Evergrey Toulouse, le 3 novembre 2016

Evergrey a récemment tourné avec Delain et Kobra And The Lotus. L'occasion pour nous de poser quelques questions à Johan Niemann (basse) et à Rikard Zander (clavier), lors de leur passage à Toulouse le 3 novembre dernier.
Après leurs balances, on retrouve donc les deux musiciens qui nous proposent d'aller s'installer dans leur tour bus pour être au calme. Interview en mode décontracté.



Votre dixième album, The Storm Within, est sorti il y a moins de deux mois. Avez-vous déjà eu des retours sur cet album ? Comment pensez-vous que les gens le perçoivent ?
Johan Niemann (basse, chœurs) : On a l'impression que les gens l'aiment bien. Les premiers retours sont même incroyables. Mais bien entendu, tu ne peux pas plaire à tout le monde.
Rikard Zander (clavier, chœurs) : On avait eu de très bon échos du précédent, Hymns For The Broken, et celui est dans la même lignée artistique. J'espère que les gens vont autant l'aimer, du coup.

Et vous, comment le percevez-vous ?
Rikard : Je l'aime beaucoup. Mais en même temps, on manque encore de recul sur ce sujet.
Johan : Moi aussi, j'en suis super content. De toutes façons quand tu sors un album, tu as forcément fait de ton mieux. Enfin, normalement ! (rires) Mais ce que je veux dire, c'est que chaque nouvel album devrait être vu comme le meilleur.
Rikard : Parce qu'on se donne à fond à chaque fois.

Dans chaque album, il y a toujours une place pour le chant de Carina Englund (note : il s'agit de la femme de Tom Englund, le guitariste et chanteur d'Evergrey). Dans The Storm Within c'est aussi le cas, mais ce n'est pas la seule invitée. Pourquoi avoir confié certaines parties à Carina, et d'autres à Floor Jansen ?
Rikard : Floor est une amie proche de Carina et de Tom. Et en fait, c'est Carina qui a eu l'idée la première. Et il se trouve qu'on avait composé cette chanson, In Orbit, dont le refrain est accrocheur, un peu à la Nightwish, et on s'est dit que c'était sur ça qu'elle serait le plus à l'aise et que ça rendrait le mieux. On a donc demandé à Floor, et elle a dit oui. Tout simplement ! Et puis on a aussi une chanson qui se prêtait bien à un duo entre Tom et Carina (note : il s'agit de The Paradox Of The Flame), on le voit un peu comme la suite de For Every Tears That Falls. Ça nous avait toujours travaillé d'avoir cette suite. C'est deux états d'esprit différents, c'est pour ça qu'on a deux invitées différentes.

Le line-up d'Evergrey est le même sur cet album que sur le précédent... C'est rare ! La seule fois où c'était arrivé, le line-up a été stable sur trois albums d'affilé, The Inner CircleRecreation Day, et Monday Morning Apocalypse ; une période pendant laquelle 4 membres sur 5 du groupe actuel étaient déjà en poste. Pensez-vous qu'avec Johan à la basse et le retour de Henrik et Jonas en 2014, le groupe ait trouvé le line-up ultime ?
Rikard : Ok, donc encore un album et on égalise notre record ! (rires) Sérieusement, on ne sait jamais... Ce dont je suis sûr, c'est que cette formation actuelle est vraiment géniale. Chaque changement de line-up c'est comme l'évolution d'une relation. En tout cas, personnellement je serais très heureux de pouvoir continuer avec la composition actuelle du groupe, on est tous épanouis. On a fait deux albums dont on est fiers et on se sent encore inspirés et on aime jouer ensemble.
Johan : On essaye pas mal de s'écouter les uns les autres, pour comprendre ce que chacun veut où ce dont chacun a besoin. Tout le monde est content, comme ça, personne n'est négligé. J'espère que ça va faire durer ce line-up pendant longtemps !
Rikard : Ça fait environ 15 ans que je suis dans Evergrey, et je crois que sur les deux derniers albums c'est la première fois que je ressens une soudure si forte entre les membres. Comme si on avait essayé d'être un groupe mais qu'on était juste des musiciens, et qu'enfin on a réussi à être un groupe. 

Pourquoi avoir choisi l'Islande pour tourner les vidéos des trois premiers singles ? Ces vidéos se ressemblent entre elles, est-ce voulu ? Quelle est l'idée que vous aviez derrière ce concept visuel désolé et glacial ?
Johan : Quand on a commencé à écrire pour cet album, on avait quelques sources d'inspiration, quelques films, quelques bandes-originales de films aussi. Oblivion, avec Tom Cruise, Prometheus aussi. Tous les plans tournés dans la nature ont été filmés en Islande pour ce deux films. Et... On a voulu avoir un peu de feeling, comme tu dis, désolé et glacial, qui se reflète dans nos titres. On est très heureux du résultat d'ailleurs ! Malheureusement tout le monde n'a pas pu participer à ces vidéos, seul Tom et le réalisateur y sont allés. 

Dans les vieux albums d'Evergrey, j'adorais les samples de voix parlées, ça posait une ambiance cinématographique intéressante. Pourquoi ne plus faire ça aujourd'hui ?
Johan : Je sais pas. Je n'y ai jamais trop pensé.
Rikard : Moi non plus. Ça s'est fait tout seul, j'imagine ? Je ne pense pas que cet élément soit indispensable et c'est tout simplement absent de The Storm Within parce qu'on y a même pas pensé. (rires) Sûrement qu'on se rendra compte qu'il faut en remettre, dans un prochain album, si on écrit un titre qui appelle ce genre de truc pour le rendre plus percutant.

Le titre d'ouverture s'appelle Distance. Vous n'avez pas peur que les gens qui vous ne vous connaissent pas bien puisse faire un amalgame avec votre chanson ...And The Distance qui est sur l'album Glorious Collision ? Y a-t-il un lien entre ces titres ?
Rikard : Euh, c'est encore un truc auquel je n'avais pas du tout songé ! (rires) J'avais complètement oublié qu'on avait une chanson qui s'appelle ...And The Distance, mais c'est vrai oui. Tu dois vraiment un die-hard fan pour penser à des trucs pareils ?! Tu as geeké plus loin que nous-même dans notre discographie ! (rires) Donc non, pas de connexion entre ces deux titres. Pas consciemment en tout cas !



Parlons de cette tournée. Vous en êtes à plus de la moitié des dates, comment ça se passe pour le moment ?
Rikard : Super. Vraiment, c'est super. On a l'impression que les fans de Delain prennent le temps d'écouter ce qu'on fait. C'est ultra-intéressant pour nous parce que ce public ne nous connaît pas forcement, mais est susceptible d'accrocher à ce qu'on fait. On a de nouveaux fans grâce à cette tournée. C'est d'ailleurs pour ça qu'on fait cette tournée avec Delain. Bien sûr, pour nos fans, c'est évident, mais c'était quand même une excellente opportunité de s'ouvrir à plus de monde. 

Est-ce que c'est ok pour vous d'ouvrir pour Delain, alors que votre carrière est deux fois plus longue que la leur ?
Rikard : Ce n'est pas un problème, non. Franchement. On est conscient que dans la plupart des endroits où on joue, ils ramènent plus de monde que nous. Et puis c'est eux qui ont géré la tournée, et elle est bien organisée, on se laisse un peu faire et c'est assez confortable. On a vraiment pas à se plaindre.

Quand vous jouez sur scène, on voit que vous vous éclatez, vous rigolez entre les chansons. Pourtant, la plupart de vos titres sont sombres et traitent de sujets graves. Comment expliquez-vous ce décalage ?
Rikard : C'est peut-être justement la raison. En fait on joue de la musique mélancolique, émotionnelle, ça nous semble bien de la jouer de cette façon, moins dramatique. Même s'il y a cette dimension sérieuse dans nos chansons, on les joue parce qu'on veut s'amuser. On est un "party band" !
Johan : Ah ça ouais carrément ! On est vraiment un "party band" !
Rikard : Kickass rock'n'roll !
Johan : Exactement !

J'ai vu que vous terminez vos concerts de cette tournée par King Of Errors, et non plus par le traditionnel A Touch Of Blessing, qui a clôturé vos concerts pendant très longtemps. Pourquoi ce choix ?
Rikard : Nous avons commencé beaucoup de concerts avec King Of Errors, avant la sortie de The Storm Within, et avec ce nouvel album on voulait ouvrir avec quelque chose de nouveau. On a donc repensé notre setlist et, je sais pas, au final on a pensé qu'elle irait bien à la fin. On jouait A Touch Of Blessing en fin de set depuis la sortie de The Inner Circle, on a dû se dire inconsciemment qu'il était temps de changer. Et puis, depuis le temps qu'on faisait A Touch Of Blessing en dernier, c'était attendu, ça devait être lassant non ?

À propos de set-list, j'ai vu que vous jouiez In Orbit en concert. Utilisez-vous des samples, avez vous une invitée, ou Tom chante-t-il toutes les parties ?
Johan : Tom la chante en entier. C'était la solution la plus facile, en fait. On ne voulait pas vraiment avoir des samples de chant. Enfin, certains groupes le font. Peut-être la prochaine fois (rires).

Avez-vous prévu une tournée en tant que tête d'affiche pour promouvoir The Storm Within ?
Johan : On est en train de planifier ça oui. On espère pouvoir faire ça l'an prochain, environ à cette période. On ne pourra pas avant, de toutes façons. Début 2017 on a un concert en Israël, à la fin du printemps on tournera aux États-Unis, en tête d'affiche d'ailleurs, puis on espère être programmé dans quelques festivals l'été prochain (note : depuis l'interview, il a été révélé que Evergrey serait à l'affiche du Hellfest). Et après ça, oui, une tournée européenne en tête d'affiche.

Pour finir, est-ce que vous pourriez me faire un top 3 de vos albums d'Evergrey préférés ?
Rikard : Euh... Mhh... Je sais pas trop dans quel ordre les classer, mais je pense que je retiendrais Solitude-Dominance-Tragedy, et les deux derniers, Hymns For The Broken et The Storm Within. Oui, je pense que ce sont mes trois favoris. Et je n'ai même pas joué sur Solitude-Dominance-Tragedy !
Et toi Johan ? Tu as joué sur les trois derniers albums, ça pourrait être une réponse facile !
Johan : (rires) Non, je dirais moi aussi les deux derniers, et ensuite je choisirai un plus vieux disque... Surement In Search Of Truth.

Un dernier mot ?
Johan : Euh, non. (Tout le monde éclate de rire.) Bah quoi, "non" c'est un mot, pas vrai ? (rires)
Rikard : Merci de venir nous voir jouer, de nous interviewer, ça nous donne un peu visibilité alors qu'on est même pas les têtes d'affiche, et c'est vraiment cool de la part de Metalorgie.

Zbrlah (Décembre 2016)

Merci à Johan Niemann et à Rikard Zander pour leur temps et leur gentillesse, ainsi qu'à Fred Moocher de SPM pour avoir permis cette rencontre.

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