Ivar Bjørnson (Enslaved) : ''Deftones a été un groupe très important pour moi.'' Par Skype, Août 2020

Difficile de présenter un groupe à la carrière aussi riche qu'Enslaved en quelques lignes. Fin 2020, les Norvégiens ont sorti Utgard, leur quinzième album depuis 1994. Que dire, si ce n'est que la qualité est toujours bien au rendez-vous, le groupe en profitant pour se réinventer une nouvelle fois en proposant un disque plus direct, avec des pistes courtes tout en introduisant un travail d'harmonies vocales élaborés. C'est aussi leur premier album avec le batteur / chanteur Iver Sandøy, qui travaille avec Enslaved en tant qu'ingé-son / coproducteur depuis Axioma Ethica Odini (2010). L'occasion était idéale pour échanger avec Ivar Bjørnson, compositeur principal de la formation depuis ses débuts. Nous avons aussi évoqué leur relation avec Nuclear Blast Records et les éventuelles pressions que le groupe aurait subi, l'évolution musicale d'Enslaved depuis une quinzaine d'années, sans oublier un projet d'album de reprises d'Enslaved réarrangées avec son ami Einar Selvik (Wardruna) et le prochain disque de l'excellent projet solo ambiant d'Ivar, Bardspec



Pour moi, Utgard va plus ou moins dans la direction opposée de celle que vous aviez pris à partir de RIITIIR, avec des titres moins complexes en terme d'écriture et d'arrangements. Penses-tu qu'avoir travaillé très tôt sur les compositions avec Iver Sandoy (batteur / chanteur / producteur) a influencé les morceaux de cette manière ? 

Ivar : Absolument, Iver a eu une influence considérable sur Utgard. Je ne vais pas prétendre être un expert dans tous les genres musicaux mais je pense qu'en terme de Metal, si le guitariste écrit la musique et c'est notre cas, il est important d'impliquer le batteur pour poser les fondations de l'album. Avoir Iver à nos côtés, avec son CV très varié, a considérablement ouvert les possibilités : il a un long historique avec le Metal, en plus d'avoir beaucoup travaillé en musique expérimentale, Noise, il a joué de la musique pour enfants, du Pop Rock et ajoute à cela son travail de producteur ! Tout cela a eu un vrai impact sur ce disque. 

Utgard est aussi l'album le plus court que vous ayez sorti depuis un moment, en plus d'avoir des morceaux moins longs par rapport à vos albums depuis une dizaine d'années. Est-ce lié au fait que les compositions soient moins complexes et ''bizarres'' ?

(rires) Bonne question ! Je ne sais pas trop pourquoi les pistes sont un peu plus courtes cette fois. Quand je compose, j'essaye au maximum de ne pas me poser de cadre en terme de durée. Nous venons d'une ère de l'industrie musicale où le produit physique était la norme, avant que le numérique ne le remplace. Maintenant, plus que jamais, tu entends dire ''Il faut que le titre fasse cette durée, c'est optimal pour le streaming, etc.'' Et quand bien même j'essaye de ne pas être influencé, je pense qu'il faut être réaliste : ton esprit entend ces choses et je dois être conscient que ça peut m'influencer subconsciemment. Ma solution est donc de complètement ignorer le facteur ''durée des morceaux'' quand j'écris. Quand j'écris, j'arrive à sentir quand un titre est terminé, mais je n'y pense pas du tout pendant l'écriture même. Ce paramètre de composition n'est pas très intéressant en tant que tel. C'est l'émotion que le morceau te fait ressentir qui importe. En tout cas, je voulais que l'idée principale derrière chaque morceau soit plus en avant et passer moins de temps à construire autour de ces idées. Il fallait écarter tout ce qui préparait le terrain pour ces idées et plutôt les présenter directement, bam ! De cette manière, la composition est plus basée sur l'idée en elle même et moins ''meta'' autour de l'idée. Je pense que la résultante directe de ce choix a été d'enlever des parties. 

J'ai eu l'occasion de discuter de ce sujet avec plusieurs musiciens, y compris Grutle et ils étaient tous d'accord pour me dire que c'est plus difficile d'écrire untitre sur un format court. Par exemple : un morceau standard de Rock n' Roll de trois minutes trente. Tu es d'accord ? 

Oui, d'une certaine façon, je pense que c'est vrai. Ca t'oblige à rendre le tout plus dépouillé, tu ne peux pas jouer avec la dynamique et construire quelque chose avec une structure qui serait intéressante en soi. Sur un format court, tu as juste l'idée principale du titre et rien d'autre ! Mais quand tu y réfléchis, ce format de trois minutes trenteest plus arbitraire qu'autre chose, c'était la contrainte matérielle des disques de l'époque, comme à la BBC dans les années 60. On disait donc aux groupes : ''Si vous voulez enregistrer pour la radio, il faut que ça dure à peu près trois minutes.'' Ca aurait pu être deux ou quatre minutes, mais c'est ce qui est devenu la norme. C'est un débat intéressant. A mon avis, il n'est pas impossible d'être créatif en étant dans un cadre. Ca peut même donner un certain équilibre au tout. Si tu es habitué à écrire des morceaux à la guitare, tu peux essayer de stimuler ta créativité en utilisant d'autres instruments ou partir dans une autre direction. En musique, l'idée générale reste libre, mais ça peut aussi aider d'avoir un cadre. 



Sur Utgard, on retrouve aussi des parties vocales qui sont probablement vos plus élaborées à ce jour. Penses-tu que c'est une réaction à la musique qui était un peu plus simple, pour combler le vide en quelque sort ?

Voilà une question intéressante ! Dans ce cas précis, je ne pense pas, parce que cette fois, le concept était déjà établi au moment où la musique a été écrite, voire avant. Ca reste une possibilité, c'est vrai. Les compositions se sont développées ainsi, avec ce côté très ''concret'', qui leur donnait déjà une vraie identité et peut être que de ce fait, nous avons passé plus de temps à travailler le concept, tu as peut-être raison. Je n'avais jamais considéré les choses ainsi, c'est cool !

Le fait que Grutle fasse du chant clair est une des autres nouveautés de cet album. Comment avez-vous eu l'idée, sachant qu'il n'avait pas ''chanté'' dans Enslaved depuis un long moment !

Il y a plusieurs raisons, je pense. Encore une fois, je dois mentionner Iver Sandoy, notre excellent nouveau batteur ! Je dois préciser qu'il se charge de la majorité des chants clairs sur Utgard. Ca fait une vingtaine d'années qu'il fait du chant clair dans ses différents projets Pop ou Rock. A partir de là, il y avait deux possibilités : Grutle aurait pu se dire : ''Ok, je vais me mettre en retrait et me concentrer sur les growls.'' Sauf que Grutle n'est pas ce genre de musicien. En fait, il a été très inspiré par la démarche d'Iver et il s'est dit : ''Très bien, essayons de travailler pour faire en sorte que je contribue aussi au chant clair.'', chose qu'Iver a également encouragée. On peut donc dire qu'il y a eu une collaboration très dynamique et intense sur le chant pour ce disque, le résultat étant de belles harmonies. Parfois, il est difficile de distinguer qui chante quoi. La troisième raison est simple : Hakon Vinje a décidé de se concentrer sur les claviers, après avoir apporté une belle contribution en chant clair à l'album E, même s'il fait encore quelques harmonies sur Utgard. Donc ça devrait être intéressant pour les gens de nous voir jouer ces chansons sur scène ou en livestream, ils pourront mieux comprendre ce qui se passe. Je pense qu'ils seront surpris !

Petit point historique : à quand remonte la dernière contribution en chant clair de Grutle ?

Il en a fait un petit peu ici et là, mais je crois que sa contribution n'a pas été aussi importante depuis... Below The Lights

Est-ce que tu as écrit cet album en ayant les voix d'Iver et Hakon en tête ? Parce que je sais que tu le fais depuis un moment pour la voix de Grutle.

Absolument. Certaines choses ont été écrite avec l'idée générale qu'ils pourraient faire quelque chose dans un certain style. Sur Distant Seasons, j'avais vraiment en tête le type de voix claire qu'Iver chante au début de la chanson.

Comme tu nous l'as très justement dit, il est parfois difficile de savoir qui chante quoi sur le disque, je pense notamment à cette partie de chant clair presque crié à la fin de Homebound. Qui chante sur ce titre ? 

Iver s'occupe de toute les voix claires sur Homebound. Et le fait qu'il soit capable de faire ce chant clair / hurlé tout en jouant de la batterie est... vraiment impressionnant à voir ! (rires)

Comment cette idée est-elle venue ?

Iver m'a dit qu'il voulait que l'intensité monte d'un cran à la fin du titre et Grutle pensait la même chose, avoir un climax, tout simplement. Mais ils pensaient que ce serait trop facile de se contenter de mettre du growl, dans le style de composition ''classique'' d'Enslaved. Ils ont donc décidé de chercher autre chose et essayer de trouver un entre-deux. Je pense que ça a été inspiré par des groupes qui ne sont ni vraiment Metal, ni vraiment Hard Rock, notamment Motorpsycho. Ils sont connus pour avoir utilisé ce type de chant. L'influence est plus ou moins directe. 

A l'écoute, j'ai trouvé que certains riffs sonnaient très Deftones

Oh, c'est marrant ! C'est la première fois qu'on me dit ça.



Maintenant que je te l'ai dit, est-ce que tu entends des similitudes ? Parce que je sais que tu es fan de Deftones, et une chanson comme Storms Of Utgard me rappelle certains riffs d'Around The Fur

Oui, je suis fan de Deftones ! Les gens n'y pensent pas parce qu'ils considèrent que c'est très éloigné de ce que nous faisons musicalement, que ce soit du Black Metal ou du vieux Prog 70s. Mais j'écoute beaucoup ce groupe, même si je serais incapable de te dire à quel point ils m'ont influencé. Mais je pense que c'est une très bonne observation, Deftones a été un groupe très important pour moi en tant qu'auditeur. Ce qui nous ramène à un sujet discuté un peu plus tôt : faire des morceaux plus directs et mettre leurs idées en avant. Certaines pistes de Deftones font à peine deux minutes. Je pense qu'ils sont très bons pour mettre en avant des idées musicales très puissantes, sur une durée très courte. Ce groupe est beaucoup plus riche qu'on pourrait le croire au premier abord avec leur côté ''Pop commerciale''. Cet aspect est présent bien sûr, mais j'admire beaucoup leurs mélodies vocales, par exemple. Le guitariste et le batteur arrivent toujours à présenter des idées fortes sur des compositions très courtes.

Quels sont tes albums de Deftones préférés et pourquoi ?

C'est difficile à dire. J'aime beaucoup le fait qu'ils aient des thèmes assez abstraits : les paroles peuvent parler d'une femme qui dresse un cheval et tu peux prendre cette métaphore dans de multiples directions. Around The Fur est l'un d'entre eux, grâce à ce côté brut que j'apprécie. Mais Diamond Eyes est sans doute mon préféré de tous, parce qu'il y a un énorme panel d'émotions dans cet album. Ce disque est vraiment un périple, tout en ayant ces titres très courts et mémorables. Et j'aime beaucoup le son de guitare sur cet album, même s'il est très différent ce ce que nous faisons avec Enslaved. Les gens parlent tout le temps de ce gros son Néo Metal pour faire sauter les ados, mais je pense que ce type est vraiment au dessus de la mêlée. 
  
Ironiquement, le producteur de Diamond Eyes, Nick Raskulinecz, est également connu pour son travail avec Rush, dont vous êtes tous de grands fans dans le groupe. Voilà le lien entre ces deux groupes et Enslaved !

(rires) Ah, j'ignorais. Fantastique !

Penses-tu que cet album ait été en partie influencé par des groupes récents ?

Oui, j'écoute beaucoup de musique et j'essaye de rester à la page des dernières sorties, même s'il est impossible de tout suivre. J'aime écouter des jeunes groupes en festival, quand c'était possible ! Une de mes découvertes arrivée entre E et Utgard est le groupe suisse Bölzer. Je les trouve vraiment intéressants, parce qu'ils arrivent à explorer quelque chose qui est à la fois simple et complexe. J'aime aussi sa manière d'utiliser une guitare électrique à douze cordes. Je dois également dire que les voir sur scène apporte un vrai plus à leur univers. J'ai enfin pris le temps d'écouter The Furnaces Of Palingenesia de Deathspell Omega. Je ne pense pas qu'ils aient une influence sur Enslaved, mais j'apprécie leur façon de réfléchir au delà du cadre du genre dans lequel ils évoluent. C'est admirable.

Lors leur notre dernière conversation, tu m'avais parlé du prochain album de Bardspec (NDR : son projet Electro / Ambient), en disant qu'une moitié ressemblait à Hydrogen alors que l'autre moitié serait différente. 

Oui, je suis en train de commencer à travailler sur ce disque et je suis à peu près sûr qu'un nouvel album de Bardspec devrait sortir en 2021. Je pense que cette autre moitié sera plus organique, en utilisant plus d'éléments acoustiques. Je dois encore la retravailler, comme je le fais avec les parties électroniques. Ca ne sera pas joué de manière acoustique, disons plutôt qu'il y aura plus d'éléments acoustiques utilisés comme matériau brut. Je dois aussi dire qu'il y aura plus d'éléments ''folk'', et ça concerne tous mes récents projets, il semblerait. Mais ça sera exploité d'une manière différente de celle à laquelle les gens sont habitués, la fameuse vibe viking. Il y a encore tellement de choses à raconter sur ce plan : il y a la musique africaine, il y a la musique orientale, il y a tellement de magnifiques instruments à expérimenter. Cet album sera toujours du Bardspec dans le sens où, ca sera toujours de l'ambient rendant hommage aux pionniers du genre, mais dans une direction qui met plus en valeur les instruments. Il y aura également du chant, je ne sais pas encore qui ou comment ça sera fait mais je suis à peu près certain qu'il y aura des paroles, cette fois.

Est-ce que Steve Austin (Today Is The Day) est toujours de la partie ?

Non, il ne fait plus partie de Bardspec à ce stade. Depuis le premier album, il a réactivé Today Is The Day, il est très occupé. Il y a aussi tout un tas de choses qui lui sont arrivées au niveau personnel, faisant qu'il serait très difficile de maintenir cette collaboration, d'autant plus qu'il vit aux Etats-Unis, très loin de la Norvège. 



Il y a longtemps, Enslaved avait travaillé avec Peter Tägtgren (Hypocrisy) en tant que producteur pour les albums Blodhemn et Mardraum (Beyond The Within). La transition musicale entre ces deux disques est probablement la plus importante jamais opérée par Enslaved, donc je voulais en savoir plus sur son rôle, un ''simple'' rôle d'ingé-son ou s'il avait également contribué créativement à ces disques ?

Tu as raison concernant la transition entre ces deux albums. Je dois tout de même rappeler qu'Enslaved avaient produit ces albums, donc je ne pense pas qu'il ait eu un impact sur ces disques, si on considère le rôle traditionnel de producteur. Dans ce cas précis, le producteur influe sur la structure des morceaux, voire même sur la composition, mais Peter n'a pas contribué sur ce terrain. Donc nous parlons bien d'un rôle d'ingé-son, mais en terme de son, il faut rendre à Peter ce qui lui appartient : ces albums portent l'empreinte de sa production. Je pense qu'il nous a beaucoup influencé sur ce terrain, c'est la première fois qu'on travaillait avec un vrai ingé-son Metal. Pour les précédents albums, nos ingé-son se contentaient de... comment dire...  d'amplifier notre son et de l'enregistrer sur bandes de la meilleure façon possible. Mais ils n'avaient pas cette idéologie Metal en terme de son, pour le meilleur et pour le pire d'ailleurs ! Peter a contribué à sculpter le son de groupes comme Immortal ou Dimmu Borgir, avec cette production Metal puissante, traditionnelle et cette expérience avec lui nous a ouvert les yeux : nous étions certain qu'on y retournerait, raison pour laquelle nous avons travaillé avec Jens Bogren par la suite. On avait envie que notre son ait ce côté puissant. Mais d'un autre côté, ça nous a aussi rappelé de toujours garder à l'esprit notre identité sonore au moment d'enregistrer. Donc oui, à beaucoup d'égards, cette collaboration avec Peter a été très utile !

Enslaved est signé chez Nuclear Blast Records depuis bientôt dix ans (NDR : avec l'album RIITIIR). Cette collaboration est donc presque aussi longue que votre historique partenariat avec les Français d'Osmose Productions. Tu sais bien que de nos jours, dès qu'un groupe signe chez Nuclear Blast Records, les gens ont tendance à penser que leur musique va être impactée de manière négative. As-tu déjà eu l'impression que le label essayait d'influer sur vos décisions artistiques ?

Non, pas du tout ! J'ai été un peu surpris que certaines personnes disent que cette signature allait impacter notre musique ou notre son. Nous connaissions leurs méthodes de travail bien avant que cette signature se fasse. A l'époque de Vertebrae et Axioma Ethica Odini, Nuclear Blast Records était notre label américain. Nous connaissions l'équipe américaine depuis bien longtemps, ils venaient déjà à nos concerts aux Etats-Unis à la fin des années 90 ! Ils nous ont contacté en disant : ''Nous voulons un groupe comme Enslaved, avec votre propre son !'', certainement pas avec une volonté de changer quoi que ce soit dans notre son. Bien sûr, le gars du marketing va te dire que c'est difficile de caler telle chanson sur une playlist ou en radio parce qu'elle dure je ne sais pas trop combien de temps ! On pourrait arriver à l'inclure sur une playlist Prog, mais le chant est trop extrême pour que ça passe. Parfois c'est l'inverse, il y a trop de chant clair pour cette playlist Black Metal ! Mais il n'y a jamais eu de tentative d'interférer sur le processus créatif. Ils nous ont donné des retours sur nos albums en tant que fans de notre musique, rien de plus.

J'ai lu que le fait d'inspirer des gens comptait énormément pour toi. As-tu déjà entendu un.e artiste qui t'aurait fait forte impression tout en revendiquant l'influence d'Enslaved ?

Oui, j 'ai rencontré des musiciens de certains groupes qui disaient nous avoir beaucoup écouté, et même parfois avoir été inspiré par Enslaved. Je crois que ma surprise était aussi grande que certains fans pourraient l'être en apprenant que je suis fan de Deftones, parce que ça ne s'entend pas vraiment. Je peux à nouveau citer Bölzer, par exemple : j'ai eu le plaisir de les rencontrer et qu'ils me disent avoir été inspirés par notre musique. Et le fait qu'ils m'aient eux même inspirés par la suite est quelque chose d'assez puissant. Mais ce qui me marque le plus sont les gens qui donnent une petite place à Enslaved dans leur vie, qui nous disent avoir passé du Enslaved à leur mariage. Le fait que notre musique accompagne les gens dans leur voyage à travers la vie.

Lors de notre dernière interview, nous avions parlé de votre reprise de Return To Yggdrasil avec Einar Selvik (Wardruna) et tu m'avais dit qu'il y en aurait probablement d'autres. Avez-vous avancé là-dessus et penses-tu que vous pourriez en faire un disque ?

(rires) Bonne question ! Malheureusement, rien n'a avancé sur ce plan, nous sommes tous les deux très occupés. Nous avons juste eu le temps de faire quelques concerts pour la sortie de l'album Hugsjá. Je peux te dire que nous allons sortir cette reprise de Return To Yggdrasil, probablement aux alentours de début 2021. Comme ça, les gens pourront écouter une vraie version studio. Mais cette version n'est ''qu'une'' reprise faite par notre groupe. La suite logique serait d'inviter Einar pour jouer avec Enslaved et que nous fassions une reprise de cette reprise. (rires) Est-ce qu'il y a de quoi faire un album entier ? Oui, je le pense mais je ne sais pas vraiment la forme que ça pourrait prendre. Je ne suis pas certain qu'il aura un jour le temps de se consacrer à un tel projet. 

Pour finir, j'ai été amusé de lire certains commentaires disant qu'Enslaved sortait le même album depuis quinze ans. Pourtant à mon avis, vous avez essayé beaucoup de choses différentes depuis Ruun. Comment perçois-tu l'évolution de votre musique depuis cette époque ?

Je trouve que c'est une perspective intéressante de dire ça. Visiblement, ils n'entendent pas la même chose que moi ! Mais j'imagine que pour certains, avoir essayé toutes ces choses fait que tout se ressemble et que ton public s'attend quelque chose d'inattendu. Franchement, ça ne me pose pas de problème. Tout ça est une histoire de recherche et d'expérimentation et je pense qu'on essaye d'étendre le spectre de notre son, tout en solidifiant son noyau dur. Ca se fait petit à petit, album par album et à mon avis, Utgard montre que nous ne sommes jamais allés aussi loin dans ce processus, nos fondations sont de plus en plus solides. Mais je ne crois pas qu'on soit arrivé au bout de ce voyage, bien au contraire ! C'est stimulant d'avoir trouvé de nouvelles manières d'exprimer nos idées et je me sens prêt à continuer sur cette voie.

Neredude (Janvier 2021)

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