Blockheads Face à face au Sylak 2012

Blockheads, In grind we trust. Après le gros frontkick qu'ils venaient d'affliger au public du Sylak, on ne pouvait pas laisser Blockheads filer comme ça. Metalorgie ton fidèle serviteur est donc allé à la rencontre de Xav et Fred, respectivement chanteur et guitariste du combo de grindcore héxagonal. En résultera un entretien poignant avec des passionnés de musique. Des grands ados aux grands cœurs qui, du haut de vingt ans d'une carrière admirable et d'une signature chez Relapse, vivent toujours leur projet à fond et ont su continuer apprécier des choses simples comme... jouer et tout donner pour son public, sans compromis.



Metalorgie : Vous pouvez nous rapeller qui vous êtes ?

Xav (chant) :
Tout a commencé il y 20 ans, en 1992. On était jeunes, insouciants et surtout ados. Puis il y a eu ce désir d’essayer de faire la musique, en purs autodidactes et purs passionnés de musique. A l’époque c’était l’apogée de certains groupes old school du mouvement grindcore.
Fred (guitare) : On s’est vraiment pris une grosse claque à la sortie des premiers albums cultes de chez Earache, Scum de Napalm Death, Street Cleaner de Godflesh, Terrorizer, Morbid Angel, Carcass... Tout ça nous a traumatisé définitivement, dans le sens positif du terme.

Vous aviez tous ces mêmes influences à la base ?

Xav : Oui, et à cette époque ça a vraiment été une révélation pour nous tous. Et aussi Blockheads c’est avant tout une histoire de copains, et tout simplement ça s’est mis en place petit à petit. Mais vingt ans après…
Fred : … On est encore là, ce qui est même surprenant pour nous-mêmes! Alors qu’à la base on se branche, on fait du grindcore parce que c’est cool, parce que c’est la musique qui nous plait… Puis la sauce a dû vraiment prendre puisqu’on est encore là et qu’il y a toujours les mêmes mecs, la même niaque, la même passion, la même envie de se brancher, de trouver le riff qui tue, le pattern de batterie qui va bien et le chant qui colle dessus. Ça nous fait toujours autant tripper, autant frissonner donc il n’y pas de raison qu’on s’arrête. Et donc en vingt ans… Vingt ans c’est beaucoup, on a vu pas mal de monde passer dans notre groupe, on a joué de partout en Europe ou presque et on est très content, d’un parcours de passionnés qui ne sont pas professionnels et qui ne se réclament pas professionnels. Tiens tu le vois lui (il me montre Shane de Napalm Death), ben c’est à cause de lui qu’on fait ce qu’on fait (rires).
Xav : T’es le premier à avoir un poster de Napalm Death et de pouvoir partager des concerts avec eux, de voir que parfois ils portent nos t-shirt c’est un truc… de fou quoi. Effectivement il y a vingt ans qui sont passés et nous on reste toujours autant admiratifs, de leur philosophie, de leur état d’esprit et ils sont toujours là. Et nous on voit qu’on a aussi cette même envie ! Je crois qu’on ne sera jamais des blasés…
Fred : Le jour où on est blasés, autant vendre les instruments et s’acheter des cannes à pêches.

Ce sera donc grindcore jusqu’à ce que mort s’en suive ?


Fred : Ou qu’on ne puisse plus faire de grindcore. Dans ce cas-là, on évoque la possibilité de faire un groupe de sludge/doom. Il y’aura toujours un truc à faire.
Xav : Vingt après généralement y’a les tafs, les vies de familles pour certains…
Fred : Les maisons à rembourser…
Xav : Et on aurait pu se dire « bon voilà, on passe à autre chose »… mais on n’a vraiment pas envie. Si on nous retire ça, il y aurait quelque chose qui n’irait pas. C’est une espèce d’équilibre. En fait c’est quelque chose de vraiment sain que de se dire : « on se retrouve, on fait avancer le shmilblick, on enregistre des albums.. »
Fred : On essaye de tout faire d’une façon professionnelle au maximum, sans être professionnels. Aussi bien sur les enregistrements que sur les concerts... Le tout avec des moyens qui ne sont pas ceux de professionnels. Et ça marche bien comme ça. Des fois quand on reprend le boulot le lundi matin, qu'on nous demande ce qu'on a fait du weekend et qu'on raconte qu'on était à l'autre bout de l'Europe pour jouer, on nous regarde avec des yeux tout ronds. Certains ne comprennent carrément pas!


Ça fait longtemps que vous existez, vous allez sortir un album, est-ce que ça va être l’album de raison ?

Xav : Boarf.
Fred : Si à quarante balais t’imagines que t’es mature, pourquoi pas. Mais nous, je pense qu’on n’est pas matures. On peut être matures au taf ou dans la gestion d’une vie de famille, c’est évident. Mais si fallait essayer d’être matures pour le projet Blockheads, ça n’irait pas quoi. Basiquement on est resté des ados, bloqués sur la première vague Earache, fin 80 début 90 et ça nous va très bien comme ça, c’est ce qui nous permet de faire l’équilibre avec les pressions du quotidien. Se lâcher sur son instrument, garder un côté juvénile, insouciant, qui va très bien avec un groupe qui s’appelle somme toute « les têtes de pioches »

Ça se ressent vraiment avec votre public. On voit que vous êtes vraiment proches d’eux et qu’eux sont vraiment proches de vous.

Fred : C’est parce qu’on est comme eux. On vient du public, point barre. Un jour on a ressorti de vieilles photos de Loudblast à Nancy et on voit que tout Blockheads était déjà dans la fosse, sans se connaitre. On vient du public, on est pareil que tout le monde : on a bu des bières, on a fait des chouilles, on a vomi partout, on s’est branché et on a fait du grind. Pourquoi essayer d’avoir une suffisance, une hauteur, une arrogance de rockstar à deux balles comme on peut en voir chez quelques groupes, n’est-ce pas (il me montre la tente d'un groupe à chanteuse, d’où le groupe ne sortira pas jusqu’au moment de jouer son set), qui nous fait toujours délirer. C’est fou quoi… Autant venir boire une bière avec toi et discuter à la cool, parce que c’est ça la vie et c’est tout.
Xav : C’est quelque chose qui vient un peu de la scène punk/crust, d’un peu moins « metal» dans notre état d'esprit. La proximité avec le public, vraiment sans distance et en toute simplicité.
Fred : Quand t’observes le truc tu vois que le metal à son époque était vraiment une musique de rébellion. Et de quoi ça a accouché ? De très bons groupes. Mais aussi de groupes, qui peut-être musicalement sont bons, mais qui ont une vraie mentalité de merde, qui sont exactement l’opposé de ce qu’ils devraient être en tant que musiciens de « metal ». C’est-à-dire des rockstars qui se la pètent, qui veulent ci, qui veulent ça… C’est dingue, pour moi c’est une antithèse. T’as des assos qui font un boulot de dingue pour te faire jouer, qui te donnent tout, qui prennent des risques, qui te font dormir chez eux… C’est respectable et nous on n’a pas à s’élever au-dessus d’eux mais juste à les remercier. Quand t’es accueilli comme ça, tout ce que t’as envie de faire ce de te brancher et de tout donner.



Il est vrai que j’ai souvent observé cette espèce de « scission » entre les mentalités des différents milieux « punks » ou « metal de base » que j'ai pu fréquenter, vous pouvez l'expliquer ?


Fred : Bon après faut pas généraliser, mais oui il y’a de ça quand même… On a joué dans toutes sortes de festoches, où il y a du punk, du crust, du hardcore, du metal… Et des fois on hallucine.
Xav : Ce qui intéressant par rapport à notre style, c’est pas qu’on cherche à toucher tel ou tel public mais qu’on mixe le grind et notre feeling. Ce qui fait qu’on va se retrouver sur des évènement ultra punk/crust mais aussi d’autres plus metal. Et le public s’y retrouve, ce qui est vraiment intéressant.

D'ailleurs il arrive de voir des groupes de crust qui font des tournées de squats.


Fred : C’est pas les seuls, tu prends Magrudergrind, ben ils ont fait trois, quatre fois l’Europe, les US bien sûr, l’Océanie… Ils sont allés de partout et crois-moi, ils n’ont pas joué dans des stades. Et ça c’est BIEN quoi. Du coup, sans que ce soit la motivation première, quand tu joues n’importe où, avec n’importe qui, juste pour le plaisir de jouer en donnant... Les gens s’ouvrent et ils te donnent à leur tour. Quand t’as une vie assez routinière, à côté c’est une ouverture sur le monde, avec les gens que tu vas croiser, les rencontres que tu vas faire. C’est extrêmement plaisant et c’est ce qui participe aussi au plaisir de continuer le groupe car on sait qu’on va faire de nouvelles rencontres ou re-croiser des gens avec qui on a fait des chouilles ou des concerts.

En vingt ans, il y a des rencontres ou des souvenirs qui vous ont vraiment marqués ?


Fred : Ben tu ne peux pas trop faire une hiérarchie mais il y a eu des choses assez incroyables pour des gens qui je crois sont restés simples comme nous.
Xav : C’est un peu dans l’historique de Blockheads d’avoir des moments forts. C’est intéressant de se dire que pour l'un de nos cinq premiers concerts…
Fred : La quatrième exactement.
Xav : … c’était d’ouvrir pour Carcass à Nancy chez nous, sur la fin de la vie de Carcass.
Fred : Carcass première époque.
Xav : Et déjà on s’est retrouvé…
Fred : A faire les balances devant Bill Steer, Jeff Walker quand t’as 21 ans… Et là tu serres les fesses. C’est les mecs qui t’ont donné envie de faire cette musique et ils te regardent ! Bon je pense qu’ils ont été gentils, on a eu des compliments mais franchement, ça devait juste être pathétique ce qu’on a dû jouer ! (rires) Enfin faut bien commencer.
Xav : Il y a eu aussi d’autres rencontres... Un peu avant Shapes of Misery, il y a eu un moment vachement fort qui nous a un peu liés avec la scène suédoise, on a eu la chance de faire quelques dates avec Nasum. Et au moment où Shapes of Misery  devait s’enregistrer, c’est Miezko qui devait le faire avec nous… Tout était calé pour qu’on aille s’enregistrer et produire avec lui et voilà, la fatalité en a décidé autrement… (Pour rappel : Miezko Talarczyk, chanteur/guitariste de Nasum périssait lors du tsunami en Thaïlande de 2004)
Fred : L’apothéose pour moi restera la date qu’on a eu avec Napalm Death à Nancy en 2008 et d’avoir un mail de Shane un ou deux mois avant la date qui nous dit : « ah ben c’est cool qu’on joue ensemble, on aimerait bien faire un reprise avec vous », là déjà c’est l’hallucination, tu crois que c’est un fake, mais non c’est vrai. On leur a répondu que ça tombait bien vu qu’on faisait une reprise d’eux. Du coup tu te retrouves dans les loges et ils te demandent comment tu joues leur morceau. Et c’est lui qui s’adapte à ta façon de jouer. Tu te dis : « J’y crois pas, je suis en train de montrer au bassiste de Napalm comment il doit jouer son morceau », et c’est aussi ce qui me donne envie de continuer Blockheads parce que c’est trop… c’est trop puissant quoi !


Xav : 
Avec le Hellfest aussi, Danny Liker… Lors d’un concert avec Brutal Truth, on s’en rendu compte que Danny Lilker et ben… il kiffe ce qu’on fait. Pour le nouvel album, quand on ne savait pas trop vers quel label aller, on a quand même eu deux mails, un de Danny Lilker et un de Shane qui nous mettaient vers des pistes… C’est juste de l’hallucination pour nous.
Fred : On est peut-être un peu conditionnés à être des petits français… Une espèce de complexe à la con qui ne devrait pas être ! En fait les mecs ils viennent te voir et ils trippent avec toi.

Encore complexé par ça après tout ça ?

Fred : Pff non parce que maintenant on s’en fout quoi, mais complet. On a joué n’importe où, on peut jouer devant n’importe qui. Si on nous invite quelque part on va jouer avec les tripes, qu’il y ait 30 personnes ou 5000 ce sera kif kif.
Xav : Au bout de 20 ans, comme vient de l’expliquer Fred, je pense que jouer dans un squat, dans un gros fest , dans une salle officielle, devant du monde ou pas de monde, on jouera avec la même conviction, avec la même énergie.
Fred : Puis ensuite ça se joue à plusieurs niveaux, moi je prends un plaisir individuel, presque égoïste à me brancher et à jouer avec les collègues. Savoir que le Xav va péter un câble sur scène, que derrière j’ai un batteur qui va m’envoyer des rafales, etc. J’y prends un véritable plaisir. Et après ça nous fait plaisir que y’a des gens qui viennent nous voir après et qui nous disent : « putain les mecs vous nous avez mis une calotte ! », bien sûr on ne va pas prendre la grosse tête pour autant, mais ça nous fait toujours super plaisir et t’as du vent qui souffle dans les voiles du projet.

Et pour cause: je pense pouvoir dire que jusqu’ici votre prestation était la plus intense du fest.

Fred : Ben ça nous fait sincèrement plaisir ! C’est qui est mal c’est d’être orgueilleux, mais là j’en suis simplement fier.
Xav : On voit tout de suite quand il y a une connexion avec le public. C’est toujours magique pour nous quand on voit des mecs qui sont à fond dans ce qu’on fait en live. J’avoue que ça me touche, nous on vient juste jouer notre musique, faire ce qu’on fait. Quand je vois ça suis presque en train de rentrer ma tête et de dire : « non mais arrêtez, vous délirez! On fait juste ça sans aucune prétention et en toute modestie.»



Rentrons un peu plus dans la musique : est-ce que les thèmes de vos titres ont évolués en vingt ans ?

Fred : Ils ont légèrement évolués. Sur le premier album on était vraiment barrés dans un trip tribal, c’est vraiment ce qui nous plaisait à l’époque. Mais à l’époque on avait du temps et on était assez insouciants. Faire des chouilles dans les bois avec des tambours, avec un aspect chamanique et de transe assez importants. On a essayé de retranscrire ça en grindcore. Et parfois ça marche. Il y a vraiment une association avec l’inconscient et là tu barres ailleurs. Ça n’arrive pas tout le temps mais c’est plaisant. Au deuxième album on s’est rendu compte qu’on allait vite tourner en rond à rester là-dedans et on est peut être devenus plus classiques avec les thèmes du grindcore, c’est-à-dire des thèmes sociaux. Une dénonciation de tout ce qui nous prend la tête, ce qui nous parait malsain en tant que personnes saines, si tant est que nous en soyons. Mais avec une vision humaniste, sans être misanthropes et cyniques, qui sont pour moi des voies de facilité. La critique à tout va, ça n’apporte rien. L’idée est plutôt d’écrire des lyrics qui puissent amener les gens à se poser des questions sur des problèmes ou des opinions qu’ils n’auraient peut-être pas soupçonnés. Les amener à se poser des questions, sans militantisme. On attend un peu, comme des corbeaux de mauvais augure : « voilà comment c’est, c’est la merde ». On va prendre un problème et on écrit des trucs, on rature, on recommence et on essaye d’y donner un sens critique puissant, parce que c’est une musique puissante. Ça a évolué entre le deuxième et le troisième album et grosso modo ça ne fait que de s’amplifier et… c’est de plus en plus noir.

En vingt ans vous avez vu pas mal de gouvernements se succéder en France, combien de présidents ça fait ?

Xav :
On a vu Chirac…
Fred : Même Mitterand ! Souviens-toi Xav, l’élection de Chirac c’était au concert du petit zinc, le 8 mai !
Xav : Ah ouais, on a fait un concert le jour de la première élection de Chirac. Donc ouais ça fait quelques présidents.
Fred : Mais on a quand même bien morflé avec le précédent. Ça nous a donné plein de textes.
Xav : Le prochain album qui est en boite et qui va sortir au début de l’année, son titre, on peut te le révéler, c’est : This World is Dead  et donc par rapport aux textes on met le doigt sur pleins de trucs. Mais sans être militants.
Fred : Peut-être ce qui a changé par rapport à avant, c’est que peut être qu’on fait encore des trucs où on dénonce et on critique, mais hélas on deviendrait presque résignés. Tu prends la situation actuelle et tu compare avec y’a 20 ans, 15 ans, 10 ans et… Les choses ne changent pas quoi. Ou alors elles changent sur le premier plan, en gros c’est de la com’, et derrière tu t’aperçois que le système est drôlement bien huilé et que c’est encore l’exploitation de l’homme par l’homme à tous les niveaux. Et c’est indécent.

Peut-être vous êtes-vous « anarchisés » avec le temps ?

Xav : Non ce n’est pas le mot.
Fred : Quand je lis des trucs anars il y a des fois où je ne suis pas d’accord. Mais des fois je le suis, c’est selon. Mais en tout cas je ne me vois pas comme anarchiste.
Xav : Ouais non… Avec les textes on met le doigt sur certains trucs, quand tu lis entre les lignes tu comprends absolument notre position par rapport à la situation. On se pose des questions et les pose aussi à l’auditeur.
Fred : C’est pour ça que hormis sur le premier album on a toujours écrit les paroles dans les livrets. Pour nous c’est important. Le mec il va tripper sur la musique, bon ok ça blaste, ça chie, il boit de bières, il est à fond dedans. Mais derrière, je préfère encore un mec qui vient nous voir après un concert et qui nous dit : « vous avez écrit ça, je ne comprends pas pourquoi », ou « je suis complétement d’accord », voire même «je ne suis pas d’accord » car dans ce cas-là on va commencer à tchatcher. Et si le mec est cool et qu’on peut discuter en ayant des avis différents, nous ça peut nous faire évoluer aussi. C’est intéressant. Et ça tu l’as souvent dans les squats.

Vous écoutez un peu des trucs qui sont sortis récemment ?

Fred : C’est pas à moi qu’il faut demander. Moi je suis un peu resté old school. Je n’ai pas le temps d’écouter…  Finalement c’est plus Eric notre bassiste qui écoute des trucs récents et quand on se voit parfois il passe quelque chose et on va se dire « putain c’est quoi ça ! » et ça nous plait.
Xav : Si je peux me permettre je dirais qu’il ne faut pas formuler la question comme ça. Je dirais plutôt : « qu’est-ce qui nous intéresse, vers quoi des fois on s’ouvre ». Ce qui fait que musicalement on découvre des trucs et qu’on ne sera jamais blasés. Ce qui fait qu’on découvre des trucs qui sortent mais aussi des choses plus anciennes dont on ignorait l’existence et c’est vraiment passionnant.
Fred : Pas seulement en grind ou metal.
Xav :  Ce qui nous intéresse en ce moment c’est plus des choses qui vont vers le doom, le sludge.

Ça s’entend dans le prochain album ?

Xav : Oui ça s’entendra.
Fred : Si tu veux moi je ne suis pas entièrement d’accord. Je crois que c’est un processus d’ouverture permanent. En gros on laisse tout ouvert mais avec plein de filtres. Et quand y’a un truc qui passe à travers les filtres là ça fait bim. Bien sûr on  a tous des gouts différents, mais on a une base commune qui est importante. Il y’a du grindcore, new school ou old school, je n’aime pas les termes mais c’est comme ça. Voire du death, du brutal death pour Nico notre batteur, ce qui n’est pas forcément mon cas. Du vieux crust à la Doom, Nausea, Disrupt, parce que maintenant Disrupt c’est vieux. Puis toute la nouvelle vague, y’a des très bon trucs qui arrivent. Puis après y’a du sludge. Eyehategod, des trucs comme ça. Si ça nous cause, ça nous cause. Mais bon y’en a qui sont plus ouvert que d’autres dans le groupe. Y’en a qui sont fermés ! (rires)



Xav : Je me souviens de la fin des années 80, j’étais au lycée, voyage en Angleterre tout ça... L’achat de Scum qui venait de sortir. C’était vraiment une révélation de quelque chose qui était synonyme de sens et de musique qui était extrême extrême.
Fred : Qu’on ne pouvait même pas imaginer.
Xav : Et actuellement il y a des choses qui me semblent tout aussi extrêmes dans leur approche, ce sont de choses comme tu vois dans le grindcore, avec des notes barrées, de l’anti-musique quoi, des projets comme Sunn O, on est dans le drone, ça frise l’expérimental, la transe… T’adore ou tu te barre quoi. C’est des choses que je suis en train de découvrir et qui m’intéressent, dans le concept et la démarche. Et dans Blockheads il y a un petit côté qui va vers ce genre d’énergie, qui a côté assez extrême mais en même temps presque expérimental. Il y a des fois quand le concert prend, il y a cette espèce de transe chamanique arrive.
Fred : C’est pas tout le temps, mais quand ça arrive c’est génial.
Xav : C’est vraiment la musique qui te porte. Et c’est le cas avec certains styles de musique comme le doom, le sludge pour certains membres du groupe, Fred adhère dans ce genre. Ce qui intéressant c’est de se rendre compte qu’on peut se faire transporter par de la musique mais aussi bien des trucs qui sortent que des trucs des années 70, 80, des choses complètement barrées.
Fred : Qui n’ont parfois rien à voir avec le metal.
Xax : Finalement on répond certainement très mal à ta question du début, mais voilà on est des personnes très ouvertes..
Fred : Mais très exigeantes (rires). Tu vois le contraste ? Y’a un truc qui me fait délirer c’est la musique Gnawa marocaine, dans l’aspect « transe » j’adore quoi. Ou certains chants tibétains. Quand on était plus jeunes et qu’on s’adonnait aux drogues qui font voyager et à écouter de la musique d’Inde du nord ou tibétaine, avec des chants cycliques. Essayer de choper ça et essayer de trouver comment tu vas faire pareil avec ton support, ta gratte, ta basse, ta batterie… Tu ne vas juste faire du Metallica ou du AC/DC. Tu vas essayer d’apporter un truc, une force à ta musique. D’abord pour toi, mais de fait, si toi tu trippes, l’auditeur tripera avec toi.

Le traditionnel mot de la fin ?

Xav : Un grand merci à vous pour venir vers nous et de manifester un intérêt pour notre musique et notre état d’esprit. Je crois que nous on ne demande que ça : rencontrer des gens intéressants et ouverts pour échanger des points de vue, des idées, pour faire avancer le schmilblick tout simplement.

Jeanvaljean (Novembre 2012)

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Commentaires

guikeenanLe Vendredi 09 novembre 2012 à 19H02

Interview super interessante!
Ils ont l'air bien cool les Blockheads... je connaissais que de noms et le grind c'est pas trop mon truc mais je vais quand meme me pencher sur la "chose"!