas en cause toute une musique, tu changes pas tes codes au bout de deux albums, tu les élargis tu les fais évoluer, mais nous on est 7 Weeks, un groupe du limousin (rires), on va pas rester bornés sur nos deux premiers albums, on va pas changer l'histoire de la musique, si on évolue pas maintenant on le fera jamais tu vois? Donc bref, on a aucun problème avec ça, on se remet en question à chaque nouvel album, et on assume toutes nos compositions, tout ce qu'on a pu écrire, et si on a envie de faire autre chose bah on s'en prive pas. Et surtout on se dit pas "ce riff il est pas stoner donc on le joue pas", non on s'en fout.

En parlant de Dead Of Night, justement, c'est pas compliqué de proposer ça à une maison de disques ?


Ce truc, on a tellement kiffé le faire, qu'on s'est dit, on va en garder une trace. On l'a enregistré, on en a fait 300 vinyles, et on les a vendus uniquement sur les stands de merch, le truc vraiment underground. Puis j'ai commencé à en faire une copie cd que j'ai envoyé à quelques mecs qui ont l'habitude de nous suivre, juste pour nous faire des news, et j'ai eu des retours vraiment excellents. Et le distributeur je lui ai dit "j'ai trois cent vinyles, est-ce que ça t'intéresse ?", et c'est à partir de là qu'on en a fait des versions cd, parce que le projet avait un réel potentiel.

Qu'avez vous pensé de votre concert, la réaction du public, tout ça tout ça ?

Super contents de la réaction des gens. C'est pas facile d'ouvrir, la Valley c'est une des scènes les plus pointues du Hellfest. Aujourd'hui y'a Neurosis par exemple, donc c'est pas n'importe quel scène, c'est pas n'importe quel public, et on a vraiment été surpris de la réaction des gens, qui étaient plutôt réceptifs à notre musique. Les main stage c"est grand public tu y vas pour t'éclater, pour boire des bières et taper dans tes mains sur du Kiss, attention j'ai rien contre ça hein (rires), mais la Valley tu sais que la plupart des gens qui y vont ont des références, ils connaissent très bien les styles proposés, et n'étant pas un groupe classique et facilement cataloguable, nos cinq morceaux sont super bien passés, et on remercie les gens pour cet accueil. Quand tu vois les gens participer, le smile au visage, ça fait vraiment chaud au cœur.
J'imagine que ça fait super plaisir d'être ici, comment ça s'est passé, on est venus vous voir ? C'est Klonosphere qui vous a aidé à contacter les bonnes personnes ou alors quelqu'un du groupe a couché avec Ben Barbaud ?

Non pas du tout (rires). Comme 90% des groupes je suppose, tu envoies ton disque en espérant d'être programmé, les mecs te répondent, "non ça nous intéresse pas", normal quoi, et sur les deux derniers albums on nous a répondu que c'était pas mal, que c'était pas encore prévu à la programmation, mais qu'ils nous suivraient. Donc nous on a envoyé des informations régulièrement, et ils sont venus nous voir jouer l'an dernier dans un club à Lorient, et le concert leur a bien plu, puis ils nous ont programmé en ouverture de festival à la suite de ça. 

De fil en aiguille donc ?

Voilà, de fil en aiguille, pas de copinage, pas de Klonosphere ou je ne sais qui, et c'est vraiment ça qui est respectable, tu sais qu'ils te suivent, qu'ils écoutent tes différents efforts, et quand à un moment ils pensent que ça peut valoir le coup, ils viennent te voir et ça se fait comme ça, c'est légitime. Et c'est chouette ! ça fait plaisir qu'une machine comme le Hellfest fasse ça avec des petits groupes comme nous.

Comment fait-on quand on joue devant le public du Hellfest, est-ce que vous adaptez le répertoire, ou vous faites la même chose qu'en tournée ?

Bah trente minutes c'est vraiment super court, donc forcément tu t'adaptes au Hellfest, on a fait une playlist spéciale, où on voulait absolument mettre un titre planant, plus posé pour le public de la valley, et 4 autres morceaux avec des groove et des ambiances très différentes, on voulait vraiment donner un aperçu de tout ce qu'on savait faire. Des titres cartons, d'autres un peu plus sinueux. On pouvait pas faire plus représentatif comme playlist de 7 Weeks.


Que pensez vous de la scène actuelle de stoner / rock burné, une sorte d'engouement qui va crescendo ? De plus en plus de groupes français émergent : vous, Loading DataMudweiser, Last Barons, Jumping Jack, etc...

Loading Data on les connaît très bien, c'est des mecs qu'on adore, on a fait plusieurs tournées avec eux, ils ont un album qui marche vraiment très très bien, ils l'ont rôdé en tournée avec nous, et vraiment ça cartonne. C'est un des premiers groupes de stoner français et pourtant le groupe est pas tellement vieux, et prennent de l'ampleur, ça fait super plaisir. Mudweiser c'est les brothers, on a fait 50 dates avec eux, c'est nos potes. Mais voilà, tout ça fait super plaisir, mais la scène a changé. Tu sais quand on a commencé en 2006 c'était un peu fourre tout, dès que tu faisais un truc qui était pas "Death", "Thrash" ou "Metal", dès que tu faisais un truc un peu bizarre t'étais catalogué stoner. Chant clair ? Accordés comme ça ? Un peu lourd ? Ouais ok c'est du stoner. Aujourd'hui c'est beaucoup plus pointu, ya quand même des mecs qui décident de certains codes, et c'est devenu vraiment compliqué. Certains webzines et magazines de stoner par exemple, ont trouvé que notre dernier album n'était pas du tout stoner. Tu vois, c'est devenu vraiment compliqué et la scène stoner ça veut plus dire grand chose. ça voulait rien dire y'a dix ans, et aujourd'hui non plus (rires). La scène en général s'est complexifiée, diversifiée et a donné des choses merveilleuses. On est tous fans par exemple de Hangman's Chair, je serais incapable de te dire si c'est du stoner, si c'est du doom ou autre, mais c'est juste pour dire que la scène "rock/métal" française au sens très large est devenue vraiment intéressante, originale et qu'on peut maintenant se défendre en disant "ouais c'est français et on t'emmerde" (rires).

Du coup ça veut dire quoi pour vous stoner ? Comment vous vous définissez, y'a -t-il une autre étiquette à laquelle on n'a pas pensé ?

Rock. Tout simplement. Mais si t'es un groupe français et que tu mets juste rock, c'est pas vraiment sexy et ça fait peur. Les étiquettes ça nous emmerde, nous on met massive rock / post stoner parce que c'est ce qu'on dit de nous. Il faut bien des étiquettes et c'est celle là qu'on nous a donné. Mais moi si tu me demandes je te dirais simplement rock.

J'ai trouvé Carnivora beaucoup plus travaillé, plus varié dans les styles que ne l'étaient Black Days ou Channel Off, moins stoner, plus bluesy par moments, mieux fait, avec des atmosphères et des variations beaucoup plus intéressantes, est-ce que c'est volontaire et du coup est-ce que l'écriture de 
Carnivora a été plus longue que les autres albums ?

ça faisait trois ans, entre Channels Off et Dead Of Night qu'on écrivait, et une fois qu'on a fait Dead Of Night, on a tout jeté et on a recommencé en ayant intégré l'expérience du ciné concert. Le blues, c'est complètement voulu. C'est quelque chose qu'on aime beaucoup, et que moi personnellement j'apprécie énormément. J'ai déjà joué du blues avant, et c'est quelque chose à laquelle je tenais. Toute cette mélancolie, cette facette blues, elle est remontée à la surface avec Dead Of Night, encore une fois. Je me suis beaucoup identifié au héros de Dead Of Night, et sur Carnivora on est allé encore plus loin, toujours cette optique de faire les choses à fond, y'a un morceau par exemple qui s'appelle Shadow Rider qui est caractéristique de cet accent bluesy.

Du coup un groupe comme Masters Of Reality, ça te parle ?

Bien sûr, c'est une de mes grosses références stoner / blues, je les ai découvert après avoir écouté KyussQueens Of The Stone Age et les Desert Sessions, et là tu te dis, "Ah ouais putain, je comprends mieux maintenant". Tu comprends mieux qui est assis derrière la table de mixage, tout l'héritage et toute les ressemblances qu'il y a entre tous ces groupes, la grande famille !

Mine de rien vos compos brassent pas mal de genre : du blues, une petite touche psyché, du métal, du stoner plus généralement, c'est quoi vos influences majeures en termes de groupes ?

On a tous en commun des groupes comme Kyuss, les Queens Of The Stone AgeBlack Sabbath et autres classiques du genre, après on a tous des spécificités personnelles, moi je suis un peu plus âgé que les autres membres du groupe, j'étais ado dans les 90's donc des groupes comme Soundgarden, Metallica, Pearl Jam, c'est vraiment des groupes avec lesquels j'ai grandi, tout comme des Led Zeppelin, Deep Purple et compagnie, ça me semblait pas si loin que ça à l'époque tu vois ? Flo par exemple est beaucoup plus Hardcore, Jeremy très groovy avec des groupes comme Clutch. Enfin bref, on a tous des références très différentes et on essaie d'incorporer ça dans notre musique. C'est pas toujours facile mais c'est avant tout ce qui donne une touche d'originalité dans notre musique.

Depuis 2006 vous sortez des productions à un rythme asez impressionnant, est-ce que vous êtes un groupe pro, ou bien êtes vous des surhommes ?

Non on fait que ça. Ouais. On est aussi des surhommes (rires). Nan on savait que si on voulait s'investir avec 7 Weeks, il fallait faire que ça. On a notre propre label qui nous permet d'en vivre, et on a eu la chance d'avoir Klonosphere qui nous aide pour la communication et la promotion. Mais sinon jusqu'ici on faisait tout par nous mêmes.

Les stéréotypes et les clichés vont bon train concernant le stoner, des routes désertiques américaines aux drogues hallucinogènes en passant par les cactus, comment fait on quand on vient de Limoges ? Sous entendu, c'est pas un peu compliqué de faire du rock à Limoges, j'ai rien contre cette ville hein, bien au contraire ?

Nan mais t'as raison, c'est un coin plutôt punk, rock, mais on s'en fout au final, on doit jouer une ou deux fois par an à Limoges, nous on a envie de bouger donc ça nous dérange pas. Après, le stoner c'est dans le désert, on peut considérer que Limoges c'est le désert, y'a pas de cactus mais y'a des vaches (rires).

Sur Dead of night, Andy, le héros, est un zombie dont on peut suivre les pensées, est-ce que les zombies, les films d'horreur et toute l'imagerie qui va avec c'était juste pour le ciné concert ou c'est quelque chose qui vous tient à coeur et qu'on retrouvera par la suite ?

J'suis pas un puits de science niveau cinéma, mais j'ai eu une grosse période de ma vie où je matais sans cesse films d'horreurs et de série Z, toutes ces références cinamétographiques, liées aux films d'horreur, à cette imagerie un peu spéciale, je l'ai en moi depuis très longtemps. Je pense que Roméro a eu une putain d'influence sur 7 Weeks et une grosse présence sur tous nos albums à travers moi. Dans 75 % des textes de 7 Weeks, le zombie est le héros, mais un zombie cool, pas très dangereux. Pas les zombies de 28 jours plus tard tu vois, c'est les zombies de Roméro, lents, peinards, avec toute cette imagerie mélancolique, triste, qui va avec. Et donc avec Dead of Night, ce heros qui revient du Vietnam, qui ne dit rien, qui est devenu mort vivant, ça me faisait penser, visuellement à Johnny Got His Gun (Johnny s'en va en guerre), le truc qui a été utilisé pour le clip "One" de Metalica, cet espèce de traumatisme mélancolique de la guerre du Vietnam, ou de la seconde guerre mondiale, sur l'Amérique, tout ça ça me parlait énormément, je me suis énormément immiscé dans la peau du personnage qui dit rien, et moi je lui a fait dire tout ce qu'il pouvait avoir envie de dire, dans les textes de 7 Weeks tu vois ?

Pourquoi ça te parle autant ce genre de sentiments, ces images liées à la guerre ?

Euh j'en sais rien. Je.. je vais aller voir un psy (rires) !

Vu le succès des cinés concert, et qu'en plus on dirait que vous aimez ça, est-ce qu'on pourrait envisager ça au Hellfest, après tout s'il y a bien un lieu où faire ça, en plein air avec un bon film de série Z en fond c'est bien ici non ?

Bah carrément, j'adorerais faire ça ! Le problème c'est les calmes qu'il peut y avoir dans le film, les montées de tension, si t'as un groupe de Hardcore qui joue à côté, ça va pas le faire (rires) !
Mais on va en refaire, en 2014 c'est prévu, et en festival d'ailleurs. Le mieux qu'on ait fait et vu, c'est dans un cinéma. Tu sais les gens ils nous regardent pas, ils sont tranquillement assis dans leurs fauteuils, et ils mattent le film, nous on est dans le noir, sur le côté de la scène, et, on a demandé tu sais, 95¨% des gens oublient qu'on est là ! Mais c'est quelque chose de tellement intense, tellement intéressant ! On adore !

C'est quoi votre plus grosse galère, et à l'inverse, votre plus belle réussite ?


Notre plus grosse galère c'était en tournée européenne, en bons français qu'on est, on est partis en tournée en hiver, sans pneus neiges, et un passage par l'Autriche nous a pas franchement réussi. On jouait tranquillement dans un club, au pied des montagnes, et pendant le set il s'est mis à neiger. On a dû repartir, après le concert avec 30 centimètres de neige, sur une pente à 35°, les chaînes ont cassé et on a dû vider le camion de tout notre matos, pousser le camion jusqu'en haut de la côte, puis remettre tout le matos dedans. 
ça c'était notre plus grosse galère, et niveau réussite, une journée comme aujourd'hui on va dire que c'est déjà pas mal !

Pour finir, parce que j'aime bien les questions à la con

moi aussi...

Si 7 weeks était : 
- un animal ? T'as pas le droit à l'aigle sur la colline ou au chien loup...



Nan nan (rires). Je sais pas si tu te souviens, les nuls ils faisaient un truc qui s'appelait "Régis est un con", et une fois ils avaient présenté l'animal de compagnie de régis, un espèce de truc tout bizarre, tout blanc, avec plein de poils... Et bah ce serait ça !



- un alcool ? Le pinard, le blanc tiens !

- un homme politique ? Dsk, y'en a peu qui me font marrer, mais lui à la limite...

Merci beaucoup pour l'interview !

Merci à toi, c'était cool.

lelag (Février 2014)

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