Burst le 06/12/05 - Paris (Locomotive)

Rencontre très agréable et très apaisante avec les membres de Burst le 6 décembre 2005 à la Locomotive à Paris. Un peu de retard pour l’interview parce que le quintet suédois avait décidé de se balader dans Paris cette après midi et malheureusement ils se sont tous perdus dans la capitale…Jesper Liverod (bassiste et ex-Nasum) qui devait être mon interlocuteur se retrouve à la Chapelle et ne sait plus comment revenir à la Locomotive…et impossible de joindre les autres membres du groupe…Donc on attend…Linus Jagerskog (chant) et Jonas Rydberg (guitare) arrivent ensemble finalement. Présentation, petit compte rendu de leur promenade et les deux se proposent sans problème pour faire l’interview à la place de Jesper qui a toujours disparu…C’est donc avec les très gentils et très très timides Jonas et Linus (ce qui me surprend parce que leur attitude contraste complètement avec l’impression assez dure et froide de leur photos…) que se déroulera l’interview. 

 

Métalorgie: On ne vous connaît pas encore tellement en France, alors est-ce que vous pourriez nous dire en quelques mots qui est Burst?

Jonas: Oui c’est vrai... Ben… on est un groupe de métal suédois… (rire un peu gêné… coup d’œil demandant de l’aide à son pote...!)

Linus: Ouais on peut dire ça comme ça, on est un groupe de métal suédois. On vient de Kristinehamn. Ca fait 10 ans qu’on est là.

Jonas: Oui ça fait à peu près 10 ou 12 ans qu’on a formé Burst. Hum…on est sur Relapse et on vient de sortir un nouvel album qui s’appelle Origo.

M.: Le groupe a bien évolué, doucement mais régulièrement. Est-ce que vous êtes satisfaits de ce que vous avez fait? Est- ce que le fait d’avoir signé chez Relapse a été une étape décisive dans votre travail?

Jonas: On a toujours été dans l’optique de progresser sans cesse. On a toujours fait ça naturellement, tu vois ce que je veux dire. On n’a jamais pris la décision de vouloir progresser ou de changer quoique ce soit, ça se fait comme ça…Tout ça évolue naturellement. Et à propos de Relapse, c’est vraiment terrible d’être sur un «vrai gros» label. Et grâce à ça on a eu la chance de tourner avec des groupes énormes qui sont devenus des amis comme Mastodon et The Dillinger Escape Plan.

M.: Quand Robert a rejoint le groupe, comment a-t-il influencé votre processus d’écriture et votre processus artistique? Parce que votre musique était plutôt différente avant.

Jonas: Je pense que, hum… en fait avant qu’il vienne, musicalement je faisais quasiment toutes les parties seul ou avec l’ancien guitariste, on composait principalement. Maintenant tout le monde participe à l’écriture. Il apporte un point de vue différent sur la composition de notre musique. On pourrait dire qu’en quelque sorte, il complète très bien ce que nous faisions avant. Et en plus maintenant, sur cet album, il chante aussi, ça fait une grosse différence. Ca apporte encore quelque chose de plus, avec sa voix claire.   

M.: Prey on Life était un très très bon album, et cette fois vous avez encore réalisé quelque chose de magnifique avec Origo, qui est un album profondément émotionnel, en considérant également les paroles. Quelles étaient les lignes directives à suivre pour cet album?

Linus: Ha !!! C’était de faire des supers bons morceaux !!!!!! (rires!)

Jonas: Ouais exactement !!! Non, sérieusement on n’a pas vraiment de lignes à suivre. On a conçu l’album morceau par morceau et on a laissé évoluer chacun d’eux. C’est un long processus d’évolution. Oui, on peut dire ça comme ça.

Linus: Oui, un trèèèès long processus d’évolution, les morceaux se sont construits avec le temps, ils sont arrivés à maturité avec le temps…

Jonas: Avant, tout était basé sur la même idée, voilà, en fait on élaborait plusieurs morceaux autour de cette même idée. Mais maintenant on pourrait dire que chaque morceau évolue plus indépendamment l’un après l’autre.

Linus: Et on a voulu rassembler les meilleurs morceaux sans avoir peur d’essayer de nouvelles choses, comme le clavier ou les backing vocals.

M.: Vous sonnez comme un groupe de métal progressif, ce qui rappelle Opeth dans les parties atmosphériques et acoustiques, et post-core, ce qui se rapprocherait de groupes comme Neurosis ou Isis…le tout mélangé avec des aspects thrash et de death mélodique…alors on peut se demander qui sont les groupes qui vous influencent, et comment vous réussissez à garder une vraie clarté dans ce processus de composition complexe…

Linus: Chacun des groupes que tu viens de citer sont tellement différents. Et  c’est certain que ce sont des groupes qu’on aime énormément. Mais tu sais, il y a rarement des albums de groupes de métal qui tournent chez moi depuis un bon moment…

M.: Qu’est ce que tu écoutes alors en ce moment?

Linus: Wooo … ! Beaucoup de chose électro, Amon Tobin, Aphex Twin, enfin tu sais énormément de choses du label Ninja Tunes. On a beaucoup d’influences très différentes…On essaie de rester très ouverts…ça nous aide beaucoup pour notre musique et c’est comme ça que l’on réussit à avoir une bonne évolution. C’est peut être pas une influence qui va transparaître dans notre musique mais ça nous permet vraiment de rester ouverts comme je te le disais précédemment.

M.: Est-ce-que finalement vous pensez que vous avez trouvé votre voie, ou êtes- vous juste au début de votre expérimentation?

Jonas: On veut vraiment continuer à évoluer, pour ne pas se lasser de notre musique. On est très ouvert…On pourrait faire un autre Origo, mais ce serait dommage de ne pas pousser les choses plus loin. On voudrait encore découvrir ce dont on est capable. «So keep moving» ! Ca peut se résumer comme ça ! C’est dur pour nous d’avoir une vision claire de ce qu’on fera... Origo atteste de cette période actuelle, du moment présent. Et voilà, on ne peut rien dire encore sur ce qu’on fera, ça viendra tout seul…

M.: Vous pouvez nous parler du choix de l’artwork, des gens avec qui vous avez travaillez à ce propos? Je sais par exemple que la pochette de Prey on Life avait été faite par Aaron Turner. Et parlez nous un peu aussi de ce clip de Where the Wave Broke parce qu’ elle est difficilement accessible ici en France.

Linus: Oui à propos du clip les gens ont pu le voir en Suède dans une émission, mais bientôt vous pourrez la voir ici aussi, ne vous inquiétez pas ! On devrait la mettre en ligne sur notre site. Mais c’était vraiment une bonne expérience…On a tourné ça en un jour à Stochkolm.On avait quand même un petit budget …Et ouais, il y avait tous ces maquilleurs, ces coiffeurs, etc. !!!!C’était bien classe, on s’est senti un peu comme Madonna !Jonas: Ouais c’est un peu ça !!! Mais la star c’était Linus ( en lui parlant et en se marrant) ! C’est vrai on voit que toi ! On a vraiment bien rigolé en tout cas ! Il fallait qu’il rampe, qu’il fasse des trucs un peu chauds…On devait régulièrement sortir du tournage pour ne pas rire trop fort de lui !

Linus: Oui c’est vrai que c’était très dur pour moi !

M.: Et vous pensez que vous allez refaire un clip pour un autre morceau de Origo?

Jonas: (en se marrant…) Ah non non !!!On n’a plus de budget du tout là !

Linus: Ah oui c’est terminé !

Jonas: Et oui, tu parlais de Aaron Turner tout à l’heure. En fait ce qui s’est passé, c’est qu’on discutait pour sortir  Prey on Life sur HydraHead, mais ça n’a pas été possible parce que Aaron était très occupé, il n’avait pas le temps. Mais comme il aimait beaucoup ce qu’on faisait, il nous a quand même proposé de faire cette magnifique pochette, ce qui nous a fait extrêmement plaisir bien entendu…

M.: Et en ce qui concerne la nouvelle pochette, qui est vraiment très belle, qui l’a réalisée?

Linus: C’est un artiste polonais qui l’a réalisé, Wieslaw Walkuski, qu’on a découvert par hasard. En fait c’est mon grand frère qui nous l’a fait connaître. Mon frère est un gros fan de «movie freak», et en cherchant des films un peu 'obscur' sur internet il est tombé sur ce type qui fait des affiches pour des films polonais. C’est absolument magnifique et j’ai recommandé à tous le monde de regarder ses œuvres, parce que le travail qu’il a fait pour notre album n’est qu’une facette, son travail s’ouvre aussi sur le surréalisme et l’étrange, c’est vraiment splendide. La pochette qu’il a réalisée pour nous est vraiment représentative de notre musique.

Jonas: On n’avait pas d’idée spéciale derrière cette image, elle nous a plus tout de suite, ça s’est présenté comme ça, on a pris la première image qui venait tellement on trouvait ça beau, ça collait parfaitement avec l’album. Il faut vraiment que tu jettes un coup d’œil, ça vaut le coup, on peut les acheter sur http://www.polishposter.com. Check it out !

M.: Si on parle de groupes suédois, on peut citer Cult of Luna, Hypocrisy, Opeth, Breach…Et tellement d’autres ! Il y a énormément de groupes en Suède avec de réelles identités, tout comme vous. Comment pouvez-vous expliquer cette extraordinaire «santé musicale» dans votre pays?

Jonas: Hum, c’est une combinaison de choses diverses… La société suédoise a un système pour aider les groupes économiquement, pour acheter du matériel et surtout on vous donne des endroits pour répéter très facilement, et de ce fait on a toujours joué dans des groupes depuis qu’on a 13 ou 14 ans.

Linus: Oui c’est vrai que c’est très facile pour répéter, et tout le monde joue.

Jonas: Oui, et on a l’hiver pendant 8 mois. Y a pas grand-chose à faire…

Linus: (En rigolant…) On n’a pas la «Côte d’Azur» (avec un charmant accent scandinave) !

Jonas: (En se marrant aussi…) Ben ouais, alors on s’assoit dans nos chambres, on regarde le mauvais côté des choses, alors on se sent mal, et donc on prend la guitare ! (rires des deux musiciens)…

M.: Votre expérience à Paris, pendant la tournée avec The Dillinger Escape Plan (novembre 2004) reste un très mauvais souvenir. Qu’est ce qui s’est passé exactement? Et bon, j’espère que ça ne vous effraie pas trop de rejouer ici en France!...

Jonas et Linus: Waffff…. ! (Incroyable désespoir des deux membres du groupe…)Mauvais souvenir…(énorme soupir …)

Linus: C’est une longue histoire…Alors, tout commence en Suisse, un jour avant le concert à Paris. On venait de terminer le concert. Peu après avoir quitté la chambre d’hôtel, on a eu un accident sur l’autoroute. Le moteur a lâché. On a dû conduire très lentement, et en fait on ne pouvait pas arriver à Paris à temps pour jouer donc on a annulé. Alors on a finalement réussi à arriver à Paris et on est allé directement se coucher à l’hôtel. Quand on s’est réveillé, notre van était cassé en deux…vraiment hein ! Ils ont cassé les vitres, ils ont volé des guitares, des T-shirt, des biens personnels…Ils ont tous volés…On pouvait plus continuer la tournée.

Jonas: Le personnel de l’hôtel nous avait promis un parking sécurisé. On a essayé d’aller voir la police. Mais eux ne parlaient pas anglais et nous pas français, donc ça nous a pris 6 heures pour déclarer l’accident, et on a raté le concert à Bruxelles aussi le soir.

Linus: Ouais, on n’a pas eu de chance en France jusqu’ici, c’est pour ça, là on a vraiment hâte de jouer ! Parce que au Fury Fest aussi ça s’était mal passé. Ca avait pourtant bien commencé, c’était vraiment classe, on n’avait jamais joué devant autant de monde, j’étais même étonné que tant de gens viennent nous voir jouer…Et après trois morceaux, tout est parti en vrille… plein de problèmes etc, etc. ! Mais aujourd’hui, «this is payback time !» !

Jonas: (En se marrant… !) Ouais c’est un peu ça !!!Tu te rends compte, dans notre carrière on a réussi à jouer trois morceaux en France ! Hum… c’est pas beaucoup, pas assez ! On est vraiment désolé ! Mais ce soir on espère vraiment faire un bon show…On espère !

Linus: Et oui, je crois qu’on va regarder dans le public s’il y a des personnes qui ont des T-shirt de Burst verts, parce que c’est ceux qu’ont nous a volé l’année dernière ! Va falloir faire attention parce que si on les voit, on va les choper !( morts de rire tous les deux !)

M.: Ah oui ! Exact ! On va faire attention à ça ! En tout cas ça va si vous n’êtes pas traumatisé par la France ! (Petit interlude en suédois…un mec de Opeth vient avec un magazine de zic complétement hilare en montrant la couverture à mes deux interlocuteurs…Ils sont tous morts de rire…alors je leur dis que je comprends pas parce que je parle pas suédois( !!!) et ils s’excusent, et m’expliquent juste que c’est parce que la couverture est trop mal faite parce que il y a écrit le nom du bassiste de Opeth en gros et juste à côté il y a la photo de la chanteuse de Death Wish…Et ça les fait marrer…Voilà…)

M.: Ok !!!...Hum …Donc vous avez déjà tourné avec vos amis de Mastodon et aussi avec The Dillinger Escape Plan. Cette fois c’est avec vos compatriotes de Opeth. Apparemment vous avez reçu un bon retour des fans de Opeth. Alors, que pensez-vous de cette tournée?

Linus: En fait quand on est parti en tournée on était très nerveux, on ne savait pas trop à quoi s’attendre. Quand on a joué avec Mastodon etc., c’était déjà très impressionnant pour nous et là c’est pareil, toutes les dates sont sold out. On joue devant énormément de personnes…C’est classe…Pour le public de Opeth, c’est vrai qu’on ne savait pas trop comment ils allaient nous recevoir. C’est vrai qu’on aurait pu penser qu’ils allaient nous attendre comme un espèce de groupe de hardcore ou je ne sais trop quoi…On aurait pu penser qu’ils allaient nous regarder peut être un peu bizarrement quand on allait arriver sur scène…Mais pas du tout. On a vraiment eu de bons échos, les gens nous regardent et apprécient vraiment, ça fait super plaisir. Donc jusqu’ici tout va bien !

Jonas: Oui vraiment tout va bien, et en plus on vend pas mal de marchandising, on tourne avec des mecs très cool, donc oui, tout va très bien pour cette tournée.

M.: Bon après ce magnifique album et cette grande tournée en Europe, qu’allez-vous faire prochainement? Il me semble que vous allez tourner de nouveau en février ou mars, mais cette fois vous serez en tête d’affiche, non? Ce sera vraiment votre tournée.

Jonas: Oui, c’est bien prévu.Ca va être un beau changement pour nous de jouer en tête d’affiche.

M.: Et vous, vous aimeriez que quels groupes ouvrent pour vous? Ou peut être que vous savez avec qui vous allez jouer pour certaines dates?

Jonas: C’est sûr qu’il y a des groupes avec lesquels on aimerait jouer comme The Ocean. Peut être qu’on fera des dates avec eux en Allemagne. En Angleterre peut être qu’on jouera avec Taint, ça c’est vraiment un groupe énorme. Mais rien de concret pour l’instant. On peut trop rien dire encore. Peut être aussi quelques dates dans les pays nordiques avec nos potes de Jr Ewing…Ce sont vraiment des types bien…

M.: Et il y a ce split avec The Ocean justement, avec votre titre Flight End

Jonas: Oui exact, il est assez rare ce vinyl, et sur le morceau de The Ocean il y a quelques guests, des membres de Breach et de Converge, ça vaut le coup d’écouter ça…

M.: Ok !…Quelques petits mots pour nos lecteurs pour terminer…?

Linus: On est vraiment très heureux de revenir en France…

Jonas: Oui ! Très heureux de jouer enfin pour de vrai en France !

M.: Tout se passera bien cette fois !!! Merci beaucoup.

Linus: Merci.

Jonas: Merci à toi.

Sam (Février 2006)

Merci à Jonas et Linus @ Burst, Angel O @ Metalorgie, Anne-Claire @ Active Entertainment.

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