Elliott 14/12/05 - Mail

Metalorgie: Deux ans après votre séparation, Revelation Records vient d'éditer Photorecording. Un bel hommage, très complet, qui retranscrit bien les différents aspects de votre carrière, et qui risque de combler pas mal d'assidus d'Elliott. Qui est à l'origine de ce projet et comment a-t-il été accueilli par les différents membres du groupe?

Chris Higdon: Bonne question. Je crois que c'est Kevin qui a lancé l'idée. Nous voulions tous faire un DVD live, et ce avant même de prendre la décision de splitter. Quand on a vu la fin approcher, on a pensé que ce serait un cadeau d'adieu sympa à tous les gens qui ont soutenu Elliott pendant toutes ces années. Ca nous a également donné la possibilité d'enregistrer des morceaux que nous avions légèrement remodelé depuis l'arrivée de Benny dans le groupe.

Metalorgie: D'après ce que j'ai pu lire, le point de départ d'Elliott fut cette volonté de proposer quelque chose de différent, volonté qui s'est poursuivie à la sortie de chacun des albums, que ce soit False Cathedrals, ou Song In The Air. Le CD de Photorecording ne propose pas simplement une session live, mais aussi pas mal de chutes et versions alternatives de vos précédents enregistrements, comme si Elliott livrait ses derniers secrets. Votre volonté a-t-elle été de propose à nouveau quelque chose de différent, dans le sens où l'on est loin du traditionnel Greatest Hits.

Chris Higdon: On voulait juste vider les placards et mettre sur disque tout ce qu'on pouvait y trouver et qui était de qualité.

Metalorgie: Photorecording, tout comme les précédents disques, proposent un Artwork des plus soigné. Un très beau livret, de nombreuses photographies, le tout imprégné de teintes mauves rappelant False Cathedrals. En revanche, le DVD est bien plus minimaliste de ce côté, seul point noir de l'ensemble du projet selon moi. De quelle manière avez vous appréhendé le design global de Photorecording, et quel regard portez vous sur le DVD?

Chris Higdon: En ce qui concerne l'esthétisme et la mise en page de l'artwork, on voulait offrir aux gens quelque chose dont on ne les avait encore jamais gratifiés. C'est le premier disque qu'on a sorti sur lequel il y a une photo de nous, une photo claire, sur laquelle on peut nous reconnaître distinctement. Ca confère au disque un côté un peu plus personnel, comme si on montrait à un ami des photos immortalisant de bons moments et une belle époque. Le DVD a été réalisé par 2 gars australiens qui nous ont demandé s'ils pouvaient se joindre au projet et on a accepté en leur donnant ce qu'on pouvait. Je pense qu'il faut faire attention quand tu réalises un projet comme celui là, car au final il pourrait très bien en ressortir quelque chose de trop léché et de prétentieux. Là c'est un peu dépouillé, à l'arrach' et ça me convient.

M.: Une chose que j'ai remarqué lors du visionnage de certains de vos live, chaque membre d'Elliott semble vivre chaque titre à fond, mais surtout à sa façon. Kevin a un jeu assez rythmé tandis que Chris semble vivre quelque chose de presque...sexuel. Des vécus, des visions disparates d'un même titre…

C.H.: Ouais, je suis d'accord avec toi, on aborde tous la musique qu'on écrit de façon différente. Pour moi la réaction pouvait se développer sur plusieurs niveaux et selon divers facteurs: les paroles, la musique, le public etc.; ça dépendait des soirs et quand tous ces facteurs étaient réunis ça donnait quelque chose de spécial, quelque chose qu'il est impossible de simuler.

M.: Lors de vos précédentes tournées, dont celle effectuée au Japon, vous n'avez jamais cessé de jouer avec des formations aussi variées les unes que les autres, dont le seul point commun était le fait qu'elles vous tenaient réellement à cœur. Ce fut le cas, et on s'en rend compte sur le DVD, pour Your Black Star et Drum:kan. Pourriez vous nous en dire plus sur ces deux formations, et sur cette implication, cette envie de diversifier les genres.

C.H.: Drum:kan et YBS sont des amis chers à Kevin et de très bons amis pour nous tous. Ils sont sincères dans ce qu'ils jouent et ont une éthique qui va au delà de la simple dévotion. La personnalité des gens avec qui nous jouons passe avant leur musique. Nous avons parfois fait l'erreur de tourner avec des gens avec qui nous n'avions aucune affinité et ça n'a jamais été très agréable.

M.: Finalement, vous vous retrouvez influents, dans le bon sens du terme, mais de votre côté,  quelles sont les oeuvres littéraires/musicales qui vous auront influencés durant cette dernière décennie?

C.H.: Je crois qu'il est évident et aisément perceptible que nos influences ont évolué au fil des années et des changements de line up. On est passé d'une musique incorporant des éléments post hardcore sur US Songs (inspirée par Quicksand, Jawbox, Sunny Day [Real Estate] etc.) à une musique plus atmosphérique durant la période False Cathedrals et Song In the Air (là c'était plus Radiohead, PJ Harvey, My Bloody Valentine...) Il y en a trop pour que je puisse les citer et chaque membre à ses favoris.

M.: Les femmes vous ont-elles influencés ? A ce propos, comment se porte la petite Elliott ? Bien que dix ans plus tard, elle ne doit plus être si petite…

C.H.: Au point de vue des paroles, je dois dire que oui. Les personnes desquelles je me sens le plus proche sont naturellement celles qui ont le plus d'influence sur moi. La petite fille qui a été prénommée d'après le nom du groupe allait bien la dernière fois que j'ai vu ses parents, elle était bien plus grande que la première fois que je l'avais vu, ça c'est sûr!

M.: Pour ma part je soupçonne fortement ces dames d’être à l’origine de votre séparation. La malédiction du Kentucky, après vous avoir ‘volé‘ des précédents membres, Elliott aurai-il succombé à son tour ?

C.H.: Après avoir accompli tant de choses avec le groupe, c'était facile de vouloir demander plus: plus de reconnaissance, plus d'argent, plus de tout. Mais j'ai réalisé qu'à part l'argent, le groupe m'avait déjà apporté ces "plus de" que je désirais. Cependant, la chose que le groupe ne pouvait me donner (ou plutôt qu'il m'empêchait indirectement d'avoir), c'était une relation stable et solide, et en fin de compte c'est ça qui a le plus de valeur, plus que tout autre chose.

M.: Lors de votre séparation, vous aviez annoncé avoir "fait le tour", et c'est vrai que lorsqu'on compare US Songs et Song In The Air, le virage semble tellement important qu'on se dit "Effectivement ils ont fait le tour". Sans regrets? N’y aurait-il pas de nouvelles choses à expérimenter? Le fait de s'être attelé à la réalisation d'un CD/DVD ne vous a-t-il pas laissé comme un goût amer, peut être, de poursuivre l'aventure Elliott

C.H.: C'était plus un sentiment de soulagement que de regret. C'est merveilleux de regarder en arrière, parce que tu n'as pas à penser aux coups durs, aux moments de déprime. Tu n'as pas à revivre ces moments et ce que tu ressens c'est la satisfaction apportée par les aspects positifs. La vérité c'est qu'en étant ensemble si souvent, on s'est exténué les uns les autres.

M.: Durant l'interview d'Eva, celle-ci aborde la fait qu'Elliott soit resté une formation indépendante, n'éclatant pas au yeux du grand public. A quoi cela est dû selon vous? La reconnaissance viendra probablement avec le temps, comme ce fut le cas pour Texas Is The Reason, et Sense Field...

C.H.: Pour moi un groupe indé est un groupe qui par principe ne quitterait en aucune circonstance un label indé, peu importe la raison. Aujourd'hui tous les groupes n'attendent qu'une chose, avoir la possibilité de signer sur une major. Et de ce point de vue là, je crois qu'on était pas vraiment un groupe indé même si signer sur une major n'était pas notre but... c'est juste qu'au final le passage d'indé à major ne s'est jamais fait pour divers raisons: en vrac des questions de timing, notre engagement prioritaire envers la musique, le fait qu'on était entêté et qu'on n'a pas eu de rapaces autour de nous...

M.: D’ailleurs, la scène Post-Rock n'a jamais été aussi plébiscitée, et Song In The Air en est un digne représentant. L'émergence de cette scène vous-attire-t-il? Le Rock aussi est en plein renouveau…

C.H.: Pas vraiment; quand tu grandis à Louisville, tu te construis des fondations assez solides et immuables. En ce moment il n'y a rien qui m'intéresse vraiment en dehors de mon petit monde, excepté les groupes dont je suis fan depuis des années.

M.: Quant à l’avenir. Je sais que Kevin produit pas mal de groupes, notamment Drum:kan. Comment envisagez-vous le futur, avez vous des projets en tête? Des envies, de la musique…

C.H.: Kevin enregistre et compose/joue de la musique avec un gars nommé Scott Carney. Benny tourne intensivement avec n'importe quel bon groupe qu'il a la chance de pouvoir intégrer. Et de mon côté j'ai monté une boîte dans la photo avec mon épouse et je compose pendant mon temps libre. J'espère pouvoir monter un groupe d'ici le printemps.

M.: Merci beaucoup, bonne continuation, et en guise de conclusion, je vous laisse le mot de la fin…

C.H.: Merci, on apprécie vraiment le soutien que les gens nous ont apporté pendant toutes ces années.

Djou (Décembre 2005)

Merci à Chris @Elliott, Dan @ Revelation, Satoshi @ Drum:kan, NofunforaFX.

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