The Raven Age (George Harris) Paris - 16/03/17

A quelques heures de leur première partie d’Anthrax à l’Elysée Montmartre et à la veille de la sortie de leur premier album, Darkness Will Rise, (chroniqué ici) nous nous sommes entretenus avec le guitariste et co-compositeur de The Raven Age George Harris.

Vous avez été très occupés depuis la dernière fois que l’on s’est croisés au Download Festival à Paris. Vous avez terminé l’énorme tournée mondiale en ouverture d’Iron Maiden et demain, vous sortez votre premier album. Cela sonne peut-être comme un cliché, mais vous devez être en plein rêve ?

Oui c’est vrai. Sortir notre premier album, en tant que groupe, c’est juste quelque chose d’énorme. Et d’avoir réussi à trouver un label pour cela rend les choses encore plus belles. C’est vraiment une belle expérience pour nous. On est vraiment reconnaissants pour toutes les choses qui nous sont arrivées jusqu’ici.

Justement, est-ce que les choses ne vont pas un peu trop vite ?

(Rires) Je ne sais pas. Le truc, c’est que tout ce que nous faisons est une première pour nous. Premier contrat avec un label, premier album… Nous n’avons jamais vécu cela auparavant, c’est un peu fou en effet, mais en même temps c’est assez génial. On aime être occupés et on est en autogestion, en tant que groupe, donc c’est bien qu’il nous arrive autant de choses en ce moment, cela nous pousse à travailler encore plus dur. Il s’agit simplement de profiter de tout ce qui se passe. On a passé de très bons moments en tournée, notre album sort demain, on donne des interviews, on s’occupe de nos réseaux sociaux, tout ça est un peu dingue mais c’est vraiment bien.

Votre premier album, Darknesss Will Rise, sort demain (NDLR : le 17 mars dernier). Vous terminez la tournée avec Anthrax ce soir, donc place à la promo ensuite ?

Oui, nous avons énormément d’interviews et de sessions de promo planifiées dans les semaines qui viennent, c’est assez fou ! Nous allons aussi tourner un peu cet été, notamment dans des festivals, on a vraiment hâte. Mais oui, notre objectif est de faire la promo de cet album, de le défendre un maximum sur scène et de voir comment ça se passe…

L’album était déjà enregistré l’an passé, au moment de notre précédente interview. Vous comptiez le sortir vous-mêmes et finalement BMG vous a fait une offre. Peux-tu nous raconter comment cela s’est passé ?

C’est vrai qu’on était décidés à sortir l’album de façon indépendante. On avait cette attitude un peu « anti-labels ». On se disait « faisons les choses nous-mêmes », on était assez excités par cette idée, on ne voulait pas que quiconque vienne mettre son nez dedans et changer certaines choses. On avait une vision claire et nette de ce qu’on souhaitait et on ne voulait pas qu’il y ait trop d’opinions différentes à ce sujet. Nous n’avions jamais travaillé avec un label auparavant, donc nous pensions qu’ils allaient arriver, changer le mix, changer notre logo, la pochette… Nous avons eu une ou deux offres au départ, et l’une des premières choses que l’on nous a dit c’est « vous devez changer la pochette ». Il n’en était pas question pour nous… Ensuite, BMG nous a approché, a écouté l’album et l’a beaucoup aimé. Ils nous ont fait une offre et on s’est dit « mince, c’est vraiment un gros label, on va écouter ce qu’ils ont à nous proposer », sans mettre de côté cependant notre désir de faire les choses comme nous en avions envie. En fait, ils étaient assez impressionnés par le fait que tout était prêt et ils aimaient la façon dont nous gérions le groupe. L’album était terminé pour sortir en fin d’année 2016, nous prenions même des pré-commandes. Il y a peu de jeunes groupes qui font les choses eux-mêmes de cette façon. Ils nous ont dit qu’ils voulaient s’impliquer dans ce projet en lui donnant simplement plus d’ampleur. Et tout se passe très bien entre nous.

Après coup, le premier EP que vous avez sorti en 2014 apparaît comme un « single » de cet album, trois des quatre morceaux qui y figuraient étant sur le disque. Est-ce que la réception de ces morceaux par le public vous a rassuré sur ce que vous aviez enregistré pour l’album, ou avez-vous procédé à quelques ajustements au fil du temps ?

Nous avons remis ces morceaux sur l’album car nous considérons l’EP comme un « échantillon » de notre son. Et comme ce n’était qu’un EP, il n’y a pas eu une promo particulièrement importante. On a donc considéré que ces morceaux, qui sont assez forts, méritaient de figurer sur l’album, qui lui allait normalement faire l’objet de plus d’attention. En outre, ils s’intégraient bien à la tracklist du disque telle que nous voulions la construire. Nous avons juste réenregistré les parties de guitares de ces titres. L’album est assez long, donc dans l’absolu nous aurions pu faire sans ces morceaux et garder une durée tout à fait acceptable, mais nous avons jugé qu’ils complétaient parfaitement le reste des titres.

J’allais justement t’en parler. Darkness Will Rise est assez long et pourrait même passer pour un concept-album. Est-ce plus ou moins le cas ?

Non pas vraiment, mais je peux comprendre pourquoi certaines personnes peuvent penser cela, en raison de sa longueur, de son visuel… C’est simplement le résultat de nos influences et de notre façon d’écrire, nous avons une prédilection pour des compositions assez longues et épiques. Nous n’avons qu’un morceau en dessous de 5 minutes, ce qui nous pose d’ailleurs des problèmes pour réussir à passer à la radio (rires), mais c’est notre façon de faire.

Dans le futur, seriez-vous intéressés par l’écriture d’un véritable concept-album ?

Oui pourquoi pas, si nous trouvons un sujet assez fort et important pour y consacrer un disque entier, je ne dis pas non. Mais ce n’est pas quelque chose auquel nous réfléchissons particulièrement, surtout en ce moment, avec tout ce qui nous arrive ! Mais nous avons tout de même commencé à écrire pour un prochain album, qui devrait être un peu différent en ce qui concerne notamment les thèmes abordés.

L’influence du métal progressif se ressent clairement sur les nouveaux morceaux à mon sens. Portez-vous cependant une attention particulière à ne pas laisser la technique prendre le dessus sur la cohérence du morceau et son efficacité ? C’est en tout cas mon impression…

Tout à fait. Nous écrivons (NDLR : avec Dan Wright) du point de vue de guitaristes, mais nous gardons toujours à l’esprit l’intérêt du morceau. Nous ne sommes pas en train de nous dire « tiens, si je plaçais 15 notes de plus ici, ça peut être marrant à jouer ». Tout tourne autour de la mélodie et nous faisons tout ce que nous pouvons pour la servir. C’est vrai que nous jouons beaucoup sur la dynamique et les changements de rythme, mais c’est juste l’une de nos influences.

Vous ne vous éloignez pas non plus de vos « racines » qui trempent dans le Metalcore. C’est un style qui n’a pas forcément toujours bonne presse, que pouvez-vous dire pour sa défense (sic) ?

C’est génial ! (rires) C’est vraiment le style qui m’a le plus marqué quand j’ai commencé à écouter de la musique un peu plus « lourde ». Quand j’ai entendu Killswitch Engage, j’ai vraiment pris une grosse claque et j’ai senti une véritable connexion avec ce genre. Je ne comprend pas vraiment pourquoi tant de gens pensent que c’est de la merde…

Peut-être parce que ce style est devenu très en vogue à une époque et qu’il y avait de très bons groupes mais aussi un grand nombre de groupes moyens ou médiocres…

(Rires) Oui certainement… La raison pour laquelle nous avons décidé de ne pas avoir de chant hurlé était de sonner justement différemment de la majorité de ces groupes.

Dans une interview, vous avez déclaré être également inspirés par les musiques de film. Est-ce un défi auquel vous aimeriez vous confronter ?

Oui, j’aimerais beaucoup travailler sur un tel projet un jour, même si je n’ai aucune expérience en la matière. C’est drôle, parce que pour Noël, on m’a offert une masterclass en ligne avec Hans Zimmer. Je ne sais pas vraiment ce que cela va donner, je ne suis pas sûr qu’il nous apprenne concrètement à écrire une musique de film, peut-être est-ce juste le fait de développer sa créativité… Mais c’est un exercice auquel j’aimerais beaucoup m’atteler.

Quel genre de film imaginerais-tu accompagné par ta musique ?
 
Quelque chose d’épique, une épopée nordique ou un truc dans le genre (rires).

Après une année 2016 particulièrement chargée, vous voilà donc embarqués à nouveau dans une tournée pour défendre Darkness Will Rise. Avez-vous prévu de faire une pause à un moment donné ?

On ne prévoit pas grand chose pour l’instant, on prend les choses comme elles viennent. D’ailleurs nous allons bientôt connaître nos dates de tournée pour le reste de l’année. On jouera aussi dans plusieurs festivals européens cet été. Et puis une fois qu’on aura fini de tourner, on se consacrera au deuxième album. Donc au final, on ne fera certainement pas de pause (rires).

Arrivez-vous toujours à écrire lorsque vous êtes sur la route ?

Oui. Moins sur la tournée actuelle, car elle est assez intense et nous avons souvent beaucoup de route à faire entre chaque concert. Mais j’ai quand même toujours une guitare acoustique sous la main dans le bus. Et puis j’avais déjà écrit beaucoup de choses lors de la précédente tournée (NDLR : avec Iron Maiden), car les conditions étaient plus propices, avec davantage de jours de repos.

Vous ouvrez ce soir pour Anthrax. Que représente ce groupe pour vous ?

Ils sont géniaux. Pour être entièrement honnête, je ne connaissais pas forcément grand chose de leur musique avant de jouer avec eux. Comme je te le disais tout à l’heure, quand j’ai commencé à écouter du metal, c’était plutôt avec les groupes du moment et j’ai un peu laissé de côté toute cette scène thrash plus ancienne. Mais ce sont vraiment de très bons musiciens et nous apprécions beaucoup leurs morceaux chaque soir. Et puis de voir ce qu’ils continuent à faire à leur âge, sans que ce soit péjoratif (rires), c’est une vraie source d’inspiration.

Est-ce que tu t’imagines, dans 25 ou 30 ans, toujours sur scène à jouer ce premier album ?

Je ne sais pas (rires). J’aimerais bien, mais qui sait ce qui va se passer dans le futur. Il faut d’abord que nous fassions notre premier concert comme tête d’affiche, et on verra pour le reste (rires).

Grum (Avril 2017)

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