Incontournables de la scène brutal death technique,
Origin sévit depuis près de quinze ans et tutoie les grands noms de la scène
metal.
John Longstreth, batteur de la formation du Kansas,
a accepté de répondre à nos questions le temps d'une interview. Cela s'est
passé le samedi 5 février, à la Maroquinerie, lors du Occupy Europe Tour...
Salut, tu pourrais te présenter à tout le monde ?
Salut c’est John, batteur du groupe Origin depuis 1998. Autant
dire que je commence à me faire vieux.
Ne t’inquiètes pas, tu assures encore correctement ! Entity est sorti il y a quelques mois, est-ce que
toi et le reste du groupe êtes satisfaits de son lancement, des retours qu’il a
pu avoir ?
Oui on est très satisfait de la façon de laquelle à été accueilli Entity. Beaucoup de nos amis proches nous ont dit que c’est
ce qu’on a fait de mieux jusqu’à présent et c’est également ce que nous
pensons, de notre côté. Les labels en sont content, les fans aussi bien sûr.
Le processus d’enregistrement a été long et fastidieux, mais c’est ce qui donne
en général un bon album.
Quels concepts se cachent derrière Origin ? Quels sont les
messages que vous souhaitez faire passer, si tant est qu’il y en ait ?
Il n’y a pas vraiment de message ou quoi que ce soit du genre dans notre musique.
Avec Entity nous avons du apprendre à
travailler en trio, comme notre vocaliste a du partir. C’est donc à Mike
(Flores / basse, vocaux) et Paul (Ryan / guitares, vocaux) qu’a incombé
la tâche d’écrire les paroles et d’assurer le chant pendant l’enregistrement de
l’album.
L’album reflète l’attitude du groupe : ce fut un travail de longue haleine qui
a comporté beaucoup de moments de doutes. On ne voulait pas donner à Entity de côté « rigolo » comme une thématique « gore »
ou qui s’attaque à la religion, à la politique ou encore l’inscrire dans une
thématique précise etc. Autant James (Lee / ex-chanteur) avait ses raisons
d’appeler Antithesis de la sorte, autant
nous trois avons composé cet album dans le but de faire du death metal. C’est
vraiment comme ça qu’on le perçoit : voici notre CD, écoutez-le, faites-vous
plaisir, prenez-le tel qu’il est sans absolument vouloir y mettre mille
concepts derrière.
C’est étonnant car les critiques françaises emploient souvent les adjectifs
« froid », « nihiliste » ou encore « misanthrope » pour qualifier votre
musique.
Tout cela est personnel. Il est vrai que nous trois avons eu quelques problèmes
personnels au moment d’enregistrer Entity, mais
concevoir cet album nous a permis d’oublier ces soucis et de nous consacrer à
cent pourcents à ce que nous aimons faire.
Encore une fois, si vous essayez de creuser trop profondément dans cet album,
vous ne trouverez rien, si ce n’est trois potes qui font du death metal.
Je sens que tu es déçu, désolé ! (rires)
Oui c’est vrai, j’imaginais que tu allais me dire « on déteste l’Humanité,
l’Homme mérite de disparaître ! » !
Mais nooon, on ne déteste pas l’Humanité ! On a plein de choses desquelles se
plaindre, comme tout le monde ! Malheureusement beaucoup de gens n’ont pas, ou
ne se donnent pas les moyens d’extérioriser leur frustration, comme en faisant
partie d’un groupe. C’est triste, mais certains d’entre eux deviennent des
meurtriers, des violeurs, ou simplement des gros connards.
Au fond on essaie d’être positifs, on est gentils ! (rires).
Tant pis pour votre image de brutes ! Vous êtes un groupe majeur de la scène
brutal death metal depuis pas mal de temps maintenant. Comment vous-voyez vous
sur la scène internationale du « petit monde du metal » ?
Oui on a commencé en 1997. Il y a ces groupes, les pionniers du genre, qui
connaissent un succès international aujourd’hui. Je pense par exemple à Cannibal Corpse, Morbid Angel ou Deicide. Ces groupes
étaient là au début du death metal et ont presque le statut de rock star aux
Etats-Unis. Tu as aussi les groupes qui à l’époque ont suivi la mode et qui au
final ont arrêté de jouer au bout de quelques années car ils ne rencontraient
pas le même succès.
Quant à Origin, je le
vois comme un groupe qui a mis du temps à se faire connaître. Le groupe tire sa
force de se persévérance et de sa longévité. Je me permets de parler de
persévérance quand je constate que c’est notre première tournée européenne en
tête d’affiche en 15 ans d’existence, c’est un grand pas pour nous. On a
également persévérer dans notre démarche : les gens ne se sont jamais attendus
à ce que nous virions de bord comme Morbid Angel ou Samael avec leur kit de
batterie techno, leur touche indus etc. Si on devait faire quelque chose de ce
genre ce serait sous un autre nom.
On reproche aux artistes metal de faire tout le temps la même chose, mais c’est
en même temps ce qu’aiment les fans. C’est pour cela que les gens aiment Manowar, Napalm Death, Cannibal Corpse
etc.
Les gens peuvent compter sur Origin
pour continuer à faire du death metal.
Est-ce que vous avez des side-projects ?
Jason (Keyser / vocaux) fait ou a fait parti de Mucopus, je ne sais
pas si cette formation est encore d’actualité.
Pour ma part, j’opère également chez Dim Mak et Gorguts.
J’ai récemment joué pour un groupe tchèque, Imperial Foeticide. En
fait j’ai pas mal de projets, j’ai toujours des groupes pour lesquels jouer, à
droite à gauche. J’ai toujours de quoi m’occuper même si malgré tout je me
concentre sur Origin.
Cela fait pas mal d’années que vous êtes sur les routes, mais vous n’avez
jamais sorti de DVD live. Est-ce que c’est dans vos projets ?
C’est vrai, on n’a jamais eu vraiment le temps ni l’occasion de se pencher sur
la question les années passées. Mais cela fait cinq ans qu’on filme pas mal de
nos prestations et en fait on pense sortir une compilation live qui fêterait
les quinze ans du groupe. Cette compilation recouvrirait les débuts du groupe,
on a des images qui datent de 1997, avec Georges (Fluke / batteur) le batteur
originel du groupe, ainsi que Mark Manning (chant), Jeremy Turner (guitare /
chœurs) et même Clint (Appelhanz / guitare / chant / basse), des interviews,
des anecdotes…
En ce qui concerne la forme de l’objet, on pense à un coffret de deux, voire
trois CD, gavés de bonus et de petites choses pour régaler et remercier les
fans qui nous suivent depuis toutes ces années. Ca va être monstrueux !
Pour en revenir à Entity, comment s’est déroulée la conception de cet album
?
Il y a eu pas mal d’allers-retours ! Pour faire simple et tu vas voir que ce
n’est déjà pas une mince affaire : Paul a enregistré quelques riffs, qu’il a
envoyés à moi et Mike par mail et qu’on a travaillés quatre ou cinq jours chez
moi à New-York. Puis nous trois sommes passés en studio de répétition pendant
deux jours en Europe toujours avant de revenir travailler à New-York une
semaine. Puis en octobre Paul et moi sommes retournés au Kansas où on a
travaillé deux semaines, puis on a filé en studio d’enregistrement.
Comme on vit loin les uns des autres, la plus grosse difficulté a été de se
retrouver pour ces sessions de travail, qui ont été très intenses et
fatigantes, tout a été réglé au millimètre près.
C’est paradoxal avec l’impression d’improvisation que j’ai eue en
écoutant Entity, vu le nombre de riffs et
d’éléments qui défilent à toute vitesse dans l’album.
C’est à la fois intéressant et facile à expliquer : on trouve les riffs de nos
titres en jammant et la plupart du temps on les retouche à peine, on essaie de
conserver une dose de spontanéité. De plus, si tu arrives à être attentif
pendant nos shows, tu entendras pas mal d’improvisation de notre part.
Merci pour le temps que tu m’as accordé ! Un mot pour les fans ?
Achetez nos CD et nos t-shirt (rires) ! J’espère que le show vous plaira et que
vous saurez être à la hauteur de nos espérances. Le public français ne nous a
jamais déçus !
NDLR : le concert nous a effectivement plu ! Lire le report