HaH (Hardcore Anal Hydrogen) Hellfest 2022

Prendre le thé avec HaH (Hardcore Anal Hydrogen) presque au complet un samedi après midi par 43 degrés à l’ombre, ça ne se refuse pas. Bien installés à une table du coin VIP, les slips collés à leurs chaises, nous avons eu la chance de pouvoir leur poser quelques questions en bonne et due forme !
Retour en enfer dans la fournaise de l’édition 2022 du Hellfest, en compagnie des monégasques qui ont tout donné au metal corner le jeudi… De gauche à droite : Sacha (chant), Micha (claviers), Antoine (guitare), Roman (batterie) et Ben (basse).



Merci beaucoup d’avoir accepté cette interview. Je suis vraiment très content de pouvoir discuter avec vous, je vous suis depuis un bon moment déjà.
Je ne savais pas comment commencer cette interview, alors j’ai une première question de grande qualité, mais promis après ce sera mieux, est-ce que vous pensez être le premier groupe monégasque à jouer au Hellfest ?

Sacha : ouais j’en suis sûr… Alors y’a déjà eu des groupes qui se sont produits au Hellfest avec des membres d’origine monégasque mais…

Michel : et puis quand on parle de membre, on parle de membre…

Sacha : oui, c’est une remarque importante, merci michel… Mais non, de groupes basés à Monaco je pense qu’on est les premiers.

Et c’est comment la vie de tous les jours à Monaco ? Et la scène monégasque ?

Sacha : c’est particulier c’est sûr, c’est une question qu’on me pose souvent, et c’est pas facile d’y répondre. Monaco c’est à peu près 2km carré, donc imaginer qu’on puisse facilement monter une scène avec une superficie pareille, tu te doutes bien que c’est pas évident du tout, le moindre mètre carré vaut une fortune, y faire une salle de concert c’est absolument pas rentable. Mais il y a des groupes qui sortent de Monaco, Immodium, nous, pendant un temps Svart Crown répétait là bas, JB leur guitariste vient de Monaco…

Micha : faut juste s’imaginer que c’est la scène des Alpes Maritimes. 

Quel est le truc le plus fun à propos de cette ville ? 

Sacha : c’est clairement la bande de potes qu’on a là bas, depuis tout ce temps…

En parlant des potes justement, j’ai plein de questions sur Jean Pierre (titre de Hypercut, sorti en 2018). Qui est Jean Pierre ?

Sacha : alors, faut d’abord rappeler qu’il n’y a pas de paroles dans HaH… Il faut bien comprendre que le titre Jean-Pierre est très lié à cette caractéristique. ça remonte à l’époque où on composait Hypercut, en écoutant les prises de cette piste, on a reconnu plusieurs fois les syllabes, assez distinctement, de “Jean Pierre”, et on a complètement bloqué dessus, ça nous a fait pisser de rire, et c’est resté. D’autant plus qu’une des thématiques de l’album c’est les prénoms…

Clairement un de mes clips préférés de tous les temps de l’année 2018, comment a germé l’idée ? Qui a réalisé ce truc de fou ?

Sacha : l’idée a germé quand on a vu les premiers essais réalisés avec certains algorithmes de génération de vidéo par intelligence artificielle. Tout particulièrement les débuts de Deep Dream. Pratiquement personne n’avait exploité ça au début, c’était encore les balbutiements et on s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire avec ça.

Vous avez bidouillé autour de ça ?

Sacha : Martyn (guitariste, absent pour cette interview) code beaucoup dans son coin, donc il s’est pas mal amusé à écrire toute la partie python permettant de générer tout ça à notre sauce. C’est clairement du Do It Yourself, mais au final c’est ça qui nous correspond le plus, on a toujours fait ça, toujours fonctionné de cette manière. Ce projet-là avait beaucoup de sens pour nous, on a même réussi à se faire financer une machine pour faire tourner la génération…

Micha : le studio a payé pour la machine de guerre, il faut savoir que c’est très gourmand ce genre de process…

Sacha : au total c’est presque 3 mois de calcul non stop pour ce résultat

Micha : c’est comme la musique dans les années 90, tu lances un calcul, tu vas manger, tu reviens, tu recommences… (rires)

Sacha : en parlant de studio j’aurais pu répondre ça tout à l’heure aussi à ta question, qu’est-ce qu’il y a de fun à Monaco : on a monté ce studio (Phebes), une bonne partie de la bande de potes gravite autour de ce studio, et c’est grâce à ce projet qu’on a pu réaliser pas mal de nos expérimentations et de nos délires.

Vous y travaillez tous les deux ?

Sacha : oui micha et moi on bosse tous deux là bas. Le studio est géré par une association dont on fait partie, on y développe nos deux projets principaux, HaH et Joe La Mouk, mais on accueille également pas mal d’artistes.

Micha : le studio n’a pas de pré requis de style, c’est plutôt l’énergie que les gens y amènent qui prévaut. Et c’est aussi ce qui nourrit toute la création d’image du studio, la grande diversité de styles, on peut aussi bien travailler sur un ballet contemporain, sur HaH, pousser un artiste local, etc…

Est-ce qu’il y a eu des retombées suite au clip ? Il a eu, si je me souviens bien, pas mal de visibilité…

Sacha : oui ça a bien boosté nos nombres d’écoutes sur les différentes plateformes de streaming, on l’a senti. On a aussi eu pas mal d’articles sur le sujet quand c’est sorti. On lui doit une bonne partie de nos auditeurs et de nos followers.

Il y a quelque chose de très cinématique sur la fin de ce morceau, on dirait la BO d’un film de SF, j’avais l’impression d’être dans un Blade Runner, d’avoir du Vangelis un peu zarb dans les oreilles. Quand je dis ça à mes potes, on se fout un peu de ma gueule…

Sacha : (rires) Et bah c’est complètement ça l’idée, faut changer de potes haha. C’est pour cela qu’on a choisi ces synthés iconiques que tu as tout de suite reconnus, qui étaient énormément utilisés dans les années 80. On est très fans de ces vieux instruments là depuis toujours…

Micha : … on commence à avoir une belle collection au studio d’ailleurs…

Sacha : … yes, des vieux moogs, des vieux Yamaha… des beaux jouets (rires). Mais oui il y a vraiment l’intention de connoter la musique avec ces sons caractéristiques d’une époque. On fait souvent ça dans HaH : les sons qu’on choisit ont assez souvent un pied dans les films des années 70 ou 80…

Vangelis en particulier ?

Sacha : pas que, c’est aussi beaucoup John Carpenter

Micha : …c’est une porte qu’on laisse ouverte pour faire parler ton imaginaire, faire ressortir ta madeleine de Proust. Toi c’est Vangelis, moi ce sera autre chose, mais c’est le principe qui est important, pas le résultat.

Quelques questions à propos du nouvel album sorti l’année dernière.
Le titre déjà : Chimaera Monstrosa, c’est l’équivalent dans le règne animal de ce que représente votre musique non ? Un assemblage un peu chelou ?

Sacha : oui c’est un peu ça l’idée, on a toute une palette de sons et de styles qui ne vont pas forcément ensemble au premier abord, et la chimère monstrueuse ouais c’est parfait pour illustrer le concept.

J’ai ouï dire qu’un certain Alan Douches s’était occupé du mastering, pouvez-vous nous en dire un peu plus ? 

Sacha : Oui avec grand plaisir ! On a tout simplement fait appel à lui, encore une fois par le biais du studio, ça nous a permis d'obtenir des budgets et de faire le mastering là bas. On a fait ça à distance pendant le confinement, et voilà, ça c’est très bien passé, c’est juste incroyable de bosser avec un mec comme ça…

Il a compris tout de suite le délire ? Pas sûr qu’il travaille souvent sur ce répertoire là ?

Sacha : il a tout de suite bien compris ce qu’on voulait et où on allait.

Vous lui avez donné une liste de références ?

Sacha : ça va plutôt être au niveau de détails assez précis, je vais lui dire, tiens sur ce passage là je trouve qu’il y a trop de fréquences pénibles sur les cymbales, est-ce que moi je le retouche au mixage, ou tu fais ça de ton côté ? C’était plutôt ce genre de corrections. Martyn et moi on compose tout, on va jusqu’au mixage, et pour le mastering on confie toujours ça à quelqu’un d’autre, pour avoir une oreille neuve sur le projet. Mais ce qui est plutôt pratique c’est qu’on peut tout à fait revenir sur le mixage, si un truc ne colle pas…

Déjà 5 clips un peu dans la même veine pour votre nouvel album, est-ce que c’est un moyen de se faire connaître qui fonctionne aujourd”hui ?

Sacha : alors d’abord c’est vraiment quelque chose qu’on voulait faire, mais je pense qu’aujourd’hui c’est un minimum, un clip pour la sortie d’un album…

Micha : c’est un peu comme l’histoire des synthés et de la touche cinématographique, les clips sont aussi là pour donner un support visuel au propos, pour que les gens s’approprient le truc plus facilement. On donne des pistes, des indices, et après c’est dans les cerveaux des gens que tout s’opère…

Mixer un album comme Hypercut ou Chimaera Monstrosa, honnêtement ça vous prend combien de temps ?

Sacha: (rires) haha, longtemps…  Honnêtement c’est l’enfer, ça prend plusieurs mois, on fait souvent ça par étapes, histoire de se reposer et prendre un peu de recul parce que c’est très dense et très compliqué à mettre dans la boîte… Et plus c’est dense, plus c’est dur à mixer… C’est compliqué et on y passe un nombre incalculable d’heures mais on fait ça avec amour et… on gagne tellement d’argent avec ça que ça vaut le coup… (rires). Nan plus sérieusement on adore faire ça, ça reste avant tout un kiff…

Vous faites ça à deux avec Martyn ?

Sacha : oui c’est ça, on se fait nos pré-mixs dans notre coin, on se prend une semaine de résidence au studio, on compare, on mélange, on corrige, on fait 10 heures par jour…

Vous faites chacun des versions différentes des morceaux ?

Sacha : ouais quand on arrive au mixage c’est cool d’avoir deux points de vue parfois différents, ça fait respirer d’autant mieux le résultat…

Cet album il parle de quoi ? (je ne sais pas pourquoi je pose cette question)

Sacha : (rires) alors on avait une idée de départ qu’on a pas suivi. ça devait être un album avec une vidéo pour chaque morceau, qui parlait de la conquête spatiale, c’est pour ça que niveau restes on a encore sur l’album des titres qui font vaguement penser aux fusées… Et à un moment donné, on s’est dit putain c’est trop chiant, ça nous limite trop, marre de suivre des règles à la con et on a laissé tomber le thème. Du coup, pouf pouf, la chimère monstrueuse… (rires)

La fusée qui tombe à l’eau ?

Sacha : ouais, en termes d'œillères c’était beaucoup trop contraignant. Tu t’assois sur une bonne partie de ta liberté de composition, et on trouvait ça dommage…

Michel : … faut bien préciser que nous on aime bien la liberté… l’aigle de la liberté même… (rires) 



Il y a comme d’habitude des plans incroyables, fous, mais aussi ce qu’on commençait à apercevoir sur le précédent, c'est-à-dire des choses très cinématographiques, des ambiances léchées, et parfois même des plans un peu mystiques, spirituels.. C’est réfléchi ? ça vient tout seul, vous vieillissez ou les trois ?

Sacha : Oui… Question difficile à répondre… Disons qu’aujourd’hui on a trouvé un certain équilibre entre le socle (bourrin) de la musique, et comme tu dis, ces ambiances qui viennent ponctuer le propos. On en est au cinquième album, et depuis peu on a enfin compris ce qu’on faisait et où on allait… On a des formules qui fonctionnent, des automatismes bien rodés. Et tu as raison dans le sens où on essaie de lécher un peu les transitions entre les séquences qui n’ont rien à faire ensemble. Passer d’un bloc à un autre, c’est ce qui prend le plus de temps, faut bien préparer en amont, c’est très chronophage, mais c’est aussi très plaisant à réaliser… Certaines transitions viennent assez naturellement, et d’autres c’est un peu plus compliqué…

Est-ce qu’il vous arrive parfois de faire l’inverse ? De composer d’abord les ambiances ou transitions ?

Sacha : non, en général on fait les deux en même temps, ce ne sont pas deux choses séparées…

Il se passe quoi en général sur une nouvelle idée de compo, entre l’idée originale et le résultat final ? 

Sacha : ah oui, ça peut changer énormément… Le truc le plus dur c’est de jeter. Et c’est vraiment indispensable de savoir jeter quand on compose, c’est jamais facile parce que parfois ça représente beaucoup de temps…

C’est quoi l’album avec le plus dé déchets ?

SachaHypercut je pense, il y en a eu pas mal…

Vous essayez de réutiliser ça plus tard ?

Sacha : parfois… mais ça ne marche pratiquement jamais !!! En fait, la plupart du temps on se rend compte qu’on a bien fait de les jeter. (rires)

Il y a beaucoup de plans instrumentaux qui me font directement penser à certains albums de Secret Chiefs 3, est-ce que c’est un groupe qui a du sens chez vous ?

Sacha : Martyn est un grand fan de ce groupe oui, on ne le met pas forcément en avant parce que Secret Chiefs 3 c’est déjà un groupe de citation, ils vont s’inspirer, parfois prendre des séquences qui existent ailleurs et les retravailler à leur sauce, et c’est parfois des références qu’on a nous aussi. Donc oui ça fait sens, ils ont une certaine influence sur nous même si on ne s'inspire pas directement de leur travail.

Parlons Hellfest, ça s’est fait comment cette participation au fest, j’imagine que c’est un peu décevant de pas être programmé sur le fest mais au metal corner (et pourtant vous méritez) ?

Sacha : comme on jouait avec Joe La Mouk, on nous a proposé également un créneau pour HaH. Et non c’est pas du tout décevant, mais on espère que ça pourrait être un tremplin vers autre chose c’est sûr. Mais c’était très cool de jouer jeudi, il faisait un peu moins chaud ce qui est pas si mal, et le public a répondu présent, c’était très cool.

Micha : on a eu des retours très positifs, le concert en général, et le son tout particulièrement, apparemment c’était super bien réglé.

Pour moi aujourd’hui HaH c’est avant tout une créativité folle, du DIY vraiment frais, du grand n’importe quoi, mais pas que, un univers incroyable, qu’est-ce qui manque aujourd’hui au groupe, et où allez vous ?

Sacha : alors ça c’est une très bonne question, pour le moment on continue, on avance musicalement je pense dans la bonne direction, on continue de faire ce qu’on veut, comme on veut, et ça c’est le plus important. Cette fois ci on a vraiment tout fait par nous même, on a sorti l’album sans label puisque Apathia Records c’est terminé, et c’est dans la continuité du Do It Yourself finalement. Bon… c’était peut être pas la meilleure idée (rires), diffuser la musique c’est un métier à part entière. Encore une fois c’est peut être égoïste mais si je fais de la musique c’est avant pour moi même, alors j’adore jouer devant du public, c’est absolument génial, mais c’est pas la raison principale pour laquelle je compose. En studio, avec Martyn, nos délires, moi ce sont ces moments là que je privilégie et qui me font continuer…

Le bricolage en somme ?

Michel : le bricodage ! (rires)

Tu as évoqué la fin d’Apathia… Comment on fait aujourd’hui ? En termes d’écurie fraîche et ouverte d’esprit on était pas mal. Pas trouvé d’alternative en termes de label ? Ou pas envie ?

Sacha : on a cherché vite fait, mais ça c’est typiquement le truc qui nous casse les c……s. Tout ce côté administratif, j’ai pas l’énergie pour ça, j’ai juste pas envie… Et personne d’autre n’a envie de le faire non plus. Je pense que pas mal de groupes sont dans la même situation que nous, on veut juste faire de la musique, pas se prendre la tête avec ces conneries…

A cette époque là Jehan (Apathia) avait réussi à donner une bonne dynamique, c’est grâce au label que je vous ai découvert…

Sacha : on a un peu perdu cette dynamique je te l’accorde, mais si un label nous lit et veut nous aider, contactez nous n’hésitez pas… (rires) ON EST SUPER SYMPAS ! (oulà j’ai crié un peu fort, ça va saturer ton micro)... (je confirme...)

De ce que j’ai plus ou moins compris, c’est à dire à peu près rien, ya pas vraiment de paroles sur vos compos. Est-ce que le chant a plutôt été pensé comme un instrument ?

Sacha : tout à fait. C’est un instrument, un instrument vocal, pas mixé très fort, pas trop en avant par rapport à un chant traditionnel. Il a ses propres caractéristiques, beaucoup de post prod et de traitements spécifiques…

Certains chanteurs commencent avec du yaourt avant de passer à un propos définitif, c’est aussi ton cas ?

Sacha : il y a un peu de ça, mais j’ai ma propre façon de fonctionner, avec le temps j’ai développé un truc qui m’est propre, beaucoup de sons de bouche bizarres et de sonorités que je travaille, vraiment comme un instrument à part entière. Donc les paroles au milieu de ce bordel ça n’a pas vraiment de sens, c’est vraiment une autre manière de construire le propos. Et avec du recul, j’ai même pas envie de mettre des paroles là dessus en fait, ça fait très longtemps que je voulais faire ça, bien avant HaH, ça m’emmerde un peu en fait quand y’a trop de sens dans les paroles. Mettre des mots sur de la musique ça ne marche pas tout le temps…

Question matos : comment on joue du HaH sur scène ? Je veux dire les compos sont hyper travaillées, c’est très complexe, vous simplifiez, jouez avec des samples ?

(brouhaha collégial et communicatif) 
Sacha : Sa mère… C’est le bordel en vrai… On a une batterie, deux grattes, une basse, un clavier, et le chant. Tout ça c’est branché sur un ordinateur, qui gère énormément de choses…

Cubase ou équivalent ?

Sacha : et bah non. Trop simple (rires). Tu veux le détail ? Bon accroche toi… C’est une solution maison, on a pris un soft qui permet de configurer absolument tout. Roman à la batterie joue au clic, on est obligé, y’a trop de samples et de truc gérés par le pc à la seconde près, on serait tout le temps décalé sans le clic. Ensuite l’ordi gère ma voix, les effets s’activent au fur et à mesure automatiquement. Disto, réverb, delay, cuts …
En midi on change les effets de gratte de Martyn, ça gère aussi les presets du synthétiseur de Micha, et enfin l’ordinateur envoie aussi tout ce qu’il manque, les boîtes à rythme, le sixième synthé que micha peut pas jouer en même temps, les samples, …
Ah oui et on a aussi les lights qui sont synchronisés avec l’ordinateur… 

Michel : Flash, strob, flash flash, strob, flash, strob… (rires)

Sacha : les prochains concerts d’HaH vont être une expérience sensorielle haha.

Donc en fait, vous ne simplifiez pas les compos en live ?

Sacha : exactement, l’ordinateur nous permet de jouer les compos comme elles sont agencées sur l’album. C’est tout l’intérêt.

Micha : ce qui est assez paradoxal au final, l’ordi permet aux instrumentistes de jouer sur scène cet album qui est injouable de base. C’est tout l’inverse d’un playback.

Certains groupes ont un genre de “mode sans échec”, une solution de secours quand l’ordi lâche. Qu’est-ce qui se passe dans HaH quand l’ordi plante ? ça vous est déjà arrivé ?

Sacha : ça nous est jamais arrivé en plein milieu, mais on a déjà eu des réglages de Martyn qui faisaient n’importe quoi : un son clair avec une réverb au lieu d’une grosse disto. Et oui, ça nous est déjà arrivé de tout débrancher en live et de faire ce qu’on pouvait… Là pour ce live c’était quitte ou double, soit ça marchait, soit on était mort (rires).

Micha : on répète jamais ensemble et c’est une musique qui est très très dure à jouer. Les fois où on a répété tous ensemble ça se compte sur les doigts d’une main…

Sacha : on fait des résidences de temps à autre, c’est ça qui nous permet de travailler ensemble

Micha : et pour revenir à l’ordi, ça fait 20 ans qu’on fait de la programmation d’ordinateur, ça fait partie intégrante du projet, c’est l’une des virtuosités du groupe, et c’est partie intégrante du concept d’HaH. C’est devenu un savoir-faire important. Exemple, les cuts sur la voix (la voix de Sacha est très souvent coupée à intervalles réguliers très rapides), si tout est pas parfaitement synchronisé avec l’ordinateur et le clic, ça donne n’importe quoi, à une milliseconde près c’est du reggae ou quelque chose qui n’a rien à voir… 

Ah c’est donc comme ça qu’on fait le reggae ? (rires)



Parlons internet. Hardcore Anal Hydrogen sur google on tombe direct sur metalorgie. Pas trop dég ?

Sacha : non c’est parfait (rires)

D’où vient ce nom, Hardcore Anal Hydrogen ? Est-ce que c’est un moyen de combattre l’industrie du porno et de fausser les résultats Hardcore et Anal ? 

Sacha : (rires) on a toujours appelé ce projet HaH entre nous. C’est très vieux, c’est venu comme ça, c’est pas du tout réfléchi. Et on a changé le nom récemment, pas parce qu’on assume pas, mais parce qu’on avait toujours écrit HaH sur les pochettes, et avec Martyn on s’est dit que c’était peut être le bon moment de faire évoluer le nom du groupe, au même titre que l’évolution de la musique s’est opérée au fil des années. Il y a certaines choses qu’on assume pas, que je ne raconterai pas ici (rires) mais sûrement pas le nom du groupe.

J’ai un problème avec votre quatre quart au thon, normalement c’est ¼ farine, oeuf, lait et beurre…

Sacha : (rires) à partir du moment où c’est fait avec amour, la musique comme la cuisine, tout est possible…

Et bien ce sera le mot de la fin. Merci HaH !

Toutes nos excuses pour le dénommé Michel, qui est quelque part entre Roman, Ben et Antoine… 

Interview préparée et réalisée par lelag 



lelag (Mars 2023)

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