The Brutal Deceiver par e-mail, avril 2013

Le quintet de Laval revient tout juste de tournée européenne pour défendre son album Go Die. One By One, chroniqué hier dans nos pages. C’est l’occasion de revenir avec eux sur la genèse de ce premier format long, sur la tournée en elle-même, sur leurs rapports avec le label Useless Pride Records, et autres friandises ou anecdotes plus ou moins croustillantes. L'objet est d’ailleurs toujours en écoute intégrale sur le site, pour les retardataires.



Metalorgie : Bonjour les gars, vous débarquez fraîchement de votre tournée européenne avec The Prestige… Comment avez-vous vécu la chose ? Bonne ambiance ? Pas trop de pépins ?

Tous : C'était dur... Ces mecs sont tellement chiants ! Plus sérieusement, la tournée s'est super bien passée. L'ambiance entre nous était vraiment démente, c'était 15 jours de colonie de vacances. Dans l'ensemble, les concerts se sont bien passés, même si sur 2-3 dates le public n'était pas au rendez-vous (on peut pas dire qu'on soit connus en Allemagne...). Plein de superbes rencontres, on a balancé nos tripes sur cette tournée et le résultat nous donne qu'une seule envie : reprendre la route dès qu'on le pourra !

M : Parlons de l’album que vous venez de pondre, Go Die. One By One : outre les raisons purement musicales, pourquoi un titre aussi belliqueux alors que vous êtes certainement les êtres les plus bienveillants de la planète ?

Tout simplement parce que ce titre résume bien l'ambiance, l'atmosphère et l'orientation de la musique et des lyrics. C'est en fait la pure continuité de ce pour quoi le groupe existe, un exutoire, là où on peut dire tout ce que l'on veut et ce que l'on pense librement. Puis ce titre s'adresse en fait à tous les gens qu'on déteste, de près ou de loin, et je pense qu'on est tellement à avoir eu envie de le balancer un jour. C'est du coup assez fédérateur, au final !

M : Votre musique est définie comme une alliance subtile entre death-metal et hardcore… Comment la qualifieriez-vous avec vos mots ?

Rah la question que je déteste aha ! En fait on veut juste être tous contents du résultat d'une chanson, et ayant des influences vraiment diverses dans le groupe, on essaye de faire un beau mélange tout en restant cohérent. Sur une date de la tournée, on nous a qualifié de "Punk plus Death Metal and Mosh" : ben pour moi ça se rapproche assez de ça. On essaye juste de garder un équilibre entre Hardcore, Death (nouvelle génération), et un son un peu chaotique et organique surtout, que ça reste le plus vivant et agressif possible !

M : Ce premier long format me paraît sensiblement plus aéré que Birth Of A Decline, incluant quelques passages post-hardcorisés fort grisants. Ces éléments nouveaux ce sont-ils intégrés naturellement, ou bien est-ce le fruit d’un dur labeur de réflexion ?

Je pense qu'ils se sont intégrés plutôt d'eux même aux compos, en fait. On pouvait vraiment pas avoir un album aussi bordélique sans passages un peu plus légers. Ne serait-ce qu'en live, ça nous permet de respirer un peu ! En tout cas, ça nous a permis de nous renouveler un peu, de ne pas rester que dans l'efficacité pure et dure (ce qui nous aurait vite gonflé pour tout dire !). Après, faudrait pas qu'il y en ait plus, on se ramollirait !



(guitar/studio)

M : La production est également d’une puissance rare dans nos contrées, l’expérience de votre batteur Amaury Sauvé y a sans doute contribué… Comment s’est déroulé le processus d’enregistrement ?

Ben c'est simple, Amaury a tout pris en main depuis les pré-prods jusqu'au mix ! Ensuite, c'est Sylvain Biguet (Comity, Klone, Revok, Le Dead Projet, Parween, Trepalium, etc) qui a pris le relais pour le master. On a vraiment pris le parti de garder le maximum de haine dans chaque étape. On ne voulait surtout pas que ça sonne froid et aseptisé, du coup on a presque cherché a faire ressortir les défauts. Les prises drums n'ont pas été éditées volontairement, sur les grattes on a gardé tous les larsens, on a même fait une session de "rere" (ndlr : enregistrement de prises déjà enregistrées) pour ajouter de la merde là où on le pouvait ! Pour les voix on essayait au maximum de tout enchainer d'une traite pour que Slam en chie et soit vraiment pas content…
Au niveau logistique, ça a été un calvaire. L'enregistrement s'est égrainé sur plusieurs mois, en fonction des dispos de chacun. On n'a même pas pu assister tous ensemble aux enregistrements des uns et des autres… Dans ces cas là, Internet est ton ami et tout ce qui ce faisait était échangé par mails. Et puis, comme on est des pros de l'organisation, on a encore réussi à prendre du retard par là dessus ! Évidemment, c'est pas la façon la plus efficace, et si on avait pu, on aurait fait autrement... Mais bon, on avait heureusement fait des préprods au début de l'année 2012 pour préparer un peu le terrain, sinon l'album serait sorti d'ici 2 ans je pense…

M : L’artwork traduit parfaitement les coups de masse forgée qu’on se mange à l’écoute de Go Die. One By One. A qui avez-vous fait appel pour ce visuel ?

Pour l'artwork, on voulait vraiment un truc sale et surtout pas catégorisé Death-core. Du coup on a fait appel à Romain Barbot (I Am Sailor) qui a l'habitude de bosser pour des groupes de la scène hardcore DIY et qui a vraiment une approche malsaine qui nous plaisait beaucoup (notamment sur Plebeian Grandstand ou I Pilot Daemon). On lui a envoyé l'album, les paroles, quelques indications et direct il nous a sorti cette idée d'homme qui présente les armes, en mode "exécution publique". On a adoré ! Ensuite il a décliné sur le reste de l'artwork en creusant le truc encore plus méchant et gratos, puis les mecs du label Useless Pride en on rajouté une couche quand on a parlé de faire un fourreau cartonné en sérigraphie ainsi qu'un t-shirt spécial pour les pré-commandes. Au final on est hyper contents de l'univers que Romain a crée autour de l'album, ça se décline super bien et correspond vraiment à l'ambiance qu'on avait en tête. Merci encore à lui d'ailleurs !

M : Il me semble (corrigez-moi si je me trompe) que Birth Of A Decline a été fait en autoproduction totale, alors que le nouveau bébé est sorti via Useless Pride Records (Alea Jacta Est, Through My Eyes, The Great Divide), label assez jeune et plutôt orienté hardcore. Est-ce un choix délibéré de votre part ou bien est-ce le label qui est venu frapper à votre porte ?

L'album était déjà tout prêt (comprenez mix/master/artwork) quand on a été en contact avec les Useless. C'est un pote de Laval, parti faire de la sérigraphie à Toulouse chez Useless Merch qui a fait écouter l'album à Olivier, gérant du label Useless Pride, et tout est parti de là ! Il a bien accroché et nous a pris sous son aile. Rencontrer des mecs comme ça, qui se sortent les doigts pour que tu aies ta chance, c'est juste la plus belle opportunité qu'on nous ait offerte jusqu'à maintenant avec TBD… On est super satisfaits du travail d'Oliv', et fiers de représenter les couleurs d'un petit label français qui se bouge vraiment.



M : On constate donc une sensibilité hardcore plus prégnante que sur le premier effort. La collaboration avec Useless Pride a-t-elle eu une quelconque incidence sur le rendu final de Go Die. One By One ?

Comme je te le disais plus tôt, l'album était déjà entièrement conçu quand on a débarqué chez Useless Pride, donc c'est plutôt une orientation naturelle du groupe. C'est peut-être la touche plus hardcore apportée qui leur a plu justement aha !

M : Au rayon des inspirations, on perçoit un peu de Converge dans les accélérations et crissements de guitare, en particulier sur "We Are Legion". Pouvez-vous compléter la liste des influences, en y ajoutant vos idoles de toujours, ainsi que vos artistes/groupes du moment par extension ?

Il y a plusieurs noms qu'on peut balancer et qui sont des influences profondes pour nous : Despised Icon, Ion Dissonance et Converge. Je pense qu'on est tous d'accords là-dessus ! Mais ça s'arrête pas là, forcément, moi au chant je suis aussi beaucoup influencé par Terror ou même Benighted… Les frères Sauvé qui jouent aussi dans As We Draw sont évidemment plus influencés par la scène post-hardcore… Et Rickpied, le guitariste, il écoute vraiment de tout (voire même n'importe quoi…).

M : Que signifie "JSTFU" (avant dernier titre de l’album) ? J’ai bien ma petite idée mais je voulais avoir confirmation de votre part. En outre et par leur nom, chaque morceau semble faire partie d’une histoire construite… Si oui, pouvez-vous donner quelques précisions ?

Celle-là c'est cadeau : "Just Shut The Fuck Up". En fait les lyrics sont basés sur des expériences assez personnelles qui ont mis en lumière des défauts et sentiments noirs que l'être humain rencontre : solitude, jalousie, cupidité,… L'album raconte l'histoire d'un mec qui est au plus bas et se nuit à lui-même, mais décide de se reconstruire seul et d'ouvrir les yeux sur ceux qui l'entourent et leur comportement. Il finit par se rendre compte qu'il n'est pas seul à se battre pour des jours meilleurs (We Are Legion). Il se tourne à la fin vers l'avenir pour se demander ce que l'humanité va laisser comme trace sur cette planète (Legacy). C'est vraiment dans les grandes lignes mais ça donne une idée !


(drums/studio)

M : Avez-vous des projets annexes en cours, musicaux ou autres ? (la question est aussi valable pour Amaury et Quentin, bien qu’ils s’agitent également dans As We Draw)

Moi non, étant le plus éloigné des membres, j'ai pas trouvé le temps de faire autre chose même si l'envie ne manque pas. Mais faudrait déjà que j'arrête de jouer aux Jeux Vidéos pour ça :) Les frangins préparent tranquillement un nouvel album avec As We Draw. Quentin, le bassiste, travaille de plus en plus dur sur son projet solo Throw Me Off The Bridge (folk intimiste&dépression) avec lequel il tourne énormément et prépare des nouveaux enregistrement. Amaury (batterie) bosse très dur au studio (La Senelle Studio, Birds In Row, Comity, The Rodeo Idiot Engine, Direwolves…) et Rickpied (guitare) avance aussi de son côté dans un groupe de grind avec d'autres musiciens Lavallois (anciens membres d'Homestell et de The Brutal Deceiver) nommé Fat Dead Shit.

M : Que pensez-vous de la scène extrême française d’aujourd’hui ? Est-elle suffisamment mise en valeur selon vous ?

Pour moi la scène extrême française regorge de bons groupes, on est dans un pays où l'activité musicale Metal et Hardcore est prolifique. La scène est vraiment diverse et pour tous les gouts, mais la culture française ne l'aide pas du tout… Les associations qui organisent des concerts se battent pour subsister, les cafés-concerts et autres bars sont de plus en plus frileux avec les décibels… Tant que la musique extrême ne rapporte pas assez, elle n'est pas la bienvenue, et c'est dommage.

M : Si ça ne tenait qu’à moi, je vous programmerais d’office au Hellfest… Avez-vous déjà eu des propositions à ce sujet, ou pour d’autres festivités/évènements d’envergure ?

On n’a pas vraiment eu de grosses propositions pour le moment, on a été contactés pour le Saint Fiel Fest en Juin avec Born From Pain à l'affiche, et c'est avec plaisir qu'on a dit oui ! Peut-être un jour on sera à l'affiche du Hellfest ou du Wacken ahaha !

M : C’est le moment pour vous de sortir ce qui vous passe par la tête. Des conneries, des anecdotes, remerciements, citations, etc… Histoire de conclure cette interview en beauté.

Achetez nous des albums et t-shirts, tout le monde sait qu'on fait ça pour la thune. J'arrête là les conneries, sinon on va en remplir une page !  Donc ce sera un grand merci à tous ceux qui nos supportent, familles, amis et les déglingués qui viennent aux concerts, ainsi que ceux qui auront lu jusqu'ici ! Un plus grand merci à ceux qui nous détestent, c'est grâce à eux qu'on a sorti un album pareil ! Et des gros bisous à David Sale Connard (vive Serpentard !) et aux Prestigieux qui nous manquent déjà ! Et merci à toi Tang et tout Metalorgie pour ce que vous faites !

Tang (Avril 2013)

Go Die. One By One dispo à l'achat sur Useless Distribution.

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