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L'Esprit Du Clan, Betizfest, Cambrai, avril 2016.

Entre L’Esprit du Clan et le Betizfest, c’est une longue et belle histoire. Les Parisiens étaient présents en 2003 lors de la première édition, ils y sont ensuite revenus par deux fois. C’est presque logiquement que pour leur retour après un break de presque 4 ans, l’un de leur premier concert se passe à Cambrai. Metalorgie était évidemment de la partie et a rencontré le frontman de l’EDC, Arsène, pour une interview sans concession. 



Salut Arsène, merci d’accorder cette interview à Metalorgie. Vous êtes de retour sur scène depuis quelques jours, content ? 

Arsène : Je suis, enfin nous sommes, je me permets de parler au nom de tous. Nous sommes super contents et très excités de retrouver la scène. 

Le live est un passage obligatoire pour L’Esprit du Clan. Vous avez fait énormément de dates dans le passé, et là, l’album n’est pas encore dans les bacs que vous êtes sur la route. On peut en conclure que les albums, c’est bien, mais sans le live c’est rien ? 

Exactement. Si nous devions juste faire de la musique au travers des albums, nous n’en ferions pas, tout simplement. Attention, j’adore composer, répéter, préparer les différentes phases des albums, mais ce qui me passionne le plus, c’est les concerts. Sans des soirs comme celui-ci, au Betizfest, je ne verrais pas de réel intérêt à faire de la musique. Tous les membres ont le même point de vue du reste. La scène c’est de l’adrénaline pure et dure concentrée sur 1h de concert. C’est un truc de dingues. 

C’est aussi la possibilité de rencontrer son public et d’échanger avec lui ? 

Oui, mais pas seulement. Nous sommes aussi passionnés par les rencontres avec les gens qui organisent les événements. Nous aimons échanger avec les organisateurs et les associations qui nous accueillent toujours super bien. C’est un tout si tu veux, pouvoir rencontrer son public et les personnes en coulisses qui se démènent pour que tout soit nickel, nous, on adore. 

Votre nouvel album, Chapitre VI, est assez noir, du moins de mon ressenti. A-t-il été composé lors d’une période particulière qui vous a marqué ? 

C’est marrant ce que tu me dis parce que je n’ai pas l’impression qu’il soit notre album le plus sombre. Il l’est bien moins que celui d’avant, Chapitre V : Drama,  à mon gout. Mais si c’est ton ressenti, je te crois volontiers. Nous faisons du Metal, entre guillemets « revendicatif », alors forcément, on peut concevoir qu’il soit sombre. Personnellement je trouve des titre comme : Or Astral, L’Art est Grand ou même L’Ivoire de l’Os très solaire. Nous avons essayé d’être moins sombres justement, plus fidèles à ce que nous sommes dans la vie. Alors oui, on est comme tout le monde, parfois nous avons des coups de moins bien, des coups de déprimes. Mais nous sommes des gars qui aiment vivre, profiter des bons moments et j’ai tenté de le reproduire dans les textes de Chapitre VI. Honnêtement, je ne pense pas que ce soit notre album le plus sombre. Ton ressenti changera peut-être avec quelques écoutes encore. Après, tout n’est pas super positif non plus, si tu prends en exemple Le Dernier Homme, j’ai mis en exergue dans les paroles que l’Homme passe une bonne partie de son temps à détruire, donc forcément, le constat de ce titre est sombre. Or, si tu écoutes le premier titre, Céleste, lui t’incite plus à prendre du recul par rapport aux merdes qui nous arrivent. Nous ne sommes que de passage, il ne faut pas se prendre la tête constamment, être négatif. On a qu’une vie, autant en profiter. 

Quand on dit de L’Esprit du Clan que son style est « urbain », tu trouves que c’est une bonne définition ? Tu le décrirais comment d’ailleurs ce mot, urbain ? 

Je serais mal placé pour dire que ce mot que ne nous correspond pas, puisque nous l’inscrivions presque partout à une époque. Notre style musical peut se classer dans la catégorie Metal, Metal-Hardcore, appelle ça comme tu veux. Ce que je définis plus comme du son urbain aujourd’hui, c’est plus le vieux Hardcore, le Punk, le Hip-Hop, qui sont des styles qui viennent de la rue à la base. Nous-nous sentons héritiers de ces musiques, plus que de musiques dites classiques ou électroniques, même si il y a du bon éléctro dans la rue, qu’on peut classifier urbain également. Notre culture est très Hardcore et Hip-Hop, qui sont à mon sens, des styles urbains. Malgré cela, je ne définirai plus L’Esprit du Clan comme un groupe urbain. 

Le dossier presse mentionne que « les conditions d’enregistrements, ont été semblables à celles du début des années 2000 ». Tu peux nous en dire plus à ce sujet ? 

C’est très important que ce détail ait été mentionné. Si tu veux, nous avions suivi les avancées de la technologie, on préparait tout par ordinateur, on faisait des édits de guitares, de batterie, on recalait les instruments, on triggait la grosse caisse, la caisse claire, nous voulions être modernes dans la démarche. Et on en a fait le tour pour tout de dire, on a voulu retourner à des méthodes plus simples en faisant tout nous-mêmes. Chaque son que tu entends sur l’album, on l’a fait, on l’a créé, on l’a joué vraiment. Nous n’avons rien recalé sur la batterie, Bastos rejouait les parties quand c’était nécessaire, pareil sur les guitares, on a rien coupé ou recalé, nous avons même laissé quelques petits défauts sur l’album, pour que ça sonne vrai. Le but était d’avoir un son pur, voilà, pur. C’est du naturel, on a laissé des pains sur les pistes. 

Pourquoi avoir confié le mixage et le mastering de Chapitre VI à Chris Harris (Hatebreed, Whitechapel, Madball et The Acacia Strain) ?

Nos deux derniers albums ont été fait par un pote qui a aujourd’hui arrêté de faire du son. On voulait passer à autre chose, nous avons décidé de nous reformer fin août, début septembre. Dès octobre nous composions déjà, l’album a été composé en à peine deux mois, on se voyait chaque jeudi et chaque jeudi un morceau en sortait. Tout est allé très vite, nous avons fait 3 ou 4 demandes à des producteurs français et américains, et Chris Harris a été le premier à nous répondre. On l’a senti super intéressé de bosser avec nous et il était dans les délais que nous-nous étions fixés. De plus, je le connaissais déjà, nous avons bossé ensemble sur un de mes projets, Parisian Walls. Tout ça a contribué à le choisir lui, c’est mec génial, super pro, mais il n’y a pas d’histoire d’amitié particulière pour autant, rien d’affectif, c’était pour le job. 

Les textes sont une nouvelle fois très forts, tu les écris toujours ? De quoi ou qui t’es-tu inspirés pour ce Chapitre VI ? 

Je les écris toujours oui. Même quand Shiro était là, c’est moi qui les écrivais tous. C’est difficile de chanter en français dans le Metal, j’ai essayé de prendre du recul, d’être un peu moins « naif ». J’ai voulu faire quelque chose de plus poétique, de dégagé. J’ai relu pas mal d’auteurs comme Rimbaud, Verlaine ou Aragon, même si tu ne le sens pas au sens premier. Je me suis également inspiré des textes d'Alain Bashung, que je n’ai pas seulement écouté mais lus. Je les imprimais et les lisais. J’ai pris pour inspiration des auteurs qui prenaient beaucoup de recul, qui voyaient les choses de plus haut que nous. Le but était d’être moins dans la revendication pure et dure, de faire passer des messages subliminaux, d’être métaphorique. 

Quel est ce rapport si particulier que vous entretenez avec la ville de Paris ? Dans le titre, Rat Des Villes, vous n’hésitez pas à crier « ici c’est Paris », vous y êtes vraiment attachés, on peut dire qu’il y a de l’amour ?

Carrément, moi je suis amoureux de ma ville ! Ça s’est développé avec les années du reste, il y a 10/15 ans, ce rapport affectif était moins fort. Aujourd'hui quand je prends ma caisse, que je me ballade dans Paris, je prends un plaisir fou, c’est une ville extraordinaire. Le problème de Paris par contre, c’est qu’il y a beaucoup de Parisiens ! (rires). Mais cette ville est géniale, j’en suis vraiment amoureux, j’adore tous ses quartiers, son ambiance, les petites rues, les grandes avenues, tout. Puis je ne te cache pas que depuis les tragiques événements de janvier et novembre 2015, ce sentiment a encore augmenté. Parfois, tu ne réalises pas ou plus la chance que tu as d’habiter Paris, la France, l’Europe quoi ! Dans certaines régions du monde, c’est tous les jours que les gens vivent de tels événements. Ça me donne encore plus envie de crier mon amour pour ma ville. 

Qu’avez vous faits durant ce break de trois ans ? Vous avez bossé sur d’autres projets ? Vous avez profité de la vie ? 

Nous avons fait plein de choses. Shiro, un ancien membre a monté son école de boxe et de fitness avec sa femme, Boxing Management. Clément joue désormais avec Hangman’s Chair, moi j’ai développé d’autres projets musicaux, dont Parisian Walls. Chamka s’est perfectionné dans son métier d’artificier, il voyage beaucoup pour son travail, il est allé récemment à Dubaï et sera à Rio pour les JO d’été. Bastos donne des cours de batterie en parallèle de son implication dans Deep In Hate. Tu vois, on s’est bien occupé, et pour la plupart avec des projets qui tournent autour de la musique. La vie a continué, certains ont même fait des bébés (rires). 

Vous avez un petit nouveau à la basse, comment c’est passée son intégration ? Il a tout de suite pris ses marques et a participé à la conception de l’album ? 

Il n’a pas participé à la conception de Chapitre VI, pour la simple raison que Ben, Chamka et moi, nous avons pris les affaires en mains rapidement. Ce qu’il a amené en revanche, c’est une énorme motivation ! Il est propre dans l’exécution de ses parties, il bosse énormément, c’est agréable à voir franchement. Pour être honnête, nous hésitions entre deux bassistes, quand on lui a dit, il nous a répondu « écoutez les gars, je vais vous prouver que c’est moi qu’il vous faut », et il a tout fait pour ! Il a assuré comme un chef, c’est un vrai bosseur, en plus il est super cool, très gentil, il s’est vite adapté à notre humour de cons (rires). Il voulait le poste, il était déterminé, ça a fait toute la différence en plus des qualités musicales et humaines que je viens de te citer. 

L’étiquette de groupe de Hardcore du 9-3, elle ne vous gêne pas ? Vous ne la trouvez pas péjorative ? 

Ouais, non, on a beaucoup utilisé cette image aussi à une époque, il serait mal venu qu’on en soit énervé maintenant. Sincèrement, je m’en fous, ça ne me dérange pas plus que ça. On s’est fait notre place, des gens nous soutiennent, je me fous complètement des étiquettes qu’on peut nous coller. Je peux t’assurer que quand je rentre chez moi, je n’y pense jamais, j’en ai carrément rien à foutre. 

Actuellement la France connaît une période de troubles assez marquées. Penses-tu que la culture, au sens général, pourrait jouer un rôle important pour soulager le malaise qu’on vit ? 

Évidemment. Je dirais même que la culture est la basse de tout. Il y a un gros déficit de la culture dans la bêtise de certains, ces mecs là sont bêtes parce que leur esprit est fainéant et fermé. La culture éveille l’esprit, elle te rend curieux. En étant curieux tu as l’envie de lire, de te renseigner sur la littérature, le cinéma, la musique, elle est essentielle pour ouvrir et s’ouvrir. J’en parle dans le titre L’Art est Grand, la culture est vitale, elle apaise bien des maux. Je n’arriverais pas à résumer en trois phrases ce que la France vit actuellement et ce que je ressens. C’est de la bêtise généralisée, quand j’étais gamin, mon père me disait souvent que ce qu’avait fait la France dans le passé, pourrait un jour lui péter à gueule. Force est de constater que malheureusement, il avait raison. Alors évidemment ça ne justifie en rien ce que ces imbéciles sans nom ont fait ! Forcément. Mais ça te montre à quel point l’Homme court lui-même à sa perte. Sans être pessimiste à la base, difficile de ne pas penser qu’on fonce dans le mur. Je ne serais plus là quand tout ça s’arrêtera, j’ai juste envie de profiter de ma vie, d’être entouré de ma petite femme, de mes amis, de passer des bons moments. 

L’artwork de Chapitre VI est assez minimaliste par rapports à vos sorties précédents. C’est un choix ou un manque d’idée ? 

Je te rassure, ça n’a pas été fait à l’arrache. La première idée que nous avions eue, été celle d’un logo L'Esprit du Clan, stylisé. Tu vois genre un tag sur un mur, pas de message, pas de titre particulier. On voulait un artwork sobre et efficace, c’est super compliqué de résumer un album complet avec la pochette. Certains titres sont ouverts, d’autres noirs, ça me faisait chier de devoir résumer le contenu au travers de l’artwork. On s’appelle L’Esprit du Clan, on fait un nouvel album, on claque ça comme ça, boom. 

Quel est le programme pour les mois à venir ? 

L’album sort le 15 avril et on est super impatients. Il y aura beaucoup de clips, on a dealé ça avec le label, pour nous c’est important d’amener des supports visuels à nos musiques. Puis à partir de septembre, l’idée c’est de faire beaucoup de dates. Là on est en pleine reprise, on y va doucement, on a une grosse date à Paris, le 21 mai à la Flèche d’Or, c’est presque complet d’ailleurs. À partir de septembre on espère enchaîner les concerts. 

Arsène, merci pour le temps que tu nous as accordé, as-tu un dernier mot pour nos lecteurs ? 

Merci à eux et à ceux qui nous soutiennent. Notre retour était attendu, on est là, sachez qu’on est super contents et chauds. Merci à toi pour cette interview et à tous ceux qui ont pris le temps de la lire. 


Côté concert, L’Esprit du Clan a régalé pendant près d’une heure un public ultra chaud. Aux anciens titres sont venus se mêler des petits nouveaux comme Rats des Villes ou Le Dernier Homme qui envoient un bois terrible. Cette prestation renforce l’impression que Chapitre VI est plus que jamais un album qui offre tout sa puissance en live. La performance a réellement été brillante, et à plus d’un titre. Un son impeccable, des lights superbes et une ambiance de dingues. Nous avons vu des musiciens heureux, pas vraiment inquiets de remonter sur les planches, bien au contraire, l’envie d’en découdre était bien présente. L’Esprit du Clan sur disque c’est bien, en concert c’est encore mieux, surtout dans des conditions telles que le Betizfest offrent.

Shades of God (Avril 2016)

Remerciements : Roger et Replica Promotion. Jim, Yannick, l'organisation du Betizfest, ainsi que tous les bénévoles présents.

Crédit Photos : Mathilde Laurence Photographie

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