Ahab Hellfest 2015

Entre deux concerts qui s’enchaînent à un rythme effréné, direction l'espace presse du Hellfest pour rejoindre deux des musiciens d'Ahab, Stephan Wandernoth (Basse) et Chris Hector (Guitare) afin de parler de leur nouvel album, The Boats Of The Glen Carrig dont la sortie est prévue pour le 28 août chez Napalm Records. La chaleur est étouffante sous les tentes VIP, mais ça tombe bien, on va parler Doom Metal.

Salut, comment ça va ?

Chris / Stephan : Ca va super et toi ?

Impeccable. C'est seulement la deuxième fois que vous jouez en France et l'année dernière c'était au Fall Of Summer. C'était mortel d'ailleurs.

Chris : Ah oui t'y étais, Merci !

Stephan : Merci !

En dix ans, vous n'avez joué que deux fois en France. Pourquoi avez-vous attendu aussi longtemps ? (rires)

Chris : Je ne sais pas trop. La plupart des gens disent : venez jouer en Suisse, en Irlande... mais tu dois connaitre des organisateurs là-bas, une assurance qui va te payer tes frais de transport ou ce genre de trucs, donc c'est compliqué.

C'est difficile de trouver des organisateurs en France ?

Chris : Personne n'était intéressé pendant longtemps. Nous étions plus à l'aise en Allemagne bien sûr, en Autriche, en Suisse ou en Italie par exemple. Tous les endroits où les orga nous disaient :  « vous venez jouer, on vous paye le transport et vous aurez votre cachet de groupe ». Et donc pour l'année dernière Jessica Rozanes (interview du Fall Of Summer) nous a contacté et c'était parfait !

Vous pensez que c'est compliqué pour des groupes de Doom Metal de tourner actuellement ?

Stephan : Complètement, on avait demandé aux mecs d'Ataraxie et ils ont cherché une date sur Paris, mais ça n'a jamais fonctionné. C'était difficile de trouver un club pas trop cher, de ramener notre matos sans trop de frais. On aurait aimé vouloir le faire, mais hélas... Par contre le Fall Of Summer c'était une super expérience pour nous, de jouer enfin en France, dans de superbes conditions...

Vous n'avez jamais fait le Roadburn ?

Stephan : Non, on n'y est jamais allé, mais on aimerait beaucoup.

Chris : Ca serait super ! (rire)

Stephen : Oui, on espère être programmé prochainement ! (rire) 

Est-ce que Ahab est suffisamment grand et connu pour faire une tournée Européenne, voire même Américaine ?

Chris : Tout est possible, mais une fois de plus, c'est un problème d'argent. Tout est encore plus cher, sans compter les problèmes de visa qui sont à des prix exorbitants, les réservations en avion... On aimerait le faire bien sûr...

Vous avez tous un boulot en Allemagne ?

Chris / Stephan : Ouais.

Stephan : Ca complique encore plus la tâche, on doit tous trouver du temps libre ensemble pour faire nos concerts.

On va enchaîner sur votre prochain album, qui sort fin août chez Napalm Records. Tous vos disques sont liés à des livres fantastiques comme The Call Of The Wretched Sea issu de l'oeuvre d'Herman Melville et son fameux Moby Dick. Celui-ci est inspiré d'un roman de William Hope Hodgson, c'est ça ? Que raconte-t-il ?

Stephan The Boats Of The Glen Carrig est assez similaire à l'univers de H.P. Lovecraft et d'ailleurs les deux romanciers se connaissaient plus ou moins, il me semble. Donc il y a une part d'horreur, mais on y trouve aussi un message sous-jacent très intéressant. En fait des gens sont sur un bateau qui fait naufrage et très rapidement les différences sociales disparaissent et les questionnements sur des choses telles que « d'où tu viens, ce que tu fais, qui tu es » n'ont plus lieu d'être plus de sens quant il est question de survie, et on voulait de traiter des ces choses là. C'est le point central mais bien sûr, l'album raconte aussi une histoire, d'horreur, d’événements psychédéliques...

Chris : C'est une histoire fantastique mêlée à de l'horreur, oui.

Vous jouez de nouveaux morceaux aujourd'hui ?

Chris : Non, on n'a pas eu le temps de répéter suffisamment les nouvelles compos. Et on n'a pas tellement le temps de les incorporer dans le set. Par contre on va tourner à l'automne (le 02 novembre à Paris (Glazart) et le 03 novembre à Nantes (Ferrailleur)) et là on jouera pour la première fois en live des titres de The Boats Of The Glen Carrig.

L'artwork a été réalisé par Sebastian Jerke, qui avait déjà bossé sur celui de The Giant. L'illustration est plus colorée cette fois-ci, vous lui avez donné carte blanche ?

Chris : Dans une certaine mesure. On lui a demandé ce qu'on voulait sur la pochette, et il a fait ça à sa manière évidemment. De même pour le livret. Mais oui, on voulait quelque chose de plus coloré.

Au début ça m'a vraiment étonné, par rapport aux autres pochettes, mais au final je l'aime bien.

Chris : Merci. Soit les gens aiment, soit ils détestent. (rires)

Tous vos disques ont été publiés par Napalm Records. Ca semble être un label parfait pour vous. Est-ce que vous avez pensé à signer chez un autre label ?

Stephan : Effectivement, on y a pensé et on en a un peu discuté entre nous. Mais Napalm Records fait actuellement un super boulot pour nous que ce soit au niveau du groupe, de la promotion, ou de la distribution de nos disques, c'est impeccable. Et puis ce sont des gens super sympa. On peut discuter facilement, sans forcément avoir un rapport au business ou à l'argent, c'est très confortable.

Chris : On se souvient de l'époque où l'on a débuté, quand avoir un groupe de Funeral Doom, ça signifiait vendre 5 ou 6000 albums. Mais le directeur de Napalm nous a signé et nous a donné une chance. On n'attendait rien de spécial quand on a sorti The Call Of The Wretched Sea mais l'engouement était assez fou... Fou pour du Doom extrême bien sûr. Du coup on est très reconnaissant pour leur travail et on leur doit notre succès. Mais c'est aussi grâce à nous s'ils sont connus (rires).

Vous avez une bonne relation avec eux alors. Ce sont des amis ?

Chris : Euh oui, pour certains d'entre eux. Ce ne sont pas forcément des amis proches, parce que la plupart vivent loin de chez nous et on ne les voit pas souvent. Mais Mona Miluski est une très bonne amie, elle nous suit lors de nos tournées, fait notre promotion et elle chante dans un groupe de Stoner qui s'appelle High Fighter. On devrait d'ailleurs tourner avec eux prochainement (NDLR : effectivement et avec également Mammoth Storm pour les deux dates françaises). On les as vu hier pour discuter, prendre une bière, raconter des conneries. Ils sont cool.

J'ai cru lire que le chanteur de Sahg (Olav Iversen) allait apparaître sur un morceau bonus ? 

Chris : Pardon ?

Le chanteur de Sahg. Désolé pour mon accent. (rires)

Chris : Ahhh. Pas de soucis. (rires) En fait le morceau ne sera pas sur l'album, ça va paraître sur un 7" qui sera ajouté à une wooden box spéciale pour la sortie de l'album. C'est une reprise de The Alan Parsons Project. Napalm Records nous avait demandé un titre additionnel, sauf qu'on ne pouvait pas en ajouter un supplémentaire sans trahir le concept de The Boats Of The Glen Carrig. Donc on a fait cette reprise The Turn Of A Friendly Card. Tu connais ?

Non, je connais seulement leur tube Eye In The Sky (rires).

Chris : Je penses que tu reconnaîtrais le morceau, il est souvent passé à la radio, pas uniquement en Allemagne.

Vous l'avez tourné de manière à ce que ça sonne Doom ?

Stephan : Oui, façon Traditionnal Doom, à l'ancienne.

Super j'écouterais ça. Je n'ai pas encore eu la chance d'écouter l'album, mais j'ai cru voir sur la tracklist que The Weedmen (15mn) était votre titre le plus long réalisé en dix ans. C'était votre but de faire le plus long morceau possible?

Stephan : (rires) C'est aussi long parce que je pense que c'est le titre le plus lent qu'on ait créé. Et donc si tu joues quatre fois le même riff, ça fait déjà cinq minutes. (rires)

Chris : C'est arrivé comme ça : wow, ça fait déjà 15 minutes (rires).

Donc vous avez cinq nouvelles compos...

Chris : Six en fait.

Stephan : Six avec le bonus, The Light In The Weed (Mary Madison) qui ne sera présent que dans la version digipack. En Allemagne le disque est vendu 16€ en magasin et si tu n'as pas de titre bonus, ça craint. Le truc chiant c'est qu'il ne sera pas sur les versions classiques de l'album, désolé.


Selon moi, The Divinity Of Oceans était suffocant, The Giant avait de superbes mélodies... que peut-on attendre du prochain, The Boats Of The Glen Carring ?

Stephan : Il est très diversifié. On a un des titres qui est le plus rapide qu'on ait composé, un autre le plus lent et long. On a rajouté du chant clair... C'est très difficile comme question (rires).

Peut-être des aspects plus Funeral Doom ?

Stephan : The Weedmen bien sûr, c'est très WHOOOM (il imite un son très lourd) et ça se rapproche de The Call Of The Wretched Sea. Daniel (Chant) voulait reprendre ce chemin là. C'est sans doute plus lourd que ce qu'on a jamais fait.

Chris : (rires) Oui ça l'est ! C'est très Heavy. La plupart des gens à qui on a fait écouter l'album nous l'ont confirmé.

Stephan : Certains riffs sont quasiment Sludge.

Chris : Et même quelques aspirations Death Metal. D'un autre côté on a aussi du chant clair... C'est très diversifié comme on te le disait. Tu ne l'as pas écouté ?

Non pas encore, mais j'ai hâte.

Chris : Je crois qu'ils ont envoyé les liens pour télécharger l'album hier. Demande à Mona, elle te l'enverra.

D'accord. Et vous composez comment ? Vous partez des paroles de Chris ou...

Chris : Non, on commence par le livre.

Stephan : On lit tous le livre. Pour The Giant par exemple, la première année avant l'enregistrement on a beaucoup lu et discuté entre nous. On échange autour de l’œuvre que l'on souhaite créer, de la direction à prendre et c'est seulement ensuite qu'on a enregistré trois morceaux et le reste est venu après. Une fois qu'on a le livre bien en tête, que tout nous vient à l'esprit, les images, les émotions, les thématiques on entame le processus d'écriture, puis on enregistre. 

Chris : Ce n'est pas évident parce qu'une fois qu'on a la partie instrumentale, il faut encore écrire les paroles. Je dois faire attention à suivre l'ordre chronologique par rapport aux livres, imbriquer les éléments entre eux, que tout sonne correctement...

C'est pour cela que ça vous prend beaucoup de temps de sortir un album ?

Chris : Oui, on y passe beaucoup de temps.

Stephan : Le nouvel album était le plus difficile à écrire je trouve. Je ne sais pas trop pourquoi...

Chris : C'est vrai, on en a chié (rires).

Stephan : Daniel avait beaucoup de nouvelles idées à la guitare, on a pris beaucoup de temps à s'approprier le livre, de réorganiser certains riffs, on a fait pas mal de jams aussi... c'est l'album, avec le premier, sur lequel on a passé le plus de temps à répéter tous ensemble. C'est sans doute pour ça qu'il est l'album le plus difficile d'accès. 

Chris : Quand on est tous ensemble on part aussi dans des trucs plus psychédéliques (rires). Écoute le, tu verras bien. Mais il faut pendre son temps, c'est pas de la musique vite avalée façon fast food. (rires) Tu dois prendre ton temps pour rentrer dedans, même si c'est difficile.

Est-ce que vous êtes d'accord si je vous dit que pour moi, écouter un de vos disques c'est comme lire un livre de la première à la dernière ligne ?

Chris : C'est le plus beau compliment qu'on puisse nous faire.

Stephan : C'est super, parce que c'est exactement ce qu'on essaye de faire. Si tu pouvais lire plus vite et écouter l'album en même temps, ça serait parfait. Tu verrais que les deux sont liés, le livre et l'album.

Une dernière question, vous avez le temps de vous promener sur le site du Hellfest ? Voir quelques concerts ?

Stephan : On a eu le temps hier. On a vu tout le concert de Meshuggah, c'était énorme. On a vu quelques morceaux d'Alice Cooper aussi.

Chris : Ah oui Alice Cooper, c'était super. School's Out avec un bout de The Wall. (rires)

Combien de fois est-il mort ?

Chris : (rires) On n'a pas compté. On a vu un peu des Dead Kennedys et je suis un grand fan du groupe. Mais il n'y avait pas d'énergie. Le groupe entier était super mou.

Stephan : Aujourd'hui on a le temps de voir Slash et Faith No More. C'est très important.

Chris : Et Scorpions ! (rires)

Stephan : Ca va être marrant.

Chris : Et ZZ Top (rires) (il entame quelques notes de Sharp Dressed Man).

Merci pour votre disponibilité et bon concert !

Stephan : Merci beaucoup ! (dit en français)

Chris : On va essayer ! Merci !

Pentacle (Septembre 2015)

Merci à Elodie de HIM Media et Mona de Napalm Records qui ont pu rendre cet entretien possible.

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Commentaires

Angel OLe Mercredi 23 septembre 2015 à 20H06

Bien sympa cette interview ^^