Jake Bowen (Periphery) Toulouse, le 24/05/2017

Metalorgie a eu l'opportunité de rencontrer Jake Bowen, guitariste de Periphery depuis les débuts du groupe, quelques heures avant leur concert à Toulouse le 24 mai 2017. Bien que la rencontre fut brève, nous avons eu le temps d'évoquer avec lui énormément de choses, comme le prochain album, les concerts sans bassiste, ou encore les jeux vidéo...

Metalorgie : Periphery III : Select Difficulty a bientôt un an. Avec le recul, comment vois-tu cet album ?
 
Jake Bowen (guitare) : Je me sens plus à l'aise avec les titres du nouvel album. Quand on a écrit l'album, ça a été vite, mais depuis on a joué les chansons plein de fois depuis, elles prennent vie différemment sur scène. Maintenant je suis vraiment à l'aise pour les jouer. Et je trouve que ce sont nos meilleures chansons ! Les concerts sont meilleurs maintenant. Donc c'est vraiment cool, je suis très content. Et c'est aussi la première fois qu'écrire et enregistrer n'a pas été ultra stressant. Normalement il a toujours des inconnues dans l'équation, et chacun doit vraiment être très préparé pour l'enregistrement, mais avec l'expérience on a finalement trouvé ça assez facile, pour une fois.
 
The Price Is Wrong, la piste d'ouverture de votre dernier album, a été sélectionné aux derniers Grammy Awards dans la catégorie "meilleure performance Metal". Quel a été ton ressenti quand vous l'avez appris, et penses-tu que c'était le meilleur choix possible parmi les titres de Periphery III : Select Difficulty ?
 
A vrai dire, c'est pas moi qui ai décidé quelle piste était nominée ! Je ne pense pas qu'on puisse avoir notre mot à dire. Peut-être que j'aurais choisi un autre titre, mais on a tous des préférences différentes, nos opinions personnelles n'ont pas vraiment d'importance. Je ne sais même pas quels ont été les critères qui ont fait que ce morceau à été choisi, donc je ne peux pas vraiment m'étendre sur le sujet... Pour ce qui est de mon ressenti quand on l'a su, j'ai été vraiment choqué ! Se faire un nom dans le milieu de la musique est vraiment quelque chose de difficile, c'est vraiment rare d'atteindre ce genre de cap, surtout pour un groupe de Metal Progressif comme Periphery. Je suis heureux qu'on ai été nominés, même si on a perdu, et quelle que soit la chanson choisie.
 
J'aime beaucoup le fait que certains albums de Periphery contiennent des repères qui reviennent, comme le thème autour duquel est construit l'EP Clear ou les mélodies répétées différemment tout au long de Juggernaut, ou encore les 3 pistes Muramasa, Ragnarok, et Masamune dans Periphery II. C'est vraiment moins clair dans Periphery III : Select Difficulty, pourquoi ce choix ? Penses-tu que cette tendance reviendra dans le prochain disque ?
 
Il y a quand même un motif qui revient, à la fin de The Way The News Goes..., puis à la fin de Absolomb il y a un arrangement orchestral de ce même motif, et enfin dans Lune il y une section qui reprend la même progression d'accords. On joue pas mal de choses "thématiques" sur tous nos disques, mais c'est plus évident sur certains que dans d'autres, et sur P3 c'est moins évident. Ça a tendance à devenir notre style d'écriture d'ailleurs, un peu comme une marque de fabrique. Misha et moi avons grandi en écoutant beaucoup de Dream Theater, et on aime beaucoup la façon dont ils placent des nœuds qui connectent les titres, des passerelles qui permettent d'exprimer un même riff de différentes façons. On aime vraiment cette approche et on essaye d'incorporer ça dans notre propre musique.
 
Le titre "Select Difficulty" me fait penser à un menu de jeu vidéo. Misha Mansoor a aussi produit récemment quelques OST de jeux vidéo. Alors, êtes-vous des gamers dans le groupe ? Si oui, est-ce que ça a un impact sur votre musique ?
 
(Avant même que la question n'aie finie d'être posée, Jake désigne la Mini-NES à laquelle il était en train de jouer avant que nous ne le rencontrions, tout sourire.)

Oui, c'est évident. On a grandi en jouant, et on est toujours des gamers, tous les six. Certains d'entre nous jouent plus que d'autres, mais c'est quand même une connexion entre nous, un point commun. Quant à l'influence sur notre songwriting, oui, je pense que certaines musiques de jeu vidéo sont tellement composées qu'elles peuvent devenir des influences aussi majeures que n'importe quel groupe. Après, comme ces chansons sont noyées dans une séquence où tu es concentré sur le gameplay, ou absorbé dans le visuel d'une cinématique, forcément, ça n'a pas le même impact. Mais ça n'enlève rien aux qualités de composition, par exemple les musiques des Final Fantasy sont toutes énormes. Il y a vraiment une influence forte de ce genre de musique dans ce qu'on écrit, oui. Donc "Select Difficulty" est un clin d'œil à tout ça, on aimait comment ça sonnait, et puis ce n'est pas si profond. On aime la simplicité.
 
Vous êtes un groupe très productif (2 EPs et 4 albums dont un double en 6 ans). J'ai cru comprendre que vous aviez eu un trou dans votre planning entre octobre 2016 et février 2017, du coup, en avez-vous déjà profité pour écrire un nouveau disque ?
 
On a toujours quelques démos d'avance. On se replonge parfois dans des trucs qu'on a écrit il y a longtemps, on se laisse inspirer par ces démos pour en faire quelque chose... Mais on a pas encore parlé de faire un nouveau disque dès maintenant. On tourne encore pour défendre P3, depuis janvier. Et entre les tournées on est tous occupés, on a d'autres projets à côté, une famille pour certains, au final on a pas vraiment pris le temps de bosser sur une suite. Misha et moi, on a quand même écrit un truc ensemble pendant la période de creux dont tu parles. Mais c'était un EP 5 titres de musique électronique ! Ça a été la seule chose qu'on ait vraiment produite musicalement pendant notre break.
 
Pour le prochain disque, la numérotation va-t-elle continuer, ou est-ce que ce sera un album à part, comme l'était Juggernaut ? Et de la même façon, pensez-vous a renouveler la pochette, ou ce "recyclage" fait partie intégrante des productions du groupe ?
 
Je ne sais pas, c'est trop tôt pour en parler. On n'en sait rien, ce sera peut-être un concept-album comme Juggernaut, ce sera peut-être un album normal et dans ce cas on sait pas si on l'appellera Periphery IV ou pas, ce sera peut-être un EP, on n'en sait encore rien. Comme je te disais, on a quelques démos, on s'est montré quelques riffs qu'on avait écrit, mais on a pas été bien plus loin que ça.
 
Je me souviens avoir vu Mark Holcomb avec un t-shirt Emperor, qui est certes un groupe culte, mais dont le son est assez éloigné des productions de Periphery. Quelles sont vos principales influences ? Y en a-t-il certaines qui soient radicalement différentes de ce que vous jouez ?
 
Absolument. J'irais même plus loin, je dirais que la plupart de la musique qu'on écoute n'a rien à voir avec la musique que l'on écrit. J'écoute majoritairement de l'Electro, mais j'écris des riffs de Metal. Mark écoute de tout, mais alors vraiment de tout. On est pas intéressé uniquement par le style que l'on écrit. Mark est le plus aguerri en terme de Black Metal, il aime beaucoup ça. Et il amène cette influence dans ses riffs dans Periphery. Ce n'est pas forcément évident, mais il y a un tout petit peu de Black Metal dans ce qu'on joue.
 
Parlons de cette tournée. Depuis le début de l'année vous avez joué cinq dates en Australie puis une dizaine en Asie, ensuite vous avez tourné environ un mois à travers tous les États-Unis, puis à nouveau un mois en Europe ! Il ne reste plus que quelques dates avant le fin de la tournée. Comment ça va ? Pas trop fatigué ?
 
J'ai tellement besoin d'une pause. Il me faut du temps pour moi, je suis épuisé. on n'a pas vraiment eu de pause entre les différentes tournées que tu mentionnes. Tiens, le gars assis là-bas, Jeff, c'est notre technicien lumière. Et lui et moi, à la fin de notre tournée en Asie, on est restés au Japon et on a passé une semaine à faire de la randonnée dans les montagnes et dans la campagne japonaise. On y tenait vraiment, alors on l'a fait. Mais pendant ce temps-là, les autres étaient rentrés et se reposaient, nous pas ! Puis j'ai déménagé entre deux tournées, j'ai eu à bosser sur mes projets musicaux, puis on a tourné aux États-Unis pendant presque un mois, puis on a eu moins d'une semaine à la maison avant de repartir pour un mois en Europe... Ça a quasiment été du non-stop. Il me faut vraiment du temps pour juste ne rien faire, avec mon chien et personne d'autre ! (rires)
 
Quels sont vos plans, en tant que groupe, après cette tournée ?
 
Ne plus se parler pendant quelques mois. (rires) Le pire c'est que c'est vrai. J'irais sûrement quelques fois chez Misha, et voir les autres de temps à autres, mais on a passé tellement de temps ensemble pendant ces dernières tournées... Certains d'entre nous sont mariés ou ont des copines, on a envie de passer du temps avec les gens qui nous sont chers, peut-être partir un peu en vacances, et je pense qu'on va tous délaisser un peu nos instruments pendant un petit temps.
 
Une grande majorité des groupes commencent leurs spectacles par un titre d'actualité, pour marquer les esprits. Pourquoi avez-vous décidé d'ouvrir les concerts par deux titres issus de Juggernaut avant d'aborder les pistes de Periphery III : Select Difficulty ?
 
On voulait jouer A Black Minute depuis un moment, c'est le titre d'ouverture de Juggernaut Alpha. On a cherché une façon de l'intégrer au set, et... En fait on avait jamais commencé un concert par un titre de ce style, c'est intense mais il ne se passe pas vraiment grand-chose, c'est un titre un peu "chill". On ne savait comment mettre ça au milieu du concert sans que ça ne fasse retomber l'ambiance... Alors on a commencé par ça, plutôt. Et on enchaîne sur la dernière chanson de Juggernaut Omega, comme ça la boucle est bouclée, on a l'alpha et l'omega.
 
Votre bassiste Adam "Nolly" Getgood ne tourne plus avec vous, préférant s'investir dans une vie plus stable, mais il reste membre du groupe. Comment te sens-tu par rapport à sa décision, comment gères-tu son absence sur scène ?
 
C'est intéressant que tu en parles maintenant, parce qu'il y a quatre jours, à Londres, il était là et il a joué avec nous. C'était super de l'avoir avec nous à nouveau. J'espère qu'un jour il reviendra jouer avec nous sur une base régulière, mais après on comprend tous son choix de se concentrer sur d'autres aspects de sa vie. Il reste un membre du groupe, c'est un de nos meilleurs amis, c'est juste que ça s'est fait comme ça. Il nous manque.
 
Pour finir, est-ce que tu parles un peu français ?
 
Euh, je sais dire "parlez-vous anglais ?" en français. C'est tout...
 
Un dernier mot ?
 
(En français) "Merci beaucoup !". (Retour à l'anglais) Ah en fait je sais dire ça, aussi !

Zbrlah (Juin 2017)

Merci à Jake pour sa disponibilité et à Valérie pour l'opportunité de faire cette interview.

Partager :
Kindle
A voir sur Metalorgie

Laisser un commentaire

Pour déposer un commentaire vous devez être connecté. Vous pouvez vous connecter ou créer un compte.

Commentaires

ZbrlahLe Jeudi 08 juin 2017 à 13H19

Absolument pas. J'ai réalisé l'interview à Toulouse sans les avoir vu à Nantes, si j'avais su je l'aurais demandé...
(C'est peut-être lié à la grosse fatigue dont Jake Bowen fait part et que j'ai vraiment ressenti pendant l'entretien, sur le plan physique en plus de ses mots...?)

baktouiLe Vendredi 02 juin 2017 à 20H09

Beau set à Toulouse, demi set à Nantes
Ils ont donné une raison pour la sortie de scène du chanteur en plein set?