Lost in Kiev Par Email

A l'occasion de la sortie de Nuit Noire, récemment chroniqué sur le site, nous avons pu échanger avec Lost in Kiev afin d'en apprendre un peu plus sur le groupe et ce nouvel opus. 

Hello les Lost in Kiev. Comment allez-vous ? Les concerts se passent bien ?

Max : Bonjour Metalorgie ! Oui très bien, nous venons juste faire quelques concerts dans l’ouest de la France, c’était très cool. La prochaine étape pour le moment c’est L’AmFest à Barcelone.
Jc : Hello ! Yes tout va bien. Nous avons une excellente dynamique en ce moment entre la release party et les shows qui ont suivi. Tout cela nous donne une grande énergie pour préparer la suite. Que ce soit du live ou pour attaquer la suite en terme de créa.

Nuit Noire est aussi un poème de Victor Hugo. Est-ce une volonté de rendre hommage ou une influence spécifique ?

Max : Pas du tout ! Ce n’était pas voulu, mais c’est vrai qu’on peut y retrouver quelques similitudes en terme d’ambiance voulu (au delà du nom lui même).
Jc : Non, non. Nous sommes plus dans une démarche cinématographique qui nous est propre que dans l’hommage pour ce coup là.

Avec le recul, les manières de composer Motions et Nuit Noire sont-elles différentes ?

Max : Oui et non, on a utilisé un peu les mêmes méthodes meme si cela était plus réfléchi à la base je pense. Ce qui a changé c’est surtout le fait qu’on ai travaillé avec un producteur (Antony Josse) dès la composition des morceaux et jusqu’à l’enregistrement final avec Antony, il nous a offert plus de recul et certaines idées tout en respectant nos choix artistiques.
Jc : La composition a été une fois encore très collégiale. Les idées de tous sont toujours les bienvenues et le process de création se fait toujours ensemble - que ce soit en répète ou bien en session home studio, ou encore en résidence. Comme le dit Max, l’apport d’Antony a été aussi une vrai plus.

Quelles ont été vos inspirations pour Nuit Noire ? S’agit-il d’autres oeuvres (quel que soit l’art) ou quelque chose de totalement hermétique à l’extérieur ?

Max : Ce serait plutôt quelque chose de totalement hermétique à l’extérieur, nos influences respectives ressortent forcement naturellement après mais je vois Nuit Noire comme quelque chose de très cinématographique.
Jc : On a pas du tout voulu retranscrire en musique un film ou une oeuvre vidéo qu’on admire.
On est vraiment parti des premières bribes de compos en se disant : « Ok ça nous inspire quoi ? » et puis l’idée de la Nuit Noire est venue. Alors nous avons finalisé les tracks sur ce thème pour donner vie à l’album qui vient de sortir.

Quels sentiments associez-vous a cet opus ?


Max : J’y ressens une certaine dualité, ombre/lumière, homme/femme, raison/folie … Ca reflète bien notre musique je pense.
Jc : Un peu une montagne russe des émotions. Du calme à l’angoisse en passant par l’acceptation et le déni.

"Les mains sont des parties du corps très graphiques et fortes. Elles peuvent dire beaucoup de choses tout en étant en quelque sorte désincarnées. "

Vous avez travaillé avec une équipe différente sur Nuit Noire (Magnus Lindberg et Antony Josse). Pourquoi ne pas avoir repris l’équipe de Motions ? Est-ce que cela a changé des choses sur le travail de Nuit Noire ?

Max : Comme je disais plus haut, on a surtout voulu changer de méthode de production et tester de nouvelles choses, de nouveaux lieux, de nouvelles oreilles, on avait envie d’un autre son. Motions a été entièrement composé avant le studio et nous l’avons enregistré tel quel, on est très content du travail fait sur Motions, c’est ce qu’on voulait mais pour Nuit Noire on avait vraiment envie de travailler en amont avec quelqu’un d’extérieur en qui on aurait confiance et qui s’imprégnerait du projet, voir ce que cela pourrait apporter, ce fut une expérience vraiment intéressante aussi.
Jc : A la base on voulait changer de texture sonore. Se tourner vers quelque chose de plus naturel, plus organique, plus chaud que Motions. Le côté producteur d’Anto nous a aussi charmé et voilà !
Pour Magnus, c’est surtout dû au fait qu’on adore son travail de production. Le gars bosse de plus super vite et bien et est au top niveau communication.

Comment s’est passé le travail sur le clip de « Insomnia » ?

Yoann : Au point de vue de la direction artistique je m’étais fixé deux buts : avoir un esprit live et donc consacrer la plupart des plans aux instruments, aux musiciens, ce qui au final était une façon de redécouvrir le line-up. Pour Nuit Noire, les vidéos projections live vont plus loin que pour Motions : on voit les personnages de l’album prononcer les textes en syncro avec le live. C’est pourquoi le second but était d’intégrer la notion de projection vidéo live. Ensuite j’ai fait un montage relativement commun dans le style, jusqu’au pont en fin de compo où je voulais une rupture : d’un coup tout les plans sont très rectilignes, avec un travelling léger est constant contrastant avec les plans au poing du début. Cela permet de faire une montée en tension à ce moment précis de la compo. Rudy Esilva (ami du guitariste Dimitri) était le directeur photo et cadreur, et nous le remercions encore pour son aide !

Yoann, tu as réalisé les artworks de Nuit Noire, Motions et du split avec Zero Absolu, est ce que tu peux nous parler de tes autres travaux en complément de ces trois pochettes ? D’ailleurs, celle du split semble faite de collages, qui est l’homme sur la photo ?

Yoann : Pour le split avec Zéro Absolu, je suis allé chiner une photo d’un inconnu (il y a une boutique à Paris qui récupère des vielles photo s dans des appartements abandonnés etc. et les photos ne sont pas toujours sourcées). Cette photo, je la voulais en noir et blanc, évoquant une personne qui pourrait être notre grand-père. Ce qui correspond parfaitement à la personne dont parle Nak sur l'EP. Nak évoque le temps qui passe, la perte de mémoire… La montre-clé évoque cet aspect par rapport à la mémoire. Les fleures sont des Chrysanthèmes (je ne te fais pas de dessin ^^). Et pour qu’on évite de se pendre, j’ai mis un gros splash de couleur ahah, voilà pour le split !
Pour Motions l’idée est plus simple : il y a deux lieux (la mer (complet au dos) et la ville). Motions parle de voyages, d’éloignement, de changement de direction. Ces deux lieux s’enchevêtrent mais semble vouloir se séparer aussi, la pochette est comme un puzzle composée de flèches, comme des directions où partir. Graphiquement l’ensemble est à la fois très géométrique et en mouvement. .

Quelle est la symbolique derrière l’artwork ? On pourrait faire un parallèle avec l’album de Godspeed You! Black Emperor qui abordait aussi des mains ?

Yoann : Les mains sont des parties du corps très graphiques et fortes. Elles peuvent dire beaucoup de choses tout en étant en quelque sorte désincarnées (contrairement à un visage par exemple). Ensuite ce que j’aimais bien dans l’idée de ces deux mains face à face, c’est qu’on ne sait pas si ce sont deux mains qui se séparent ou deux mains qui se perdent, en fait c’est une sorte de question qui est posée. Au niveau des signes en or que l’on voit autour du cercle, ils évoquent à la fois une idée de deux éléments qui s’approchent et se séparent, d’œil qui s’ouvre et qui se ferme mais aussi de cycle de vie. L’ensemble à un aspect un peu photomontage/trucage qui est assumé car cela donne à l’ensemble un visuel proche de celui des affiches de cinéma où on va prendre des images du film puis les retoucher jusqu’a avoir quelque chose qui ressemble plus à de l’illustration que de la photographie.

D’ou viennent les samples de voix sur Nuit Noire ? Est-ce qu’ils s’agit d’enregistrement personnels ou d’extraits de films / reportages comme Microfilm ? De mémoire ceux de Motions étaient tirés de films comme Lost in Translation.

Max : Il s’agit de textes écrits par le groupe, comme pour Motions, la différence c’est que cette fois ci, on les a fait enregistrer par des comédiens Américains.

Pourquoi avoir choisi autant de titres en rapport avec la nuit et le sommeil ? Il ne me semble pas que c’était un thème récurrent dans Motions. Est-ce que l’un d’entre vous a quelque chose qui l’empêche de dormir ?

Max : C’est tout simplement une tout autre histoire que Motions, qui était plus sur une idée de voyage, de mouvement en rapports à nos expériences personnelles. En ce qui me concerne ça va, je dors plutôt bien haha.
Yoann : Nuit Noire évoque l’inconnu, la perte de repère, et le sommeil fait partie de cette thématique.
Jc : Tout traumatisme psychologique passe par une entrave au sommeil et par des troubles plus ou moins forts. On a donc ici une bonne liste des soucis liés à ça !! Mais ouais on dort bien, tout va bien.

Vous êtes passés de Voice of the Unheard à Dunk! Records. Qu’est ce qui vous a attiré sur ce nouveau label ?

Max : Alors en fait on était deja chez Dunk!, mais c’était une co-prod Voice of the unheard / Dunk!records. Du coups nous sommes juste seulement chez Dunk! pour cette nouvelle release.

"D’un côté le post classique tourne un peu en rond, mais d’un autre côté cela génère plein d’expérimentations qui rendent ce style si génial en 2016 "

Les retours sont très positifs sur Nuit Noire, que ce soit dans la presse francophone ou anglophone. C’est super cool, surtout que de mémoire Motions avait eu aussi ce type de retours. Est-ce que vous ressentiez une pression ou des attentes particulières suite à cela lors de la composition de Nuit Noire ?

Max : Oui forcement, c’est toujours un peu compliqué les 2emes albums pour ça, on espère accrocher de nouvelles personnes tout en essayant de ne pas perdre ceux qui ont aimé nos débuts. On essaye de se faire plaisir avant tout et de continuellement apporter quelques choses de nouveaux pour ne pas faire du sur-place.
Jc : Pour l’instant, on est content des retours de l’albums, donc c’est pas mal pour faire retomber un peu la pression. La pression on l’a surtout pour les lives à venir. On veut vraiment passer un cap à ce niveau pour accroître notre côté pro.

Et sur scène, comment le public capte-t-il ces morceaux ?

Max : Pour le moment les retours sont vraiment cools, nous utilisons de la vidéo sur scène, ça apporte un plus à l’ambiance générale, après nos concerts ne sont pas tellement du genre Dancefloor ou Circle Pit ça c’est sur, c’est plutôt un mélange sonore, visuel, envoutant et énergique je pense.
Jc : Là on revient du Ferrailleur à Nantes où les retours furent vraiment bons. On arrive vraiment à transporter les gens dans notre univers. Ces lives nous permettent aussi de voir quelles tracks marchent le mieux. Toujours intéressant par apport à notre propre ressenti.

Certains artistes font des bande-sons pour des films, comme a pu le faire Year of No Light sur Vampyr ou Art Zoyd avec Metropolis. Est-ce quelque chose que vous aimeriez faire ?

Max : Ah mais carrément ! J’ai récemment adoré le boulot de 65daysofstatic sur No Man Sky ou de Mogwai avec Atomic, ce serait vraiment quelque chose d’intéressant à faire.
Jc : Notre musique s’y prête et ça serait vraiment le gros kiffe à venir ce genre de projet (en parallèle du travail qu’on va mettre en place pour bosser sur un 3e album).

Est-ce que vous aimeriez enregistrer un album avec un chant en complément ? Ou est-ce qu’aucun d’entre vous ne souhaite altérer cette facette du groupe ? Vous aviez tenté l’expérience sur Motions avec Olivier de Donkey Punch si je ne me trompe pas.

Max : Yes c’est bien ça, il est chanteur pour Lodges maintenant. L’un d’entre nous au chant, ça me parait assez improbable haha ! Un(e) chanteur(se) à temps complet également, après on reste ouvert au collaboration comme on a pu le faire avec Nak de Zero Absolu aussi.

Vous allez fêter vos 10 ans l’année prochaine. Est-ce que vous allez faire quelque chose de spécial pour l’occasion ?

Max : Ah ? En fait on à souvent changer de line-up, donc on a un peu l’impression d’être toujours un tout jeune groupe comme ça ! On va dire que sous le nom « Lost in Kiev » on à encore 3/4 ans pour fêter les 10 ans encore.
Jc : Pour ma part j’ai rejoins le groupe depuis janvier 2014, mais on fait tellement de choses que je rejoins Max : Ca passe vite putain !!

J’avais lu que le nom venait d’un incident en 2009 avec un de vos anciens guitariste. Avec les années, avez-vous déjà eu l’envie de changer de nom ou le combo vous semble-t-il maintenant totalement différencié de cet incident ?

Max : On a jamais pensé à changer de nom, on aime bien et on trouve que ça nous correspond plutôt bien ! Ca reste une anecdote amusante.
Yoann : Incident c’est peu exagéré, c’est juste un décollage qui ne pouvait pas s’opérer, rien de dramatique et puis on boit toujours des bières avec Vincent et c’est toujours le big love avec son Ukrainienne, donc c’est nom de groupe 100% bonheur haha
Jc : Ah non, ce nom on le kiffe bien. Bon sauf peut être quand on doit l’expliquer en anglais ou français 150 fois en tournée haha.

Qu’est ce que représente le Post-Rock pour vous en 2016 comparé à 2006 ? Est-ce que vous constatez une évolution dans les standards du style ?

Max : J’ai le sentiment que c’est un style qui s’ouvre un peu plus au grand public depuis quelques années, même si ça reste encore discret et surtout écouté par des initiés comparé à certains autres styles plus populaires.
Jc : D’un côté le post classique tourne un peu en rond, mais d’un autre côté cela génère plein d’expérimentations qui rendent ce style si génial en 2016 (apports electro etc…)

Dernière question, la plus inutile : Quelle est la meilleure bière pour vous ?

Max : Je suis pas très doué en Bière, mais je dirais la triple Karmeliet !
Yoann : Brooklyn lager, la saveur de mes dernières vacances.
Jc : C’est con, mais en ce moment j’adore la Leffe Royale IPA (oui !!!)

Un dernier mot pour la fin ?

Max : Mot !
Yoann : Amfest préparez les tapas et la sangria ^^ on arrive ! Et merci Metalorgie c’est cool :)
Jc : Djitare !

Euka (Septembre 2016)

Un grand merci à Lost in Kiev et particulièrement Max.
Crédit Photo : Le Zinor / Florentin Garreau - Photographies

Partager :
Kindle
A voir sur Metalorgie

Laisser un commentaire

Pour déposer un commentaire vous devez être connecté. Vous pouvez vous connecter ou créer un compte.

Commentaires

Baptiste08Le Mardi 20 septembre 2016 à 07H52

Triple Karmeliet, bon choix ça.