Straightaway par mail

Six ans après la sortie de leur denier album, Straightaway revient avec son nouvel album Last Exit to Nowhere, sorti le 3 septembre chez Effervescence Records. L'occasion de poser quelques questions à Lotfi chanteur et guitariste du combo de punk mélo français.



Last Exit to Nowhere est sorti il y a peu de temps, avez-vous de bons retours ?

Lotfi (chant, guitare) : Les retours pour l’instant sont très bons de la part de nos fans. On ne sait jamais à quoi s’attendre avant la sortie d’un album et plus que la reconnaissance des medias, webzines, on cherche d’abord l’approbation des auditeurs qui suivent le groupe depuis quelques temps déjà. Les chroniques commencent à tomber et sont bonnes aussi. Il y avait un peu d’appréhension parce que notre album précédent Democracy Of Spreading Poverty datait quand même de 2007 et si je pense que le son du groupe n’a pas radicalement changé et qu’il reste fidèle à ce qu’on a toujours joué, il y a eu des modifications dans le line-up, avec les années, il y a forcément quelques évolutions. On a reçu beaucoup de messages sur facebook, de commentaires, de mails nous disant que l’album était encore mieux que le précédent. En lisant ça, je me dis que le contrat est rempli.

Votre dernier album était sorti il y a six ans, depuis quand travailliez-vous sur celui-là ?


Tout de suite après la sortie de Democracy Of Spreading Poverty, j’ai commencé à écrire pour ce nouvel album. On a avancé rapidement sur la composition du disque. Les problèmes ont commencé en entamant l’année 2009 quand Saul, un de nos membres d’origine, a décidé de lâcher la guitare après 10 ans de bons et loyaux services. Pendant un an, nous n’avons pas réussi à retrouver de nouveau guitariste pour le remplacer. Les auditions n’ont pas manqué mais remplacer un membre, c’est toujours un vrai challenge. Les gens sont souvent surpris, pensant qu’à Paris, c’est très simple de trouver des musiciens dans le punk rock mélo et ça ne l’est pas. Jouer dans un groupe sérieusement, s’investir, bien jouer, avoir un bon esprit  une vraie énergie scénique, partir sur la route quand tu n’en vis pas et se mettre en porte à faux avec le boulot, ce sont autant de critères difficiles à réunir. C’est finalement Fab, notre bassiste qui est passé à la guitare, il était guitariste à l’origine, il connaissait bien l’âme musicale du groupe et c’est finalement apparu comme une évidence, sachant que trouver un bassiste serait moins difficile. On a donc repris plus sérieusement la composition mais les aléas de bassiste puis le changement de batteur nous ont renvoyé à chaque fois à la case départ. Au cours des années, j’ai composé un sacré paquet de morceaux, qu’on a laissé de côté à chaque fois qu’on en écrivait de nouveaux. Cet album au final est assez diversifié parce que les morceaux qu’on a choisis sont étalés sur les 6 années qui ont séparé les deux albums.



C’est aussi votre premier album après de nombreux changement de line up, pensez-vous avoir trouvé la bonne formule aujourd’hui ?


Je trouve que c’est une formule qui fonctionne bien. Fab est un bon guitariste et un très bon arrangeur, il a apporté une nouvelle dimension sur le plan des deuxièmes guitares qui a enrichi nos compos. Avant Democracy Of Spreading Poverty, on avait tendance à trop s’éparpiller, on avait décidé de rester sur des parties plus sobres au niveau des guitares, pour être plus efficaces. Sur Last Exit To Nowhere, on a laissé beaucoup plus cours à nos envies dans la composition tout en gardant une certaine maturité qu’on a acquise au fils des ans. La transition avec Phil à la batterie s’est faite aussi assez simplement. C’est quelque chose que j’appréhendais parce que Digo notre ancien batteur avait contribué au son du groupe et à son identité, j’aimais beaucoup son jeu et je me demandais même si on arriverait à trouver un batteur capable de le remplacer techniquement compte tenu des difficultés qu’on rencontrait sur quelque chose de peut-être moins compliqué comme la basse ou la guitare. Phil a intégré le groupe très rapidement, il avait une culture et une frappe beaucoup moins punk rock mais un niveau technique énorme et un bagage musical hyper large puisqu’il a joué du jazz, du reggae, du métal, du punk, du rock progressif. Il a maintenu l’identité de la batterie dans le groupe avec des parties assez chargées et très techniques mais en rajoutant un certain groove et un style très personnel. Il ne nous reste plus qu’à roder définitivement cette formation sur la route mais on est fier du chemin parcouru et de n’avoir rien lâché malgré notre attachement au line-up d’origine.

Est-ce qu’il y aura autant de temps avant le prochain album de Straightaway ?


Autant ? Personnellement, je dirais même plus ! Ca va devenir une fin en soi. Mettre le plus de temps possible pour sortir un album (rires). Plus sérieusement, après ces années de galère, on a vraiment envie de reprendre un rythme normal, j’ai déjà commencé à composer de nouveaux titres et on projette déjà dans nos tablettes de sortir un nouvel album en 2015. On va essayer de se tenir à ce calendrier !


Last Exit to Nowhere est en libre écoute sur le Bandcamp d’Effervencence Records, quelles sont les retombées d’une telle démarche ?


Je ne sais pas vraiment s’il s’agit d’une vraie démarche affirmée, plus d’une adaptation au marché du disque et à l’évolution du monde de la musique. On sait très bien que les gens achètent de moins en moins de disques, téléchargent et tous les artistes aujourd’hui proposent des streamings de leurs albums, les gens peuvent les écouter dès la sortie d’un album sur Spotify ou Deezer quoi qu’il en soit alors pourquoi ne pas le mettre sur le Bandcamp non plus ? Aujourd’hui, la musique repose sur la conscience de chaque auditeur et sa solvabilité. Beaucoup considèrent la musique comme un bien gratuit et acquis comme tel, ce que je ne critique pas mais derrière il y a un groupe qui investit beaucoup et revoit rarement des retours sur investissement. Alors quand un album a été vraiment apprécié, c’est bien que les gens fassent l’effort de l’acheter ou soutenir le groupe d’une manière ou d’une autre, sans se dire que rien ne sert de l’acheter maintenant qu’il est sur un disque dur. C’est aussi la raison pour laquelle on voit de plus en plus de groupes demander le financement de leurs albums par les fans avec des campagnes sur le net.

L'album est une boule d'énergie, avec très peu de temps morts et s'écoute facilement d'un trait. Est-ce ce que vous aviez recherché ?


Je crois qu’on n’a eu aucune recherche particulière dans cet album, si ce n’est écrire des bons morceaux, qui nous plaisent et traversent l’épreuve du temps sans perdre de leur intérêt au fil des mois et je crois qu’on est arrivé au résultat escompté. Il n’y a pas un morceau de l’album que l’on ne joue pas avec plaisir. On avait aussi à cœur de faire un album diversifié avec des titres qui ont tous une certaine identité et se différencient facilement les uns des autres. Il me semble que là-aussi, on a réussi à ne pas faire 4 fois le même titre. Si tu as perçu cet album comme une boule d’énergie, ça me va très bien. Certains l’ont trouvé moins rapide que notre premier album sans être moins bon, moi je le trouve plus nuancé. Avoir des tempos différents, des ambiances différentes a vraiment contribué à ramener plus de nuances sur les nouveaux titres et l’album dans sa globalité.

La pochette montre des bâtiments en ruine, est-ce une référence à Emotions and Anger, votre premier EP ?

Quelques fans ont fait état de l’univers un peu similaire des deux pochettes et c’est vrai mais on n’y avait même pas pensé en réalité. Ça a été deux époques différentes et on a voulu exprimer deux idées différentes au travers de ces deux visuels. Celle de Last Exit To Nowhere relate vraiment les dernières années que le groupe a traversées. Malgré le chaos qui règne sur la scène de la pochette, on a choisi des couleurs chaudes et de ramener des éléments positifs qui caractérisent notre état d’esprit et celui de notre musique. Cet album a été une victoire pour nous, d’autres groupes auraient sûrement périclité et il n’était pas question pour nous de ne rester que sur une imagerie à connotation négative. On est très fier du visuel, il a été réalisé par un illustrateur canadien adorable qui a réalisé un certain nombre de dessins pour le jeu vidéo The Amazing Spider Man.


Vous n'écrivez qu'en anglais sur votre Facebook, avez-vous plus d'auditeurs à l'étranger qu'en France ?


Clairement, notre audience internationale est largement supérieure à celle en France. Je trouve l’anglais plus pratique, il permet à tout le monde de voir des publications qu’ils comprennent surtout sur facebook où beaucoup de gens d’horizons différents voient les posts. C’est juste plus simple dans la communication et les français consultent des pages de groupes étrangers en anglais, sans avoir de gros soucis de compréhension je suppose.

On voit souvent « skate music » ou « skatecore » a côté de votre nom. Vous pouvez parler de la relation entre votre musique et le skate ?

Le lien entre ces deux cultures est évident mais j’ai toujours trouvé ça absurde de dénommer un style de musique après un sport et un lifestyle. Ça ne viendrait pas à des skaters de dire, j’ai fait un punkie flip haha. D’autant que pendant quelques années, le skate s’est beaucoup éloigné du punk rock pour se rapprocher beaucoup plus de l’univers hip hop. De toute évidence, il y a des valeurs dans le punk et le skate qui ont un socle commun notamment dans leur dimension anti-establishment. Le punk rock a toujours été pour moi la musique parfaite comme bande son des sports extrêmes. Malgré mon éclectisme musical, j’ai rarement trouvé la pertinence d’un morceau hip hop associée à une vidéo de surf ou de skate. Quoiqu’il en soit écouter du punk et faire du skate est tout à fait dissociable mais si les deux univers convergent, je trouve ça très bien.

Nous avions publié ton interview de Face to Face il y a quelques temps, tu peux nous parler de cette rencontre, de l’affiche que vous avez partagé ?


Face To Face, c’est un de mes groupes préférés depuis plus de 20 ans maintenant, ils ont une valeur sentimentale particulière à mes yeux parce que j’ai commencé à les écouter alors que j’avais 12 piges et que je prenais ma première claque sur leur album Don’t Turn Away et leur tube Disconnected. Je n’avais jamais pu les voir en live avant leur split, c’était un vrai regret. A leur retour, j’ai pu les voir deux fois au Groezrock et c’était vraiment magique. En sortant de ces deux lives, je me suis dit s’il y a une chose que j’aimerais encore réaliser, ce serait les voir en club et même jouer avec eux. L’opportunité s’est présentée. Manux de Feuzeul Booking savait que j’en étais un très grand fan et a décidé de les faire jouer à Paris pour la première fois de leur carrière et je le remercie encore pour ce concert mémorable. La rencontre et le concert ont été à la hauteur de ce que j’attendais. Des mecs adorables, d’une gentillesse incroyable, très humbles et accessibles, vraiment là pour l’amour de la musique, sans chichi ni calcul. Ils incarnent pour moi le groupe punk par définition.

Avez-vous des concerts de prévus ?

On va repartir en tournée, les plans s’échafaudent et il devrait y avoir des choses hyper positives pour le groupe. On a décidé de se remettre sur les rails après ces longues années de silence et donc de ne pas repartir sur la route dès la sortie de l’album. Plutôt laisser la promotion arriver, les clips, défendre l’album sur la longueur, repartir en tournée ensuite, puis revenir rapidement avec un autre album pour lequel on fera les choses de manière plus « traditionnelle ».


Last Exit to Nowhere, s'écoute ici
Merci à Fab d'Effervescence Records

Jeanvaljean (Novembre 2013)

Partager :
Kindle
A voir sur Metalorgie

Laisser un commentaire

Pour déposer un commentaire vous devez être connecté. Vous pouvez vous connecter ou créer un compte.

Commentaires

Pas de commentaire pour le moment