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Brutus Hellfest 2024
English version below
Quelques heures avant leur retour sur scène au Hellfest (cette fois sur la Valley), nous avons eu la chance de rencontrer les belges de Brutus. En ascension constante depuis Burst sorti en 2017, le groupe séduit les foules avec son mélange très personnel de Post-Rock/Post-Hardcore accrocheur et immédiat. Stefanie (batterie, chant) a dû préserver sa voix pour le concert, mais nous avons eu la chance de nous entretenir avec Peter (basse) et Stijn (guitare) pour évoquer le dernier album, les tournées et les inspirations de Brutus.
Salut Brutus. Comment ça va ?
Peter : Très bien, merci !
C'est votre deuxième fois au Hellfest. Quels souvenirs gardez-vous de votre premier concert ici ?
Stijn : La première fois que nous avons joué ici, c'était une énorme surprise pour nous parce que nous avons fait les balances alors que le festival n'était pas encore ouvert. Puis nous sommes montés sur scène, et c’était bondé. Ils ont dû fermer la Warzone, c'était une grosse surprise pour nous et c'était un très beau concert.
Peter : En tournée les années suivantes, les gens (surtout en France mais aussi dans toute l'Europe) nous parlaient de ce concert au Hellfest. Tout le monde était là pour nous voir et les gens sont venus ensuite à d'autres concerts en Europe, donc ça a été un show très spécial pour nous.
Vous avez sorti Unison Life en 2022. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce troisième album ? Avez-vous travaillé de la même manière que pour les précédents ?
Stijn : Je pense que nous avons pris beaucoup plus de temps cette fois. Le premier album que tu fais en tant que groupe, tu as le temps de le faire. Le deuxième, nous l'avons écrit en tournant, en jouant des concerts. Donc oui, c'était chaotique, pour le dire franchement. Avec le troisième album, notamment à cause du COVID, nous avions beaucoup de temps comme tout le monde. Nous l’avons dédié à ce nouvel album, et ça a été vraiment appréciable.
Je trouve que c'était votre album le plus fort émotionnellement jusqu'à présent. Est-ce quelque chose que vous ressentez aussi ?
Peter : Oui, je pense. Tout était plus profond : la musique, les paroles. Peut-être aussi parce que nous avons vieilli. Nous avons voulu nous investir encore plus dans les morceaux, et je pense que ça se ressent.
À propos des paroles, j'ai remarqué que vous avez écrit plusieurs morceaux qui traitent de la distance, comme sur Distance ou Miles Away. Pourquoi est-ce un thème spécial pour le groupe ?
Peter : Stefanie écrit la plupart des paroles, c'est difficile de parler à sa place, mais je pense que la connexion avec les gens est très importante pour elle. Si nos titres parlent de distance, c'est la plupart du temps à propos de ce lien.
Est-ce lié aux tournées ou en général ?
Peter : Peut-être, oui. L'album Nest parle aussi de l'éloignement de chez soi, de quitter son nid et de faire son propre nid en tournée. Donc, une chanson comme Distance sur Nest aborde ce genre de thématique.
C'était une question pour Stefanie, mais je pense que vous pouvez répondre. Je trouve que sa voix est un peu plus brute sur cet album, surtout sur des chansons comme Liar, Dust ou What Have We Done. Est-ce que c'était prévu ou est-ce une évolution naturelle de sa voix ?
Stijn : Je pense que c'est une évolution naturelle. Au fil des années, elle est devenue—je l'aimais en tant que chanteuse dès le début. Elle avait une belle voix à l'époque, mais je pense qu'elle a appris à se connaître. Elle travaille très dur pour être une bonne vocaliste. Maintenant, elle sait mieux utiliser son chant, et c'est pour ça qu’elle a plus de possibilités.
Peter : Nous l'avons vue changer, trouver sa voix, et parfois en écrivant des chansons et en répétition, elle fait des choses qu'elle n'a jamais faites auparavant. Parfois, ça marche, parfois non, mais elle ne se considère comme chanteuse que depuis cet album. A l’époque du premier album, elle se voyait juste comme une batteuse qui chante. Maintenant, elle est confiante en tant que chanteuse du groupe. Je peux aussi le ressentir sur scène. C'est différent aujourd’hui d'il y a cinq ans. Elle était un peu plus cachée derrière la batterie, et maintenant à certains moments, quand je regarde sur ma gauche, je me dis, waouh, elle est vraiment la frontwoman de son groupe.
Stijn : Parfois, pendant une chanson, elle fait quelque chose qu'elle ne fait pas normalement. Elle fait des choses différentes sur scène, selon ce qu'elle ressent ce jour-là. Parfois, elle fait quelque chose, et nous nous regardons l'un l'autre en se disant « Qu'est-ce que c'était ? ». Dans le bon sens, bien sûr. Ca lui vient naturellement, c’est honnête, c’est pur.
Etre batteuse et chanteuse en live, ce n’est pas forcément évident. Réorganisez-vous parfois la scène pour placer la batterie ailleurs, ou est-elle à l'arrière ?
Stijn : Non, pas à l'arrière. Elle est sur le côté. Nous avons commencé à faire ça parce que nous aimons jouer en cercle pour pouvoir se regarder. C'est très important pour Stefanie aussi. Vue comment elle est assise, elle peut nous voir et s'adresser au public. Ce serait étrange pour nous de jouer dans une autre configuration.
Peter : Nous avons essayé une fois pour le fun en répétition, mais nous avons changé pour revenir avec la disposition habituelle.
Peter, c’est toi qui t’occupes des pochettes pour le groupe. Est-ce que ce sont des peintures, de l'art numérique ? Comment les réalises-tu ?
Peter : C'est numérique, fait avec Photoshop. Et nous choisissons la pochette après que toutes les chansons soient écrites, pas pendant le processus d'écriture. Écrire l'album, c'est se projeter, chercher le thème général. Une fois que nous avons cela, nous composons avec une ligne directrice, et l’artwork vient après.
Étais-tu artiste avant le groupe, ou crées-tu spécialement pour les albums ?
Peter : Je suis graphiste, mais je ne suis pas un artiste. J'ai toutes les compétences techniques, mais le processus créatif, comme pour cet album, était collectif. Je fais des choses, je les propose, nous en discutons et je retourne travailler dessus. Nous utilisons mes compétences de graphiste dans le groupe, pareil pour les produits dérivés, pareil pour les réseaux sociaux. Je sais comment faire des choses sur l'ordinateur, mais je ne me considère pas comme l’artiste derrière ces pochettes. Ca arrive par tâtonnements. Aucun de nous ne dirait, « j'ai écrit cette chanson ». Nous faisons toujours tout ensemble.
En parlant de ça, vous avez fait un clip pour Liar. Il était assez inspiré par la fantasy et la science-fiction. Vous avez aimé tourner ce clip ? Êtes-vous dans la vidéo ?
Peter : Non, c'est un secret.
Stijn : Je jouais une des dunes.
Peter : Non, Stefanie et Maximilian, qui a tourné le clip, sont amis. C’est un très bon directeur de la photographie, et ils sont allés au Maroc pour filmer. C'était l'idée de Stefanie.
Ils sont partis au Maroc ? Les décors sont magnifiques, ça donne une ambiance à la Dune justement.
Peter : Beaucoup de vieux films ont été tournés là-bas. Maximilian connaît tout là-dessus. Stefanie a élaboré le scénario, en a parlé avec lui, et il a dit « Faisons-ça au Maroc ». Mais ça coûtait beaucoup d'argent, donc nous n’y sommes pas allés pour alléger les coûts. Nous en sommes toujours très fiers et heureux, ils ont fait un excellent travail. Les autres personnages dans la vidéo sont des acteurs locaux, et le copain de Stefanie est allé avec eux, donc il joue l'un des personnages.
Prévoyez-vous de faire plus de clips dans cet esprit ?
Peter : Nous verrons. Nous aimons aussi beaucoup la vidéo de Victoria. Elle a été tournée en Belgique, chez nous, à Gand. Ca dépend de la chanson et de l'ambiance. Pour Liar, c'était ça, mais pour Victoria, il fallait que ce soit plus nostalgique. C'était différent.
Vous avez joué aux États-Unis l'année dernière et vous allez faire une autre tournée en Amérique du Nord cette année. Est-ce différent pour vous de jouer là-bas ?
Stijn : Concernant les concerts, pas vraiment. On s’amuse toujours lors des concerts, et on fait toujours de notre mieux. Le public change d'un pays à l'autre, mais pas tant que ça. Ce qui est cool pour nous, étant européens, c'est de rouler en van à travers les États-Unis avec des amis. Les paysages, les gens que tu rencontres, les salles, la nourriture, c'est comme un film. C'est super de mélanger les concerts et le tourisme.
Peter : En Europe, nous avons déjà été partout deux ou trois fois, mais les États-Unis c’est tellement grand et beau. Lors de la dernière tournée, ça m'a frappé à quel point le pays est grand et beau. Les villes sont ce qu’elles sont, elles diffèrent des villes européennes, mais en dehors, la nature est magnifique.
Peter, j'ai remarqué que tu portes un t-shirt Spectral Wound. Le Black Metal t'inspire pour composer ?
Peter : J'adore en écouter, surtout pour les mélodies. Nous avons joué avec Spectral Wound en France, et ils étaient vraiment excellents. Je ne connaissais pas le groupe, mais je les ai écoutés. Ce n'est pas mon genre préféré, mais certains groupes font quelque chose de différent, comme eux.
Toi Stijn, tu aimes le Black Metal ?
Stijn : Oui, complètement. Je pense que dans notre musique, le tremolo picking et ce genre de choses viennent de là, mais aussi du Post-Rock. On aime toutes ces choses là.
Vous allez travailler sur de nouveaux titres après la tournée ? C’est l’objectif de 2025 ?
Peter : Oui, c'est plus clair pour nous de se concentrer sur les concerts puis les tournées. L'année prochaine on compose.
On arrive à la fin de l’interview. Un dernier mot ?
Stijn : Merci aux gens qui écoutent notre musique, qui viennent à nos concerts, ça signifie beaucoup pour nous. Et merci pour ton temps et pour cette interview.
Peter : Merci beaucoup.
Merci à vous.
English version
A few hours before their return at Hellfest (this time on the Valley stage), we had the chance to meet the Belgian musicians of Brutus. The band has been on a steady rise since the release of Burst in 2017, captivating audiences with their unique blend of catchy and immediate Post-Rock/Post-Hardcore. Stefanie (drums, vocals) needed to preserve her voice for the show, but we had the pleasure to speak with Peter (bass) and Stijn (guitar) to discuss their latest album, touring, and the inspirations of Brutus.
Hi, Brutus. How are you?
Peter : Very well, fine, yeah. Thank you for having us.
This is your second time at Hellfest. How do you remember your first show here?
Stijn : The first time we played here, it was a really big surprise for us because we sound-checked when the festival wasn’t open yet. Then, we walked on stage, and the whole area was packed. They had to close off the Warzone. So that was a big surprise for us. It was a really nice show.
Peter : Also, the years after when we toured, even after the pandemic, people, especially in France but all over Europe, talked to us about that Hellfest show. Everybody was there to see us and then came to other shows in Europe, so it was a very special show for us.
You released Unison Life in 2022. Can you tell us more about that third album? Did you work the same way as you did before for the other albums?
Stijn : I think we took a lot more time. When it’s your first album, you have time to create it, that’s what happens. We actually wrote the second one while touring, playing shows. So, yeah, it was hectic, to say the least. With the third record, also because of COVID, we had a lot of time on our hands, like everybody else. We invested that into a new record, and we took our time, which was really nice.
My personal opinion is that it was your most emotional record so far. Is that something you feel too?
Peter : Yeah, I think so. Everything was more in-depth: the music, the lyrics. Maybe it’s also because we grew older. We wanted to put more into the songs, and I think you can feel it in them too.
About the lyrics, I noticed you wrote several songs about distance, like the song Distance or Miles Away. Why is it a theme that is special for the band?
Peter : Stefanie writes most of the lyrics, it’s hard to speak for her, but I think the connection between people is very important for her. If it reflects distance, that’s most of the time about that connection.
Is it related to touring or just in general?
Peter : Maybe, yeah. Also, the album Nest is all about being away from home, leaving your nest, and making your own nest on tour. So, in those songs, like Distance on Nest, that's definitely what it is.
This was a question for Stefanie, but I think you can answer it. I think her voice is a bit rawer on this album, especially on songs like Liar and Dust or What Have We Done. Was that planned, or is it a natural evolution of her voice?
Stijn : I think it's a natural evolution. Over the years, she’s become—I mean, I loved her as a singer the moment we started as a band. She had a beautiful voice back then, but I think she got to know her own voice better. She works really hard to be a good singer. Now, she knows how to use her voice better, and that’s why she’s more able to do more with it.
Peter : We saw her change, find her voice, and sometimes in writing songs and rehearsals, she does stuff she’s never done before. Sometimes it works, sometimes it doesn’t, but she only calls herself a singer since this album. The first album, she was just a drummer who also sings. Now, she’s confident she’s the singer of the band too. I can feel that on stage too. It’s different live than five years ago. She was a bit more hidden behind the drum kit, and now at some points, when I look to the left, I’m like, wow, she’s really the frontwoman of her band.
Stijn : Sometimes, during a song, she does something she doesn’t normally do. She does different things on stage, based on the way she feels that day. Sometimes she does something and we look at each other like, « what was that? ». In a good way of course. It comes naturally, honestly, and purely.
About Stefanie being a drummer and singer at the same time, it’s not easy on stage. Do you sometimes reorganize the stage to put the drum kit somewhere else, or is it always in the back?
Stijn : No, not in the back. It's on the side. We started doing that because we like playing in a circle so we can always look at each other. It’s very important to Stefanie as well. The way she sits on stage now, she can see us and address the audience. It would be strange for us to play in another setup.
Peter : We tried it once for fun in rehearsal but changed it back to what we were used to.
Peter, about the artworks, you do the artworks for the band. Are these paintings, digital art? How do you make them?
Peter : It's digital. Photoshop. We decide on the artwork after all the songs are written, not during the writing process. Writing the record is looking forward, searching the overall theme. Once we have that, we write with a direction, and then the artwork comes after.
Were you an artist before the band, or do you create the artworks especially for the albums?
Peter : I’m a graphic designer, but I’m not an artist. I have all the technical skills to make it work, but the creative process, like for this album, was bandwise. I do stuff, bring it to the table, we discuss, I go back. We use my skills as a graphic designer in the band, same for merch, same for social media. I know how to do stuff on the computer, but I don’t see myself as the creative artist of the artwork. It’s trial and error. None of us would say, "I wrote that song". We always do it together.
Speaking of this, you did a music video for Liar. It was quite inspired by fantasy and science fiction. Did you like shooting that video? Are you in the video?
Peter : No, that’s a secret.
Stijn : I was one of the dunes.
Peter : No, Stefanie and Maximilian, who shot the video, are friends. He’s a very good Director Of Photography, and they flew to Morocco to shoot it. That was Stefanie’s idea.
They flew to Morocco? The setting is beautiful, it gives that Dune feeling.
Peter : A lot of old films were filmed there. Maximilian knows all the details about that. Stefanie worked out the scenario, talked with him, and he said, "Let’s fly to Morocco to do it." But it cost a lot of money to do it, so we didn’t fly. We’re still very proud and happy with it, they did a great job. The other characters in the video are local actors, and Stefanie’s boyfriend flew with them, so he is one of the characters.
Do you plan to do more music videos in that spirit?
Peter : We’ll see. We also like the Victoria video a lot. It was shot in Belgium, in our own city, Ghent. It depends on the song and the vibe. For Liar, it was that, but for Victoria, it had to be more nostalgic. It was different.
You played in the US last year and are going to play another North American tour this year. Is it different for you to play there? Is it different from Europe?
Stijn : Show-wise, not really. We always have fun at shows, always try to do our best. Audiences differ from country to country, but not in a huge way. The cool thing for us, being European, is traveling through the States in a van with friends. The scenery, the people you meet, the venues, the food, it’s like a movie. It’s nice to mix playing shows and being tourists.
Peter : In Europe, we’ve been everywhere two or three times, but the US is so big and beautiful. During the last tour, it struck me how big and beautiful the country is. The cities are cities, American cities are different than European ones, but outside the cities, the nature is beautiful.
Peter, I noticed you’re wearing Spectral Wound t-shirt. Is Black Metal something that inspires you for writing songs?
Peter : I love listening to it, especially the melodies in it. We played a show with them in France, and they were really killing it. I didn’t know the band, but I listened to them. It’s not my favorite genre, but some bands do something different, like these guys.
Stijn, are you yourself into Black Metal?
Stijn : Yeah, definitely. I think in our music, the tremolo picking and those kinds of things come from that but also from Post-Rock. It’s all these things we like.
Will you be working on new material soon after the tour? Will 2025 be all about that?
Peter : Yes, it’s easier in our heads to focus on the shows and tours now. Next year is for writing.
We're reaching the end of the interview. If you want to add something to conclude, it’s up to you.
Stijn : Thanks for listening to our music, thanks for coming to our shows, it means the world. And thanks for your time for this interview.
Peter : Thank you so much.
Thank you, guys.
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