Celeste par mail, 2007

Salut Johan, vu qu’on entame la nouvelle année, dis nous dans quelle disposition tu te trouves. Tes projets pour 2007, tes attentes ?

Johan : 2007 va être une année assez lourde pour moi, mais j’espère surtout qu’elle sera enrichissante. En ce moment je suis en train de monter une boîte, c’est un risque que je prends et je prie pour que ça devienne un soulagement. Travailler dans une entreprise classique, dans un réseau classique est un réel fardeau pour moi, donc je croise les doigts pour que ça marche, que je n’aie plus à aller travailler la boule au ventre. En ce qui concerne Celeste j’espère que les choses vont avancer, malgré notre manque évident de temps libre. J’aimerai qu’on brûle pas mal de weekends sur la route et éventuellement qu’on sorte rapidement un nouveau disque vu qu’à l’évidence on a envie de rapidement évoluer. J’espère que mon (notre car il y a tout Celeste dedans) second groupe (Forge) prendra un peu plus forme, ce qui n’est pas évident, encore une fois faute de disponibilité. J’espère également pouvoir monter un troisième groupe avec Benoît (batteur de Mihai Edrisch et de Daïtro). J’espère aussi qu’on trouvera le temps avec les Mihai Edrisch d’enregistrer notre ep post-mortem, comme on s’était promis de le faire, et que I’ve Come For Your Children sorte ensuite notre discographie comme convenu. Pour finir, j’espère que je trouverai enfin ma moitié. Ca fait beaucoup d’espérances… mais la santé est là, quoi qu’on en dise, c’est le plus important.

Mihai Edrisch est terminé. Peux-tu en expliquer les raisons, et le sentiment qui en découle ? Est-ce qu’à l’image d’un Denis Lyxzen tu souhaites désormais qu’on ne te parle plus du passé ou tu composeras avec ?

Johan : C’est assez simple. Flo à quitté le groupe en avril 2006 parce qu’il ne se retrouvait plus du tout dans la musique qu’on faisait. On a voulu tenir bon, on a cherché un bassiste en vain et Rémi s’est rendu compte par la suite qu’il se désintéressait de plus en plus de la musique, qu’elle ne lui était plus nécessaire comme c’était le cas avant. Il a donc décidé de quitter le groupe et d’arrêter la musique. A partir de là, on ne s’est plus posé de questions, il fallait tirer un trait sur Mihai Edrisch. Ca m’a beaucoup peiné et j’ai mis beaucoup de temps à réaliser. J’étais vraiment excité par l’orientation musicale qu’on prenait, Guillaume nous avait rejoint depuis peu en seconde guitare, ce qui nous laissait envisager de belles opportunités mélodiques. Et puis je tenais beaucoup à ce groupe, je m’y étais vraiment investi à 100% musicalement et humainement, j’étais (et je suis toujours) très fier de tout ce qu’on a pu faire en quatre ans d’existence. J’espérais secrètement qu’on ferait partie des groupes qui durent, je l’ai peut-être espéré trop fort, c’est la vie... Donc non, ça ne me dérange pas du tout d’en discuter encore, j’ai beaucoup de respect pour ce qu’on a fait, et je me rends compte qu’on a vraiment compté pour beaucoup de monde (dans notre microcosme). Ca me gène un peu parfois par rapport à Celeste qu’on me parle toujours de Mihai Edrisch, mais c’est pas grave, il faut l’accepter et voir le bon côté de tout ça.

Alors explique nous un peu Celeste ?

Johan : Alors déjà, Celeste existait avant la fin de Mihai Edrisch car c’est un groupe dans lequel je jouais en parallèle, qui m’a permis de connaître Guillaume et qui a rejoint Mihai Edrisch sur la fin. Celeste, c’est avant tout quatre potes qui aiment le Chaos sonore et humain.

Parle moi de l'élaboration de Pessimiste(s).

Johan : C’est un disque qui a été composé en une toute petite année. Quand je suis arrivé dans Celeste (en septembre 2005) on a commencé par refondre totalement les compos qu’ils avaient depuis quelques temps et on a finalisé les meilleures. Au départ on s’était dit qu’on enregistrerait ça rapidement, et qu’on passerait ensuite à autre chose. Finalement, avec le temps, on a finit par composer pleins de nouveaux morceaux avant le studio, pour qu’on finisse par ne presque plus rien garder des morceaux originaux. C’est pas plus mal comme ça, on a pris un disque d’avance sur notre discographie en en jetant un aux oubliettes. Pour autant, vu qu’on prenait les choses comme elles venaient, il n’y a pas eu de travail particulier pour former une cohérence générale. On a juste joué ce qu’on sentait à un moment donné, il y avait du lourd et du rapide et ça tombait bien parce qu’on avait pas envie de faire tout le temps la même chose. En ce qui concerne l’enregistrement, on a eu la chance du débutant, on a callé les instruments en deux jours. Et moi de mon côté, vu que j’avais déjà utilisé ma chance du débutant (qu’on n’a qu’une fois dans une vie de musicien) et bien je me suis pété la voix encore une fois, ce qui nous a valu trois mois d’attente supplémentaires. Le fait de prendre du retard sur la sortie risque de faire qu’on jouera des trucs différents en concert assez rapidement. J’espère que ça ne frustrera pas trop les gens de ne pas pouvoir voir beaucoup de morceaux de Pessimiste(s) en live. 

Tu me disais que Mihai Edrisch avait un aspect politique, engagé, alors que Celeste ne s’inscrit pas dans cette voie là. Lassitude de combattre ou nouvel aspect nihiliste ?

Johan : Mihai Edrisch n’était pas politiquement engagé, on revendiquait même l’inverse, mais par contre nous tenions particulièrement à respecter une éthique plus ou moins proche de l’éthique DIY. Celeste, c’est clairement différent, et on se retrouve bien là dedans tous les quatre. On fait de la musique pour notre plaisir personnel, on bouge pour passer du bon temps, faire la fête et picoler, rien de plus. On n’est pas vraiment un groupe de Hardcore, plutôt un groupe de Rock dans l’esprit car on n’a aucune éthique et on s’en branle de tout. Ca ne veut pas dire qu’on ne respecte pas les gens, nous restons des gens courtois et essayons de faire les choses avec respect, mais notre façon d’être est plus directe, on ne fait pas de courbettes. Quand un truc nous fait chier, on le dit, et quand ça nous plaît on le dit aussi. Pour l’instant, ça fonctionne bien. Quand le courant passe bien, ça permet de garder de bons contacts avec les gens, comme c’est le cas avec la clique des Tetsuo vers Sainte Maxime. Je pense que si on se prenait plus la tête avec les formes, on n’aurait pas cette spontanéité qui nous permet parfois de bien accrocher avec les gens. A l’inverse, ça nous fera peut-être clasher avec d’autres à l’avenir mais je pense que dans le fond notre façon de faire est saine.
Il n’y a donc pas vraiment de lassitude, ce sont deux façons différentes de voir les choses. Personnellement, ça tombe plutôt bien sachant que je ne me reconnais plus vraiment dans le Punk / Hardcore ou le DIY, je ne crois plus en rien, donc c’est certain que c’est plus simple d’avoir l’attitude qu’on a avec Celeste que celle qu’on avait avec Mihai Edrisch. Celeste c’est le degré zero de la revendication, de l’éthique… comme tu le dis il y a peut-être un aspect nihiliste dans tout ça.

Justement, quel est le sentiment principal qui te fait créer ? Le désespoir, la douleur, la colère, autre chose ?

Johan : Avec Mihai Edrisch, c’était le désespoir, c’est clair, voir le désespoir amoureux pour être plus précis. Avec Celeste, c’est le "je m’enfoutissisme", ça m’évite de tourner en rond. Aujourd’hui, je ne réfléchis plus trop quand j’écris et je crois même que je n’en ai plus rien à foutre du fond, je m’intéresse plus à la forme. Je pense que je vais même m’extrémiser sur ce point. Comme ça je suis plus libre et je pense que ça peut donner des résultats intéressants. En même temps je changerai peut-être d’avis la semaine prochaine.

Comment se passe le procédé d'écriture chez toi? Par touches progressives?
En écoutant la musique? En s'attablant? En ayant toujours un petit carnet sur
toi?

Johan : J’ai fais un peu de tout. Pour L'Un Sans L'Autre j’ai eu ma période carnet où je notais les trucs qui me venaient à l’esprit pendant mes périodes d’inspiration, les moments de coups de blues. Quand on avait une nouvelle compo, je piochais dans mon carnet les textes que je sentais le mieux, puis j’écrivais des parties supplémentaires en fonction des mélodies et de la rythmique. Pour Un Jour Sans Lendemain, je suis passé au numérique. Là? c’était plutôt des grosses séances d’écriture sur le portable avec la gueule de bois, la majeure partie écrite en Slovénie, avec un but en tête, une histoire à raconter, un concept. J’avais l’alcool, l’éloignement, la nostalgie, le temps de chien et l’ennui slovène comme carburant. Ensuite pour caler tout ça avec la musique, ça a été un vrai calvaire car il fallait garder le sens, ne pas couper les phrases et que ça paraîsse naturel, sans jamais bouger la musique. Pour Pessimiste(s), comme je l’ai dit plus haut, c’était plus libéré plus instinctif, il n’y a pas d’histoire, juste des phrases avec plus ou moins de sens qui parfois se suivent, d’autres fois se croisent, c’est plus organique. Et cette fois ci, je n’ai pas écrit un mot à l’avance, tout vient de façon plus ou moins impulsive en écoutant ce qu’on compose.

Si tu n’avais pas fait de Screamo, par quel type de musique ou d’art te serais tu exprimé ?

Johan : Juste pour te titiller, je ne considère pas que Mihai Edrisch ait été un groupe de Screamo, notre approche live était bien trop violente pour qu’on soit catalogué Screamo. Quant à Celeste, c’est encore pire. Sinon, je pense que ça serait passé par la peinture ou l’écriture. Là je vais dire un truc ultra émo, mais je crois surtout que je l’aurai exprimé au travers d’une personne que j’aime, dans la vie de tous les jours, ça c’est vraiment de l’art et je me considère avant tout comme un artiste.

Que réponds tu à l’idée conventionnelle que Screamo et Emo sont des musiques de pleurnichards ?

Johan : Si ça permet à certains frustrés de les rassurer concernant leur virilité, pourquoi pas… Je crois surtout que ce qui dérange ces gens qui réfutent l'Emo en bloc, c’est que dans le fond certains aspects cette musique les concernent trop et touchent leurs inhibitions, ça les met face à des choses qu’ils dénigrent (l’amour, l’enfance…) parce que ça les rend un peu trop humains et au fond ça les touche, donc ça les met mal à l’aise et ils zappent ou se braquent. L’argument : "c’est bon, on a plus 14 ans" ça me fait rire. Que ce soit au cinema, ou dans la littérature les thèmes de l’Emo sont courants et appréciés, ils sont traités par les plus grands artistes, hommes, femmes, jeunes ou vieux, sérieux ou pas, alors pourquoi ça ne pourrait pas marcher dans le Hardcore ?

Les anti-Baudelaire reprochent au poète de se complaire dans la douleur, les anti-Screamo font globalement les mêmes attaques. Est-ce que le Screamo peut être heureux ? Doit-on se forcer à être mal pour être sincère ?

Johan : La base de ce style musical, c’est de faire de la musique triste si je ne m’abuse, donc si on veut être en adéquation avec ce qu’on joue, il faut bien puiser sa matière dans des choses tristes, ça peut être la douleur, la rage, la nostalgie… sauf peut-être parfois pour donner du relief on peut utiliser des sentiments plus ambigus comme l’espoir, mais la tendance générale reste la tristesse. Dans l’ensemble, des choses heureuses, je n’y crois pas trop, pour les thèmes heureux, il y a le Ska et le Punk à roulette, chacun son credo. Mais que ce soit dans le Screamo ou le Hardcore en général, on passe notre temps à se plaindre ; pour certains, ça va être sur l’amour, pour d’autres la politique, pour d’autres du social ou des thèmes psychologiques... personne n’est là pour positiver ou lécher des fesses. Au le fond le Hardcore c’est très français. (rires)

Crier pour chanter, est-ce que c’est pour toi la manière la plus sincère de se faire entendre, voire l’unique manière ?

Johan : Non, vraiment pas. Je gueule parce que je ne sais pas faire autrement et parce que je pense que c’est ce qui va le mieux avec les styles musicaux que je joue. Mais j’aime aussi la voix chantée, mais pas trop dans le Hardcore. Il y a un paquet de mecs qui gueulent comme des robots, qui ne font strictement rien passer avec leur voix, c’est pareil pour ceux qui chantent "vraiment".

Mais justement comment reste t-on sincère lorsque les concerts s’enchaînent ? Comment résous-tu la problématique des vides entre chaque morceau en concert, comment agir pour rester proche du public et sympa, tout en ne brisant pas l’atmosphère mise en place (musique + lumières notamment) ?

Johan : Je ne pense pas qu’on puisse être tout le temps sincère et même si j’étais énormément impliqué dans Mihai Edrisch, je ne peux pas dire que tous nos concerts étaient honnêtes, mais on a fait de notre mieux pour que la majorité le soit. Un concert, c’est l’alchimie d’un ensemble d’éléments, je t’épargne la liste… Il y en a qu’on peut maîtriser, c’est pour ça qu’on faisait notre propre éclairage, qu’on mettait même de la vidéo à une époque, et puis y a le reste et malheureusement le reste n’est pas tout le temps là. Alors parfois ça ne le fait pas, ou pas pour tout le mode, c’est vraiment dur aussi que les cinq personnes soient toutes dedans en même temps. D’autres fois, le reste n’est pas là, et pourtant tu fais un putain de concert, comme on en a fait un en Suisse notamment, devant presque personne avec une ambiance de merde. Mais bon, le plus important c’est d’être passionné et fier de ce que tu fais, avec ça t’as fait 90% du chemin.

Quant à paraître sympa, je ne sais pas trop quoi en penser, je me suis déjà fait la remarque de me dire qu’un concert peut être d’autant plus apprécié si les mecs paraissent sympathiques. Mais dans l’absolu, je n’arrive pas à trouver la formule ou à "faire des efforts". Parfois je dois passer pour le dernier des connards parce que je ne suis pas bavard et parce que je tourne souvent le dos au public et d’autres fois ça va être la grosse déconne, ça dépend vraiment. En tous cas, je ne me force pas. Si certains sont déçus et bien c’est la vie, nous ne sommes pas des robots, on n’est pas là pour vendre nos fesses ou faire des concessions. De la même façon, je pense que certains comprennent difficilement qu’on puisse faire mille bornes avec Celeste pour jouer quinze minutes, mais c’est comme ça, il faut accepter les choix artistiques des groupes. Libre au public de ne pas revenir nous voir.

Comment perçois-tu la médiatisation ? La votre et la starisation en générale ?

Johan : Je ne sais pas, ça ne me concerne pas. Mihai Edrisch, c’est une goutte d’eau dans l’océan musical, on a dû vendre 3000 disques, même si tu multiplies par 20 en comptant les MP3 et les CDs gravés, ça ne fait pas grand-chose. Quand tu reçois des mails d’un peu partout sur la planète, tu te dis que c’est hallucinant, t’as l’impression que ton truc est connu, mais ça reste des gens isolés, même s'il y a 1000 personnes qui écoutent Mihai Edrisch aux Etats-Unis par exemple, ça n’est vraiment pas grand chose. Et après tout on s’en fout, comme je l’ai dis mainte fois, je fais avant tout de la musique pour mon plaisir personnel, de façon égoïste, le succès ce n’est pas vraiment important même si ça fait plaisir, ce n’est pas une finalité.

Quelle est ta vision de la scène Emo / Screamo francaise ?

Johan : Je pense qu’il n’y a vraiment que quelques groupes qui comptent, Amanda Woodward, Daïtro, Mihai Edrisch, Belle Epoque, Gantz et plus récemment Sed Non Satiata (je n’oublie pas AlcatrazPeut-Être, Ivitch….mais pour moi c’est autre chose). La moitié de ces groupes sont morts, c’est bien dommage. Je pense qu’on devrait être très fier de ce qu’on a fait. A l’étranger tout le monde parle de l’Emo à la française, on est très appréciés et respectés. Et pourtant le sport national aujourd’hui, c’est de cracher sur tout ça, je trouve ça débile. On est la branche du Hardcore qui s’est le mieux exportée ces dernières années, c’est important et gratifiant, tout le monde devrait être content, même les autres branches du Punk / Hardcore. Aujourd’hui je pense qu’on est dans une période de transition, il paraît que des tonnes de groupes se sont formé dans le style, mais à ma connaissance, il n’y en a pas un qui ait sorti un bon disque (en même temps j’en ai pas écouté beaucoup). A ce propos, je pense que beaucoup de groupes manquent cruellement d’ambitions, tout le monde y va de son enregistrement cracra sorti du garage et foutu sur myspace, je ne pense pas que ça fasse avancer les choses. Par exemple avec Mihai Edrisch, on n'a jamais fait de démo, on s’est donné les moyens de bouger en Espagne pour enregistrer notre premier disque. Ca en faisait jaser pas mal à l’époque, mais au final, je pense qu’on a bien eu raison. Quand t’as de bons morceaux, autant se donner les moyens de bien les enregistrer, c’est d’ailleurs ce qu’on a fait avec Celeste, comme ça on aura rien à regretter. Donc pour en revenir à la scène, franchement, je ne sais pas trop où elle en est aujourd’hui, je pense que beaucoup de gens se sont accrochés aux groupes précités et ne sont peut-être pas près à en accueillir de nouveaux. De toute façon, la mode aujourd’hui, c’est le Post-Hardcore (scène écrasée par le talent de Time To Burn à mes yeux) et tous les groupes accordés en si. Je ne crois pas que la scèneSscreamo bougera beaucoup, alors il faut vraiment que les derniers en vie tiennent le coup.

Quels sont les groupes sur lesquels tu tripes bien actuellement ?

Johan : J’ai vraiment un gros souci depuis un ou deux ans, c’est que je n’écoute rien de nouveau. Alors je ne sais pas si c’est parce qu'il n'y a rien de bien qui sort ou si c’est parce que je ne me donne plus le temps de découvrir de nouveaux trucs, mais je vais essayer d’y remédier, parce qu'écouter toujours les mêmes disques, ça commence à me fatiguer. Sinon, en gros le peu de trucs nouveaux que j’écoute c’est le dernier Callisto, la démo de Kidcrash et le Celeste. Tu vois ça ne vole pas haut, surtout que le second je ne l’écouterai plus dans deux semaines. Je suis à la recherche des groupes qui chient le plus sur terre, mais je ne trouve pas grand-chose d’intéressant.

La fameuse question : si tu avais dix disques essentiels ?

Johan :
BreachVenom
Parce que ce sont de putains de précurseurs, tous les djeuns qui se mettent au Post-Hardcore machin-truc les redécouvrent aujourd’hui et je pense vraiment qu’on les écoutera encore dans vingt ans.

Lisabö - Ezarian
Une claque monstrueuse en concert, la musique la plus proche de Mihai Edrisch dans l’esprit, une émotion incroyable.

Hood - Cold House
Je ne l’écoute plus trop, mais je trouve vraiment ce disque magnifique.

Shora / Merzbow - split
Merzbow, rien à foutre, mais Shora, c’est vraiment du génie. Ces morceaux sont imparables et Dieu sait qu’on pompe tout sur eux avec Celeste.

Do Make Say Think  - Winter Hymn...
La seule musique presque joyeuse que je puisse écouter. Quand j’ai un coup de blues, il me redonne presque la patate.

Brazen - As Flood Decrease
Et dire que ces mecs avaient 18 ans quand ils l’ont enregistré, c’est complètement taré. En plus à l’époque il n'y avait rien qui existait dans le style, pour moi ce disque est limite visionnaire, dommage qu’ils n’aient pas continué dans la même veine, c’est comme Shora.

Unwound Leaves Turn Inside You
Je ne l’écoute presque jamais, il me fout littéralement le cafard.

Neurosis - Times Of Gace
Parfait de la première à la dernière seconde.

Morgue - There Was A Smell Of Frying
Putain ce que c’est débile et bon.

Mihai Edrisch - Discographie
Parce que j’adore ce que je fais, je n’ai pas honte de le dire.

Hormis la musique, je sais que tu es fan de Lolita de Vladimir Nabokov, tu saurais expliquer pourquoi ?

Johan : Aïe aïe aïe, tu es bien documenté. Déjà, il faut savoir que je ne lis pas, ça m’endort profondément et pourtant ce bouquin je l’ai lu cinq ou six fois alors qu’il est assez balèze, donc c’est presque du fanatisme. Il y a plusieurs raisons à mon goût irraisonné pour ce bouquin. D’abord, je l’ai lu à une période importante de ma vie, donc quand je le lis, il y a toujours un peu de nostalgie dans l’air. Ensuite, ce livre est incroyablement bien écrit (la première traduction, surtout pas la nouvelle), c’est une espèce de poème géant, il faut avoir le dictionnaire sous la main toutes les deux phrases tant le vocabulaire utilisé est riche, c’est vraiment magnifique. Enfin, je trouve l’histoire d’amour à sens unique d’une beauté absolue et cruelle à la fois. Pour tout t’avouer, à la première lecture je suis même quasiment passé à côté du penchant subversif du bouquin.

Ne penses-tu pas que justement ce Lolita est bon parce qu’il est subversif, qu’il ne se soucie pas de la morale sociale bien pensante ? Selon toi, on est dans un moment de vide éthique où tout est permis ou au contraire dans une époque d’eaux tièdes ou personne ne dit un mot plus haut que l’autre ?

Johan : Non, je ne pense pas qu’il soit bon pour son caractère subversif et je pense que ceux qui aiment le livre ne l’aiment pas pour ça. Par contre, je crois que les gens qui le dénigrent ne l’ont pas lu. Ca fait bien de sortir en soirée "putain, l’histoire de Lolita est vraiment horrible, j’ai même pas pu tenir jusqu’au bout...". Ce livre est beau et dramatique, c’est tout et la situation qu’il décrit apporte une couleur au bouquin et lui donne ce goût amer si particulier. Quant à notre époque, franchement, je m’en fous un peu, je n’ai rien à apprendre à personne, mais dans l’ensemble je pense que les choses sont assez plates et fades, ça manque de grands artistes qui remettent vraiment tout en cause qui retournent tout à l’envers.

Si tu avais cinq minutes d’entretiens avec quelques grandes personnalités, qu’est ce que tu leur dirais à chacune ? Ian McKaye (Minor Threat / Fugazi) ? Tetsuya Fukagawa (Envy) ? Jesus ? John Lennon ? Toi-même ?

Johan :
Ian McKaye : J’ai eu un disque de Fugazi, j’ai trouvé ça chiant, tu peux me filer les autres que j’y jette une oreille ??

Tetsuya Fukagawa : Putain qu’est-ce qu’on a pu nous les briser avec ton groupe !!! Remets toi au Hardcore, le Post-Rock ça ne te va pas du tout, et pour le prochain skeud, demande au gars de te sous-mixer un peu, là ça frise la pornographie… en même temps, fais bien ce que tu veux, je n’écoute pas ton groupe.

Jesus : Non mais tu te rends compte de tout le bordel que t’as foutu !!! Tu devrais ressusciter pour faire des excuses publiques.

John Lennon : Quitte à faire une apparition, passe plutôt voir mon batteur, lui au moins ça lui fera super plaisir, parce que perso….

Toi-même : Continues ! J’aime ton style !

Et si ces cinq minutes, c’était pour un passage télé, pour être entendu par toute la nation, quel serait ton message ? Qu’est ce que tu dirais avant toute chose?

Johan : Je penserai uniquement à mes fesses, car je ne pense pas détenir de vérité et surtout je ne pense pas pouvoir faire bouger les choses. Alors je ferai passer ce message avant toute chose : "si tu as moins de 20 ans (les filles de mon âge m’ennuient) que tu es mignonne, gentille, attentionnée et éventuellement que tu portes des Converse ; que tu as envie d’être chérie et pourrie gâtée, envoi moi un mail : [email protected].

L'annonce est bien passée (rires). Merci d'avoir pris le temps de répondre à
ces questions et bonne continuation, avec on l'espère très vite un album.

Johan : Merci à toi d'avoir pris l'initiative de faire cette interview. Ca fait plaisir de répondre à d'autres questions que "Alors cette tournée en Europe de l'Est, c'était comment?...". Je souhaite longue vie au zine, qui a l’air de très bien se porter. Maintenant je croise les doigts pour que tout ce dont je parle dans la première réponse se réalise et que cette année et les suivantes soient fastes, aussi bien personnellement que collectivement.

Enfin, je souhaiterai faire un clin d’œil à ma mère, mes frères et bien d’autres dans mon entourage qui ont passé des plombes sur Google, pour tomber entre autre sur cette Interview. Tout ça pour savoir ce que je pouvais bien foutre de ma vie ou comprendre pourquoi je gueule comme un âne dans un micro. On ne vous a jamais dit que la curiosité était un vilain défaut ?

Turtle (Janvier 2007)

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