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Insanity Alert (Heavy Kevy, Dave, Don, Moisi) Le Gibus, Paris, le 18 juin 2017
Insanity Alert commence à se faire un nom dans notre Hexagone, premières parties de Municipal Waste et de DRI, Hellfest, et bientôt au Motocultor et au In Your Face. C'est au groupe complet que nous avons pu poser quelques questions sur leur deuxième album Moshburger, même si finalement c'est le facétieux Heavy Kevy qui avait la langue la plus pendue...
Comment ça s'est passé au Hellfest ? Heavy Kevy : Très bien, on avait vraiment hâte d’y jouer et quand on s’y est retrouvés, on a vraiment réalisé à quel point c’est un énorme festival. J'étais très nerveux avant notre concert, ça faisait longtemps que ça ne m’avait pas fait ça. Ce fut une expérience incroyable ! Don : C'était dingue, c’est tellement grand et il y a tellement de monde. l'organisation là-bas est parfaite, le concert s’est super bien passé, on a vu plein de concerts, on s’est éclatés ! J’ai vu une photo sur FB, vous y avez croisé Dave Lombardo. Vous eu le temps de lui parler ? Don : À peine… Dave : Il lui a piqué une part de pizza (rires) Heavy Kevy : En fait Dave Lombardo voulait offrir à Don une part de pizza mais elle n'était pas végétarienne, donc il a poliment décliné. Dave : C'est con, ça aurait été une belle histoire (rires). On a fait un bout de chemin ensemble sur le parking.
Vous avez vu Suicidal Tendencies hier ? Heavy Kevy : Non, j'étais dans le coma à cette heure là… Don : Oui ! J’imagine que ce groupe fait partie de vos influences ? Heavy Kevy : Oui, surtout les 2 premiers albums. J’aime pas leur tout dernier album. Ce devrait être leur dernier d'après ce qu’a dit Mike Muir... Heavy Kevy
: Oui, certainement. Pour moi, c’est vraiment l’attitude, la vitesse
et la diversité de la musique qui est important dans le Crossover. Avec
Dave Lombardo à la batterie, ils peuvent tout faire niveau tempo
maintenant ! Notre Dave n’est pas un très grand fan de ST par contre, il
est plutôt Krisiun (rires) Dave : Je suis le death-metalleux du groupe (rires). La scène de la Warzone où vous avez joué a été complètement repensée l’an dernier, pour palier les problèmes d'accès et d’affluence. Heavy Kevy : Et bien ça se sentait, on n’a jamais joué dans un endroit aussi cool, et je pense que cette scène est la plus agréable pour les spectateurs : elle est très ouverte, tu peux voir le concert de n’importe où, on y est resté pas mal pour voir d’autres concerts. Imaginez, à l’origine c'était des vignes !
Heavy Kevy : Wow, sacré évolution (rires). Vous avez joué avec Municipal Waste, Iron Reagan, Dust Bolt, vous jouez ce soir avec DRI et demain avec Agnostic Front. Est-ce que ces groupes n’en ont pas un peu marre de se faire voler la vedette par vous chaque soir ? Tous : Rires Heavy Kevy : Ce n’est vraiment pas notre intention de faire ça ! C’est vrai qu’on propose quelque chose de différent. La plupart des groupes montent sur scène et se contentent de jouer leurs morceaux. On essaie de rendre nos concerts mémorables et, en plus de notre set, on rajoute des petits trucs pour marquer le public. Bien sûr, il y a un revers à la médaille : Certaines personnes oublient complètement la musique et se rappellent de nous comme une bande de clowns. D’un côté, c’est quand même la vérité (rires). Après on a aussi été mal desservis par certaines critiques qui ne nous trouvaient pas assez originaux, alors même qu’ils venaient de dire du bien du énième clone musical de Megadeth.
Justement, vous avez sorti votre deuxième LP Moshburger à la rentrée 2016, avec le recul, vous en êtes toujours satisfaits ? Dave : Oui, je l’aime toujours ! (rires) Heavy Kevy : Tu dis ça, on dirait que c'était il y a 100 ans ! Dave : C’est vrai que c’est un long processus que de composer et enregistrer un album. Et pendant toute cette période tu joues, joues et rejoues sans fin toutes ces chansons. C’est donc cool de pouvoir encore les apprécier un an après. Heavy Kevy : Voilà, c'était la sage parole du musicien, mais sinon Dave, avec le recul ? (rires) Dave : Il y a de très bon riffs,mais pour le reste… Heavy Kevy : Je pense que tu veux plutôt dire que les paroles sont fantastiques, mais que la musique ne suit pas toujours ? (rires)
Ce sont les paroles ou la musique qui vous viennent en premier ? Heavy Kevy : Les paroles !!! Dave : Tu rigoles, il faut toujours te forcer (rires). J’ai même dû écrire les paroles d’une chanson car tu bloquais devant ta feuille blanche… Heavy Kevy : En fait c’est le titre qui vient en premier, puis la musique et pour finir les paroles. Don : Et entre, un peu de drogue récréative… Heavy Kevy : Voila le junkie de la bande ! Merde, c'est notre dernière interview de la saison, il n’y aurait pas moyen d’en faire une un peu normale ? (rires) Et au niveau des critiques de l’album ?
Heavy Kevy : On est content aussi, même si, comme je t’ai dit un peu plus tôt, on en a eu certaines qui disaient « ils sont marrants, ils jouent bien mais ce n’est pas très original ». Sur ce dernier point je ne suis pas d’accord. Bien sûr on a des influences qui s'entendent, on a piqué des idées de-ci de-là, mais on a réussi à créer notre son, un son qui fait que les gens qui écoutent pourront se dire « mais c’est Insanity Alert là » ! Dave : Le Crossover Thrash n’est pas un style important dans le Metal, et c’est un style qui part un peu dans tous les sens. Le problème dans le Metal, c’est qu’il y a beaucoup de monde qui sont très conservateurs, qui aiment les groupes qui respectent les codes à la lettre. Donc voila une autre raison pour laquelle on pourrait ne pas plaire. Mais après on ne se prend pas la tête plus que ça avec ces histoires, car après tout ce n’est que l’avis d’un mec qui a écrit sa critique à une heure du mat en slip devant son PC. Heavy Kevy : Et toi, tu es plutôt du genre à écrire tes chroniques en slip à une heure du mat ou carrément à poil à trois heures du mat ? (rires) Entre les deux (rires). Ce que j'apprécie le plus dans Moshburger, c’est la fluidité des breaks lors des très nombreux changements de tempo. Ensuite, c'est le fait que vous êtes énervés après plein de choses : Les longboards, les indécis, David Guetta… Heavy Kevy : Oui la musique me sert de soupape de sécurité pour évacuer tout ça. Si tu me connaissais, tu verrais que je suis quelqu'un de très gentil. J’ai deux personnes de mon entourage qui sont source d’inspiration pour ce qui est d'être énervé. Le truc c’est de réussir à faire sortir toute cette rage verbalement, c’est toujours mieux que de… Dave : Mais parfois… Heavy Kevy : Oui, tard le soir… Lorsqu’on voyage en van, on adore passer notre temps à se plaindre de tout, d’un mec qui nous a fait chier la veille. C’est devenu une institution pour nous. Et j’aime ça, ça nous apporte l'énergie qui nous permet de mettre tout le monde sur le cul ! Quand tu crois être entouré d’idiots, tu as toujours l’impression d’avoir le temps. Moisi est un peu moins dans ce trip que nous, c’est son coté hippie qui ressort, avec sa barbe façon Jesus et ses tshirts à col échancré… Moisi : (rires) Pourquoi tant de haine contre David Guetta ? Heavy Kevy : Je dois avouer que je connais pas bien ce que ce mec fait. En fait un jour on parlait de la Belgique et on en est arrivé à parler de Marc Dutroux. Cette pourriture a violé et tué plusieurs enfants et il est toujours en vie, en train de purger sa peine de prison. J’ai du mal à imaginer qu’avec tout le mal qu’il a fait, toutes les vies qu’il a brisé, il n’y ait pas eu quelqu'un, un frère, un père, pour vouloir le buter, lors d’un transfert entre la prison et le tribunal. Voila l'idée de départ. Et d’un coup, c'est sorti de nulle part, on s’est dit « et David Guetta, pourquoi est-il toujours vivant ? ». On avait dû bien fumer ce jour là ! Mais pourquoi lui ? Heavy Kevy : Je trouve qu’il représente ce qu’il y a de plus moche dans le milieu de la musique. Pourquoi tu me demandes ça ? Il est Français ? Oui ! Il y a une BD de Luz, c'est un ancien dessinateur de Charlie Hebdo, que vous devriez lire, ça s’appelle King Of Klub. (l'ingé-son nous interrompt un instant pour des questions techniques)
Lich King a intitulé une chanson de son dernier album Crossover Songs Are Too Damn Short, pourquoi ?
Heavy Kevy : Ils sont américains, tout est plus grand, plus long chez eux... Même les chansons de Crossover Thrash.
Vous n’avez jamais essayé de faire une longue chanson, genre comme The Decline de Nofx ?
Heavy Kevy
: On pourrait faire une chanson All The Things We Hate, elle
devrait durer au moins six bonnes minutes je pense (rires). On pourrait
prendre le temps de tout bien expliquer, ça pourrait être drôle. Ce
serait la première chanson dont Don pourrait écrire les paroles. Don : Oui c’est envisageable. Heavy Kevy
: Il faudrait un riff bien chiant et répétitif joué en boucle pour
accompagner toutes les choses nulles qu’on déteste : les vieux au
volant, les chiens qui chient sur les trottoirs, l’école, travailler, ne
boire qu’une bière, les bières trop chères, ne pas avoir de bière...
(rires).
Vous ne parlez jamais de politique dans vos chansons ?
Heavy Kevy : Non, on déteste ça aussi ! On a chacun notre opinion dans le groupe mais on ne ressent pas le besoin de l’exprimer.
Cependant,
vous avez fait un tshirt, inspiré de celui de Municipal Waste avec
Trump, mettant en scène le candidat d’extreme droite à l’élection
présidentielle en Autriche, Norbert Hofer.
Heavy Kevy
: Là oui, mais pour moi ça se situe à un autre niveau. Car tu peux
avoir des désaccords sur plein de choses, il n’y a pas de souci. Tu peux
être conservateur, libéral, communiste, anarchiste... Mais à partir du
moment où tu deviens raciste, là ça ne va plus, tu n’es plus quelqu’un
de respectable dès que tu peux imaginer qu’il existe une hiérarchie
entre les hommes. C’était le message qu’on a voulu faire passer avec ce
t-shirt.
Vous n’avez pas eu de souci avec le design du t-shirt qui était gore ?
Heavy Kevy
: Non, vraiment pas grand chose, l'équivalent d'une tempête de merde
dans un verre d’eau (rires). Il y a eu quelques sympathisants de ce mec,
des populistes bas du front, qui ont partagé la photo du t-shirt sur
leurs pages en disant qu’ils n’étaient pas contents. C’était toujours
mieux que de faire un t-shirt avec ma tronche (rires).
Pour le moment, vous avez sorti deux vidéos pour Moshburger : Why Is David Guetta Still Alive et Metal Punx Never Dies!. Vous en avez prévues d’autres ?
Heavy Kevy : Oui, on a celle pour Pact With Satan (NDLR : sortie le 21/07) qui est en cours de finalisation et on a eu une très bonne idée pour Life's Too Short For Longboards. Dave : Mais pour le moment c’est un secret ! Kevin
: Oui, on ne dit rien pour l’instant (NDLR : ils m’ont dit en « off »
ce dont il s’agissait et ça devrait être brillant !). Pour Pact With Satan, on ne jouera pas dedans. Dave : On déteste ça en fait ! Heavy Kevy : Dans le prochain album, on aura une chanson qui s’appelle We Fucking Hate Making Videos.
En parlant de cette chanson : avez-vous passé un pacte avec Satan pour rendre vos chansons aussi addictives ? Heavy Kevy : Encore un coup de Dave ça ! Dave : Oui, désolé… Heavy Kevy
: Dave est catholique pratiquant en fait, il sort tout juste de
l'église là et il est encore un peu effrayé là. Voila un sacré scoop
pour Metalorgie ! Dave
: J’ai des choses à confesser à Dieu, j’ai écrit une chanson qui parle
de Satan, alors même que je n’arrive pas à penser à autre chose qu'à
Jesus ! Heavy Kevy : Je suis Néerlandais, donc c'était foutu d’avance pour moi ! (rires) Pour Dave c’est plus difficile… Ça a dû être dur pendant le Hellfest du coup ? Dave : Non, non, ça a été (rires). Par contre Kevin était très nerveux. Heavy Kevy
: Ça c'est parce que je n'étais pas bourré ! Et parce qu’il y avait des
caméras. Mais il y a des fois où ce n’est pas simple d'être le pote de
ce mec (rires). Hormis Verbal Razors, avec qui tu as chanté au Hellfest, vous connaissez et appréciez d’autres groupes français ? Heavy Kevy : Oui, Guerilla Poubelle, Gasmask Terror, Ultra Vomit. Dave : Stinky. Heavy Kevy : Je donne de la voix sur une chanson de leur dernier album ! (il se met à beugler). Don : Gojira. Heavy Kevy : Ah, ils sont français eux ? Je connais pas mal de groupes de Punk : Charly Fiasco, Justin(e), Uncommonmenfrommars...
Vous demandez des macaronis dans votre liner ?
Dave : Oui, toujours ! Mais des fois, ils oublient de m’en préparer. Heavy Kevy : Ça t’évite d’avoir à faire de l’exercice après pour éliminer (rires). Dave : C’est vrai qu’à force, ça me nique l’estomac aussi !
Où avez-vous trouvé tous les accessoires que vous utilisez sur scène ?
Heavy Kevy : principalement sur Amazon. Moisi connait une boutique où il trouve toujours plein de trucs marrants, Don achète toujours des trucs bio, naturel pour faire du bodypainting et Dave a un bazar à côté de chez lui, ce qui est pratique pour lui car il ne s’éloigne jamais à plus de 100 mètres de chez lui. Heavy Kevy : Je serais déjà mort sans cette boutique !
Un des meilleurs moments en live, c’est quand tu mets tes gants « pinces de crabe ».
Heavy Kevy : Alors ceux là j’ai mis du temps à les avoir, j’ai dû les acheter aux Etats-Unis. Mais le site qui les vendait ne livrait pas en Europe. J’ai dû les commander et les faire livrer chez un pote qui habite là-bas et qui me les a ensuite réexpédiés chez moi. Je les voulais vraiment ! Tout notre stock de matos est fun mais oui, je suis d’accord pour dire que ces pinces de crabes sont le truc le plus fun que j’ai, ça marche toujours super bien en concert !
Pour finir, pourriez-vous me recommander quelques groupes de Metal autrichiens ?
Heavy Kevy : Ah ça, il faudrait demander aux Autrichiens de la bande ! Dave ? Dave : Hmmm... Kevin : Il en existe plein de biens, dans des styles différents. En Heavy/Speed Metal, pour les fans d’Iron Maiden, il y a Liquid Steel. En Black/Thrash, il y a Triumphant qui sont aussi d’Innsbruck. Et il y a aussi les petits protégés de Don, Silius. On est très proches d’eux, comme avec Dust Bolt, ce sont vraiment de très bons amis. Voila, il y a beaucoup de bons groupes chez nous mais on reste quand même le meilleur groupe de la région, ce n’est plus la peine de chercher plus loin (rires).
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