Lorsque des membres d'Amanda Woodward, Ravi, Sickbag et L'Homme Puma se lancent dans un nouveau projet Crust / Hardcore and more, cela donne Death Mercedes. Le groupe vient de sortir un ep composé de sept morceaux, l'occasion pour nous de leurs poser quelques questions à ce sujet.
- Bon commençons par le plus important, quelle histoire secrète y a t'il derrière le nom du groupe ?
Adrien : L'histoire d'une bagnole dépressive qui titillait la mort d'un peu trop près. Ben oui, c'est con de s'appeler Mercedes sans avoir la classe A.
Bruno : Alors là on risque de te décevoir… Ce nom vient d’un groupe de post rock qu’Antoine faisait il y a 10 ans à Caen !!! Du coup ils ont rien fait si ce n’est répéter et on est là pour reprendre la route après ces années en un peu plus vénère. On pourra penser que repartir sur les bases d’un nom de groupe mort c’est pathétique mais vu que le Death Mercedes 10 ans d’âges n’était connu que de quelques Caennais aigris, on s’est dis que c’était quand même un nom plus cool que Guy George Mickael.
- Le groupe est actuellement basé sur Paris, mais la majorité des membres du groupes viennent de Normandie me semble t'il. Vous vous connaissiez déjà tous avant de vous retrouver dans la capitale ?
Adrien : Oui on se connaissait tous... mais sans se connaître, c'est là toute la beauté de l'aventure. Mais ce qui est sûr, c'est que l'on a tous traîné nos guêtres de jeunes musiciens dans les mêmes coins paumés de Caen et du Calvados. Je pense en particulier au Bar Laplace ou aux locaux de répétition de la Fonderie que nous avons presque tous visité !
Loïc : Ah non, on a oublié le batteur qui n'a même jamais posé un pied à Caen. Mais bon tout le monde s'en fout des batteurs.
Bruno : Dans une ville comme Caen, tout le monde se connait et est au courant du moindre truc que tu fais… Du coup on se connaissait sans vraiment se connaitre. J’ai croisé Adrien et Loïc à un concert de Marvin et je leurs ai dis qu'on voulait monter un truc punk crust thrash avec Antoine mais qu'on cherchait un bassiste et un batteur. Lui m’a dit qu’il avait monté un duo D-Beat avec Loïc et du coup on s’est dit qu’on se ferait une répète tous ensemble ! Après c’était évident qu'il nous fallait Julien au chant, vu ce dont on le savait capable de faire dans Wargus et Sickbag !!!
- A quoi ressemblaient vos premières répétitions ? Les membres étant issus de formations assez différentes (Sickbag œuvrait dans le grind par le passé avant de dévier vers le hardcore noir et boueux, Amanda Woodward était déjà une valeur sûre du screamo français...) Était-ce une évidence pour vous avant de commencer à jouer ensemble que vous joueriez ce style de musique ? D'ailleurs, comment définiriez vous la musique de Death Mercedes ?
Adrien : Les premières répétitions ressemblaient à peu de chose près à celles que l'on connait maintenant : pas mal de bières et des amplis à burne. Ce qui nous amène au style de Death Mercedes : thrash'n'roll ou un truc dans le genre ! Reste qu'il n'y a aucune volonté de s'atteler à telle ou telle scène. On prend ce qui sort des amplis, ça me semble une bonne définition de notre style à vrai dire.
Loïc : Le fait qu'Antoine et Bruno aient en amont pas mal d'ébauches de morceaux nous a facilité les choses, dans le sens ou dans un premier temps on a pu privilégier l'écoute du jeu de chacun, afin d'harmoniser le tout et trouver sa place, plutôt que l'aspect composition des morceaux, qui était lui, déjà établi.
Bruno : Les premières répètes on essayait de jouer les morceaux qu’avait composé Antoine sur fruityloops … Jouer du D-Beat en ¾ ou mettre en place certains plans a pris du temps mais on progressait à chaque répète donc on s’est jamais démotivé. Loïc le batteur avait plus l’habitude de jouer du post rock aussi, il a découvert les plans speed avec nous j’ai envie de dire et il a bien chopé le truc maintenant !
Après Julien est un mec super ouvert, il n’écoute pas que du deathcrustdoom loin de là. On ne s’est même pas posé la question de mélanger tel ou tel style, on voulait juste faire des morceaux de 1min30 maxi et que ça joue super vite avec quelques moshparts. Mais c’est vrai qu’on vient tous de groupe qui n’ont rien à voir en terme de style, mais c’est là que tu te rends compte que c’est une connerie ! On kiffe tous les mêmes groupes ! Du coup je te définirai Death Mercedes comme du « pop crust ambiant screamo dub grind ».
Julien : quand je suis arrivé beaucoup de choses étaient déjà en place, très vite les gars ont écrit des textes, du coup, tout c’est fait naturellement sauf pour les titres en français qui ont demandé un peu plus de travail de mon côté…
- Quels ont été les retours de votre premier concert à la Miroiterie ?
Loïc : De très bons retours! La première fournée de cds promo est d'ailleurs partie assez rapidement, ce qui est très positif pour la suite. C'est toujours un peu difficile de recommencer un groupe, se faire une place parmi les autres, et bien sur d'attendre l'avis des auditeurs.
On nous a beaucoup parlé de l'énergie qu'on dégage sur scène et ça nous fait énormément plaisir. C'est quelque chose sur lequel on est très porté, on veut qu'il se dégage des émotions brutes et fortes à nos concerts.
Julien : Pour moi c’était assez stressant en fait, bizarrement je suis de plus en plus stressé avant de faire un concert, d’autant plus quand il s’agit d’une première, mais finalement une fois dans le jus c’était cool, quelques flottement ci et là mais une bonne énergie et c’était vraiment le but de ce premier concert ensemble, savoir ou se placer, se jauger en quelque sorte…
- Les paroles d'un de vos morceaux m'ont particulièrement marqué, il s'agit de celles d'Encore Et Encore. Ce texte est il inspiré d'un récit ou d'une histoire en particulier ? Qui écrit les textes au sein de Death Mercedes ?
Adrien : Le texte est extrait d'un recueil de poésie de l'auteur américain Dan Fante qui s'intitule : De l'alcool pur et du génie (ou un truc dans le genre, je n'ai pas le bouquin sous les yeux). Et comme pour tous les textes, ceux qui sont fixés sur les titres sont le résultat d'un travail collectif. Chacun amène ses idées. Si c'est pourri, on se fout de sa gueule. Si c'est bien, on applaudit des deux mains. Si c'est moyen, on dit rien, mais l'idée c'est d'être franc et honnête. Ensuite, quand il faut placer le chant, c'est Julien et Bruno qui s'y collent, les deux voix de Death Mercedes !
Antoine : Adrien en a écrit la plupart sauf Bread No Banger, c’est Bruno et Kamikaze c’est moi. L’écriture est libre et ouverte à tous.
- Pourriez vous citer des sources d'inspirations extra-musicales chères à vos yeux ?
Loïc : L'art en général, sous toutes ses formes. Avoir sans cesse l'œil en alerte.
Antoine : D’une façon générale : la vie moderne, la guerre, les drogues, la télé. Barbès. Récemment : les vivants bords de Seine du 93 où les décharges sauvages et les ferrailleurs jouxtent les cabanes et les squatts. Mais aussi la Défense que je trouve dépourvue d’humanité et finalement désertique.
Adrien : Sans hésitation la littérature américaine contemporaine, et plus particulièrement les auteurs de la maison d'édition 13e Notes. Je pense notamment à Dan Fante, mais aussi Tony O'Neill, Mark Zafranko ou Olivier Martinelli.
Julien : Même si cela n’influe pas dans les paroles de Death Mercedes car je n’écris pas pour le moment, ce qui m’influence dans mon interprétation et dans mon chant c’est la haine de tout ce que je vis au quotidien. Tu sais être l’esclave d’un truc et ne pas avoir le choix au fond… Je sais ça peux paraître réac' comme ça, mais j’ai très souvent l’impression de baigner dans un jus trop crasse pour me complaire dedans sans au moins en avoir conscience… et chanter avec légèreté… tu vois…
Bruno : Le débriefing bière post répète m’inspire toujours pas mal !
- Les membres de Death Mercredes sont issus de groupes différents, mais c'est à mes oreilles la patte d'Amanda Woodward qui ressort avec le plus d'évidence. Considérez-vous dans un sens Death Mercedes comme une suite logique à Amanda Woodward ?
Antoine : Pas du tout, c’est quelque chose de nouveau pour nous tous.
Julien : Quelque part tu retrouves cette petite touche à certains endroits, mais comme dis Antoine, Death Mercdes est une entité à part entière, pas un side-project.
Bruno : Mais en même temps il me semble qu'Antoine t’avais proposé des riffs de Death Mercedes à Amanda Woodward non ?
Adrien : A mon sens non, parce qu'à l'exception d'Antoine, personne parmi nous n'a joué dans Amanda Woodward. Il me semble que ce serait extrêmement prétentieux de notre part d'affirmer reprendre le flambeau d'un tel groupe. Trop de respect pour ce qu'ils ont accompli et réalisé ces dernières années. Reste que venant de Caen et évoluant dans une veine thrash mélodique, il est difficile de ne pas faire le rapprochement à un moment ou à un autre.
- Plutôt Envy ou Modern Life Is War ?
Adrien : Sans hésitation Modern Life Is War pour l'acidité des titres et la rugosité de leur univers !
Julien : les japonais qui pleurnichent m’emmerdent alors Modern Life Is War sans hésiter une seconde !
Bruno : Je suis plus Blur que Oasis, il est vrai.
- Vous écoutez quoi de beau en ce moment ?
Loïc : Nails, Honey For Petzi, Masakari, Young Widows, Unkind.
Antoine : Quand on a commencé j’écoutais Disrupt en boucle.
En ce moment Nails, Fastkill, Gasmask Terror, Revok, Oathbreaker.
Julien : Le dernier Dax Riggs, Seven Sisters Of Sleep, le dernier Killing Joke, Trap Them, Danzig, Acid Bath…
Bruno : Thurston Moore, Punch, A. Armada, Fukpig, City And Colour, Paul Thomas Saunders, Mörser, Birds In Row, Grinderman, 13&God…
Adrien : Alpinist, Mogwaï, Mastodon - The Hunter, Tragedy, Doomriders et pas mal Black Sabbath en ce moment…
- Beau boulot pour la production, c'est du fait maison ? Vous avez fait appel à un pro ? À des potes ? À personne ? Pour l'album à suivre vous avez une idée d'avec qui vous allez bosser ?
Antoine : Merci ! Ce n’est pas du fait maison mais fait par des proches. On a fait appel à Max de Youth Avoiders qui a un petit home studio pour les prises. Pour le mix on a demandé à Guillaume Doussau (studio de la Souleuvre) qui est un copain de longue date puisqu’il avait déjà accompagné la plupart d’entre nous en tournée ou en studio.
J’ai une idée d’avec qui j’aimerai bosser mais il est certainement un peu tôt pour en parler.
Julien : Bon, de manière générale le son est bon pour un premier truc, mais on ne perd pas de vue les améliorations à apporter pour un prochain disque et le choix du studio sera clairement primordial pour avoir une production à la fois mélodique et brutale, propre et crade à la fois…
Bruno : Après pour le son, avec les moyen d'aujourd’hui, je ne suis pas trop dans le trip de « on va enregistrer avec Mr Super Ingé Son qui a fait des Super Groupes qui cartonnent alors sur ton disque ça fera trop cool et on ne parlera que de ça dans les chroniques même si tu te torches avec ta gratte. »
Du coup si on peut faire du low cost qui sonne, c’est cool. Après pour le style qu’on fait faut pas que ça soit trop produit non plus, on trouve déjà notre son trop propre en fait !!!