pg.lost Taipei (Taiwan)

Dans le cadre de leur tourne en Asie, nous avons rencontré pg.lost a Taipei pour une interview et quelques bières quelques minutes avant leur montée sur la scène du Wall. 




Salut à vous quatre, j’espère que vous avait fait bon voyage et que les quelques heures que vous passez à Taiwan se déroule tranquille. 


Oui, on est arrivé tout à l’heure et on repart demain, on est très content d’être la a nouveau. 


C’est la seconde fois que pg.lost  tourne en Asie, comment ça a commencé ? Qu’est-ce qui vous a pousséà venir ?


Le truc c’est que c’est pas vraiment parti de nous à la base. On était en contact avec Jef de New Noise et il nous disait qu’il aimait notre musique et qu’on avait pas mal de fans en Asie. On savait pas trop à quoi ressemblait la scène musicale ici mais on s’est lancés. On lui en est vraiment reconnaissant aujourd’hui. 


Comment ça s’est passe la première fois?


On est venus en se disant que peut-être personne n’allait nous capter. Avant de venir, on n’avait jamais rencontré Jef en personne, je nous revois encore à l’aéroport en train de se dire que c’est peut être un pote a nous qui en train de nous faire une sale blague. Pour ce qui est du public, on savait vraiment pas à quoi s’attendre et ce fut bien au-dessus de nos attentes. 
On avait fixé nos attentes de façon à ne pas être déçu. Je pense que cette première tournée fut énorme. Jef qui nous aida à tout mettre en place fut lui-même surpris par le succès de la tournée. Très bonne phase. 


C’est donc pour cette raison que vous avez signé pour une nouvelle tournée…


Je pense que l’objectif était diffèrent cette fois, comme se rendre dans d’autres pays que la Chine et essayer des nouveaux endroits. On a 6 concerts en Corée cette fois, et d’après ce qu’on a entendu dire, c’est plutôt inhabituel pour un groupe de faire autant de dates là-bas, on a vraiment hâte de voir comment ça va se passer. On a aussi une date à Kuala Lumpur et après on rentre à la maison pour quelques jours…pour enchaîner sur la Russie. Encore une petite pause de quelques jours avant de commencer notre tournée en Europe. 


Vous passerez par la France ? 


On n’a pas encore de dates confirmées pour le moment mais on veut faire une plus grosse tournée plus tard.  Notre album sort le 4 mai on fait donc quelques dates en Europe pour la sortie, et on fera sûrement une tournée plus longue en automne qui inclura la France. On n’a pas joué beaucoup là-bas, c’est un peu nouveau pour nous mais on a vraiment hâte de la faire. 


Vous avez récemment tweeté que votre concert de Shanghai au Mao Live House fut probablement le meilleur concert de Pg.lost de tous les temps. 


Je pense que ça vient de la salle en elle-même et de cet écran géant projetant nos visuels. On venait juste de finir de créer les nouveaux visuels pour cette tournée en collaboration avec le cinéaste britannique Craig Murray et je pense que ce fut un énorme kiff pour nous. On avait de fortes attentes pour le show dans cette salle parce que Jef (New Noise) nous avait justement parlé de cet énorme écran LED, mais quand on est arrivé là-bas, c’était encore au-dessus de ce à quoi on s’attendait, si tu ajoutes à ça le public et tout le reste, tous les éléments étaient réunis pour que ce soit gros. Ce qui a fait de cette date un moment unique, c’est cette superbe scène, ce super public et les visuels qui rendaient méchamment bien, il y avait un peu plus de 600 personnes pour nous voir ce soir-là. On ne s’y attendait pas du tout, comme dans un rêve. 


Comment vous en êtes arrivés a travaillé avec Craig Murray? 


Notre vision de Key, notre nouvel album, intègre l’idée de travailler avec d’autres personnes. On a un gars qui s’occupe de l’artwork, Valentin Maelstrom, son frère (en pointant Kristian), donc il a fait toutes les illustrations pour nous, on a Craig Murray qui fait les vidéos et nous, on fait la musique. On a tous, pour la première fois, vraiment bien synchronisé nos efforts. 


Est-ce que c’est quelque chose que vous aimeriez développer dans le futur? Avoir une collaboration plus poussée avec des artistes travaillant sur différents medium ? 


Essayer des nouvelles choses est une des orientations principales de pg.lost, on aimerait bien que le prochain album aille encore un peu plus loin, peut-être qu’on pourrait avoir des danseurs sur scène (rires)…C’est possible !

Un autre truc, on va faire un split avec un groupe chinois qui s’appelle Wang Wen ((惘聞 , plus d'infos). Ils ont déjà fait leur part et on s’occupe de la notre des qu’on rentre à la maison et on pourra presser le vinyle. Je pense que ça va être énorme pour nous, c’est le plus gros groupe de post-rock chinois et ils sont bons. 
Donc si tout se passe bien, le split album, cette année. 


Justement, j’ai eu la chance de jeter une oreille à votre nouvel album : Key. Le son est toujours aussi propre  et on reconnaît bien votre style, on dirait cependant que cette fois, vous avait fait un peu plus de place aux ambiances sombres et lourdes. Qu’est-ce qui vous a fait prendre cette direction ? (ndlr : voyant que le groupe n’a pas l’air super d’accord, j’enchaîne) Vous êtes d’accord pour dire que cet album et plus sombre et lourd : 


Oui, on peut être d’accord avec toi parce qu’on a beaucoup entendu ça. Mais quand on a commencé à écrire cet album, on pensait qu’il sonnait plus mélodique et léger. Je pense que les amplis qu’on a utilisés pour l’enregistrement des titres a peut-être rendu le résultat plus lourd ; on a utilisé des amplis vintages qui sont assez en vogue dans la scène doom. 
On a toujours voulu être un groupe heavy, mais au débuto n ne savait pas trop comment obtenir un son pareil. Si tu compares avec notre précèdent effort, In Never Out, j’ai aussi l’impression d’avoir quelque chose de sombre, de lourd, mais pas de la même façon. D’un autre cote j’ai aussi l’impression que notre nouvel album contient des parties mélodiques que nous ne faisions pas auparavant. 
Je pense que notre but sur les albums précédents était d’arriver à reproduire le son que nous avions en live, ni plus ni moins. Pour cet album, c’était plus du genre « on a qu’à faire ce qu’on veut », utilisons des timbales ou ajoutons des nappes d’instruments à cordes, genre « on veut  le faire, on le fait ». On a fini par faire plus ou moins la même chose qu’avant mais en étant plus pointilleux sur les sonorités. On a beaucoup plus travaille sur les guitares cette fois-ci, comme essayer des nouveaux sons avec des pédales fuzz ou des trucs dans le genre. 
Bon, et le fait de bosser avec Magnuus Lindberg de Cult of Luna a aussi eu son influence. 


Vous me prenez de court, j’avais une question là-dessus, je suis un gros fan des Cult of Luna, comment ça s’est passé avec Magnus ? 

On a déjà beaucoup bosse avec lui, pas seulement avec ce groupe mais avec ceux dans lesquels on a joué dans le passé. Nos rapports sont donc assez naturels quand on travaille ensemble, il a un super son. La première fois que j’ai entendu sa production, je suis tombé amoureux de la batterie, tellement unique et puissante à la fois. 
C’est donc assez facile de travailler ensemble. On a mixé l’album en 4 ou 5 jours donc tu vois…il est carrément rapide. Il avait aussi mixé In Never Out et on le voulait à nouveau parce qu’on voulait son son. On lui a juste dit, fais ton truc et on te dira ce qu’on en pense. 
Pour ce qui est de l’enregistrement et de la prod, on a fait ça par nous-même, on a un ami qui venait juste d’acheter un studio, on voulait le soutenir et on a loué son studio pour cet album. On a fait l’enregistrement nous-même parce qu’on est tous un peu dans la technique du son. Gustav est ingé son et travaille beaucoup sur les live, Mattias et moi avons étudié la production musicale pendant quelques années. La ville d’où on vient, Norrköping, est une petite ville, on est un peu comme un collectif là-bas, les groupes se connaissent, les musiciens ont joué ensembles dans des groupes différents, on finit par connaitre tout le monde et tout le monde aide comme il peut. 
Notre ville est tellement petite (ndlr : environ 80,000 habitants) qu’on peut faire un peu ce qu’on veut. On n’a pas besoin de se battre pour jouer ou d’être en concurrence avec d’autres groupes. C’était juste un bon passe-temps pour nous au début, jammer et boire des bières.


La liste des groupes suédois qui ont réussisà percer à l’international n’en finit pas : Refused, Amon AmarthThe (International) Noise Conspiracy, The Knife, In Flames, Cult of LunaABBA or Basshunter (rires)… La Suède compte seulement 9.5 million d’habitants, comment se fait-il que votre pays produise autant de bonne musique.


Parce qu’en Suede on s’emmerde (rires). 
Non sérieux, tous les groupes disent ça mais ce n’est pas vrai en fait. 
Je pense que dans notre cas on avait beaucoup de temps libre, on n’avait pas à travailler en permanence pour vivre, on a toujours eu du temps pour aller en répète. Dans d’autres pays, j’imagine que les gens doivent bosser tout le temps pour payer leur loyer, acheter à manger, etc. (ndlr : l’interview se passe à Taiwan et oui, les gens travaille trop longtemps). On avait aussi l’expérience de nos groupes précédents. 
La Suède a toujours su exporter ses groupes, aujourd’hui en 2012, on fait que suivre le mouvement. 

Est-ce que l’Etat suédois attribue des subventions pour les groupes ?


Ouais, c’est toujours possible d’obtenir de l’argent, mais pour nous ça n’a jamais été la priorité. C’est plutôt pour un certain type de groupe, faut être dans le classique ou quelque chose de très commercial, donc on n’a jamais vraiment cherché à approfondir. 

Est-ce que vous pensez qu’il existe une Swedishtouch dans le post-rock? Quelque chose de bien structuré tout en restant atmosphérique ? Quelque chose qui pourrait faire le lien entre des groupes comme JenifereverEfWe Are The Storm et Pg.lost ?


C’est un petit pays, Kristiana produit deux des albums d’Immanu El donc on se connait, pas seulement eux mais tous les groupes qui évoluent sur cette scène, on est proche. On se compare souvent les uns aux autres, on se parle, on fait des concerts ensemble, donc je pense qu’au final c’est ça qui fait le son suédois dans ce style de musique.
MonoGodspeed You! Black Emperor, Mogwai sont des groupes qui ont très bien marché en Suède et une tendance a commencé à se mettre en place. Je sais pas qui a commencé mais ces groupes internationaux sont venus en Suède, et quelqu’un a commencé a joué de ça, et d’autres groupes ont suivi. Je pense que dans notre cas, c’est en écoutant ces gros groupes comme MogwaiGodspeed et Mono, on connaissait pas encore les groupes suédois qui évoluaient dans le style, et on s’est dit « Ahh, il faut qu’on sonne comme ça ! » et on a commencéà faire du post-rock, c’était les débuts. 

Est-ce que vous pensez avoir également été influencés par la scène hardcore des années 90  d’Umeå ?


Ouais, on a grandi en écoutant ça donc c’est forcément une grosse influence pour nous tous. Je pense que pour Page Lost, ou Pg.lost, peu importe, il y a cette racine hardcore, on était pas mal DIY au début. Je pense que ca a été une bonne chose pour nous, je ne sais pas trop pour les autres groupes suédois par contre, je sais pas si Immanu El a des racines hardcores (rires)…bon, ils doivent sûrement en avoir. 

Votre nouvel album Key est entièrement disponible en ligne, avant même sa sortie officielle sur CD. Quelle fut la raison de ce choix, pourquoi pas seulement un ou deux titres, comme la plupart des groupes font ?


On a eu cette discussion parce qu’on savait qu’en allant en Asie pour cette tournée, on allait vendre notre album sur le stand du groupe, et ce, avant même sa sortie officielle. C’est ridicule de partir en tournée et de ne pas vendre d’album et si vous vendez votre album, il va se retrouver de toute façon en ligne dans les deux jours, c’est toujours comme ça. On s’est dit « Merde, pourquoi pas le mettre en ligne ? » dans ce style, si les gens aiment, ils achèteront le CD de toute façon. Mais pour nous, vendre des CD n’a jamais été la motivation première, c’est plus important pour nous d’avoir un public qui grossit plutôt que de vendre 400 CD de plus. Plus de fans, plus de shows. 
On n’a jamais sorti de CD en Chine et pourtant on a fait une tournée là-bas et on jouait devant 200 personnes – sur la première tournée. On ne savait même pas que des gens nous connaissaient ici, mais si c’est le cas, c’est grâce à Internet et au téléchargement. Ça n’a été rien d’autre qu’une énorme opportunité pour nous. D’autres artistes n’ont pas envie de te dire ça mais je pense pas qu’on aurait vendu plus d’albums si les gens ne pouvaient pas télécharger notre album. Peut-être que pour des groupes comme Metallica c’est significatif, mais pour des groupes comme nous, les gens achètent ton CD que s’il l’aime vraiment. 

Merci pour ces propos sincères, on va vous laisser vous préparer pour le show. On vous dit à très bientôt, peut être en France.

On l’espère aussi et merci à toi. 

Octogroove (Avril 2012)

Merci à pg.lost, Abir de Moka.inc à Hervé, Ben (pour les photos de Shanghai, signée Bureau 36) et Steve Legat.

L'interview est également lisible en anglais sur GigGuide.tw.

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Commentaires

AdellaFeyLe Lundi 11 novembre 2013 à 10H31

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