Rock 'N' Roll Train Festival Dr Feelgood (Paris), le 7 mai 2015

Alors que le Sonisphere a déserté l'Est de la France, les fans de musiques énervées ne sont pas oubliés pour autant. Le Rock 'N' Roll Train Festival se tiendra à Longwy (54) les 11 et 12 juillet prochain pour sa troisième édition et Vincent Todeschini, organisateur et programmateur du festival, va nous en dire plus pour vous donner envie d'y aller !

Peux-tu te présenter en quelques mots et nous en dire plus sur ton parcours avant d’arriver à la tête du Rock 'N' Roll Train Festival ?

Je suis vierge ascendant balance, né en 1976 (rires). Je suis président de l’association All Inclusive, que j’ai créée en 2003, et j’étais animateur d’une émission de radio qui s’appelait Rock N Roll Train. Tout de suite tu vois la filiation. Au bout de quelques émissions, j’ai eu l’idée d’essayer de monter un festival et le premier Rock N Roll Train festival a eu lieu en juillet 2013, en indoor, avec 3 groupes à l’affiche et 500 spectateurs. Il y avait 69 Chambers, Big Moustache Bandits et George Garage et c’était gratuit. Avec ce premier succès, on a eu envie de retenter ça l’année suivante. On l’a fait sur deux jours et en extérieur cette fois, dans un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, les remparts de Longwy (54). C’est la ville dont je suis originaire et où je vis, même si je voyage beaucoup. C’est un festival accessible, à la frontière de la Belgique et du Luxembourg, proche de l’Allemagne et à 1h30 de Paris en train.

En trois éditions, tu es passé d’un festival sur un jour, gratuit, à un festival sur deux jours avec seize groupes, pour le même prix que l’édition 2014. Tu es magicien ?


Je suis fou surtout (rires). On prend des risques financiers pour faire venir des groupes intéressants et on les assume. On a la chance d’avoir une équipe qui tient la route en terme d’organisation, chacun sait ce qu’il a à faire et c’est pour ça aussi qu’on fait une troisième édition, car tout s’est bien passée sur la deuxième. Les collectivités locales qui nous soutenaient nous ont renouvelé leur confiance et nos sponsors aussi. Il n’y a donc pas de magie, mais de la passion et pour cette année on présente pour la première fois une affiche exclusivement "metal", au sens large, puisque c’est ce que j’aime. Je ne pensais pas y arriver aussi rapidement. Il y a plusieurs styles représentés, du death avec Loudblast, du hardcore avec Pro-Pain ou Biohazard, du hard-rock avec Crucified Barbara. C’est un peu l’identité du Graspop ou du Hellfest à l’échelle 4000 spectateurs par jour.

Justement, comment as-tu procédé pour cette programmation plutôt éclectique ?

Par goût. J’essaie de signer les groupes que j’aime bien, que j’écoute et, bien sûr, qui tournent à cette période là et sont disponibles. On est quatre bookers pour le festival, moi inclus et on ne demande jamais leur tarif aux groupes qu’on n’aime pas (rires). Je dis ça car il y en a qui le font ! J’espère pouvoir continuer à fonctionner comme ça pour la suite. Après je suis très éclectique, donc pour que je n’aime pas des groupes, ils faudraient qu’ils soient soit très mauvais, soit très cons. On se complète bien dans l’équipe de booking, Christelle est fan de stoner, d’ailleurs on a organisé The CryStoner Fest à Longlaville il y a quelques jours, Yannick est un peu plus rock'n'roll que moi et l’autre Vincent sert de médiateur à tout ça. Ça aide à faire une belle affiche.

Stéphane Burriez est le parrain de cette troisième édition du Rock’n Roll Train Festival, a-t-il participé à la programmation, à la manière d’un "curator" ?

Je le remercierai jamais assez d’avoir accepté d’être notre parrain. Je lui ai proposé après avoir signé Loudblast et il n'a pas hésité une seconde. J’ai pu discuter de la programmation du festival avec lui, j’ai d’ailleurs tourné une émission d’Une Dose 2 Metal avec lui au côté des organisateurs du Fall Of Summer et du Motocultor, et il a pu me donner de bons conseils.

C’est toujours le principe que la programmation soit choisie (en partie) par le public ?

Oui pour la première édition, les gens avaient eu le choix entre trois groupes. Là on a sorti une large liste de dix groupes qu’on a proposés au public et Napalm Death avait été pébliscité. On était déjà en pourparlers avec eux avant ce "referendum" mais au moment de les signer, ils venaient de recevoir une offre plus intéressante financièrement en Allemagne. On a alors décidé de ne pas tenter d’avoir un des groupes suivant dans la liste, il y avait Ghost entre autres. Ce sera donc une surprise (NB : No One Is Innocent a été annoncé depuis).
 
Peux-tu m’en dire plus sur les groupes "découverte" qui sont à l’affiche ?


C’est l’identité du festival. Il y aura quatre groupes "découverte" chaque jour. Il y aura Malemort, un groupe de heavy-metal de Paris, ils tournent beaucoup et ont une grosse envie ; Coldstone vient d’Alsace, c’est du metal à la Godsmack, qui peut faire penser à du Metallica aussi ; First Rage vient de Metz, c’est un peu fusion/nu-metal avec un DJ et un côté visuel prononcé sur scène ; The Way I Am c’est la découverte Klonosphère, avec qui j’ai réussi à nouer un petit partenariat, pour programmer chaque année un groupe de leur roster. Leur chanteuse Saturne a l’air bien barrée, j’ai adoré leur album, ils ont l’air super chaud de venir jouer ici ; Cosmogon c’est un mélange de doom/stoner/death qui vient du Luxembourg ; Riot Gun c’est le meilleur groupe de punk de Longwy ; The Tracks sont de Longwy aussi et jouent une musique entre grunge et indie rock ; Lightmare, pour compléter la liste, c'est du groove metal, ils viennent de sortir leur premier disque enregistré au studio Ear We Go à Aubange, avec une production incroyable ! J’ai adoré l’album, il a un son monstrueux.

C’est un peu incroyable de voir un festival metal se dérouler dans un site classé, comment as-tu réussi ça ?

Oui, comme je te l’ai dit, le festival a lieu depuis l’an dernier à l'intérieur des remparts de Longwy, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il y a d’énormes murs, plusieurs bâtiments historiques dont la Porte de France, c’est magnifique. Sinon, on est allé simplement toquer à la porte du maire de Longwy et il a dit d’accord (rires). Il nous a simplement indiqué qu’un architecte des bâtiments de France serait là avec la commission de sécurité pour se porter garant que notre installation ne dégradera pas le site. On fait donc le nécessaire, on protège les zones qui pourraient être sensibles avec des barrières heras notamment. Et en montrant patte blanche, ils nous laissent y aller. On est vraiment chanceux, et cette année on a même un camping, directement sur le site ! Les festivaliers auront 200 à 300 mètres à faire à pied pour être devant la scène principale. Les conditions d’accueil sont vraiment 4 étoiles. Même chose pour le parking qui n’est pas loin.

Avec votre localisation, vous arrivez à attirer du public qui vient de l'étranger ?

C’est vrai qu’on est à un carrefour de l’Europe, à la frontière luxembourgeoise et belge, avec l’Allemagne et les Pays-Bas pas très loin non plus, mais ce sont des pays qui ont déjà beaucoup de festivals chez eux. Ils ne vont pas beaucoup chercher à l’étranger ce qu’ils peuvent trouver chez eux. Mais on a beaucoup d’amis belges frontaliers qui vont venir nous supporter. C’est un objectif qu’on s’est fixé de réussir à attirer plus d’étrangers dans le futur, ça passe par de la promo dans ces pays pour faire connaître le nom du festival.

Par simple curiosité, le conseil municipal actuel de Longwy est de quel bord politique ?

Ce sont des socialistes qui sont à la tête de Longwy depuis l’an dernier, mais c’est un maire de droite qui nous a ouvert la porte de son bureau le premier. Il aimait les grands projets et il nous a apporté un soutien total. Après les élections de 2014, le nouveau maire nous a dit qu’il avait assisté au festival, qu'il avait apprécié le travail effectué et qu’il allait nous soutenir pour l’avenir, il est d’ailleurs venu à l’assemblée générale de l’association et nous a même fait un discours. C’est rassurant de savoir que, quelque soit le bord politique, on est soutenu, on a des moyens matériels et humains, on a le site qui est mis à notre disposition.

Un groupe que tu rêverais d’avoir au festival ?


Est-ce que tu connais Mike Muir et Cristine Scabbia ? Voila, j’aimerai bien avoir Suicidal Tendencies et Lacuna Coil, ce sont deux groupes que j’aime beaucoup et ce sont deux des objectifs pour les éditions 4, 5 et 6 ! Et si un jour on a Megadeth, Slayer ou Metallica... On sera là (rires).

Qu’est ce que t’inspirent les actes de vandalisme qui ont eu lieu sur le site du Hellfest ?

Ça me fait rire et pleurer à la fois. Rire de ridicule et pleurer de bêtise. C’est lamentable, je sais ce que c’est que des heures et des heures, des jours et des semaines de travail anéantis comme ça, ça peut décourager des gens, voire pire. Heureusement eux, ils sont plus forts que ça.

Le mot de la fin ?


Merci à Metalorgie et à toi pour nous aider à faire connaître le festival. On espère proposer une alternative intéressante pour les gens qui n’ont pas les moyens d’aller au Hellfest ou dans d’autres grands festivals, tout en leur apportant des conditions d’accueil optimales afin de leur donner envie de revenir les années suivantes. On n’en a pas parlé mais il y aura également la bière du Rock n Roll Train Festival, la 421 cuvée spéciale brassée par Mille Vertus, ainsi que des spécialités lorraines et alsaciennes niveau restauration. Vous savez tout !

Grum (Juin 2015)


Merci à Vincent pour sa disponibilité et merci à Roger et Replica Promotion pour nous avoir organisé cet entretien.Ma

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