"Plus le groupe avance, plus notre musique se radicalise." Regarde Les Hommes Tomber

L'attente aura été longue pour les fans de Regarde Les Hommes Tomber. Presque cinq ans après Exile, leur troisième album Ascension est enfin dans les bacs et montre ce qui semble être une évolution naturelle dans le son du groupe. Beaucoup plus orienté Black Metal, l'album forme un ensemble plus rapide et agressif qui permet également au quintet d'explorer de nouveaux horizons musicaux. Nous en avons discuté en détail avec T.C (chant) et A.M (guitare) en plus d'évoquer entre autre leur travail de collaboration avec Hangman's Chair


Photos par David Fitt

Question un peu nulle mais de rigueur : quatre ans et demi se sont écoulés entre Exile et Ascension, qu’est-ce qui explique ce laps de temps ? 

T.C (Chant) : On a fait beaucoup de concerts après la sortie d’Exile en France et en Europe et suite à cela, on a pris un break d’environ quatre mois pour se poser et se ressourcer. On a recommencé à bosser à partir du printemps 2018.

A.M (Guitare) : On a conscience d’avoir beaucoup joué, on a d’ailleurs fait une superbe tournée avec les Allemands de Der Weg Einer Freiheit. Donc on a pris une pause durant laquelle on ne s’est pas vus, on n’a pas joué de musique et après on s’est mis à la composition de l’album pendant un an. Et puis quelques fois il faut retourner dans l’ombre, car tu risques d’épuiser le public et puis toi-même tu en as ras le bol. Et on n’est pas un groupe qui arrive à écrire sur la route, il nous faut certaines conditions. Après pour parler plus en détail de la cuisine interne, on était courtisés par Season Of Mist depuis un moment mais pour signer chez eux il fallait un album et de notre côté on devait ressentir le besoin d’en composer un. Sur cette sortie, j’ai plus pris part à la composition et question logistique j’étais sur Paris alors que le reste des gars était à Nantes. 

Ok, je comprends pourquoi l’album sonne différemment, j’ai presque l’impression d’entendre un autre groupe sur Ascension. Je lui trouve un côté plus Black Metal Old School alors que le Post Metal a plutôt reculé. C’est arrivé naturellement ou bien c’est une direction que vous avez prise intentionnellement ? 

A.M : Jusque-là c’est surtout JJS qui composait et de mon côté j’avais un stock de riffs. Regarde Les Hommes Tomber fonctionne avec des flammes individuelles retravaillées collectivement et ça a été le cas avec les riffs que j’ai proposés. Le morceau sorti en avant-première, A New Order, c’est lui qui a indiqué la marche à suivre pour le reste du disque : des titres longs avec trois ou quatre mouvements, plus intenses, plus extrêmes (c’était une volonté que je partageais avec le batteur). On s’est posé la question de partir sur quelque chose de plus atmosphérique ou ambient, mais ce qui est resté c’est finalement la voie la plus extrême, je pense qu’on voulait se prouver qu’on était capables de choisir cette direction-là.

T.C
: Le propos s’est beaucoup radicalisé avec cet album, avant c’est vrai qu’on brassait des influences plus Doom ou Post (même si on a horreur de ce terme). Là, Ascension  dégage quelque chose de plus frontal, sombre, lumineux par moments. 

Est-ce que tu as participé à la composition ? 

T.C : Pas à la composition mais à l’interprétation. On a la chance d’avoir un parolier, Enoch, qui nous écrit nos textes et qui me laisse le champ libre quant à la façon de les incarner. J’ai pris plus de risques sur ce disque, je ne me suis pas contenté de ce que je savais faire, mais j’ai essayé de me mettre plus en danger. Ça n’a pas été facile, mais je trouve que ça rend quelque chose de spontané et simple paradoxalement. 

Je me souviens que vous disiez qu’avoir un chanteur n’était pas facile pour vous, et que pendant la composition d’Exile vous étiez beaucoup sur le dos de Thomas à lui dire comment faire. Est-ce que que vous l’avez encore contrôlé cette fois ? 

T.C : Il n’y a pas véritablement de contrôle car je ne suis pas simplement un outil, j’ai ma sensibilité artistique aussi. Donc oui, il y a eu des prises de tête artistiques, des choix à faire, mais on arrive à un consensus qui nous convient à tous. Même moi, je défendais des idées qui finalement auraient été moins bonnes que celles qui ont finalement été retenues, en somme tout le monde a mis de l’eau dans son vin. 

A.M : Sur Exile, Thomas venait d’arriver dans le groupe et il a dû se plier à nos exigences alors qu’il avait cette force de caractère pour nous dire non et qu’il n’était pas d’accord avec certains choix. Sur cette tournée avec Der Weg Einer Freiheit, il testait de nouvelles choses sur scène tous les soirs et je l’ai encouragé à continuer dans cette voie pendant la composition du nouvel album. De son côté, il a beaucoup bossé et on lui a dit d’être spontané au moment d’enregistrer le chant, du coup on a fait de nombreuses prises qu’on validait ou non et on s’est vraiment éclaté à travailler là-dessus. 

T.C : Oui j’ai pas mal travaillé en amont mais une fois arrivé en studio j’ai peut-être seulement exploité 60 ou 70 % de ce que j’avais en tête pour garder cette part de spontanéité et de créativité qui était présente pendant l’enregistrement. Au final, bosser sur des prises en one shot plutôt que de découper toutes les phrases pour les enregistrer a donné quelque chose d’organique et c’est ce qu’on recherchait en général, y compris pour les instruments. 

Est-ce que Urfaust fait partie de vos influences ? Les parties en chant clair de Ascension m’y ont fait penser.

T.C : C’est marrant parce que je suis beaucoup plus influencé par le Rock Gothique de Sisters Of Mercy, Type O Negative ou Clan Of Xymox que par Urfaust. J’aime bien ce groupe mais sans plus et tu n’es pas le premier à faire cette comparaison mais ce n’était pas le but recherché. 

Comment est venu ce chant clair, jusque-là absent de vos morceaux ? 

T.C : C’est venu super intuitivement, je n’ai pas voulu en mettre beaucoup car je ne cherche pas à devenir un chanteur clair, mais il y avait quelques passages (seulement deux ou trois) où ça s’y prêtait bien. C’était très intuitif et même s’ils ne sonnent pas forcément hyper juste, le but était vraiment d’être sur le fil et de restituer une émotion. 

A.M, tu m’avais dit pour Exile qu’il n’était pas facile que tout le monde soit satisfait des compos, comment ça s’est passé cette fois ? 

A.M : Notre priorité est que tout le monde soit d’accord en effet, donc ça prend du temps et encore plus sur cet album qu’on l’a vraiment travaillé dans le dur. Comme je te disais, je suis arrivé avec des idées de leads pour les morceaux et on brodait dessus en répète. C’est un processus harassant qui consiste à jouer et rejouer jusqu’à trouver la suite des compos. Je suis assez fier de cette manière de travailler parce que beaucoup de groupes aujourd'hui fonctionnent avec un gars qui compose tout sur Cubase et envoie le résultats aux autres qui se contentent d’appliquer. Avec Ascension on a donc travaillé la compo comme ça pendant un an et puis on a pu faire trois jours de pré-production avec Francis Caste. Pendant ce laps de temps, on a enregistré notre album un mois avant de vraiment passer en studio et on est donc repartis avec une version maquette de l’album, puis on a pu se faire plaisir sur les arrangements en studio puisque toute la composition était bouclée. Pour Exile il y a eu plus de précipitation tandis que pour cette sortie on était plus sereins, après est-ce que ça fait varier sur la qualité, je ne sais pas…



Du coup, sur Ascension tu es le compositeur principal…

A.M : C’est compliqué d’endosser un tel rôle. J.J.S l’autre guitariste apportait plus de choses avant, il a quasiment composé le premier album tout seul et on a commencé à travailler ensemble sur Exile. Avec Ascension, c’était plutôt moi qui étais à l’origine des premières idées, en effet, qu’on retravaillait ensuite. C’est moi qui écoute le plus de Metal extrême dans le groupe donc ça a forcément influencé la musique sur ce disque, et ça nous fait marrer de nous dire qu’à mesure que le groupe avance, la musique se radicalise. 

T.C : C’est un peu l’inverse de beaucoup de groupes qui au fur et à mesure de leur carrière vont être plus accessibles et plus mainstream. Nous assumons ce choix d’être plus extrêmes.

A.M : C’est même pas un choix stratégique, c’est réellement venu comme ça. 

T.C : Cet album a joué un rôle tellement cathartique sur nous qu’il fallait qu’il soit violent. 

En 2015 tu me disais « Regarde Les Hommes Tomber, c’est le jeu de guitare de J.J.S », est-ce toujours d’actualité ?

A.M : Bonne question, c’est intéressant de faire un parallèle comme ça. J.J.S a vraiment posé les bases du groupe en effet, mais j’ai une façon de jouer vraiment différente. Je joue beaucoup en la, je suis très influencé par des groupes finlandais comme Sargeist ou même des groupes français début 90 peu recommandables dans les idées comme Seigneur Voland. Un de mes groupes français préférés en ce moment, malgré les idées, c’est Caverne que je considère comme un vrai génie musicalement. J’aime beaucoup les riffs épiques, que certains qualifient de Pagan, bien que je ne me reconnaisse pas dans cette étiquette. Du coup cette fois, je suis arrivé avec des idées et J.J.S s’est complètement adapté et a apporté la touche Regarde Les Hommes Tomber, sachant que je serais incapable de composer seul un album qui sonne Regarde Les Hommes Tomber. C’est une œuvre qui s’est co-construite. 

Est-ce que votre collaboration avec Hangman’s Chair (NdR : pour le concert Major Arcana programmé par Førtifem) a eu un impact sur Ascension

T.C : Pas du tout, car la première répète que l’on a fait avec eux a eu lieu le premier weekend de notre semaine de studio. Mais alors qu’on avait peur d’être rincés et de ne rien pouvoir faire, cette collaboration s’est révélée hyper exaltante, on a pu s’extraire des compos dans lesquelles on baignait depuis un moment pour jouer de vieux morceaux. 

Comment avez-vous travaillé pour faire du Regarde Les Hommes Tomber vu par Hangman’s Chair et inversement ? 

A.M : On a vraiment répété comme un groupe de Rock. Et il faut dire que Hangman’s Chair nous a accueillis comme des princes. Déjà, on a pu bosser avec eux comme on le fait entre nous, c’est à dire en se retrouvant et sans s’envoyer des bouts de riffs par mail. Donc on est allés à leur local en banlieue où ils avaient installé deux batteries, les guitares, etc. On est arrivés, on a pris les instruments et on a joué. On s’était fixés un petit canevas à savoir jouer deux morceaux de chaque formation. Hangman’s Chair n’avait pas vraiment l’habitude de procéder comme on le fait car ils écrivent beaucoup en amont, et en face nous sortions de mois de compositions avec des cerveaux en ébullition : il suffisait d’un riff pour qu’on décolle et qu’on enchaîne tous ensemble. Par exemple J.J. voulait travailler sur Can’t Talk de Hangman’s Chair, et alors qu’on avait un peu de mal à se le réapproprier, j’ai trouvé des idées laissées de côté pour l’album qui collaient parfaitement avec le titre original, donc ça s’est fait très naturellement. 

T.C : Ca a été un processus hyper créatif, une super rencontre humaine et artistique. Et puis Mehdi et Clément de Hangman’s Chair nous ont mis en place une résidence aux Cuizines de Chelles quelques jours avant pour bosser le set et le rôder jusqu'à être fin prêts. 

J'en avais discuté avec James Kent (Perturbator) et pour lui, c'est justement cette résidence qui a permis de faire la différence entre votre collaboration, Nostromo x Dehn Sora et Alcest x Perturbator.

A.M : C'est pas faux. On s’est donné les moyens, mais il ne faut pas se leurrer, on a plus de choses à prouver que Perturbator et Alcest et eux ont aussi des agendas chargés. On avait également un planning de dingue : quand j’ai appelé Mehdi en mars pour lui soumettre le projet il était emballé mais ne savait pas comment boucler ça…

Quand avez-vous commencé à répéter ? 

A.M : En juillet (ndlr : le concert s’est tenu le 25 septembre), on a fait quatre répétitions et deux jours de résidence. Et sur scène, on a aperçu Francis Caste dans le public (qui connaît bien Hangman’s Chair et que l’on a rencontré aussi) qui avait l’air de prendre son pied. Il est venu nous voir après en nous disant « Les gars c’était génial. Je m’attendais à un braquage, un truc où vous n’alliez pas trop vous faire chier tout en étant filmés par Arte et en empochant un chèque. Mais vous avez vraiment bossé ! », et c’était bel et bien l’objectif qu’on avait. 

T.C : On souhaitait faire quelque chose qui nous ressemble et travailler comme deux vrais groupes en un, ça a été fédérateur. 

Est-ce que cette expérience qui s’est révélée riche créativement parlant, et qui débouche sur 15 minutes supplémentaires pour votre set au Roadburn et à Dour, vous a donné envie de poursuivre la collaboration sur album ? 

A.M : Alors il faut garder à l’esprit que faire de la musique nous prend un temps colossal et c’est probablement la même chose pour Hangman’s Chair. Ce qui nous a semblé être à première vue une sorte de « galère » avec de belles promesses à la clé (un beau projet au Trianon, pour nos amis de Førtifem et le tout filmé par Arte) s’est avéré être une bulle d’air au milieu de nos deux projets prenants. Alors ça nous a ouvert les portes du Roadburn et c’est fantastique, mais je ne sais pas ce que ça donnera à l’avenir. On valorise aussi l’aspect spontané de la chose et on apprécie que ça ait pu toucher des gens. Pour l’anecdote, juste avant le concert on a donné une interview avec Mehdi d’Hangman’s Chair et on ne s’attendait à rien, donc on est vraiment ravi d’avoir touché le public. 

Toujours en 2015, tu me disais que tu n’étais satisfait de votre musique qu’en la jouant sur scène, ce que J.J.S avait confirmé. Est-ce toujours le cas ? 

A.M : Il y a un côté assez stressant dans le fait d’enregistrer un album car c’est une photographie  du groupe à un instant T. Tandis que les concerts, j’en suis persuadé, gravent les morceaux dans l’éternité. Sur Ascension on a eu plus de temps pour se préparer donc je dirais qu’on a atteint une forme plus finie. Mais il est clair que Regarde Les Hommes Tomber s’apparente à des concerts et que le groupe vit grâce à ça.

T.C : Et puis nos morceaux évoluent avec le temps sur scène, on peut y mettre plus de breaks, accélérer le tempo, etc. C’est vivant, comme une glaise que l’on peut modeler selon l’envie du moment.



Vous mettez en musique des thèmes plutôt mystiques et eschatologiques. Quelle place occupe la spiritualité dans le groupe et vos vies personnelles ? 

A.M : Personnellement ce sont des choses qui m’intéressent. Pour ce qui est du groupe, la musique reste au premier plan, puis viennent les textes de notre ami Enoch, puis il y a les visuels et enfin l’histoire que l’on raconte à travers les pochettes. Je vois tout cela comme un syncrétisme de Regarde Les Hommes Tomber. Par ailleurs, on a tous nos croyances propres. A l’origine du groupe, J.J. avait une vision très introspective de la musique et sur cet album je me suis permis d’être plus revendicatif. Je vois la Chute comme une chose positive car elle est émancipatrice, que ce soit dans la Cabbale ou dans d’autres textes. Elle permet de s’affranchir de Dieu là où, dans les religions monothéistes, les prières et cérémonies servent à restaurer le rapport entre le divin et l’humain. Et puis je me suis intéressé à la pensée gnostique chrétienne pour un point, à savoir que les gnostiques considèrent Dieu comme un démiurge, ce que je trouve fascinant. Et puis quand tu lis l’Ancien Testament, tu réalises que Dieu est une pourriture, c’est en tout cas ce que je crois. Nous avons tous nos croyances propres comme je le disais mais il y a ce genre de thèmes sous-jacents dans Regarde Les Hommes Tomber

T.C : Ça reste de l’Art, donc sujet à l’interprétation. Chacun l’interprète comme il le veut, c’est une musique qui nous parle et on prend du plaisir à faire ça en espérant que les gens y prendront autant de plaisir. 

Vos concerts sont bien remplis, vous avez joué au Hellfest, signé récemment chez Season Of Mist : quels sont vos prochains objectifs ? 

A.M : Avec la signature chez Season Of Mist on espère, via une grosse distribution, jouer de plus en plus à l’étranger, particulièrement en Europe. On a fait une tournée avec Der Weg Einer Freiheit qui s’est super bien déroulée et je pense que l’on a les cartes en main pour bien marcher à l’international. 

T.C : On a pour objectif de tourner, on a faim de route…

A.M : On a beaucoup bossé avec le groupe, et désormais notre objectif va être de soigner de plus en plus les concerts avec une forme un peu différente tout en restant assez instinctifs dans notre démarche. On va proposer quelque chose de plus brut, plus assumé et plus sobre. 

Quelles ont été vos grosses claques en concerts ou sur album en 2019 ?

T.C : Le dernier Drab Majesty est incroyable, c’est un bel hommage à la scène Goth des années 80.

A.M : Je retiens The Furnaces Of Palingenesia de Deathspell Omega, qu’ils ont enregistré en live. J’ai passé deux jours à lire l’interview de Bardo Methodology car elle est très longue mais elle apporte des réponses. Contrairement à nous qui abordons les choses d’abord par la musique, chez Deathspell Omega tout part du verbe. Sinon j’ai beaucoup aimé le dernier Magma, certains ont été déçus mais j’ai trouvé Zess  magnifique. Christian Vander a 72 ans et il chante toujours aussi bien. Et puis, comme je le disais la spiritualité a de l’importance à mes yeux et je vois l’œuvre de Magma comme le voyage d’une vie. Et puis le groupe reprend de vieux thèmes pour les transformer et les rendre plus apaisés, vraiment j’ai adoré cette version. Sinon Volahn a sorti un EP à la gloire de Emiliano Zapata que j’ai trouvé cool, le dernier EP de Sargeist est sa meilleure sortie depuis des années. Et j’attends le prochain Caverne avec impatience. 

Tu m’amènes à ma dernière question, tu m’avais parlé de Nécropole en 2015, un groupe dont on ne connaissait pas encore les idées en à l'époque.

A.M : Oui c’est vrai, mais en lisant les paroles on a vraiment compris de quoi il s’agissait. En toute transparence, c’est le même mec derrière Nécropole et Caverne, je trouve que c’est un génie mais il a un défaut : son obsession antisémite. C’est la même faiblesse que pour Céline. J’adore cet écrivain qui est l’un des plus grands auteurs du vingtième siècle, mais ses pamphlets sont aberrants car il était malade. Par contre, musicalement ces deux groupes restent incroyables. 

Comme Deathspell Omega, dont le chanteur a aussi des idées répréhensibles.

A.M : Oui tout à fait et je rebondirais sur l’interview du groupe à ce sujet : le guitariste explique qu’ils ne sont pas tous sur la même sensibilité politique et que ça permet de nourrir le groupe. Chez Regarde Les Hommes Tomber, on a tous des idées différentes et je pense que cela contribue au groupe. Il y a tout un débat sur la politique et le Black Metal et personnellement, je m’en fous. J’écoute du Black Metal et par essence c’est une musique méchante et si ça ne te convient pas, c’est que cette musique n’est pas pour toi. Par exemple voir un festival Ukrainien où l’on se revendique du Hooligan Black Metal, avec 50 gars dans la rue fumigènes à la main c’est contraire à l’esprit du genre. C’est une musique individualiste et pas pour les masses. C’est pour cela qu’à mon avis Black Metal et militantisme politique ne peuvent pas fonctionner ensemble. Le dernier Deathspell Omega est un bon exemple car c’est un pamphlet fasciste complètement délirant que certains ont pris à tort au premier degré. Et pour faire un parallèle, notre album s’appelle Ascension. Moi j’en ai un peu marre des groupes de Black Metal romantiques des années 90, scarifiés de partout et torturés. On vit dans une époque difficile et il faut une certaine discipline pour traverser ça, c’est ce que j’aime dans la scène actuelle : elle est pleine de détermination. C’est ce qu’on exprime avec un titre comme Ascension, c’est le feu intérieur, une quête spirituelle pour s’émanciper de plein de choses. 

Neredude (Mars 2020)

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