|
Russian Circles par skype, juillet 2019
C’est le mois de juillet, nous sommes dans le jardin de Justine. Des corbeaux qui croassent en fond sonore pour le côté gothique et une petite bière à la main pour le côté apéro ; il est 21h ici. Il doit être quelque chose comme 15h vers Chicago, ville vers laquelle se dirige la mélodieuse sonnerie de notre appel Skype. A en croire l’interlocuteur qui nous répond, qui selon ses dires est quelque peu dénudé, il fait très chaud là-bas aussi. Dans quel sens réellement, nous ne le saurons jamais ! C’est dans tous les cas Mike Sullivan, guitariste et principal compositeur de Russian Circles qui a accepté de répondre à quelques questions pour la sortie de Blood Year, leur dernier album.
Adrien : Tu nous entends ? Ici Adrien et c’est Justine. Mike Sullivan : C’est une discussion vidéo ? Justine : Si tu le veux, sinon ce n’est pas nécessaire. Tu nous entends ? Mike : Je vous vois les gars, vous pouvez me voir ? AJ : Non ! (rires) Mike : Tant mieux, je suis en plein milieu d’un tournage porno en ce moment. (rires) J : C’est un peu perturbant que tu puisses nous voir et que nous ne pouvons pas, mais ce n’est pas grave ! Mike : C’est mieux, vous ne voulez pas voir mon cul ahah. J : Ah dommage !
A J : Commençons par le nouvel album, Blood Year. Il va plus directement dans la lourdeur que ce que vous avez fait avec Guidance. Cet album est clairement plus Post-Metal que Post-Rock, après un album très organique, presque triste et désespéré qu’était Guidance. La rage revient-elle à la surface ?
Cet album est plus heavy de manière intentionnelle. Avant de commencer à arranger les sons, nous nous sommes concentrés à être plus conscients de ce que nous essayions de faire à ce moment. Nous sommes un peu revenus sur les morceaux mélancoliques et nous sommes plus concentrés sur les parties plus lourdes et saturées de nos morceaux. Quand nous jouons live, nous gravitons de manière habituelle autour des morceaux les plus lourds de nos albums quoi qu’il en soit. Donc nous nous sommes dit : « Essayons d’être honnêtes et de faire un album qui est le reflet de ce que nous sommes actuellement. » Cela a engendré quelques discussions avant de commencer à écrire et ensuite, une fois que nous étions tous à la même page, c’était genre « cool, on sait ce que l’on vise et que l’on veut atteindre donc laissons-nous graviter autour de l’obscurité » et cette fois nous ne nous sommes pas trop souciés du côté plus léger et lumineux.
J : Avez-vous perdu espoir ? Cet album, plus sombre est-il un reflet de ce monde se dirigeant vers sa fin ?
Je dirais que je ne suis pas vraiment une personne dépressive. Nous ne sommes pas des gens déprimés mais je dirais que nous avons bien sûr des côtés plus ténébreux, à l’image de chaque être humain et pour moi il s’agissait plutôt d’être plus honnête. Je préfère creuser et trouver quelque chose enfoui au plus profond de nous, au lieu d’émettre quelque chose de plus… d’un peu plus joyeux. Ce n’est pas ce dont il est question ici. Pour moi et pour le groupe, il est plus à l’ordre du jour d’émettre quelque chose qui renvoie peut-être à un aspect plus sombre des choses. Mais ce n’est pas à propos de tout, ce n’est pas une période critique. Il n’y a pas de dépression personnelle ou de problème personnel pour aucun de nous. C’est juste que nous avons essayé de canaliser les ténèbres et les utiliser comme une forme d’expression, que d’autres personnes pourraient ressentir de la même manière mais peut-être pour des raisons complètement différentes. Donc, il s’agit plus de l’expression d’un sentiment que de quelque chose de concret.
A : Dans cet album, la basse et la batterie ont un son très lourd et sont très en avant dans le mixe. Était-ce un souhait du groupe ? Ou penses-tu que la collaboration avec Kurt Ballou a pu vous influencer au travers des années pour aller vers un album plus massif ?
Ceci est dû en partie à la nature du studio où nous avons enregistré… une grande partie du son final a été d’écouter Kurt Ballou mixer la batterie dans ce studio. C’est vraiment une signature sur le son, la batterie dans ce studio… On était vraiment contents du mixage. Et une fois que nous avons pu entendre à quel point la batterie sonnait bien pour nous, nous ne voulions pas l’enterrer avec d’autres instruments. On a pensé que les instruments avaient chacun leur propre vie et on n’a pas voulu rajouter de mascara, on pouvait laisser les choses telles quelles, ce que nous n’avions jamais fait dans nos albums, je ne crois pas. C’est une autre chose qui n’a pas nécessité beaucoup de discussions, juste "très bien, écoutez ça et réfléchissez-y", mais ce ne fut pas tant une question de collaboration que de laisser les instruments sonner d’une manière où ils n’avaient jamais été poussés jusqu'alors. Et pareil avec la basse, qui a aussi été enregistrée sur une piste audio analogique, ce qui a pu contribuer à ce son. La guitare a été enregistrée dans un studio différent.
J : A ce sujet, Adrien et moi sommes en désaccord. Pour Adrien la basse et la batterie sont plus présents. Pour moi il y a un retour de la guitare que je trouve plus présente sur cet album que sur les précédents. Parce que j’ai le sentiment que depuis l’entrée de Brian Cook dans le groupe, les trois instruments ont une position tout à fait égale dans Russian Circles. Il n’y a pas une star et les trois musiciens vous avez quelque chose à dire et il y a quelque chose d’important dans l’expression de chaque instrument. Mais je ressens que dans ce nouvel album, la guitare est plus présente qu’elle ne l’a été précédemment.
C'est cool à entendre, j’apprécie beaucoup d’entendre ça ! Je pense qu'il y a plus de guitare techniquement parlant que dans les albums précédents. Pas tant concernant le nombre de pistes à proprement parler, mais plus sur la complexité et le jeu technique à certains moments. C’est compliqué parce que chaque enregistrement semble identique et en même-temps semble différent. Il y a des éléments qui semblent familiers et des éléments qui me semblent différents sur cet album et l'approche n'était pas fondamentalement différente pour la guitare, mais il y a - j'essaie de réfléchir à la façon dont je peux articuler cela - on a essayé de se concentrer sur le morceau d'abord et de voir ce dont il pouvait avoir besoin. Et donc il y a eu un cas d’un morceau que nous avons réarrangé douze fois différentes. Nous avions douze versions différentes de ce morceau pour essayer de trouver la version appropriée. Et dans ce cas nous avions commencé de manière extrêmement minimaliste, nous n'avions pas de guitare taping du tout alors que la version finale est devenue un morceau très différent où la place de la guitare avait complètement changée. Il arrive parfois que des morceaux plus anciens nécessitent d’avantage d'idées lorsque se déroule le processus d'écriture.
J : Comment cela se passe-t-il entre vous trois pendant la composition des morceaux ? Mike es-tu le seul qui compose ou bien même Dave peut être à l’origine de certains morceaux ? 95% du temps cela vient de la guitare. C’est la façon typique dont ça fonctionne pour nous, par exemple pour cet album. Quand une idée émerge, elle est suivit de nombreux emails. « Je pense que c’est approprié ou que ça vaut le coup pour vous les gars. » Une fois que Brian et Dave sont dessus, ils commencent à suggérer ce qu’ils ressentent. Et quand nous sentons que nous avons une bonne idée que tous les trois apprécient ou se sentent bien, Dave commence à travailler sur le son et le squelette de chaque morceau. Quand nous avons un arrangement approprié entre Dave et moi, nous pouvons l’envoyer à Brian qui commence à trifouiller et à voir comment il peut ajouter un synthé, de la basse ou du baryton. Et une fois que Brian est dans l’équation, cela change tout le spectre sonore du morceau. C’est similaire à ce que tu as dit il y a deux minutes. Nous aimons avoir des compromis et des échanges. Je ne veux pas dominer tout le mixe. Je veux que Brian soit mis en avant tout le temps et aussi le laisser respirer. Parfois il est important de savoir se taire et de laisser les autres jouer de la même façon que vous jouez. C’est quelque chose sur lequel je travaille encore, mais quoi qu’il en soit, dès que Brian est dans l’équation, c’est à ce moment qu’un son est en train de finalement devenir un morceau de Russian Circles. Il y a aussi des cas où Brian a écrit aussi des morceaux, comme le morceau Ghost On High qui est de sa composition.
J : Concernant le processus créatif, quelle est l’étincelle à l’origine d’un morceau de Russian Circles ? Par exemple dans l’album précédent, certaines photographies ont inspiré certains morceaux. Quelque chose de similaire est-il arrivé dans Blood Year ?
Je pense que c’est différent pour chacun de nous. Je ne peux pas dire que l’artwork de l’album n’a pas été influencé par ces photos mais… ce n’est pas un album concept par ses significations. La musique, comme je l’ai dit plus tôt, est quelque chose qui vient juste pour nous. Nous ne parlons pas d’émotions sauf s’il y a vraiment un problème. Quand il s’agit de musique, on la laisse parler d’elle-même. Il n'y a pas de sujet, il n'y a pas de concept réel caché derrière cela. De toute évidence, il s’agit de choses qui se passent dans nos vies et… au lieu de les aborder par des noms dans une forme de thérapie… La musique est pour nous une forme de thérapie, et c’est le cas pour la plupart des artistes. Donc, il n'y a pas d'événements spécifiques. Je veux dire, il y a des événements dans ma vie et dans celle de mes band mates, mais nous laissons de côté la question du bonheur, ce n’est pas dans la musique directement. Dans la musique se retrouve l'expression de comment on ressent plus que quelque chose qui se passe exactement. Nous aimons la garder intentionnellement ouverte, si cela a du sens. Ouverte à l'interprétation.
A : J’aime beaucoup l’atmosphère dans Kohokia, peux-tu parler de ce morceau ?
Ce morceau est un peu sorti de nul part. La première partie du morceau est un très bon exemple, parce que quelque chose est venu lorsque je riffais avec les gars, une bonne surprise de ce que l’on peut faire ensemble, d’une manière très excitante. En tant que morceau très sombre, cela commence doucement avec des progressions, puis la chanson se dévoile et elle devient plus technique, plus radicale. Et certains de ces riffs traversent… J'ai une archive de riffs, une bibliothèque de riffs en cours et j'essaie de trouver un riff par jour et je suis venu à montrer celui-ci à Dave. Il a dit « Qu’est-ce que c’est que ça ?! » et moi « Non, ce n’est pas un bon candidat pour notre composition » « Non, cela correspond totalement au morceau sur lequel nous travaillons, nous allons voir comment on peut l’y intégrer ! » ; Je trouve ça cool d’avoir un membre du groupe qui suggère une idée à laquelle je n’aurais jamais pensé. Donc Kohokia est un très bon exemple de membre du groupe, principalement Dave ici, suggérant des parties auxquelles je n’aurais jamais considéré existé dans le morceau. C’est la beauté du processus d’écriture. Kohokia était en quelque sorte partout. Cela sonne comme nous.
J : Aussi, à propos de Milano, on y trouve quelque chose d’un peu oriental. Était-ce le but à la base, ou bien c’est juste venu comme ça et vous avez continué à vouloir sonner de cette façon ?
C’est drôle, comme on se fie à ce qui sonne bien à nos oreilles, à ce qui nous fait plaisir, à ce que l’on veut entendre. Et donc ce riff vient juste de quelque chose qui sonne bien, vous savez, ne pas penser aux notes, ne pas trop penser. Juste aller simplement vers ce qui sonne bien à nos oreilles. Je ne pensais pas trop aux gammes ni à la clé, je jouais simplement un riff, douze notes, les mélanger, m'amuser avec elles, comme ça… cette mentalité. Et ce ne n’était que ça jusqu'à ce que nous enregistrions. Kurt Ballou, le producteur a mentionné : « Cela sonne un peu égyptien… » Puis nous avons forcé un peu le trait avec ses conseils, en ajoutant seulement quelques éléments et en la rendant juste encore un peu plus orientale.
J : Une question que je me pose depuis que je vous écoute, est à propos du titre de vos albums ou de vos compositions. Beaucoup d’entre elles ont des noms de villes ou de pays. Il y a un secret derrière ça ?
C'est différent pour chacune d’elles. Dans le cas de Sinaia, une ville de Roumanie, de Milan qui est évidemment en Italie, les deux morceaux ont été écrits quand nous étions là-bas. Sinaia a été écrit dans la ville de Sinaia et c’est similaire pour Milano qui a été écrit en tournée et dans la ville de Milan. Aussi des fois… pour des démos ou des morceaux plus vieux, ce sont des noms de références, des titres de travail. Il y a aussi d’autres connections pour nous qui nous lient à Milan. Mais c’est quelque chose que nous ne voulons pas nécessairement partager. Et parfois dans un album comme Geneva, ce n’est pas directement à propos de la ville. Il y a dans cet album des références à la ville, mais c’est aussi un album à propos de la Convention de Genève et du symbole de Robert Oppenheimer, le père de la bombe atomique et le premier test nucléaire. Donc il y a des références non seulement à Genève en Suisse, à la Convention de Genève, mais aussi un troisième sens à Geneva car beaucoup de morceaux ont été écrits à Genève où Dave vivait à l’époque. Donc, chaque fois qu'il y a des événements, des circonstances ou des coïncidences qui se chevauchent, nous reconnaissons que c'est peut-être une bonne idée pour un titre, une idée qui peut être très bizarre ou quelque chose qui ne fait que nous abreuver, quelque chose auquel nous prêtons en premier lieu peu d’attention et qui arrive habituellement à quelque chose d'extraordinaire et donc cela en fait un titre parfait.
A : Blood Year a été enregistré dans le studio de Steeve Albini. Peux-tu nous parler de la relation que vous avez avec lui ?
Mike : Bien sûr ! On a fait une grande partie de nos enregistrements là-bas, donc on se sent plutôt à l’aise dans ce studio. Quand on a enregistré pour la première fois là-bas, on était « ok, on est chez Steve ! », c’était un super moment… Sauf que c’était un peu intimidant de faire un album là où un nombre incalculable de groupes connus ont enregistré de super albums. Et une fois passé ce truc des premiers jours, tu te mets plus à l’aise et tu es juste obsédé par l’enregistrement de l’album... Donc oui c’était cool d’être de retour là et de sentir le ton et de jouer ici et d’apprécier le lieu en lui-même. Concernant Steve, nous n’avons pas une relation très étroite avec lui. Shellac est un de mes groupes préférés et ce n’est pas mon groupe préféré (rires). Je leur laisse assez d’espace, je n’ai pas forcément envie de parler de ça. On dit “hey” quand il est dans le coin mais je suis plutôt à vouloir laisser le mec tranquille. Je n’ai pas envie de… on était plutôt concentrés sur l’enregistrement à ce moment, donc on n’a pas vraiment trop croisé son chemin quand on était en enregistrement.
A : Vous êtes encore chez Sargent House. Pouvez-vous parler de votre collaboration ?
Je n’aurais pu penser à un endroit plus approprié où être ! Sargent House avant était une compagnie de management d’artistes. Cathy (Pellow) a travaillé pour beaucoup de labels et continuait à voir toujours la même chose. Elle a travaillé avec des groupes qui se sont fait entuber par les majors, toujours la même vieille histoire, tirant autant de profits que possible des groupes, les dirigeant beaucoup trop, leur enlevant toute la liberté qu’ils auraient dû avoir… Elle a donc lancé un label et du management juste pour aider ces groupes à se sortir de cette spirale. Elle a 100% la même intégrité, la même vision et la même façon de voir le business que ce avec quoi nous avons grandi. On a grandi avec le Punk Rock et la scène underground. C'est donc un label incroyablement diversifié, ce qui compte beaucoup pour nous. Et Cathy ne produit que de la musique qui compte beaucoup pour elle. Elle ne signe pas deux groupes qui se ressemblent. C’est donc réellement très inspirant de voir qui elle signe et comment sonnent les nouveaux enregistrements. Tous les groupes sont des membres de l’équipage à part entière. Les groupes font souvent des tournées ensemble. Elle a créé une communauté à part entière, juste en créant ce label, alors oui, je suis vraiment très reconnaissant d’être sur ce label.
J : Je ressens quelque chose d’assez romantique et mélancolique qui pourrait être lié à une certaine tristesse de l’état de ce monde dans votre processus d’écriture. Quand je parle de votre musique avec des personnes qui vous connaissent, certains ressentent quelque chose de totalement opposé, ils ressentent plutôt quelque chose de très mathématique dans votre musique. Ce n’est pas ce que je pense du tout car je la ressens comme quelque chose de très organique, comme quelque chose qu’on ressent à l’intérieur de soi, plus que des schémas de notes. De quel côté vous situez-vous et penses-tu qu’il soit possible de combiner ces deux éléments ?
Oui, je suis plus en phase avec ta manière de ressentir la musique. C’est un compliment pour moi de t’entendre dire cela de cette façon. ll y a des éléments de technicité dans la musique, donc il y a une fusion qui peut exister entre ces deux aspects. Mais… vous savez, le groupe dans lequel j’étais avant était un groupe instrumental qu’on pourrait appeler « math », très technique. Et… on a perdu l’émotion, ça a perdu toute connexion avec les gens. On ne savait pas à quoi se raccrocher, il n’y avait pas de sentimentalité, de thèmes, on ne pouvait pas se laisser aller, c’était trop dense, trop élaboré. Cela m’intéresse vraiment à un très haut point et c’est fou de penser à des sons qui peuvent te faire pleurer, ou des sons qui racontent une histoire, ou juste te faire ressentir quelque chose. Avec ou sans mots… Cela représente le monde pour moi. N'importe qui peut s'asseoir et avec suffisamment de temps peut apprendre à jouer quelque chose de manière professionnelle, mais arriver en proposant ton propre truc qui réussit à te lier aux personnes, ta propre pensée ou ta propre expression... Cela porte quelque chose de beaucoup plus profond pour moi, c’est plus convaincant. J’ose penser, je crois, que nous avons trouvé d'avantage notre vision avec le groupe. Ça m’intéresse beaucoup plus, en tant que fan de musique, d’avoir quelque chose qui a plus de contenu émotionnel que quelque chose qui apparaît comme étant plus de l’ordre de la capacité technique.
J : Je suis totalement d’accord avec toi !
Ah, cool ! (rires)
J : Est-ce qu’il y a d’autres groupes de Post-Rock ou de Post-Metal, ou des groupes spéciaux que tu aimes ? Tes groupes préférés ou ce que tu écoutes en ce moment ?
J’adore absolument la musique et j’écoute de la musique, je la dévore de manière obsessionnelle. Mais je ne suis pas obsédé par des genres, je suis obsédé par des groupes ou des artistes. Donc aussi loin qu’ils aillent, il y a certains artistes par lesquels je suis obsédé, que j’aime jusqu'à la mort. Des groupes comme… il y a certains groupes de Black Metal comme Craft et Gorgoroth. Qui... même s’ils poussent ce truc depuis des années, il y a quelque chose dans le jeu de guitare et dans la voix qui est tellement unique, immédiat et ils évoquent une réponse absolue. Ce que de nombreux artistes ne font pas. Même chose avec le Post-Rock. En ce qui concerne le Post-Rock, il y a tellement de groupes dans le genre mais il y en a très peu que j’écoute et qui me touchent réellement. D’abord et de très loin, Mogwai, de la fin des années 90, a toujours une très grande influence sur moi. Et c’est le groupe qui à chaque fois qu’ils sortent un album, il y a toujours un son ou une partie de l’album - pas l’album en entier - mais c’est un groupe qui fait quelque chose pour moi. Il y a des groupes comme ça que je trouve vraiment spéciaux. Faith No More est un bon exemple, car c'est un groupe totalement bizarre avec plein de trucs dingues qui se fondent dans différents genres, mais il y a quelque chose chez eux qui les différencie des autres. Donc il y a des groupes comme ça qui m’obsèdent. Des groupes comme Swans, Portishead, Shellac, Fugazi. Ceux-là, je ne m’en suis jamais lassé. Et puis il y a ceux comme Metallica, Pantera, The Jesus Lizard… auxquels tu ne peux jamais échapper. Ceux avec lesquels tu grandis et dont tu ne dévieras jamais trop. Et puis il y a toujours de nouveaux groupes qui arrivent et que je trouve très excitants aussi. Mais encore une fois, je suis obsédé par certains artistes mais pas par un certain genre.
A : Sur Memorial, vous avez travaillé avec Chelsea Wolfe il y a quelques années. Pensez-vous travailler de nouveau avec une chanteuse et puis-je vous suggérer Lingua Ignota ?
Ah génial ! On est fans. C’est quelque chose qui a été évoqué pour la prochaine tournée. J’aime ce qu’elle fait, je trouve ça très cool !
J : Si ça arrivait, je mourrais de joie !
C’est très drôle ! Je ne peux pas encore vous teaser avec une bonne nouvelle, mais on verra ce qui arrivera avec les collaborations… Et en ce qui concerne une collaboration avec d’autres artistes féminins, le groupe et moi-même sommes de très grands fans du travail de Chelsea Wolfe et de tout ce mouvement… Il est vraiment temps que les artistes féminines aient enfin le respect qu’elles méritent, je pense. J’ai l’impression que nous voyons émerger un mouvement où il y a de plus d’artistes féminines que par le passé dans les musiques extrêmes. La collaboration avec Chelsea Wolfe a été tellement enrichissante pour nous, j’aimerais vraiment pouvoir encore retravailler avec elle, plus que quiconque dans ce domaine qui sonne comme ça. Avec notre musique, je préfère avoir une femme au chant que d’avoir un chanteur pour certaines raisons. Je veux dire que nous verrons ce qui se passe dans le futur. Mais pour certaines raisons, j’ai le sentiment que c’est plus intéressant pour moi, je ne sais pas pourquoi. Mais. Ouais, s'il y a quelque chose de nouveau dans l’agenda pour une collaboration, je serais à 100% pour une nouvelle collaboration avec Chelsea Wolfe ou l'une de ces grandes artistes que nous sommes en train de voir faire des choses uniques. Elles sont toutes différentes alors… C’est cool de voir ce qui se passe. Oui, je suis optimiste pour voir quelle collaboration peut émerger.
J : Donc vous pensez utiliser de nouveau une voix dans le futur dans vos compositions ?
Oui peut-être ! On verra. Rien n’a été enregistré pour l’instant. Mais personnellement, je suis sur quelque chose avec un.e ami.e ici. Mais on verra bien… C’est quelque chose pour un autre jour. Tout ce truc est sain et c’est quelque chose qui fait grandir en tant que musicien. Plus vous collaborez avec des personnes, plus vous voyez comment elles fonctionnent. C’est une petite vue qui crée ensuite de nouvelles fenêtres. Vous seriez fou de ne pas apprendre de cela et de le prendre avec vous. En vieillissant en tant que personne et en tant que groupe, il est plus gratifiant d’expérimenter, de faire des choses que vous n’auriez jamais faites auparavant. Je ne serais pas surpris que nous incluions de nouveau des voix en cours de route.
A : Une tournée est prévue en Europe ?
Oui, c'est en train d’être booké au moment où nous parlons ! Courant mars / avril. Le groupe de soutien reste à déterminer. Lingua Ignota était l’un des groupes principaux que nous envisagions d’emmener avec nous, mais ce n’est pas ce qui va se passer. Mais c’est drôle que vous l’ayez mentionnée ! Nous aurions aimé faire cette tournée avec elle, mais malheureusement, cela n’a pas fonctionné. Un jour peut-être.
A : Merci pour ton temps et au plaisir de vous voir sur scène !
Merci à Lauren Barley de Rarely Unable pour avoir permis cette interview.
A voir sur Metalorgie
Commentaires
Pas de commentaire pour le moment
|
|