Persefone Paris, le 14/04/2017

A l'occasion de leur concert à la Boule Noire (Paris) le 14/04/2017, nous avons échangé avec Carlos Lozano (guitare lead), Marc Martins (growls), et Miguel "Moe" Espinosa (claviers, chants clairs) de Persefone. Très bavards et pas dans l'urgence, nous avons eu la chance de parler plus d'une heure avec les Andorrans. Une interview décomplexée et pleine de bonne humeur à découvrir tout de suite.
(Marc Martins - Sergi "Bobby" Verdeguer (en haut) - Miguel "Moe" Espinosa (en bas) - Carlos Lazano)


Votre cinquième album, Aathma, est sorti il y a moins de deux mois. Avez-vous déjà eu des retours par les fans ? Reçoit-il l'accueil que vous espériez ?

Carlos : C'est vrai que ça fait à peine deux mois qu'il est sorti, mais on a l'impression que ça fait plus longtemps, parce qu'on vit un peu à travers cet album depuis longtemps. Et jusqu'ici le feedback a été plutôt dingue. On a eu pas mal de chroniques sur différents médias, autant dans la presse écrite que sur le web, et on nous donnait des 9/10, des 10/10, dans la plupart des reviews en tout cas, et on ne s'attendait pas à ça du tout. Il y a des gens qui nous écrivent des mails pour nous parler de leur ressenti, principalement autour de leur perception des paroles. Donc oui, les retours sont pour l'instant largement meilleurs que ce à quoi on s'attendait.
Marc : Il y a beaucoup de gens qui avaient vraiment aimé Spiritual Migration, et qui redoutaient, en quelques sortes, qu'on ne puisse pas atteindre le même niveau avec un nouvel album. Et au final, certaines personnes qui avaient ce sentiment nous ont dit qu'après avoir écouté Aathma, ils se sont dit qu'on n'avait pas seulement réussi à atteindre ce niveau, mais carrément à le dépasser. On a pas vraiment fait exprès, on a écrit l'album comme on l'a senti, et si les gens le voient comme ça, c'est réellement génial.
 
En Sanskrit, "Atma" évoque l' "âme immortelle". Y a-t-il un lien ? Pouvez-vous expliquer un peu le concept de l'album ?

Carlos : Oui, c'est tout à fait lié. Pour ce qui est du concept, il faut remonter à l'album Shin-Ken. Avant ce disque on n'abordait pas de thème de ce style, mais Shin-Ken évoque la culture japonaise, ça raconte l'histoire d'un samouraï sur la voie du Bushido. Ça correspond d'ailleurs a une période où on avait pas mal de conversations philosophiques entre nous, où on était assez branchés dans la méditation... À vrai dire, il y a des croyances différentes au sein du groupe, mais on ressent tous un certain respect pour la Nature, pour la Vie... Apres cet album, on s'est naturellement dit qu'on pouvait continuer d'explorer ce genre de thématique. On a écrit les textes de Spiritual Migration en ce sens, et on a encore continué pour Aathma, qui est tout à fait connecté à la notion Sanskrit dont tu parlais. Il s'agit d'évoquer l'attachement qu'on a pour l'aspect physique de la vie, ce qu'on voit, ce qu'on peut toucher...
Marc : Ce qu'on peut acheter...
Carlos : Oui, ce qu'on peut acheter, le fait que cette réalité physique est la seule qui compte, et le fait qu'on ait perdu le lien avec le côté spirituel du monde qui nous entoure. On fait tous parti d'une même "chose" qui nous connecte spirituellement, et il ne faut pas le perdre. Le début de l'album parle de la façon dont on est ancré au monde physique, et plus l'album avance, plus l'aspect spirituel revient. On fini par se sentir connecté à un ensemble... On part de "one of many" pour devenir "many of one" (note : ce sont les noms des premières et dernières pistes de Aathma).
 
Est-ce que le thème des paroles a été développé avant l'écriture de la musique ou au même moment ?

Moe : Comme Carlos le disait, on savait qu'on voulait continuer à explorer des thèmes spirituels. Mais malgré tout, avant de définir le thème en détail, on commence toujours par écrire la musique. D'ailleurs on se considère tous plus comme des musiciens que comme des paroliers.
Carlos : Niveau paroles, on avait déjà préparé quelques éléments, ces dernières années. Des thèmes globaux, des directions générales, parfois des choses contradictoires. Des choses qui sonnaient bien, des notions qui nous semblaient importantes, mais sans que rien n'ait de contexte. Et puis, plus l'album avançait sur le plan musical, plus certaines de ces idées de paroles se sont mises à résonner avec nos vies personnelles, avec ce qu'on imaginait pour Aathma.
Marc : Depuis l'album Shin-Ken on a travaillé nos paroles autour d'un message spirituel. Il y a beaucoup de groupes dont les textes s'orientent sur la noirceur, le chaos... Mais on a vraiment voulu faire des textes qui reflètent ce qu'on est, dégager un message poétique et positif, et ça aide peut-être un peu les gens. D'ailleurs depuis Spiritual Migration, on a reçu quelques mails de gens qui nous disent que nos paroles ont amélioré leur vision de leur vie. C'était tellement surprenant et gratifiant de lire ça, même si ce n'est qu'une poignée de gens, quand on te dit "les gars, j'étais réellement dans une mauvaise passe, et votre musique et vos paroles m'ont inspiré pour m'en sortir", ça te donne envie de continuer dans cette voie, de continuer à apporter ce message spirituel et positif.
Carlos : C'est incroyable, quand un mec t'écris d'Australie pour te dire qu'il ressent la même chose que toi en lisant les textes. Comme on le disait, c'est comme si on était "many of one"...
 
Est-ce que vous pouvez me parler des changements de line-up qu'il y a eu dans Persefone ? Comment l'écriture et l'enregistrement de Aathma se sont passé avec un nouveau batteur et un nouveau guitariste ?

Marc : À chaque fois que quelqu'un de nouveau arrive dans le groupe, il apporte quelque chose avec lui. On a tous des goûts différents, et on s'assemble pour former le groupe, comme les pièces d'un puzzle. Chacun de nous six est une importante pièce du puzzle, et quand on change une pièce, le puzzle est différent.
Carlos : L'Andorre c'est assez restrictif comme zone où chercher des musiciens. Quand Marc Mas, notre ancien batteur, a décidé de quitter le groupe, on a reçu pas mal d'offres de super batteurs qui proposaient leur aide, parfois depuis super loin de l'Andorre. On en a parlé entre nous et on a décidé de recruter quelqu'un qui puisse être un ami, qui soit enrichissant pour le groupe en tant que personne, pas forcement le mec le plus talentueux du monde. Le côté humain a primé. Du coup Bobby, notre nouveau batteur, c'était un ami depuis des années, il joue dans Nami, et il nous a dit "je peux essayer ?"... En fait, quand tu auditionnes un mec que tu ne connais pas, s'il se trompe, bah tant pis pour lui, il sera pas retenu ; alors que si c'est un ami, tu as envie de l'aider, tu lui dis où et pourquoi il s'est trompé, t'as envie de l'aider à s'améliorer. Donc, on a passé environ un an à s’entraîner avec Bobby, il voulait tellement faire partie du groupe ! C'est pour ça qu'il y a une si belle connexion entre nous.
Marc : Ça allait aussi dans l'autre sens, le groupe le voulait comme batteur.
Carlos : Oui, aussi, bien sûr !
Moe : Bobby et Filipe sont deux gars sur qui on peut compter. On a aussi besoin de ça dans le groupe, parce que la plupart du temps, on ne joue pas de musique. On chacun nos vies, nos familles, et conjuguer ça avec le groupe ça peut engendrer des contraintes. En plus du fait qu'ils peuvent apprendre des chansons vraiment difficiles, on sait aussi depuis le début qu'ils peuvent gérer ça, ils peuvent nous aider à dépasser ça. Parfois, on a plus besoin d'un ami que d'un guitariste.
Carlos : Pour Felipe, c'est la même chose. C'est la star du groupe maintenant, c'est le plus jeune, il a quoi ? 23, 24 ans ? Et il vit déjà la vie de rockstar en tournée ! (rires) En fait c'était mon élève, il a commencé avec moi et maintenant il joue mieux que moi ! (rires) Non, sans blague, j'adore jouer avec lui.

La plupart des chansons que vous écrivez font moins de 10 minutes, mais Aathma en fait plus de 20, tout comme les trois titres qui compose votre second album Core. Y a-t-il eu une similitude dans la façon dont ces titres ont été écrits ?

Moe : A un moment de l'écriture, je crois que c'était en août 2016, on avait presque tout et pourtant on a réalisé qu'un truc manquait. On s'est demandé quoi, parce que tout semblait marcher, on aimait les chansons, mais pourtant on arrivait pas à se défaire de cette impression de manque. Et Carlos a débarqué en disant "je sais ce qu'il manque : c'est une chanson putain de longue".
Carlos : Tu connais l'album The Odyssey de Symphony X ? On en est de gros fans. Tu as toutes ces pistes géniales et là, BOUM, The Odyssey.
Moe : Par contre, on devait avoir fini l'album pour le 26 novembre, pour le faire mixer et masteriser ensuite. Il restait peu de temps pour écrire ce titre. Et au final, il s'est imposé de lui-même dès qu'on s'est rendu compte qu'il nous fallait une longue chanson. Ce titre n'a pas été difficile à écrire, en fait.
Carlos : Pas du tout difficile. Il s'est écrit tout seul, presque.
 
Comment se sont passées les collaborations avec Paul Masvidal, Øystein Landsverk et Merethe Soltvedt ? Est-ce quelque chose que vous souhaitiez depuis longtemps, ou est-ce que ça a été quelque chose d'assez spontané ?

Carlos : PAUL MASVIDAAAAAAAAAL ! (il mime une prosternation)
Marc : En fait c'est assez différent pour chacune des trois collaborations. Øystein est un ami du groupe depuis qu'on a tourné avec Leprous. On a été chez lui, on l'a fait venir en Andorre, c'était forcement quelque chose qui allait se passer tôt ou tard.
Carlos : J'adore son jeu. En tournée, on jouait tous les jours ensemble, on apprenait nos chansons à l'autre, on se montrait des trucs. Je lui avais déjà demandé à ce moment-là, et ça a pris trois ans à se concrétiser. Il avait dit oui sur le coup, et quand je l'ai appelé trois ans plus tard, il m'a dit "mais bien sûr que c'est toujours d'accord, j'attends tes fichiers mec !". Je lui ai envoyé la chanson, et voilà. Son solo était parfait, on avait rien à redire.
Marc : Pour Paul Masvidal c'était un peu plus spontané. Certains d'entre nous on eu la chance de le rencontrer à l'Euroblast. La connexion part de là, et un peu plus tard, en travaillant sur l'album, on s'est dit que ce serait tellement putain de super d'avoir un invité de son calibre.
Carlos : On s'est dit qu'il fallait que la première phrase de l'album soit un message puissant d'entrée de jeu. On savait que Paul Masvidal était versé dans les textes avec un sens fort, le spirituel, tout ça. Du coup, on lui a montré, mais à la base c'était juste pour avoir son avis. On lui a dit "voilà ce qu'on a écrit, qu'est-ce que tu en penses ?", et il a dit "okay c'est excellent, je veux le faire", et on a répondu "faire quoi ?", et il a dit "beh, le chanter sur votre album !"...
Marc : Et pour le vocoder, l'effet sur sa voix, c'est aussi lui qui a demandé s'il pouvait le faire. Et nous s'est exactement ce qu'on attendait, on voulait du vocoder à la Cynic !
Carlos : Quand tu bosses avec un cador comme lui, tu peux tout simplement pas lui dire comment faire son boulot. On se disait que s'il ne mettait pas d'effet, on pourrait peut-être le rajouter nous-mêmes, sur sa voix, après coup... genre, discrètement... (rires) Et puis on a reçu son mail qui disait qu'il voulait utiliser ce filtre, avoir cette voix d'alien, et nous on s'est dit YEEAAAAHHHH ! Et on lui a répondu un truc du genre "mouais, si t'as envie, pourquoi pas" ! (rires) Il a été tellement professionnel, tellement inspirant... Et je sais pas trop comment on a osé aborder ça, mais on lui a demandé s'il pouvait chanter sur un autre titre, avec des tonnes de "peut-être", sans lui mettre de pression... Et puis un petit solo... (rires) Et il a répondu qu'il savait qu'on galérait, et qu'il allait nous aider. Il a été putain d'adorable. Et maintenant on ouvre nos concert avec le sample de sa voix !
Marc : Merci encore Paul !!! Et pour Merethe...
Moe : Je suis un vrai fanboy de cette fille. J'ai beaucoup écouté de trucs du projet Two Steps From Hell dans lequel elle chante, c'est des trucs assez orchestraux, des musiques de films, etc. Ça faisait vraiment longtemps que j'aimais sa voix. Et il y a deux ans, en écoutant une chanson d'elle, j'ai su qu'il fallait qu'elle participe à un album de Persefone. Donc pendant l'écriture de Aathma je l'ai contactée, je lui ai juste dit "on est un groupe d'Andorre, on enregistre un album de Metal, et j'aimerai que tu sois dessus parce que j'adore ta voix". Je n'attendais rien de spécial. Mais elle a dit "okay, j'en suis !", tout simplement.
Carlos : Des fois, c'est aussi simple que ça. Il suffit d'oser !
Moe : Je pense qu'elle avait en tête de chanter sur un passage vraiment heavy, mais elle apparaît sur une partie très orchestrale... encore !
Carlos : Le truc marrant, c'est que Moe la voulait à tout prix, depuis des années. Et nous autres on était tous septiques. C'est vraiment au tout dernier moment qu'on s'est dit "laissons la essayer", c'est sur la toute dernière partie de l'album. Moe a enregistré le chant, une version de pré-production, pour la guider, lui indiquer quoi chanter. Et ça nous a carrément plu ! On aimait la façon dont Moe faisait vivre ce passage, on avait pas besoin de Merethe ! Mais il a encore insisté, il a dit "laissez moi lui envoyer", et il était tellement à fond pour bosser avec elle qu'on s'est laissé faire. Donc, Moe envoie le fichier, et on a une réponse le lendemain, ou deux jours après. Vraiment, super vite, en tout cas. On écoute, et... C'est la plus belle putain de chose sur cet album, mec. J'ai presque pleuré !
Marc : On a tous oublié le chant enregistré par Moe qui nous convenait bien, finalement on n'en voulait plus ! (rires)
 
Il y a toujours eu beaucoup de passages instrumentaux dans la musique de Persefone et Aathma ne fait pas exception. Marc, comment tu le vis en tant que chanteur ?

Marc : J'adore ça. Vraiment, j'adore ça. Je peux sortir de scène pendant quelques instants, boire une bière, fumer une clope, et revenir sur scène, c'est vraiment parfait. Sans blague, je mets vraiment toute mon énergie dans chaque instant sur scène, et je me fais vieux. (rires) Dans le show que tu vas voir ce soir, il y a un long moment pendant lequel je ne suis pas sur scène, Et j'adore ce moment. Je peux écouter la musique, prendre un break, et revenir avec toute l'énergie dont j'ai besoin.
Carlos : Ce type est le chanteur qui a le moins d'ego au monde. Pour moi c'est la star du groupe. À chaque fois qu'il fait ça, qu'il sort de scène, la scène devient tellement grande, tellement vide, on dirait que la scène est nue quand y a pas Marc dessus.

Justement, parfois, quand tu n'es pas sur scène, c'est que tu es dans la fosse, non ? Je vous ai vus en concert il y a trois ans au PPM Fest en Belgique, et j'avais été bluffé par ton énergie et ta hargne. Ce soir vous jouez dans une salle bien plus intimiste, est-ce qu'on peut s'attendre a de tels débordements de fougue ?

Marc : J'espère, oui.
Carlos : Quand on joue calme, il devient vraiment calme. Mais quand on joue Metal, il devient vraiment Metal...
Marc : On à chacun nos préférences, certains aiment les parties progressives, les passages mélodiques, moi j'aime quand c'est bourrin. On trouve un équilibre, quand c'est mélo, c'est mélo, mais quand c'est bourrin, je veux que ce soit vraiment bourrin. Je veux hurler au visage des gens au premier rang, je veux que ce soit sauvage.
Carlos : Notre nouveau guitariste, Filipe, a aussi beaucoup de présence sur scène. C'est cool, parce que je suis assez statique, je me concentre pour jouer toutes ces putains de notes, mais si les gens veulent de l'action, ils ont un autre gratteux à regarder !
 
Etes-vous satisfaits du crowdfunding que vous avez réalisés en fin d'année dernière ? Pensez-vous avoir à nouveau recours à cette méthode dans le futur ?

Moe : On est très heureux, oui. Quand on a lancé ce projet, on avait peur du résultat. On ne s'est jamais considéré comme un "gros groupe", et en tant que "petit groupe" c'est difficile d'évaluer sa fan-base. Mais dès le premier jour il y a eu énormément de soutiens et on en a été impressionnés. À la fin du crowdfunding on a récolté plus d'argent que ce qu'on avait demandé, mais notre cible était de toutes façons inférieure à notre besoin réel, on avait pas osé demander plus par peur de rater l'objectif.
Carlos : Et le site par lequel on et passés, verkami.com, c'est le seul qu'on ait trouvé qui puisse travailler avec nous, par rapport aux législations en Andorre. Et avec ce site, le deal c'est tout ou rien. Si on avait pas atteint l'objectif on aurait rien touché, même s'il avait manqué juste un euro. C'est aussi pour ça qu'on a vraiment voulu être réalistes, voire pessimistes, sur la somme à rassembler.
Marc : Ça nous a fait réaliser qu'on avait vraiment une vraie fan-base.
Moe : Et c'était motivant, aussi. Pendant le crowdfunding, on enregistrait l'album. On a tous des boulots en dehors de la musique, certains ont une famille, au final on était obligés d'enregistrer la nuit, ou le week-end. Et on avait un ordinateur avec nous pendant qu'on enregistrait, on recevait les alertes en direct quand on avait un nouveau donateur. Et de voir tous les gens qui nous faisaient confiance et qui voulaient cet album, ça nous a vraiment motivé quand on était en train d'enregistrer.
Carlos : Et quant à le refaire, je sais pas. Si on en n'a pas besoin, on ne le fera probablement pas. On aime pas demander de l'argent. Si on arrive pas a trouver comment financer l'album suivant, on y songera. Mais le but est de ne pas le refaire, à priori.

La musique de Persefone est tellement complexe et recherchée que j'ai du mal à la comparer avec les travaux d'autres groupes. Quelles sont vos principales influences, qu'est-ce que vous écoutez chez vous ?

Carlos : Tu sais quoi ? Quand on a sorti notre premier album, notre management avait posé la même question. Ils voulaient une liste d'influences, pour guider des auditeurs potentiels. Depuis, y a plein de médias qui ont récupéré ça et qui s'obstinent à nous trouver des connexions avec cette liste. Alors, bien sûr qu'il y a des artistes qu'on aime, mais je suis un peu hésitant à les nommer. Je n'aime pas les associations trop simples et les généralités. Surement que cette liste est encore sur internet, du coup si tu peux la trouver, tant mieux pour toi. Si tu ne la trouves pas, tant mieux pour toi aussi, et fais-toi ta propre idée. Je pourrais te citer Pantera (Marc approuve), Lamb Of God (Marc valide à nouveau), Symphony X (Moe hoche la tête), Dream Theater (Moe approuve encore)... Mais j'écoute aussi beaucoup de Fusion, de Funk, de Jazz...
Marc : Notre batteur adore le Indie Rock...
Moe : De toutes façons, on ne compose pas en essayant de ressembler à tel ou tel groupe. On brode autour d'une idée, et au final on construit ça à six, ça combine nos influences.
Marc : On écoute de tout. On lit de tout, aussi, et ça nous inspire autant que ce qu'on écoute. 
 
Parlons un peu de cette tournée. Vous en êtes environ à la moitié, comment est-ce que ça passe pour le moment ?
 
Carlos : C'est génial, vraiment génial.
Moe : On a été couverts de messages de soutien et d'amour pendant le crowdfunding, et aujourd'hui on rencontre enfin les gens qui ont participé. On met des visages sur des noms, et ça fait chaud au cœur. On descend de scène après le concert, et on voit des gens qui ont le t-shirt exclusif au crowdfunding, alors on les remercie. Cette tournée, elle nous permet cette connexion.
Carlos : C'est la tournée des sourires. Tout le monde sourit ! Sur scène, backstage, dans le bus, tout le monde est toujours content. Les gars de Poem sont super sympas, gentils, calmes... Vraiment, la tournée est parfaite, autant sur scène qu'en dehors.

Justement, jai découvert Poem quand vous avez annoncé cette tournée, je n'en n'avais jamais entendu parler avant. Est-ce vous qui les avez choisis ? Comment trouvez-vous leur musique ?
 
Carlos : C'est une histoire marrante. Ma copine aime le Metal elle aussi, et elle a vu Poem ouvrir pour Textures et Amorphis. Elle a vu trois concerts d'affilé, lors de cette tournée, le groupe a fini par la reconnaître et ils ont un peu parlé avec elle. Et un peu après, on finalisait l'orga de notre tournée, on cherchait un groupe avec qui jouer, et notre management nous a aidé en nous proposant trois ou quatre groupes. Dont Poem ! On a écouté les différents groupes, et j'ai vraiment aimé Poem. J'en ai parlé à ma copine, elle m'a dit qu'on devrait les choisir parce qu'en plus de faire une musique super, ils avaient l'air calmes, professionnels... Les autres groupes qu'on nous a suggéré, je vais pas les citer, mais en gros ils avaient 20-25 ans, on avait peur qu'ils soient pas sérieux. Dormir dans le tour-bus si l'autre groupe fait la fête, franchement on préfère éviter. On a donc choisi Poem, et au final ils sont si humbles, si contents d'être là... On les adore, ils sont super gentils et professionnels.

Pensez-vous un jour sortir un DVD de l'un de vos concerts ?

Moe : On essaye encore de s'améliorer, de rendre le show meilleur. Je pense qu'il est trop tôt pour ça.
Carlos : On enregistre quelques titres sur cette tournée, on s'en servira peut-être pour faire un clip avec des images live, quelque chose comme ça.
Marc : Mon DVD live préféré, c'est A Night To Remember d'Evergrey. C'est tellement dingue ! Et vu comment il est bien foutu, bien réalisé, c'est forcement le résultat d'années de tournées et de préparation. On en est pas encore là.
Moe : On commence à peine à être les têtes d'affiches... Bien sûr qu'on veut en faire, on veut pouvoir tout faire ! Mais c'est trop tôt.
 
Comment allez-vous occuper la fin de l'année 2017 ? Vous allez tourner encore, ou peut-être commencer à écrire un prochain album ?

Carlos : On va attendre un peu avant d'écrire. On va déjà finir cette tournée, et rentrer en Andorre. Il me tarde que Marc et Tony puissent retrouver leurs familles, parce que je sais qu'elles leur manquent. Apres ça, on a la chance d'avoir été programmé à deux festivals cet été, le MetalDays et le TechFest. Ensuite... On va surement tourner à nouveau en Asie, encore. On prépare ça pour octobre-novembre. Et cette tournée se passe si bien qu'on a des propositions pour refaire une tournée européenne après celle en Asie. Mais tout ça est sujet à caution, c'est loin d'être validé, il faut d'abord qu'on trouve les sous pour tourner, qu'on jongle avec nos boulots... Comme disait Moe, on veut pouvoir tout faire !
 
Justement, vous avez déjà tourné plusieurs fois en Chine, et une fois au Japon. Est-ce que les gens sont particulièrement réceptifs à votre musique là-bas ?

Carlos : Maintenant oui ! (rires)
Marc : Au Japon c'est différent, les gens là-bas sont fan de Metal occidental, c'est un fait établi. Beaucoup de groupes vont déjà y jouer. Mais en Chine c'est assez nouveau, ils n'ont pas beaucoup de groupes qui viennent.
Carlos : C'est marrant, parce qu'à la base ça s'est fait au hasard. Notre management nous a juste dit "les gars, vous voulez aller en Chine ?" et on était surpris, on a dit "hein, quoi ? Oui...? Mais pour faire quoi ?" (rires)
Moe : On veut pouvoir tout faire ! (rires)
Carlos : On a accepté, on y a été, et le premier soir, j'ai demandé au promoteur pourquoi il nous avait appelé. En fait, on a fait nos deux tournées en Chine avec un groupe qui s'appelle Silent Hell, c'est du Death Mélo à la Arch Enemy, très bien fait, avec une fille au chant, c'est super. Et le guitariste lead avec découvert Shin-Ken et le clip de Spiritual Migration, et il a appelé le promoteur, qui est un ami à lui, pour lui dire "quand on tournera en Chine, on veut EUX". En plus, en Chine, le Metal est peu médiatisé et il y a peu d'agences pour le promouvoir. Du coup, ce promoteur, c'est aussi lui qui bosse avec Symphony X ou Dream Theater quand ils vont en Chine. Je lui ai demandé pourquoi on était là s'il pouvait faire venir ce genre de groupe. Et il a dit "vous faites la même musique, mais vous êtes moins cher. Tous ces groupes, ils jouent jamais ici. Avec un cachet de Dream Theater, je vous finance deux tournées. Vous venez tourner trois ou quatre fois ici, et dans 10 ans vous jouez dans les mêmes salles que Dream Theater." Et il a peut-être pas tort, parce que la seconde fois qu'on a tourné là-bas, on a fait un festival et 5000 personnes sont venus pour nous. C'était incroyable !
 
Pour finir, la question con : avez-vous déjà rencontré des gens qui vous ont avoué qu'ils ne connaissait pas l'Andorre avant de découvrir Persefone ?

Moe : Ando-quoi ? Angola ? (ndlr : l'échange est en anglais et "Angola" sonne presque comme "Andorra") (rires)
Carlos : Tu devrais tourner ta question à l'envers. "Avez-vous déjà rencontré des gens qui connaissaient déjà l'Andorre ?" Bon, ici en France, les gens connaissent. Mais sinon, oui, c'est ultra-courant. Par exemple, à l'Euroblast, et c'est pas si loin que ça, c'est en Allemagne, on a été interviewés et on nous a dit d'entrée de jeu "désolé les mecs, je ne vais pas du tout vous parler de musique... L'Andorre, c'est où, c'est quoi le régime politique, c'est quoi les spécialités culinaires, etc ?!"
Marc : Il a probablement déménagé en Andorre après cet interview !
Carlos : J'ai aussi vu une review sur YouTube d'un de nos disques par un mec qui disait qu'il avait googlé "Andorra" parce qu'il croyait que c'était, genre, un royaume fantastique tiré d'une saga de fantasy, avec des licornes et tout !... (rires)
Marc : Tout ce qu'on a ces des montagnes et des stations de ski !
Carlos : Et deux groupes de Metal !
Marc : Et du tabac pas cher.
Moe : On est une sorte d'ambassadeurs pour notre pays. Tiens, regarde ça ! (Il montre la lanière où est accroché son pass artiste, sur laquelle il y a écrit "Andorra" avec un logo officiel.) L'état nous a filé ça. Ils financent une partie de la tournée, ils nous ont dit que nous, en tant que groupe pendant une tournée, on promouvait le pays à des endroits que eux, le gouvernement, ne peuvent pas atteindre.
Carlos : Tu te rends compte, notre gouvernement soutient un groupe de Death Metal !
 
Un dernier mot pour vos fans français ?

Carlos : Merci pour cet interview ! Merci d'être là, nous on est super heureux d'être là. On est sûrs que le public parisien va être génial ce soir. Écoutez Poem si vous ne les connaissez pas déjà, et on espère vous voir tous très bientôt.

Zbrlah (Avril 2017)

Merci à Roger pour l'organisation de cette rencontre.

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