6h33 Hellfest, le 23 juin 2013

Le Hellfest 2013 fut un bon cru, non seulement en raison des groupes à l'affiche, mais aussi des groupes qui avaient fait le déplacement pour leur promo. 6h33 (mais sans Arno) en faisait partie et ce fut l'occasion d'une discussion bien détendue pour aborder la rencontre du groupe avec l'ancien chanteur de Carnival In Coal et leur dernier album en date, The Stench From The Swelling (A True Story) qui vient de ressortir dans toute l'Europe le 7 octobre dernier, mais aussi d'apprendre que la nanophobie était une maladie vraiment invalidante...



Alors, 6h33… Mais du matin ou du soir ?

TOUS : Pas du matin !!!
Rorschach (Chant) : Enfin à la rigueur, avant d’aller se coucher, on voit souvent 6h33 sur notre réveil ! (Rires)

Et pourquoi ce nom ?

Niko (Guitare) : Lors d’une soirée un peu alcoolisée, on s’est décidé à chercher un nom original pour le groupe, on ne voulait pas se prendre la tête et j’ai regardé ma montre, il était 6h33
Dietrisch von Schtrudle (Programmation/Claviers) : et on s’est dit « ouais, on va s’appeler  comme ça ! »

Et 6h66 c’était pas possible ?

R : bah non !

Et puis ça fait 7h06…

N : c’est vrai que ça aurait pu être marrant ! Mais ça aurait été trop compliqué.

Pour se recentrer sur la musique et votre dernier album, comment s’est passée la rencontre avec Arno Strobl ?

DVS : On avait collaboré avec Arno, dans une moindre mesure, sur notre premier album, il avait posé un featuring sur le morceau éponyme avec Guillaume Bidault. Puis notre premier chanteur a quitté le groupe, et on n’avait pas encore rencontré Rorschach. Comme on ne voulait pas faire du surplace, on a eu l’idée de recontacter Arno pour faire un one-shot avec lui sous forme de collaboration et il a accepté. On était très satisfait du travail avec lui sur le premier album, on lui a fait écouter les morceaux et il était emballé. 6h33 s’est occupé du côté instrumental et lui des lignes de chant, et on ne s’est vraiment rencontré que le jour de l’enregistrement, sans savoir ce qu’il avait fait. On a mélangé nos travaux respectifs sans jamais s’être vu avant, et ça s’est très bien passé.



Tu parles de one-shot… Faut-il en déduire qu’il n’y aura pas de suite à cette album, sous cette forme de collaboration ?

N : On ne s’est pas posé la question, pour le moment on va tous vaquer à nos occupations.
R : Arno a ses propres projets, des trucs qui doivent sortir bientôt, il a pas mal de boulot. Et nous, nous travaillons sur les concerts qu’on va enchaîner. Après la distance faisant, ce n’est pas facile de se voir, comme il est en Belgique et nous à Paris.
N : Ce n’était pas le but de la manœuvre, on va dire.
DVS : Au départ déjà on avait fait ça sous la forme d’un EP de 3 titres disponible sur internet. Et c’était pour donner une chance à ces morceaux qu’on a décidé d’en composer d’autres et de sortir le tout en album. C’était notre façon de prolonger cette collaboration avec Arno, mais pour l’instant ce n’est pas censé aller plus loin que ça. Et Arno a un mode de pensée où il va de projet en projet avec des gens qu’il apprécie et il n’a pas envie de rentrer dans un contexte de groupe.  Mais vu que ça s’est super bien passé, il n’est pas impossible qu’il se repasse un truc plus tard. Mais on ne peut pas le dire maintenant.

Est-ce que les 4 nouveaux morceaux ont été composés et enregistrés au cours de la même session que ceux de l’EP ?

DVS : Non ils ont été enregistrés après coup. Par contre c’était dans le même studio, avec le même matériel, et les anciens titres ont été remixés pour avoir une homogénéité au niveau du son par rapport aux nouveaux.

Vous avez des influences communes au sein du groupe, et avec Arno ?

N : Bien sûr, mais plus au niveau de styles. Arno est vachement branché funk et disco, en plus du metal. Après il y a Faith No More, Mike Patton, Devin Townsend

Et vous vous êtes dis que vous deviez faire un truc dans cette veine ?

N : Pas du tout en fait, on s’est rien dit ! On a simplement essayé de mettre en musique ce qu’on aime écouter. À aucun moment on s’est pas dit « on va faire du Mike Patton ».
R : C’est après-coup qu’on s’est rendu compte de ça. Le style de 6h33 étant assez particulier, et il y a pas beaucoup de groupes dans cette vague là, forcément on retombe toujours sur Patton ou Townsend en référence.
N : On n’était pas loin de Carnival in Coal non plus.
R : Et puis ce sont plus les gens qui trouvent tout de suite des influences, colle des étiquettes. On est tous fans de vraiment plein de trucs différents.
DVS : ce sont des approches semblables plutôt  qu’une similitude de style.
R : c’est une façon de penser la musique et de travailler qui se ressemble.



Justement, au niveau créatif, comment ça s’est passé avec Arno, vous aviez chacun vos idées que vous avez mis en commun, ou alors il y un dictateur qui a fait tout l’album tout seul ?

R : C’est lui le dictateur (en pointant Niko du doigt).
DVS : il n'a pas l’air d’un nazillon comme ça, mais…
N : En fait il n’y a que les paroles, et encore, qu’on a confiées à Arno. Et le titre I Like It c’est un truc que je ne lui ai pas imposé mais où je lui ai demandé s’il pouvait reprendre les mêmes lignes de chant. Sinon tout l’aspect du chant c’est lui qui a géré. Et comme l’a dit Dietrisch, on l’a découvert le jour de l’enregistrement, et heureusement que ça nous a plu et qu’on n’a pas eu à lui dire « nan, c’est  à chier, nan c’est à chier… » (rires). C’était vraiment bien !
R : Il y a des lignes de chant qu’on a réarrangées ensemble, on n’avait pas de conseils à lui donner, mais il fallait se mettre d’accord sur des petites harmonisations et d'autres choses.
DVS : Et quand il partait trop en voix de grizzli, on lui disait de se calmer et qu’on n'était pas encore prêt pour ça ! Et en ce qui concerne les 2 titres Giggles, Garlands and Gallows qui étaient présents sur l’EP, Niko et moi avions élaboré une ébauche de scénario comme s’il s’agissait d’un film, et Arno s’est approprié le truc pour écrire ses propres textes, il a un peu dévié sur le principal, tout en gardant la même ambiance générale. C’était la seule figure imposée qu’il a eu et pour le reste il a eu une grosse liberté.

Est-ce que vous pourriez développer un peu plus l’histoire qui est racontée dans les deux parties de Giggles, Garlands and Gallows ?

N : accroche-toi, parce que c’est du David Lynch.
DVS : En fait Niko a la phobie des clowns et moi je suis nanophobe !
N : Sans déconner, faut le voir quand y’a un nain qui passe, il est vraiment pas bien…

Du genre, tu fais un malaise si tu regardes Fort-Boyard ?

DVS : Nan mais vraiment ! Et pour Game Of Thrones, j’ai beaucoup de mal, je prend sur moi… Sinon l’histoire des 2 morceaux, c’est un clown qui bosse dans un cirque, qui rentre le soir après son numéro, et qui surprend sa femme, qui est une femme à barbe, en pleine action avec un nain. Du coup, gros pétage de câble, il plaque son métier et il se barre. Il commence alors à préparer une vengeance au niveau mondial contre les nains et de fil en aiguille il se met à commettre de petits crimes crapuleux et à buter du nain dans les recoins de la ville, dans les ruelles. Voila ce qui se passe sur la première partie, Order Of The Red Nose. Et sur la deuxième partie, M.I.D.G.E.T.S., c’est la revanche des nains. Ils comprennent qu’il y a un mec qui les décime et qu’il faut qu’ils s’organisent, qu’ils le traquent et le pulvérisent.

Et le sample de fait-divers qu’on entend au milieu à propos l’armée de nains, c’est pas un vrai quand même ?

R : Non, non, c’est la voix d’Arno, il le fait très bien.
N : C’est la meilleure miss météo de Belgique !  (rires).



Comment s’est passé le partage des rôles au niveau du chant, que ce soit pour l’enregistrement de l’album et pour les concerts ?

R : La configuration est un peu spéciale. Quand je suis arrivé dans le groupe, ils avaient fini de composer l’EP, et je n’avais pas rencontré Arno. La fin de la chanson M.I.D.G.E.T.S. n’était pas écrite et Arno m’a dit de m’en occuper, et de me lâcher dessus. Quand on a décidé de faire l’album, j’avais déjà plein de boulot, il fallait que je bosse les morceaux du premier album pour les concerts, il fallait roder le concert et on bossait sur le côté prestation scénique en parallèle. Arno, qui était dispo, a continué à bosser sur l’album. Il était déjà bien avancé et ça se passait bien, ce qu’il écrivait me correspondait complètement, de plus on a la même tessiture et la même façon de voir le projet. Du coup sur scène c’est super facile pour moi et un kiff de reprendre ses parties. Pour les concerts, ce fût plus compliqué, Arno étant en Belgique. On n’a fait que quelques concerts ensemble, mais à cause de la distance, on n’a pas répété beaucoup avec lui. On était en rodage avec le groupe, on commençait à bien s’entendre, et au final pour Arno ça n’a pas été facile de s’intégrer au groupe pour le live…
N : et puis c’est un vieillard (rires). On le massait avant de le faire monter sur scène (rires).
R : Après c’était facile de se partager le travail en live, comme il y a beaucoup de paroles, de lignes de chant qui s’entremêlent. Ça fonctionnait bien à deux, de façon naturelle.

Justement, quand on écoute l’album, on a du mal à distinguer ta voix de celle d’Arno, c’était voulu ?

R : pas du tout. C’est comme ma rencontre avec le groupe, ça s’est fait par hasard. On n’a pas à réfléchir, on se comprend direct.
N : tu reprends plus facilement les parties d’Arno que le premier chanteur.
R : c’est parce qu’on a un peu le même grain, la même façon d’utiliser notre "instrument" et du coup c’est super facile. Vous n’êtes pas les premiers à nous dire ça, mais ceux qui me connaissent vraiment bien arrivent à entendre des différences.

J’en étais à me demander si ce n’était pas Arno qui avait fait toutes les parties vocales sur l’album.

N : Non, non, sur Burn-In par exemple, il n’y a quasiment que Rorschach qui chante.
DVS : Roscharch a peut-être une approche plus fusion qu’Arno quand tu regardes bien, Arno a un côté plus crooner. Et les deux se marient bien !

Qui a eu l’idée de cette reprise de Starlight (NDLR : titre des Supermen Lovers) ?

TOUS : c’est la faute d’Arno ! (rires)
R : « mais qui a pu avoir cette idée saugrenue ? »

C’était une idée de merde on dirait…

Tous : Nan ! Au contraire même.
DVS : On en discutait justement avec lui hier, on doit avouer qu’on n’a pas été bien dur à convaincre. Quand il l’a proposé, ça nous allait très bien. C’est un morceau qu’on avait tous bien kiffé à l’époque, le clip nous avait bien marqué aussi.



Entre votre premier album Orphans Of Good Manners et The Stench From The Swelling (A True Story) il s’est passé quoi ? Vous avez changé de matos ou il s’est passé un truc ? Parce que c’est le jour et la nuit…

R : Déjà Dietrisch von Schtrudle n’était pas dans le groupe à l’époque, et son arrivée a apporté énormément.
N : Sur le premier, c’est moi qui m’occupais de la batterie, et ce n’est pas mon kiff du tout. Je l’ai fait parce qu’il fallait bien que quelqu’un s’y colle. Et quand Dietrisch est arrivé, c’est lui qui a pris en charge la programmation de la batterie, et aussi l’enregistrement.
DVS : et la prod !
N : Ne serait-ce que ça, ça a apporté un plus. Et puis on a été moins fou que sur le premier, où on a eu tendance à tirer dans tous les sens, et là on a trouvé un truc qui se tient mieux. The Stench From The Swelling (A True Story) est plus cohérent même si ça part encore en « cougnette ». Pour le premier album, on était jeune, on avait faim (rires).
DVS : Après il faut aussi le remettre dans son contexte, à savoir qu’il n’y avait pas eu d’EP avant ni quoi que ce soit. C’est vraiment le premier album qui a servi de coup d’essai.

Vous aviez composé les chansons du premier album sur une plus longue période peut-être ?

N : Non, pas plus que ça. C’est vraiment parce que c’était les débuts du groupe, l’équipe n’était pas encore au complet, et on n’a été que 3 à participer à la composition du premier album, le premier chanteur, S.A.D. et moi. C’était un peu un 2be3 metal tu vois, sans les chorégraphies (rires).

Est-ce que le fait de faire une musique barré est une sorte de thérapie pour vous ?

DVS : Non, on est toujours aussi cons !
N : Je n’en ai pas la sensation. Maintenant ce qui me fait bizarre à chaque fois, c'est que ce sont des choses qui me viennent relativement naturellement, et c’est quand les gens me disent "ouais putain c’est quand même chelou ton truc, j’aimerais pas être ton psy". Quoi, elle est si bizarre que ça la musique ? Moi je ne trouve pas.
R : Pour moi, ce n’est pas tant dans la musique où il y a une sorte de thérapie, mais c’est sur scène, où tu lâches tout. C’est autre chose. Moi qui suis un tout petit peu nerveux, là je sors tout ce que j’ai en moi. J’ai pas mal de potes qui me l’ont fait comprendre, je m’en étais pas rendu compte avant. Et il faut que je fasse une date par semaine sinon je pète un câble ! C’est un peu une catharsis.

En parlant des concerts, je me trompe où il y en eu très peu ?


R : Alors il n’y en a pas eu très peu déjà (rires).
N : il y en a eu très peu avec Arno.
R : On a fait dans la mesure du possible, avec l’enregistrement de l’album, le temps de finir le mix et le master, de faire la promo. On a fait tout en même temps et on a fait ce qu’on a pu. Et on a dû faire une quinzaine de dates depuis que j’ai rejoint le groupe.
DVS : On n’a pas été dans le cas de figure optimal de sortir l’album et d’enchainer plein de dates derrière. En fait on a fait pas mal de concerts, ensuite on a sorti l’album, puis refait quelques dates. L’album est sorti juste avant la saison des festivals, ça se goupillait mal. Là les dates reprennent à la rentrée, on aura pas mal de dates en septembre. On aurait préféré que ça se passe autrement, on aurait pu sortir l’album qu’à la rentrée mais on n’avait pas non plus envie d’attendre.
N : On voulait passer à autre chose aussi.

Pour le côté masqué sur scène, vous êtes en fait des fans refoulés de Slipknot ?

R : Pas du tout (rires)
DVS : En fait le côté masqué, comme les pseudos qu’on utilise, ça permet de s’affranchir de sa personnalité et de vraiment se lâcher sur scène, d’être quelqu’un d’autre, de rentrer dans un personnage.
R : Et puis il faut le faire de supporter ça sur scène, on transpire à mort avec, ce n’est pas agréable.



Comment ça se fait que vous présent au Hellfest mais sans y jouer ?

DVS : Ce n'est pas comme si on pouvait claquer des doigts et se retrouver par magie sur l'affiche d'un tel festival !
R : En fait, on ne voulait pas presser le truc. Le Hellfest, c’est pas comme jouer dans la cave chez papa. On voulait être prêts, on en a parlé à un moment avec Roger qui assure notre promo, et s'occupe de la zone presse pendant le Hellfest, mais l’album vient juste de sortir, on préfère attendre l’an prochain plutôt que d’arriver comme un cheveu sur la soupe.
N : Genre « c’est qui eux ? »
R : On préfère bien se préparer, savourer le truc et ne pas se mettre la pression.

Vous avez eu le temps de voir quelques concerts ?

R : Avec S.A.D. on s’est levé tôt ce matin malgré la cuite de la veille pour aller voir Skindred, et on a pris la claque du festoche pour l’instant. Et on a enchainé derrière. On essaie, quand il pleut pas, sinon on se réfugie dans le carré VIP. Après Dietrisch travaille aussi pendant le festival, donc il voit moins de trucs.
DVS : Je bosse sur le stand EMP, ce sont des potes à moi alors je les dépanne à chaque fois sur les festivals. Ca fait 3 ou 4 Hellfest que je fais comme ça.
N : Le mec il vient tous les ans et il voit aucun concert. On aurait joué hier, il l’aurait même pas remarqué ! (rires)

Est-ce que le Hellfest vous inspire un bon mot, une blague, une galéjade ?

N : Ah oui, y’a celle qu’Arno m’a raconté ça hier, une bonne. Vous connaissez Ihsahn. J'espère pouvoir le voir jouer. A l’origine c’est son nom de famille, et en fait, son prénom c’est Jackie.
R : c’est à chier ! On touche le soleil là !
N : Excusez moi...
R : Après ça, qu’est ce que tu veux faire !

Ok Jackie Ihsahn c’était très bon ! Est-ce que vous avez un message à faire passer à Christine Boutin ?

R : GROSSE PUTE ! Je ne peux pas l’encadrer, et je lui chie dessus !

Merci, finir sur un "grosse pute", c'est parfait !

Interview menée à deux avec l'ami Lelag et retranscrite par mes soins.
Remerciements à 6h33 pour leur disponibilité et leur bonne humeur, et à Roger pour avoir organisé cette rencontre.

Grum (Octobre 2013)

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