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Grade 2 Baillarock 2024
Après une journée de douze heures de route, venant tout droit de Venise, Jake , guitariste et Syd, bassiste, tous les deux chanteurs du groupe Grade 2 nous accordent une interview, à peine arrivés pour le Baillarock. Jake, Syd, ravi de vous rencontrer. J’ai cherché, mais je n’ai pas trouvé la signification de votre nom de groupe, Grade 2. D’où cela vient ? Jake : Ce n’est pas vraiment un grand secret, c’est une coupe de cheveux. Syd : On avait quatorze ans quand on a trouvé le nom du groupe, et c’est en fait un jeu de mots. Quand on a cet âge en Angleterre on te demande quel est ton niveau d’étude (grade - A,B, C, etc.) et on était coupé très court à l’époque, rasés avec un sabot de 2 (Grade 2) donc quand on nous demandait notre niveau on disait grade 2 et c’est devenu le nom du groupe. Tout simplement. Rien de plus profond que ça. Jake : On ne se doutait pas qu’onze ans plus tard on serait toujours un groupe. Vous aviez quatorze ans quand vous avez commencé le groupe ? Syd : Oui, quatorze et quinze ans. C’est notre premier et seul groupe. Vous parlez dans vos chansons de la vie de tous les jours. A quoi ça ressemble pour vous un jour normal ? Syd : Depuis deux ans maintenant ça ressemble à la vie de tournée. Donc notre vie quotidienne d’avant est aux oubliettes depuis la pandémie. On a commencé à tourner à ce moment là et on n’a quasiment pas arrêté depuis. L’année dernière on a fait 146 concerts, donc chaque jour c’était la route, le concert, l’hôtel et ainsi de suite tous les jours. Jake : Oui, ça fait maintenant deux ans qu’on a quitté nos boulots et c’est une très grande victoire pour nous. Donc on fait ça et s’occuper des affaires du groupe. Ça ne paie pas des masses, mais c’est un super boulot. Jusqu’à quel point vos chansons sont à propos de vos vies privées ? Par exemple, y’a-t-il vraiment une Céline dans votre entourage (NDLR : référence à l’une de leurs chansons) ? Jake : Oui, Céline, c’est sa petite amie. Tout ce qu’on raconte est une version écrite et étendue de nos expériences personnelles. On n’invente rien, ou on ne se dit pas qu’on va écrire sur un sujet en particulier, on écrit juste à propos de choses qui nous sont arrivées récemment ou qui nous ont marqué. Principalement sur l’album d’avant d’ailleurs, où on était bloqués chez nous avec la pandémie. On a écrit beaucoup sur ce qu’on vivait à ce moment là. Par exemple sur les boulots merdiques qu’on avait et qu’on voulait quitter plus que tout. Que faisiez-vous ? Syd : Je faisais de la mise en rayon dans un supermarché. Jake : J’ai fait ça vite fait aussi au début du confinement, et j’ai pété un câble rapidement alors j’ai arrêté, et auparavant j’ai principalement bossé dans un bar. Ce qui n’était pas si mal, mais après quelques années j’en avais marre. Quel matériel avez-vous utilisé en studio pour avoir un son si net et si bien défini ? Jake : C’est une très bonne question. Syd : J’ai utilisé un Fender Bassman combo, ce n’était même pas un ampli et une enceinte. Je suis passé par une table analogique. Donc la table me donnait une compression supplémentaire sur l’ampli ce qui m’a donné un son légèrement saturé dans les mids tout en restant clair sur les autres fréquences. Jake : C’était fabuleux, on a travaillé avec TJ Riviera qui est un très grand ingénieur son. On a eu la chance d’avoir du matériel fabuleux et des gens tout autant pour bosser avec nous et nous aider à arriver là où on voulait aller. Donc ça c’était pour la basse, pour ce qui est de ma guitare, j’ai branché ma telecaster dans un Mesa Boogie Triple Rectifier dans le pan de gauche et à droite c’est ma Viper branchée dans un JCM900. Ça a permis de gonfler naturellement le son. Donc une grosse puissance grâce au Mesa et une belle définition avec le JCM 900, c’est ça ? Syd : En fait, c’est plutôt l’inverse qu’on a fait, parce que la telecaster tranche plus avec un son plus cristallin tandis que la viper est plus lourde dans un ampli plus neutre, et on a trouvé que c’était un très bon compromis qui nous a permis d’avoir le son qu’on cherchait. Jake : Oui, je suis passé par le Marshall pour avoir un son plus vintage. Cette recherche sonore était nouveau pour nous et c’était une super découverte que de pouvoir la faire. Syd : Et pour les micros de chant on a pris des gros
micros anciens à large membrane, faits main. On doit beaucoup de la qualité de
notre son à T.J. Riviera pour être honnête, c’est lui qui nous a tout
recommandé et qui nous a aidé. C’est le meilleur avec qui ont ait travaillé. Ça
sonne à la fois comme nous en live, et ça transparait très clair sur l’album et
il a maitrisé ça parfaitement. Il ne doit pas y avoir beaucoup de locaux sur l’ile de Wight d’où vous venez pour les groupes. Comment vous y êtes vous pris quand vous avez commencé ? Jake : On a commencé à jouer dans des pubs quand on avait quinze ans. Celui où tu as bossé plus tard ? Jake : Alors on a déjà joué dans ce pub là, mais bien plus tard, quand on a commencé c’était un autre bar juste à coté de chez nous. Syd : C’est très commun en Angleterre que les groupes jouent dans des pubs les dimanches après midi. Tu prends une bière et tu peux répéter et jouer devant quelques piliers de bar. Et c’était un peu une curiosité pour les habitués de voir des gamins d’une quinzaine d’années jouer du punk. Donc on était un peu extravagants pour les gens du coin qui n’étaient pas habitués à ça. Il y avait du monde qui venait vous voir jouer les dimanches après midi ? Jake : Non pas du tout, en général il y avait six personnes, toujours les mêmes, et après quand ça a commencé à prendre un peu forme, nos familles et nos potes sont venus nous voir jouer. Mais nous, nos premiers succès ont plutôt été sur Facebook que sur la scène live. Syd passait pas mal de temps déjà à l’époque à nous promouvoir sur les réseaux sociaux. Et il y a dix ans sur Facebook, tu touchais vraiment beaucoup de gens, plus comme maintenant. Les gens nous ont vraiment découvert par ce biais. Syd : Oui, et ce n’était pas pour les bonnes raisons, crois moi, on a enregistré une démo avec un son pourri qu’on a tout de suite mis en ligne, et les gens cliquaient dessus pour se foutre de nos gueules tellement c’était mauvais. On a essayé de la supprimer par tous les moyens possibles de tous les réseaux, parce qu’on en avait honte et je pense qu’on y est arrivé, mais on ne sait jamais, s’il te plait ne cherche pas trop. Rires Jake : Aujourd’hui ça nous fait plus marrer qu’autre chose chose, mais à l’époque on en avait honte. Rétrospectivement ce n’était peut être pas si nul que ça parce qu’il y avait quelques bonnes idées et ça avait un son vraiment brut. Aussi brut que c’est possible de l’être. Syd : On n’avait jamais mis les pieds dans un studio, on ne savait pas du tout comment prendre du son, on avait juste mis un téléphone devant la scène et on a tout fait en une prise. Jake : C’est un peu la particularité de notre groupe aussi, par rapport aux autres artistes. Tous ont commencé la carrière de leur groupe vers 25 ans et ils ont tous eu des expériences passées de groupes précédents, nous on peut voir sur chaque album les étapes par lesquelles nous sommes passées et la progression d’opus en opus. Tout est documenté sur nos pages. On a grandis en faisant la musique qu’on fait encore aujourd’hui et elle a grandie avec nous également. Tous nos albums sont différents en ce sens parce qu’on a évolué à chaque fois entre chacun d’entre eux. Syd : La plupart des groupes ont la démarche inverse, ils font d’abord leurs armes sur un projet, puis quand ils sont plus matures, ils définissent ce qu’ils font puis se lancent. Nous c’était brouillon après brouillon pour en arriver là où on en est. J’imagine que ça a aussi évolué au fil des années en fonction des choses que vous écoutiez et découvriez ? Syd : Evidemment et ce qu’on écoutait à ce moment là s’entend direct dans les diverses influences vocales et les modulations qu’on a fait sur nos albums. De votre point de vue, quelles sont les différences entre jouer dans un grand festival ou dans un petit bar ? Et qu’est ce que vous préférez comme type d’ambiance ? Jake : Les deux sont très différents mais tu as besoin des deux. Je m’explique, dans un festival comme celui-ci tu as plus de place sur scène pour bouger et j’adore courir dans tous les sens sur scène. Tu as également bien évidemment la chance de toucher plus de gens qui vont découvrir et aimer ce que tu fais. Mais les plus petits concerts sont toujours les plus intenses et ceux où tu finis le plus en sueur. On s’en rappelle plus nous-mêmes également de ces ambiances fabuleuses qui se dégagent des petites salles. Syd : On vient justement de faire quelques concerts là où tu dois littéralement esquiver le micro pour ne pas qu’il t’arrive dans la tronche trois fois par morceau tellement les gens sont proches de toi. Les gens te rejoignent sur scène, plongent dans le public, te mettent leurs pieds dans la tronche, chantent avec toi dans le micro. Ce sont les concerts les plus mémorables. C’est le chaos ensemble, les gens et toi, et c’est ce qu’on préfère. Jake : Le mix idéal, c’est une salle bondée d’environ deux à trois cents personnes sans barrière, je dirai. Tu as toutes les sensations que tu attends en faisant du live. Tu ne peux pas recréer ce feeling autrement. Tout le monde dans la salle est investi et participe activement au show et fait part du spectacle. Syd : On a vu la salle aujourd’hui, c’est un peu ça, un
peu plus grand, mais de notre expérience les festivals français sont les
meilleures scènes qu’on ait jamais fait et le meilleur public qu’on n’ait
jamais eu. On va passer à la seconde partie de l’interview qui s’appelle « comme la plupart des Anglais ». Donc : Comme la plupart des Anglais, vous supportez une équipe de foot ? Syd : Chelsea !! Jake : Portsmouth !!!!! (rires) Syd : C’est devenu un ultra ! (rires) Jake : C’est amusant car j’ai toujours été plutôt neutre auparavant, j’adorai le foot, mais je n’ai jamais vraiment eu d’équipe et Jacob (le batteur) et Syd me casse les couilles maintenant parce que Portsmouth qui est notre équipe locale réussit plutôt bien ces derniers temps et ils me traitent de chasseur de gloire. Syd : Oui, et maintenant qu’ils réussissent tu es devenu fan, alors qu’avant tu ne les calculais pas ! Jake : En fait avant j’aimais plutôt Liverpool mais sans être vraiment complètement fan. Syd (s’adressant plus à moi) : L’Euro arrive d’ailleurs, tu vas regarder l’Euro ? Je ne suis pas vraiment fan de foot, mais je supporte basiquement deux équipes : la France et l’équipe qui joue contre l’Angleterre. Jake (rires) : Mais va te faire foutre ! Comme la plupart des Anglais, votre nourriture préférée est le curry ? Syd (rires) : Non. Jake : Moi non plus, ma bouffe préférée c’est le curry red thaï. Syd (interloqué - rires) : Donc si ! C’est le curry… Jake : Non, mais pas le curry indien, c’est pas pareil. Comme la plupart des Anglais, vous avez une bière préférée ? Syd : Pacifico, XX (des bières mexicaines) et la Victoria. Jake : Moi ma préférée, c’est la Jupiler. Syd (dévisageant Jake) : Sérieux ? Mais c’est de la pisse d’âne mec ! Jake : Je l’adore, j’y peux rien ! Comme la plupart des Anglais, vous n’aimez pas le Roi Charles ? Syd : Je m’en bats les couilles en fait, c’est un vieil homme… C’est tout. Jake : Quand la Reine est morte, je me suis un peu intéressé à la monarchie, et je me suis dit que les choses allaient peut être bouger un peu. Aujourd’hui, non, c’est clair que je ne l’aime pas. Comme la plupart des Anglais, vous pensez que le brexit était une idée de merde ? Les deux : Oui ! Syd : Terrible, la plus mauvaise chose qui nous soit jamais arrivée. Jake : Le peuple n’avait pas les bonnes informations et ont été dupés par des politiques véreux qui voulaient juste du pouvoir peu importe comment et qui se sont défilés une fois qu’ils ont réussi leur connerie. Une honte ! C’est la seule fois de ma vie ou je n’ai pas été d’accord avec la démocratie. Syd : Tout ce système est vraiment pourri jusqu’à l’os. Désinformation et intérêts personnels… Et c’est la merde pour nous maintenant, on tourne en Europe, on doit bouger hors d’Angleterre et il nous faut des passeports, pour le matériel des MRN et des GMR, il y a des taxes, c’était vraiment une idée à la con ! Un vrai cauchemar. Jake : Les petits business se sont tous cassés la gueule à cause de ça … Enfin bref, c’était néfaste. Comme la plupart des Anglais, vous n’admettrez jamais que la France est un meilleur endroit que le Royaume-Uni ? (les deux riant et hésitant) Jake : Les Anglais n’admettent pas ça ? Ça ne me surprend pas, je vais être honnête il y a une grande partie de la France que je n’aime pas, mais j’adore le sud de la France. Le Nord en revanche c’est moins mon truc… C'est parce que ça te rappelle l’Angleterre ! Jake (rires) : C’est ça ! C’est l’Angleterre mais avec des Français ! (rires) Revenez-vous faire des concerts en France bientôt ? Syd : Ce n’est pas prévu. C’est la dernière date aujourd’hui. Ça fait deux ans qu’on est en tournée, là on a besoin d’un break. Jake : On a vraiment fait les quatre coins de la France et c’est les meilleurs concerts qu’on n’ait jamais fait... Donc en fait tu admets que c’est mieux que le Royaume-Uni ? Jake (rires) : Tu m’as eu ! Oui, bon j’admets ! Les concerts sont mieux en France, mais je préfère quand même l’Angleterre. Syd : En tout cas on reviendra c’est certain, je ne sais juste pas te dire quand exactement. Dernière question, on échange les rôles, vous allez poser une question aux lecteurs de Metalorgie et les lecteurs vous répondront sur le site. Syd : Quelle est votre chanson préférée de Grade 2 et qu’est ce qu’elle vous évoque ? Maxwell (Août 2024)
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Commentaires
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Ma chanson préférée c'est "Tired of it", tout simplement parce que c'est la première que j'ai écoutée et que ça m'a plu tout de suite!
C'est un très bon groupe, entre Rancid, The Clash et Last Resort. Assez old school comme refs mais le son est très actuel.
Merci pour l'interview! Par contre, je me demande comment vous avez parlé de TJ Rivera mais pas de Tim Armstrong et Jesse Michaels, avec qui ils ont co-écrit plusieurs morceaux...! J'aurais bien aimé savoir ce que ça leur fait de bosser avec deux légendes comme ça