Dans une toute petite loge du Trabendo, nous avons rencontré Jonas et Per, respectivement bassiste et batteur de Royal Republic, quelques minutes avant leur concert (complet), pour leur parler de leur album, de leur tournée, et de rock ! Ambiance chaleureuse dans les deux sens : transpiration, bonne humeur et blagues potaches !
Salut, les gars! Comment se passe la tournée ? Vous êtes impatients de jouer ce soir au Trabendo j'imagine ?
Jonas: Beaucoup oui !
Per: Ouais !
Jonas: Ça faisait un moment qu’on attendait le concert de Paris. La tournée se passe super bien. On arrive au bout, plus que deux shows après celui-ci. On voit enfin le bout du tunnel ! (rires) On a envie de tout balancer et s’éclater à fond !
Per : On sent que c’est la fin, les gens commencent à tomber malade, on tourne au ralenti, on pense à la maison et à notre canapé. Hier, à Bordeaux, le public était sympa, même si c’était pas forcément un concert qu’on attendait avec impatience. Ce soir par contre, on a vraiment hâte ! 750 billets vendus, c’est top ! Et la salle a l’air géniale.
Vous avez déjà une autre date parisienne à la fin de l’année et c’est dans une plus grande salle (NDLR : au Cabaret Sauvage le 2 décembre, infos).
Jonas : Oui, il faut toujours voir plus grand !
Per : Et on a aussi des dates dans des festivals cet été, mais je ne me souviens plus lesquels !
Jonas : Moi non plus ! (rires) (NDLR : Ce sera à Musilac).
On vous a vus à Rock en Seine l’été dernier et c’était vraiment cool.
Jonas : Mon dieu, oui ! C’était une journée horrible, sauf le concert ! Notre avion a eu du retard pour commencer. Une fois arrivés à l’aéroport, il manquait ma basse, donc on a dû attendre et donc prendre encore plus de retard. Puis le chauffeur nous dit qu’il connaissait un raccourci… Ne faîtes jamais confiance à quelqu’un qui vous dit ça ! (rires) Donc on a fini par arriver pas loin du festival, on pouvait voir l'entrée du site mais la Police ne voulait pas nous laisser passer. On a tourné en rond pendant un moment.
Per : Sans parler des bouchons dans Paris ! On est finalement arrivés mais très à la bourre sur notre programme : on a loupé le déjeuner, ce qui fait qu’on a dû enchaîner tout de suite avec la promo pendant une heure. Après cela on a enfin pu manger et pour finir le concert était top donc la journée s’est bien terminée. Tellement de personnes sont venues, c’était dingue.
Vous vous attendiez à voir autant de monde ?
Per : Non, on ne savait pas à quoi s’attendre.
Jonas : Avec ce genre de festival, c’est quitte ou double. Et on a vu double !
Per : Pourtant, cinq minutes avant que l’on entre en scène, il n’y avait pas grand monde. Je regardais depuis les coulisses. Et puis quelques minutes plus tard, j’ai vu sur Instagram que notre ingé son avait posté deux photos : l’une où on le voyait en train de faire ses réglages et pratiquement personne dans le public, et une autre qui le montrait en train de lever la tête et de voir que ça s’était rempli en un rien de temps !
Quelqu’un a même posté une vidéo sur Instagram qui montrait les gens en train de gravir la petite montée qui mène à la scène Pression Live, on se serait cru dans The Walking Dead !
Jonas : Des zombies bien entraînés ! (rires)
Question basique : comment vous êtes vous rencontrés en fait ?
Jonas : Eh bien, réponse basique : au Conservatoire. C’est pas très rock’n'roll, je sais !
Per : On était des vrais nerds de la musique ! (rires) Et on ne se connaissait pas, mais on avait envie de former un groupe : chacun de notre côté, on essayait de recruter des gens qui nous semblait cool, qui avait un son qui nous plaisait.
Jonas : Ça fait un peu casting de boys band ! (rires)
Per : C’est un peu ça oui ! (rires) Mais quand on a commencé à jouer ensemble, sans Jonas, qui nous a rejoint plus tard …
Jonas : C’était le bon temps ! (rires)
Per : Ouais ! Bref, quand on a commence à jouer ensemble, il s’est passé quelque chose tout de suite. C’était beaucoup plus fun que je ne l’aurais imaginé ! Et puis on a fait connaissance, même si au début, il y a eu pas mal de moments gênants, du genre « Heu… tu veux venir à la maison regarder le match de foot ? », « Non, merci, je déteste le foot. » (rires) Puis Jonas est arrivé et comme on n’avait encore jamais fait de tournée sans lui, c’est avec lui que le groupe a réellement commencé.
Jonas : Merci ! Vous aviez dû faire quatre ou cinq concerts sans moi et j’ai fait les 700 suivants, mais malgré ça, j’ai toujours l’impression d’être en période d’essai ! (rires)
Per : D’ailleurs en tournée, on le fait dormir dans la soute du bus et c’est lui qui nettoie les toilettes ! (rires) Non, on déconne bien sûr !
Autre question toute bête : d’où vient le nom du groupe ? Du régime politique suédois ?
Jonas : Non. On avait trois possibilités et on a choisi la meilleure. On devait choisir entre « Club Majesty », « King Average » et « Royal Republic ».
Per : En fait , le concept a toujours été de créer un rock différent de ce qu’on avait pu entendre dans le clubs punk par exemple. Un punk rock classieux, pour et par des gens élégants. Parce qu’on n’est pas de punks à l’ancienne, on est des intellos de la musique qui voulaient jouer du rock’n roll et on voulait un nom qui évoque cette idée.
Parlons un peu de l’album Weekend Man. Comment avez-vous trouvé l’idée d’un tel titre ?
Per : De la chanson ! Mais pour savoir, il faut demander à Adam. Je crois qu’il trouvait cette expression rigolote. On avait le riff depuis un moment, depuis Save The Nation, mais il sonnait différemment. On l’a ralenti, on l’a retravaillé je ne sais plus combien de fois, et ça a fini par le faire !
L’album déborde d’énergie. Vous la trouvez où ?
Jonas : Le sommeil ! (rires)
Per : Bizarrement, je trouve que c’est l’album le plus lent . Sur We are the Royals, tout était très rapide. Sur Save The Nation, il n’y avait que Everybody Wants to Be an Astronaut dont le rythme était plus lent. Sur Weekend Man, il y en a plusieurs, dont Baby.
Justement, à propos de Baby, vous demandez des nachos au fromage dans votre liner ? (NB : à cause du jeu de mot "Cheese Nacho Baby")
Jonas : Oui ! (rires) Et cette phrase, ce jeu de mot, c’est Per !
Per : Ca sonnait bien ! Et maintenant, tout le monde chante ça ! Plus personne ne dit “She’s not your baby”! (rires)
Any Given Sunday sonne très années 80. Est-ce que c’est un hommage à Billy Idol ?
Jonas : Il faut croire ! (rires) Ça l’est devenu après l’avoir retravaillée. Si vous écoutez la démo, vous verrez qu’elle sonne complètement différemment. Et Adam l’a fait évoluer dans le sens que vous connaissez, en utilisant moins de distorsion par exemple.
Votre titre American Dream ne sonne plus pareil avec leur nouveau président. Pensez-vous que c’est toujours le rêve américain existe toujours ?
Per : Oui ! Je ne pense pas qu’il ait changé grand-chose à ce niveau là. Peu importe qui est président, il y a toujours cette idée qui te trotte dans la tête de vouloir vivre à Los Angeles ou New York et pouvoir dire au gens : « Ouais, j’habite à New York ! Et j’ai une maison à L.A. ! » On part en tournée aux États-Unis fin avril justement, donc on verra si le rêve est toujours présent ! Notre rêve à nous est très clair : on veut conquérir le public américain.
Vous ne jouez plus très souvent la chanson Uh Uh en live. Est-ce parce que c’est difficile de faire sonner le riff à deux guitares comme sur l’album ?
Jonas : Non, c’est plus parce qu’on aime notre setlist du moment. Quand on construit une setlist, il est important de bien équilibrer les titres très dynamiques et les chansons plus douces pour que les gens puissent se reposer les oreilles et le reste ! Et on n’arrivait pas à intégrer cette chanson malheureusement.
Vous reprenez deux titres metal dans cette setlist : Ace of Spades de Motörhead et Battery de Metallica. Vous avez l’intention d’en faire d’autres ? Vous êtes des metalleux en fait ?
Jonas : Moi oui, ça ne me dérangerait pas! Et Adam est un grand fan de Metallica.
Per : Pourquoi pas ? Si c’est drôle et que ça marche, on le fera . Ces deux chansons marchent tellement bien ensemble et les gens adorent en plus.
Vous devriez reprendre Walk de Pantera et faire croire au public que vous allez jouer la vôtre qui s’appelle Walk !
Jonas : Bonne idée ! (Il chante le riff en faisant de la air-guitar)
Avez-vous déjà commencé à travailler sur votre prochain album ?
Per
: Non, pas vraiment. Adam a un peu commencé, j’ai fait quelques
sessions avec Hannes, mais rien de très approfondi encore. Je pense
surtout que Weekend Man est notre album le plus « royal ». On a notre
son maintenant, et on va continuer dans cette voie, essayer d’écrire de
meilleures chansons, de meilleurs albums, en enlevant ce qui ne nous
plaît plus et en ajoutant ce qui nous plairait.
En France, on a
pu observer ces dix dernières années un déclin de « l’esprit rock »
qu’on pouvait voir dans les années 80-90 (certainement dû à la loi
Toubon) . Avez-vous vécu un phénomène semblable en Suède ?
Jonas : Non, pas du tout ! Si c’est une bonne chanson, peu importe d’où elle vient !
Per : Même si le rock n’est plus aussi populaire depuis un moment.
Jonas
: Le rock a toujours été l’outsider de toute façon ! C’est ce qui était
cool dans les années 80-90, être en marge, ne pas être complètement
mainstream, faire ce qu’on a envie de faire.
Per
: Je crois qu’il y a plusieurs facteurs à ce phénomène. Déjà il y a le
côté business et ça craint ! Les labels sont en train de mourir et ne
s’en rendent pas compte, ou bien ils s’en rendent compte et s’accrochent
à tout ce qu’ils peuvent pour survivre. Il y a de plus en plus de gens
qui jouent live, des gens qui prennent de l’argent de gauche à droite,
et cela devient de plus en plus difficile de gagner sa vie en faisant de
la musique, à moins d’atteindre un certain niveau. Et puis il y a aussi
le fait qu’il y a de moins en moins de groupes dont la musique a du
sens, un message, et des mecs qui ont des couilles ! Comme The Hives
par exemple. Quand on les a découvert, on a tout de suite compris qui
ils étaient, et c’est allé très vite, tout le monde a embarqué à bord de
leur train ! Ou Tame Impala, un groupe super cool, tout le monde a adhéré de suite. Pour Biffy Clyro,
ça a été plus long car le concept est un peu étrange, mais ils se sont
accrochés, et maintenant les gens ont compris. C’est un super groupe.
Jonas : Muse aussi. Ils ont leur concept à eux.
Per : Oui et Muse,
ils ont toujours eu ce son particulier, qu’ils ont enrichi d’année en
année, et maintenant ils en sont à ce niveau. Donc oui, il y a ces
groupes là, mais quand je regarde autour de moi, je ne vois pas quel
pourrait être le prochain. Pourquoi pas nous ? (rires) Mais nous, le
concept n’est pas aussi défini que The Hives
par exemple, mais on fait notre petit truc et on revient le faire un
peu plus tard, et au bout d’un moment les gens finiront par dire « Hé
mais c’est Royal Republic putain » (rires)
Pour terminer, quelle chanson d’un autre artiste auriez-vous voulu écrire vous-même ?
Jonas : Oh la la, tellement... Mais Seven Nation Army est vraiment bien. Ça m’aurait plu d’entendre mon riff dans les stades.
Per : Et c’est une chanson tellement cool qui reste intègre malgré le fait qu’elle soit devenue si populaire. Sinon, Song 2 reste aussi une chanson géniale, Uprising de Muse ou No One Knows de QOTSA.
Jonas : Tick-Tick Boom de The Hives !
Per : Oh oui, tellement de chansons de The Hives, comme I Hate to Say I Told You So.
Ensemble : Two-Timing Touch And Broken Bones !!!