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Joey Jordison (Vimic, ex-Slipknot) Paris, novembre 2017
NB : Cette interview a été faite en novembre 2017, alors que la sortie de l'album Open Your Omen était prévue pour début 2018. La sortie avait été finalement repoussée à 2019 pour finalement que Jed Simons (guitariste du groupe et connu pour avoir joué dans Strapping Young Lad) annonce en juin dernier que le groupe était en hiatus pour une durée indéterminée. Plutôt que de laisser l'interview pourrir dans nos archives, nous avons décidé de vous la dévoiler.
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Difficile de commencer une interview d’une meilleure façon. Nul besoin de vous présenter Joey Jordison, ancien batteur de Slipknot, qui sévit maintenant dans un projet Black Metal Sinsaenum et Vimic, qui tend plus vers le Metalcore. Nous avons discuté avec lui à propos de son premier album avec Vimic, mais aussi de sa carrière de manière globale, sans oublier ses écoutes du moment.

Joey, on a aujourd’hui tristement appris la disparition de Malcom Young (AC/DC). Est-ce qu’il a été une grande influence pour toi ?
JJ : Oui, absolument. C’était un maître du rythme, de la guitare rythmique. Mon oncle m’a offert l’album Back In Black à sa sortie, en cassette 8-pistes. Vous vous souvenez peut-être de ces énormes cartouches (rires). C’est une très grande perte, il était pour moi un des meilleurs compositeurs et guitaristes de Rock de tous les temps et il était extrêmement sous-estimé. Paix à son âme, il a énormément contribué au monde du Rock. J’aimerais qu’il soit encore là, bien sûr, mais regardez ce qu’il laisse derrière lui, cet immense héritage.
Et en tant que fan de Black Metal, tu as également dû apprendre la disparition du bassiste de Celtic Frost, Martin Ain, il y a quelques semaines.
JJ : Oui, c’est toujours tragique d’apprendre la disparition de musiciens qui ont influencé ta musique, ton jeu, et qui ont façonné en quelque sorte ce que tu es aujourd’hui. De la même manière, Celtic Frost a été une grande influence pour moi au fil des années. Qu’il repose en paix lui aussi, où qu’il soit, sûrement en train de jammer avec les Dieux.
Vimic s’apprête à sortir son premier album, Open Your Omen. Parle nous de son écriture.
JJ : On a écrit l’album chez moi, au sous-sol de mon ancienne maison, dans une ambiance très détendue. Tout commençait généralement avec un riff de guitare qu’on avait élaboré dans l’après-midi, sur les canapés du salon qui mène à mon studio. Puis on jouait de 9h du soir à 6h du matin ; c’est à ce moment là qu’on avait le plus d’inspiration. L’album s’est construit facilement. Il y avait une très bonne ambiance entre nous, on profitait du fait d’être chez moi et de prendre notre temps. Tout le monde s’en est senti inspiré et apportait de bonnes d’idées. Chaque jour, on progressait à partir de ce qu’on avait pu enregistrer la vieille, en ajoutant de nouvelles pistes, ou en trouvant de nouveaux riffs. On a passé de très bons moments dans cette phase d’écriture de l’album. Quand on est arrivé en studio pour l’enregistrement, ça en a été d’autant plus facile. On avait tellement bien répété que tout a été rapide. Globalement, on s’est bien amusés et on est très content de ce nouvel album.
Des membres de Slipknot ont dit de toi que tu étais le premier à arriver en studio, et le dernier à partir. C’est toujours vrai aujourd’hui ?
JJ : Oui, absolument, ma copine pourra vous le confirmer (rires). Ce n’est pas quelque chose que je fais juste pour pouvoir en parler, surtout lorsqu’il s’agit de produire un album qu’on ne pourra par définition plus modifier ensuite. C’est peut-être une façon pour moi de tout contrôler ou de superviser, mais s’il y avait la moindre petite faille dans l’album ce serait à moi de l’assumer, et je ne veux pas laisser cela arriver. Donc je fais en sorte qu’on soit satisfait de notre musique, de tout ce qui figure sur l’album et que notre créativité ne soit pas déformée. C’est pour ça que je suis là du début à la fin.
Au long de ta carrière, tu as été amené à travailler avec de grandes personnalités ; on pense notamment à Dave Mustaine (Megadeth) qui a participé à la production de cet album. Dans quel état d’esprit on se trouve lorsqu’on franchit la porte d’un studio après toutes ces expériences ?
JJ : C’est toujours un plaisir, vraiment. Je préfère être en studio qu’en tournée. J’adore la scène, c’est toujours génial, mais il y aussi tout ce qui va avec (rires). C’est une chance de parcourir le monde et de découvrir des endroits magnifiques, mais au bout d’un moment… Je ressens la même chose aux Etats-Unis. Généralement, je ne pense qu’au concert à venir le soir-même, à cette heure et demie au cours de laquelle je serai sur scène, même si j’ai beaucoup de choses à faire le restant de la journée. Quoi qu’il arrive, je suis reconnaissant de pouvoir faire ce que je fais, d’avoir vécu toutes ces expériences. J’ai le sentiment que tout est à sa place aujourd’hui, et on fait en sorte de continuer à faire de la scène et de rencontrer le plus de fans possible.
Tu as également été amené à jouer dans des stades, des festivals. Aujourd’hui, tu démarres une nouvelle formation et donc joues dans de plus petites salles. Est-ce que tu vois cela comme un nouveau défi ?
JJ : Ca peut paraître bizarre, mais même s’il s’agit de deux choses différentes, une scène est une scène, quoi qu’il arrive. Peu importe qu’il y ait 100 ou 100 000 personnes, je suis heureux de jouer devant une foule, quelque soit sa taille, et je fais en sorte que tous ceux qui sont venus apprécient le concert. En fait, tout est là : être sur scène, s’exposer au public et laisser le public te renvoyer en pleine face ce que tu lui a envoyé. Avoir cette connexion avec le public. On dit souvent qu’un concert, c’est 50-50. 50% le groupe et 50% le public. Moi, j’aurais tendance à dire que c’est 30% le groupe, et 70% le public. Parce que sans le public, à quoi bon ? Sérieusement, quand on est en tournée, les fans sont notre priorité, quoi qu’il arrive. En écoutant l’album de Vimic, on retrouve ce jeu de batterie à la fois heavy, mais aéré et élaboré. Qu’est-ce que tu peux nous dire sur l’évolution de ton jeu au cours de ces dernières années ?
JJ : En fait, on peut comparer avec mon autre projet, Sinsaenum, très puissant et sur lequel je joue beaucoup de blast beat et de double pédale. Avec Vimic, c’est tout aussi technique, mais moins extrême. Pour moi, il faut adapter son jeu en fonction de ce dont le morceau a besoin. C’est inutile de jouer de la double pédale ou des breaks ultra rapides sans raisons. Il faut laisser le chant, les riffs et le morceau tout entier respirer. Ca ne sert à rien de le parasiter avec du spectaculaire. Ecrire une chanson, c’est transmettre un message, une émotion. Donc, au moment de la composition, il faut bien garder à l’esprit que tous les instruments doivent s’imbriquer. Personnellement, lorsqu’il s’agit d’écrire les parties de batterie, j’en propose toujours trois ou quatre différentes au groupe et on construit ensuite le morceau en fonction de leurs retours. J’ai besoin d’avoir un retour et de connaître l’impact et le ressenti du jeu de batterie. Je ne suis pas du genre à imposer ma vision, je joue en équipe.
Parmi tous tes albums, quels seraient ceux que tu considérerais comme étant les plus accomplis, musicalement ou artistiquement ?
JJ : Ce n’est pas facile, mais je vais essayer d’en nommer trois. En tout premier, je dirais Open Your Omen. Je me rétablis tout juste d’une paralysie des jambes, et je ne savais pas si j’allais pouvoir un jour remarcher. Heureusement, avec une équipe de rééducation, avec le soutien du groupe et de ma copine, j’ai réussi à m’en sortir. Donc cet album représente pour moi une victoire ultime, et se distingue des autres. Ensuite, je dirai le premier album de Slipknot (NDLR : l’éponyme donc), parce qu’il a lancé ma carrière.
Tu veux dire Mate. Feed. Kill. Repeat. ?
JJ : Non, celui là est génial, mais on avait enregistré un autre album avant, Crowz. On ne l’a jamais officiellement sorti, mais je crois qu’il a fini par fuiter (sa copine confirme). Ensuite, j’ai beaucoup aimé le dernier album enregistré avec Murderdolls (Women And Children Last). Il y a eu aussi le Roadrunner United qui était très cool. Et je ne peux pas oublier l’album Echoes Of The Tortured, enregistré avec Sinsaenum; d’ailleurs on vient de sortir le single Ashes avec ce groupe. Voilà, ça en fait quelques uns, il y en a eu beaucoup d’autres dont je suis fier.
Est-ce que tu as découvert de nouveaux groupes récemment, qui ont pu t’inspirer ?
JJ : À vrai dire, je n’ai rien écouté d’autres ces derniers temps que de vieux morceaux. J’ai un emploi du temps très chargé en ce moment, et je n’ai vraiment pas pu acheter quoi que ce soit de nouveau. Enfin, si, j’achète énormément d’albums et j’ai une tonne de cds que je n’ai tout simplement pas eu le temps d’écouter. Donc j’ai mon ipod et j’écoute mes classiques, pour me mettre de bonne humeur ou pour m’entrainer.
Quels sont ces "classiques" ?
JJ : J’adore tout ce qu’a pu faire Mr Bungle, absolument tous les albums. Je suis aussi un grand fan des Melvins, j’ai tout ce qu’ils ont pu enregistrer. J’ai même fait partie du Melvins Fan Club pendant un moment. Je n’ai jamais intégré ce genre de club auparavant, mais il fallait que je sois dans celui-là (rires). Ils sont tellement surprenants et aboutis artistiquement. Je trouve que c’est le groupe le plus heavy qui soit ; c’est vraiment mon groupe préféré. Ensuite, il y a les albums De Mysteriis Dom Sathanas et Ordo Ad Chao de Mayhem, qui restent des références. Et puis j’écoute toutes les démos qu’on a pu enregistrer avec Sinsaenum et Vimic, je travaille à partir de toute cette quantité d’enregistrement. On ne peut évidemment pas se tromper en écoutant le Big Four Of Thrash, je les écoute toujours régulièrement. Sans oublier Alive ! de Kiss, que je peux me passer en boucle.
Nous avons gardé la question la plus importante pour la fin : que penses-tu de la chanson Africa, de Toto ?
JJ : J’adore. J’adooooore cette chanson. Je ne déconne pas, c’est une de mes chansons préférées. Si elle passe, tu me verras devenir une autre personne (rires). Vraiment, je suis un grand fan de Toto. Un de nos anciens chauffeurs de bus, Malcom, nous passait du Toto à fond toute la nuit, alors qu’on traversait l’Europe. Aussi bizarre que ça puisse paraître, j’adore ce groupe et cette chanson.
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