Terror - Nick Jett Persistence Tour, 2018

C'est dans leur tour bus que Nick, le batteur de Terror nous accueille.  Les banquettes en cuir rouge et la faible intensité de la lumière donnent une impression très singulière à ce moment.

Metalorgie : Nick, merci de nous accueillir, votre album The 25th Hour fait-il référence au roman, au film ou à la première heure de ce à quoi demain pourrait ressembler ?

Nick : Non, l'idée, c'est qu'en fait, c'est presque trop tard. Le temps de réagir est déjà passé, la pendule indique 25. C'est une référence à la scène Hardcore. Ce n'est pas le moment de s'asseoir, de contempler ou d'attendre que les choses changent d'elles-mêmes. C'est maintenant ou jamais. Il faut se lever et se battre pour les choses auxquelles on croit ou si vous avez quelque chose à dire, c'est le moment de le dire parce qu'il se pourrait bien que bientôt ça n'existe tout simplement plus. Je pense qu'il y a, à l'époque actuelle, l'urgence de faire quelque chose sinon ça va s'éteindre et la scène Hardcore avec.

Et donc d'après toi si personne ne parle ni n'agit, à quoi ressemblera demain ?

Terror existe depuis 16 ans maintenant, mais il y a des nouveaux groupes qui commencent et qui font ça pour les bonnes raisons : propager ce message Hardcore. Mais ceux là ne sont pas connus. En fait, la musique pourrait peut-être continuer, mais le message véhiculé depuis le départ, lui, va surement s'éteindre.

Sur The 25th Hour, ce qui m'a frappé c'est votre son qui est quasiment similaire à Sentenced To Life, l'album de Black Breath sorti en 2012. Est-ce que ça a été une influence pour vous dans la recherche sonore ?

Je connais le groupe, mais je ne connais pas l'album donc je ne peux pas te répondre… Je ne pense pas.

Toujours sur The 25th Hour, il y a une chanson appelée Both Of You. Est-ce une chanson personnelle, ou plus une métaphore pour autre chose ?

Je crois, que cette chanson est une chanson très personnelle à propos de la famille de Scott (NDLR : Vogel, le chanteur), à propos de son père et de sa mère en fait. Pour moi, elles sont les paroles les plus personnelles que Scott ai jamais écrites. Elles me vont droit au cœur et sont sans doute mes préférées.

Justement, d'où est-ce que ces thèmes, ces sujets et cette empathie vis-à-vis d'eux viennent ?

Ça dépend, parfois ce sont simplement des expériences de vie, pour d'autres fois c'est plus en rapport avec la scène Hardcore, ce qui s'y passe, ce qui arrivent aux personnes, les opinions et les points de vue qu'a la scène sur tel ou tel sujet. Ceci dit, la plupart du temps c'est plutôt du vécu.

Terror a déjà dit que ses racines étaient le Hardcore et tu parles sans cesse de cette scène, mais qu'est-ce que le Hardcore pour toi ? Quelle est ta vision de ce mouvement ?

Pour essayer de faire simple, c'est une communauté dont tous les membres, qui sont tous d'âges différents, d'origines différentes ou qui viennent d'endroits différents,  partagent des idées en commun. Nous, quand on était plus jeunes, on est tombé sur cette scène Hardcore et ça nous a sorti des merdes dans lesquelles on était tous. Elle nous a donné un échappatoire quand tout le reste était foutu, c'est-à-dire dans nos foyers ou dans nos vies, ça nous a toujours permis de nous éloigner de ces soucis. Scott l'a souvent dit, mais le Hardcore lui a sauvé la vie. Donc c'est une communauté d'enfants du Hardcore qui se soutiennent les uns les autres et qui transmettent des messages positifs aux autres pour leur permettre d'échapper à leur quotidien et de les aider à faire face aux problèmes dont ils n'auraient pas forcément pu se sortir seuls. La connexion avec la musique c'est évidemment et simplement l'énergie brute que l'on retrouve quand on va voir un show de Hardcore et être au sein de cette communauté qui a la même passion musicale et le même état d'esprit. Etre ensemble serrés dans une pièce chaude, suer un bon coup, prendre la bonne énergie et se libérer des éléments négatifs. C'est un peu tout ça, sans trop aller dans le détail…

Vous avez de la chance aux Etats-Unis d'avoir cette communauté car ici en France ce n'est pas pareil, il y a assez peu de groupes de Hardcore et pour ainsi dire pas de communauté, mais plutôt des passionnés par-ci par-là qui tentent de faire des choses.

C'est à vous de la créer, cette communauté. Après c'est sûr que c'est plus facile à dire qu'à faire. C'est vrai qu'on ne joue pas ou peu en France parce que notre scène Hardcore n'attire pas les foules et c'est dommage. Tu sais, le Hardcore en général ce n'est pas "vendeur". Je veux dire par la que les promoteurs qui veulent faire des tournées qui rapportent préfèrent d'autres genres que le notre. On reste dans un domaine avant tout de passionnés. C'est déjà un problème en soi chez nous alors j'imagine que chez toi ça doit être pire encore, mais il faut persévérer, insister pour faire naitre cette communauté. Nous, aux Etats-Unis, on a cette chance d'aller dans telle ou telle grande ville et de retrouver des membres de cette communauté qui est la nôtre, de ce fait on s'y retrouve toujours, mais il ne faut pas croire non plus que le Hardcore ça rapporte. Les gens vont dire que c'est facile pour nous de dire ça parce qu'ils s'imaginent que Terror c'est un groupe "qui marche" mais la vérité c'est qu'on s'en fout. On n'a jamais eu pour projet de faire un groupe qui marche. Si on n'était pas connus et si n'avait pas toutes ces opportunités ce serait pareil, on continuerait toujours de jouer même devant dix ou quinze personnes. Parce que ce qui compte avant tout, c'est le message qu'on porte, qu'on représente notre communauté et parce que ça nous plait. C'est tout. Avant Terror on avait tous d'autres groupes, qui marchaient plus ou moins bien et on allait dans des shows que l'on y joue ou pas. La plupart du temps d'ailleurs, on n'y jouait pas. Pour nous c'est une nécessité de se déclarer faisant partie de cette scène et de la représenter. N'importe qui voyant Scott sur scène voit son énergie et entend son message car Scott parle pour nous tous. Le bonus, c'est que le groupe a connu du succès et qu'on peut plus ou moins en vivre, mais ça ne nous aurait pas arrêtés. Clairement.

A mon sens, le principal aspect du Hardcore c'est la franchise. Cette capacité à ne pas tourner autour du pot et de dire les choses clairement. Est-ce que tu partages ce point de vue ?

(hésitations) Oui...(hésitations de nouveau) En fait oui absolument, je suis totalement d'accord. Comme je disais précédemment, dans nos paroles on va droit au but. Quelqu'un qui écoute sait exactement de quoi on parle, mais en même temps parfois il est intéressant également de parler de choses plus larges ou parfois également de choses plus spécifiques... de parler de cet enfant, à qui il est arrivé telle chose...  Ou on peut parler aussi de choses plus larges pour que tous les gens puissent s'y référer. Donc ça dépend au final.

A chaque fois que vous apparaissez en festival vous semblez déborder d'énergie et êtes véritablement comme en transe (ceux qui étaient présents au Hellfest 2013 et 2015 savent de quoi je parle). Est-ce que les festivals sont votre format de concert préféré ?

Les festivals pour nous ce n'est pas exactement pareil que de jouer dans une petite salle, on n'y ressent pas les choses de la même manière. Ceci dit, ce qu'on préfère c'est les petites salles, c'est pour ça qu'on vit. Cette énergie qui se dégage du public est, à mon sens, une parfaite expression de ce pour quoi on a monté Terror. Quand on se pointe à un festival, on joue plutôt devant cinq mille personne et la scène est surélevée et loin du public, alors on essaye d'y mettre tout ce qu'on a pour que ça ressemble autant que possible à un concert normal et pas comme un banal concert de Rock... C'est sûrement pour ça que tu as cette impression. C'est assez paradoxal pour une musique comme la nôtre d'être à vingt mètres du public, on ne ressent pas cette chaleur infernale d'un parterre de Hardcore qu'on a dans une petite salle.

Des albums courts, plein de rage et de vitesse, ça semble devenir votre marque de fabrique ?

Je ne sais pas... C'était plus ou moins le but de cet album, (The 25th Hour) de faire des chansons très courtes, très directes tel un coup de poing dans ta face, mais sur les albums plus anciens on avait plutôt tendance à s'attacher d'avantage à la production, aux finitions, à un caractère dramatique comme une mise en scène. Les morceaux étaient plus longs, après c'est vrai que si tu compares les musiques de Terror à celles d'autres groupes, elles sont surement moins longues, je ne sais pas, je ne me suis jamais posé la question.

Vous sortez un album tous les deux/trois ans. Le dernier date de 2015 donc cette année c'est la bonne ?

Oui, on enregistre en mai, donc ça sortira surement en fin d'année, pendant l'automne sûrement.

Slayer a annoncé leur tournée d'adieu, qu'en penses-tu ?

J'adore Slayer, c'est probablement, en Metal, mon groupe favori de tous les temps, mais je ne sais pas... Le Slayer actuel ce n'est déjà plus le Slayer d'auparavant, d'il y a dix / quinze ans. Je pense qu'ils devraient quand même continuer et surmonter les différents qu'ils doivent avoir ou je ne sais quoi. Mais c'est peut être plus tordu que ce qu'on ne sait et qu'ils ne supportent vraiment plus d'être sur scène tous ensemble. C'est dommage mais on ne sait jamais, ils ont peut être juste besoin d'une pause... genre de cinq ans et ils en rediscuteront et verront bien comment ça se passe. Le temps nous le dira.

A part vous, il y a un autre très grand groupe de Hardcore / Metal qui vient de Los Angeles : Body Count. J'ai cherché sur le net et je n'ai pas trouvé de concert commun. Avez-vous déjà joué ensemble ?

Je crois qu'on a peut être fait des festivals en commun. Je crois vaguement me rappeler de quelque part en Europe, peut être même un Hellfest ou peut-être ailleurs je ne sais plus trop, mais je me rappelle les avoir vu jouer une fois dans un festival en Europe. Ceci dit jamais de concert ensemble non.

Et vous aimeriez jouer avec eux ?

Carrément ! Tout le monde dans Terror adore ce qu'ils font et ça serait vraiment le pied ! Quand j'étais ado, je me rappelle qu'avec mes potes on mettait la cassette de Body Count un peu partout où on allait. On l'écoutait tout le temps.

Sur cette tournée, vous emmenez avec vous un plus petit groupe mais qui monte beaucoup ces derniers temps, à savoir Power Trip. Est-ce que tu apprécies ce qu'ils font ?

On avait déjà tourné avec eux aux Etats-Unis auparavant, donc on les connait plutôt bien. Et ils jouent depuis un paquet de temps déjà, donc on les a vu croitre du statut de petit groupe local du Texas à là où en sont à l'heure actuelle, un groupe qui remplit les concerts de Metal. Je n'ai que des bonnes choses à dire à propos d'eux et ils méritent d'aller encore plus loin.

Est-ce que vous reviendrez bientôt par chez nous ?

On revient en Europe en juin, août et novembre.

En France également ?

On va au Hellfest... Après le reste je pense que oui, mais je ne sais pas exactement

(Donc :
- à Saint Jean de Vedas (34) le 12 mai
- Sylak Open Air, le 5 août
et rien encore d'annoncé (ou de trouvé) pour novembre)

Dernière question, c'est à ton tour de poser une question aux lecteurs de Metalorgie et ils te répondront via le site. C'est à toi !

J'ai toujours pensé qu'il était bien de demander au public quels titres ils veulent entendre en live. Souvent on joue les mêmes parce qu'on pense que certains morceaux sont plus attendus ou sont mieux perçus par les gens et on a tendance à rester fixer à ceu-ci, donc là ce serait cool d'avoir un retour sur les attentes des fans. Donc allez-y, qu'est-ce que vous voulez nous voir jouer ?

Merci de lui répondre, et merci à Nick pour l'interview ainsi qu'à Erol, le tour manager pour son professionalisme et sa gentillesse.

Maxwell (Février 2018)

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Commentaires

thepefLe Lundi 19 février 2018 à 09H22

Merci pour l'interview.
Pour la question à Nick : depuis quelques années, il y a cette mode (pas forcément inintéressante d'ailleurs) de faire des tournées anniversaires de sorties d'album, avec des setlists axées sur certains opus parfois en intégralité (dans le hardcore, Madball l'a fait récemment pour Demonstrating my style, Hatebreed pour Perseverance).
Terror envisage t'il la même chose (soit dit en passant je n'espère pas au Hellfest, car 2008 c'est l'anniversaire de The Damned, The Shamed qui est le moins intéressant de leur discographie)