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Dool Hellfest 2024

 English version below

Forts de leur troisième album, les néerlandais de Dool ont conquis une Valley ensoleillée avec leur mélange réussi Rock, Doom, et psychédélisme noir. Nous avons pu échanger Raven (chant, guitare) et Nick (guitare) sur la genèse de The Shape Of Fluidity et les tournées à venir.
 

Salut, comment ça va ?

Nick : Il fait chaud !

Raven : Chaud ! et oui ça va. On a un week-end assez chargé en fait, parce qu'on a conduit depuis les Pays-Bas jusqu'à Viveiro, dans l'ouest de l'Espagne. On a passé plus de temps à conduire qu'à jouer ces derniers jours.

Nick : On est partis mardi soir pour deux concerts (ndlr : on est dimanche au moment de l’interview)

Raven : Et ensuite Hellfest. Mais, tu sais, ça en vaut la peine parce que ces deux festivals, le Resurrection Fest et le Hellfest, sont fantastiques. Je pense que tout le monde dans le groupe se porte bien en ce moment.

Vous venez de jouer votre deuxième concert au Hellfest. Comment c’était ? Quelles sont vos impressions ?

Raven : C'était vraiment incroyable, et il y avait tellement de monde ! La dernière fois qu'on a joué, c'était dans la Temple, et c'était déjà grand, mais aujourd'hui, on était en plein soleil, et il y avait tellement de gens, jusqu'au fond de la Valley. Je ne m'y attendais pas. Il y avait au moins deux fois plus de monde que la dernière fois, donc la réaction du public était super.

Nick : On essaie toujours de créer une sorte de bulle avec le public, un échange d'énergie, et ça a vraiment bien fonctionné aujourd'hui. Il y avait une super ambiance. J'ai même vu des gens headbanger au fond, près des stands de nourriture. La musique leur a plu aussi.

Raven : On a joué beaucoup de nouvelles chansons de notre dernier album, The Shape of Fluidity, ce qui est toujours un risque parce que l'album est sorti il y a seulement deux mois. On n'a joué des morceaux plus anciens que vers la fin du set, ce qui était un peu risqué, mais les gens sont restés, et il y a eu de plus en plus de monde. Je pense que c'était un bon choix au final.

Vous avez sorti The Shape of Fluidity il y a deux mois. Pouvez-vous nous parler de la création de cet album ?

Nick : Comparé aux deux derniers albums, celui-ci a été plus un processus de groupe. On a sorti Summerland en 2020 quand la pandémie s’est déclarée, et on n'a vraiment pu faire de tournée pour cet album qu'à la fin de 2022. Mais à ce moment-là, l'album était déjà un peu ancien. Donc, on a passé toute l'année 2023 à écrire des chansons. Pour les albums précédents, la plupart des compositions étaient faites par Raven, mais cette fois, Omar et moi avons aussi pris beaucoup d'initiatives.

Raven : J'étais dans une impasse créative, pour être honnête. Je fais de la musique pour jouer sur scène, pas pour enregistrer, et comme on n'a pas pu tourner après le dernier album, je me disais, à quoi bon ? Mais toi et Omar m'avez vraiment sorti de là. Vous avez tellement évolué sur le plan créatif au cours des dernières années ! C'est pour ça que cet album est très personnel, parce que vous m'avez donné l'espace de respirer et de créer d'une manière qui me convenait.

The Shape Of Fluidity, sorti en avril dernier.

Vous avez travaillé avec Magnus Lindberg de Cult of Luna pour enregistrer l'album. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette collaboration ?

Nick : Magnus est comme le sixième Beatle pour nous.

Raven : Tu nous compares aux Beatles maintenant ? (rire)

Nick : Il a mixé notre deuxième album, Summerland, et ça a été très bonne expérience. À un moment donné, il a fait des mix incroyables, puis il a dit qu'il pouvait les rendre encore meilleurs, et il l'a fait. Donc, quand on pensait à des producteurs pour ce nouvel album, on lui a demandé des recommandations, et il a dit "Je peux le faire". Le choix a été facile. L'ambiance dans le studio était géniale, et ça a été vraiment agréable de travailler avec lui.

L'album est vraiment lié à des questions d'identité. Raven, souhaites-tu en parler, ou peut-être expliquer tes intentions avec cet album ?

Raven : Il y a toute une histoire personnelle derrière, dont j'ai déjà beaucoup parlé. Ça a tout à voir avec le fait que je sois né intersexe et que j'ai cherché ma voie avec ça tout au long de ma vie. Les paroles de l’album reflètent ce parcours, cette période d'introspection que j'ai eue ces dernières années. J'ai changé mon nom, mon passeport, tout, pour mieux refléter la manière dont je suis né et pour arrêter de vivre le mensonge qui m’a été imposé à la naissance. Mais c'est aussi à propos du monde actuel, où l'identité et l'individualité sont si importantes. Le monde change tellement qu'on doit y réfléchir tous les jours. C'est un peu troublant pour les gens, ça provoque même un retour de bâton, certains pensent que le monde est trop progressiste ou change trop vite. Il y a beaucoup de problèmes d'identité, pas seulement pour les individus, mais aussi pour les pays et des groupes plus larges encore. Le titre de l'album, The Shape of Fluidity, reflète cette idée qu'on doit être fluide pour naviguer dans ce monde en constante mutation. Tu peux le relier au genre, mais aussi à la polarisation du monde.

Comment l'art et la musique t’ont-ils aidé dans ce parcours personnel ?

Raven : À l'école, je me sentais déjà comme un mouton noir. Pour moi, la musique a toujours été un outil d'expression. J'avais toujours ma guitare, elle m'a sauvé de la solitude totale.

Nick : J'étais vraiment un métalleux quand j'avais 16 ans, et ça a évolué. Tu peux l'entendre dans Dool, on a des influences allant de la Pop au Black Metal. La musique a toujours été une priorité pour moi, aussi parce que je voulais "réussir" en tant que musicien.


Pour la pochette, vous avez choisi un drapeau blanc. Pourquoi avoir choisi ce symbole ?

Raven : C'est en fait un drapeau transparent, un peu comme une toile vierge.

Nick : Un drapeau est un signe pour un groupe, comme un pays ou un club de foot. Mais ce drapeau est pour tout le monde. Il reflète aussi notre nom de groupe, Dool, qui ressemble à l'impératif de "errer" en néerlandais. Le drapeau symbolise cela aussi.

Mon titre préféré sur l'album est probablement le morceau-titre, The Shape of Fluidity, car il combine des supers mélodies et un riff qui fonctionne à merveille. Comment travaillez-vous pour articuler les deux, pour vous assurer que les riffs laissent suffisamment de place aux voix ?

Raven : C'est toujours la musique d'abord, les voix après. La musique montre le chemin, on n'écrit pas la musique, elle s’écrit par notre intermédiaire. On suit là où les mélodies veulent aller, et s'il y a de la place pour les voix, on les ajoute plus tard.

Nick : Pour The Shape of Fluidity, en revanche, on avait d'abord le refrain et l'intro, puis on a travaillé à partir de là. C'est aussi l'une de mes chansons préférées, parce que nous trois, Omar, Raven et moi, y avons contribué.

Raven : Et c'est l'un des titres les plus personnels, tu peux la voir comme très optimiste ou très pessimiste. Elle parle de noyade, dans les possibilités ou dans l'eau, et elle traite de la dépression, des traumatismes.

Un autre morceau, Evil in You, sonne très gothique, et vous jouez aussi Love Like Blood de Killing Joke sur scène. Quelle importance le Rock gothique a-t-il pour vous, et quels sont vos groupes Goth ou Post-Punk préférés ?

Raven : Sisters of Mercy !

Nick : Type O Negative !

Raven : Et bien sûr, Killing Joke. Notre reprise de Love Like Blood est un hommage au groupe. Pendant une soirée avec Dool ou dans le van du groupe après un concert, c'est soit du R&B bien sexy, soit de la musique gothique. On adore tout ça, et ça influence clairement notre musique.

Vous en avez fait une version Doom Metal, ça marche vraiment bien.

Nick : Oui, si tu fais une reprise, au moins fais-la différemment. Je trouve ça nul quand des groupes font une reprise et sonnent comme la chanson originale.


Vous serez en tournée avec Hangman's Chair plus tard cette année. Comment les avez-vous découverts ?

Raven : On est amis avec eux depuis longtemps. Quand notre section rythmique jouait dans The Devil’s Blood, ils faisaient des concerts ensemble à l'époque. Ca fait longtemps qu’on a ce lien avec Hangman's Chair, et chacun apprécie vraiment la musique de l'autre. On parle de faire une tournée ensemble depuis des années, et maintenant, on peut enfin le faire. J'attends vraiment ça avec impatience. Ça promet des dates très mélancoliques et sombres, parfait pour nos deux groupes.

Vous avez prévu de voir des concerts aujourd'hui au festival ?

Raven : Je prévois de me bourrer la gueule parce qu'on a passé les cinq derniers jours dans le van. Enfin, on a une journée pour nous, donc je vais juste boire de la bière et voir ce que je peux. Peut-être Dimmu Borgir, je ne les ai jamais vus et j'étais très fan à l'époque.

Nick : Moi, je veux voir Queens of the Stone Age.

Raven : Il y a tellement de groupes ici ; c'est comme si tout le catalogue Metal était au Hellfest chaque année. Je ne sais pas comment ils font. C'est dingue.

Eh bien, on arrive à la fin de l'interview. Y a-t-il autre chose que vous voulez ajouter ?

Raven : Merci de nous soutenir. J'ai vu beaucoup de vos articles avec Metalorgie, vous soutenez notre groupe, alors merci pour ça. Vous êtes les bienvenus pendant notre tournée en octobre. On joue à Nantes et à Paris, alors on se voit là-bas !

Skaldmax (Août 2024)


 English version

Back at Hellfest with their third album, Dutch band Dool stepped on the Valley-stage to play their seamless blend of Rock, Doom, and dark psychedelia. We had the chance to chat with Raven (vocals, guitar) and Nick (guitar) about the creation of The Shape of Fluidity and their upcoming tours.



Hi guys, how are you today?

Nick : Hot !

Raven : Hot ! and good, yeah. We’re having quite a heavy weekend actually because we drove all the way from Holland to Viveiro, which is in the western part of North Spain. We’ve been driving more than playing these days. 

Nick : We left Tuesday night, for two shows. (nb : the interview was on Sunday) 

Raven : And then Hellfest. But, you know, it’s worth it because both festivals, Resurrection Fest and Hellfest, are fantastic. I think everyone in the band is doing really well at the moment.

You just played your second show at Hellfest. How was it? What was your impression?

Raven : Yeah, it was really amazing. There were so many people. I think last time we played was in the Temple tent, and that was already big, but today we were out in the sun, and there were so many people, all the way to the back. I didn’t expect that. It was like twice as many people as last time, so it was a super good reaction. 

Nick : We always try to create a sort of a bubble with the audience, a back-and-forth energy, and that went really well today. It was a super good atmosphere. I even saw people headbanging in the back, near the food court. They liked the music too. 

Raven : We played a lot of new songs from our latest record, "The Shape of Fluidity," which is always a risk because the album has only been out for maybe two months. We didn’t play any older songs until very late in the set, which was kind of a risk, but people stayed, and it got more and more crowded. I think it was a good choice in the end.

You released The Shape of Fluidity two months ago. Can you tell us about the making of this album?

Nick : Yeah, compared to the last two albums, this one was more of a group process. We released Summerland in 2020 when the pandemic hit, and we didn’t really get to tour for that album until late 2022. But by then, the album was already a bit old. So we spent the entirety of 2023 writing songs. For the previous albums, most of the songwriting was done by Raven, but this time Omar and I also took a lot of initiative. 

Raven : I was in a creative gutter, to be honest. I make music to play on stage, not to record, and since we didn’t get to tour after the last album, I felt like, what’s the point? But Omar and Raven really pulled me out of that. You and Omar evolved so much creatively over the last couple of years. Which is why this album is very personal because, you gave me the space to breathe and create in a way that felt right.

The Shape Of Fluidity, released in April. 

You worked with Magnus Lindberg from Cult of Luna to record the album. Can you tell us about this collaboration?

Nick : Magnus is like the sixth Beatle for us. 

Raven : Are you comparing us to The Beatles now ? (laugh)

Nick : He mixed our second album, Summerland, and it was a very enjoyable experience. At a certain point, he made these amazing mixes and then said he could do even better, and he did it. So when we were thinking about producers for this new album, we asked him for recommendations, and he was like, “I can do it.” It was an easy choice. The atmosphere in the studio was great, and it was really enjoyable working with him.

The album is really related to questions of identity. Raven, would you like to speak about it, or maybe explain your intentions with this album?

Raven : There’s a whole personal story behind it, which I’ve talked about a lot already. It has everything to do with me being born intersex and finding my way with that throughout my life. This album is lyrically a result of that journey, that soul-searching time I had over the last few years. I changed my name, my passport, everything, to better reflect the way I was born and to stop living the lie I was forced into at birth. But it’s also about the world at this time, where identity and individuality are so important. The world is changing so much that we have to reflect on it every day. It’s kind of confusing for people, it even causes a backlash, some people think the world is too progressive or changing too fast. There’s a lot of issues with identity, not just for individuals but also for countries and bigger groups. The album title, The Shape of Fluidity, reflects that idea that we must be fluid to maneuver through this rapidly changing world. You can link it to gender, but also to the world’s polarization. 

How does art and music help you with this personal journey?

Raven : At school, I already felt like a black sheep. For me, music has always been a tool for expression. I always had my guitar, it saved me from being totally alone. 

Nick : I was really a metalhead when I was 16, and that evolved. You can hear it in Dool, we have influences ranging from Pop to Black Metal. Music has always been a top priority for me, also because I wanted to « make it » as a musician.


For the cover, you chose a white flag. Can you talk about the choice of this symbol?

Raven : It’s actually a transparent flag, like a blank canvas. 

Nick : A flag is a signifier for a group, like a country or a football club. But this flag is for everyone. It also reflects our band name, Dool is sort of like the imperative for « wandering ». The flag symbolizes that as well.

My favorite track on the record is probably the title track, The Shape of Fluidity, especially because of the combination of great vocals and great riffs. How do you work to articulate the two, to make sure the riffs give enough space for the vocals?

Raven : It’s always music first, vocals later. The music leads the way, we’re not writing the music, the music writes itself. We follow where the music wants to go, and if there’s room for vocals, we’ll add them later. 

Nick : For The Shape of Fluidity, though, we actually had the chorus and the intro first, and then worked from there. It’s also one of my favourite songs, because the three of use, Omar, Raven and I, contributed to it. 

Raven : And it’s one the most personal songs, you can see it as very hopeful or a very pessimistic track. It’s about drowning, in possibilities or in water, and it deals with depression and trauma.

Another track, Evil in You, sounds very gothic to my ears, and you also play Killing Joke’s Love Like Blood on stage. How important is goth rock for you, and who are your favorite goth or post-punk bands?

Raven : Sisters Of Mercy !

Nick : Type O Negative

Raven : And of course, Killing Joke. Our cover of Love Like Blood is a tribute to them. If you were with us on an average Dool party or in the band van after a show, it’s either crazy horny R&B or goth music. We love it all, and it definitely influences our music.

You turned it into a Doom Metal song, which works really well. 

Nick : Yes, if you’re doing a cover, at least make it different. I find it lame when bands do a cover and sound like the original track. 


You’ll be touring with Hangman’s Chair later this year. How did you discover them?

Raven : We’ve been friends with them for a long time. When our rhythm section played in The Devil’s Blood, they did shows together back then. There’s a long and deep connection with Hangman’s Chair, and we really appreciate each other’s music. We’ve been talking about touring together for years, and now we’re finally able to do it. I’m really looking forward to that. It’s going to be a very melancholic and dark evening—perfect for both of our bands.

Do you plan to see some shows at the festival today?

Raven : I plan to get fucking drunk because we’ve been in a car for the last five days. Finally, we have a day for ourselves, so I’m just going to drink beer and see whatever I can. Maybe Dimmu Borgir, I’ve never seen them and I was such a fan at the time. 

Nick : I want to see Queens of the Stone Age

Raven : There are so many bands here; it’s like the whole metal catalog is at Hellfest every year. I don’t know how they do it. It’s crazy.

Well, we’re at the end of the interview. Is there anything else you’d like to add?

Raven : Thanks for supporting us. I’ve seen a lot of your articles with Metalorgie, always supporting our band, so thanks for that. Be welcome during our tour in October. We’re playing Nantes and Paris, so see you there!

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