Carnival In Coal (Axel) été 2005 (via mails)

Pour ceux qui n'ont jamais entendu parl� de CInC tu d�finirais le groupe comment ?
Il y a diff�rentes mani�res de d�crire CinC aux n�ophytes. Le plus souvent, d'un point de vue musical, je nous compare � l'application de la philosophie de Frank Zappa � un univers metal. Par extension, on pourrait �tre enferm�s dans le m�me asile que Mr Bungle, Fantomas, Pan-thy-monium et d'autres. D'une mani�re plus th�orique, j'apparenterais l'�coute d'un album de Carnival � la visite d'une f�te foraine un peu glauque...vous �tes certain de passer par toutes sortes de sensations ! Et pour Arno et moi, en tant que musiciens, il s'agit d'un terrain d'exp�rimentations sans limites v�ritables. C'est une libert� � laquelle nous tenons absolument, sans laquelle CinC n'aurait pas lieu d'�tre de toute mani�re.

Un concept musical qui ne se joue jamais en live ?
Au d�part, oui, en effet, � cause de la complexit� des arrangements. Mais maintenant, �a nous titille....ce nouvel album nous donne vraiment envie de jouer sur sc�ne. On doit chercher des musiciens capables, extr�mement polyvalents et disponibles, r�p�ter, mettre au point un spectacle plut�t visuel. Vu le temps et l'argent que �a va impliquer, je ne dis pas que �a se fera dans l'ann�e, mais on va essayer d'y penser. Sans compter qu'avec le soutien d'Earache, on pourrait sans doute faire des dates int�ressantes. Nous sommes au tout d�but des r�flexions sur ce sujet.

Sur sc�ne CIC, �a va ressembler � quoi ? Vous avez travaill�, pour l'artwork votre dernier album, avec Otto  ( novasodomia.com ), peut tu nous en causer un peu ? Est ce que sur sc�ne, on aura droit a des univers aussi "atypiques", des 'visuels'  particuliers? ou pas ...
Comme je te disais, nous sommes au tout d�but de nos r�flexions concernant le live, la priorit� est de savoir si oui ou non nous pourrons passer du temps sur la pr�paration de concerts et si une �quipe pourra nous suivre. Visuellement je ne sais pas du tout ce que �a pourrait donner. Si nous jouons, il ne faut pas leurrer, nous n'aurons pas les moyens d'Iron Maiden, ce seront sans doute des premi�res parties ou des festivals, en cons�quence nous n'aurons pas le temps de placer un d�cor...Dans six mois nous saurons peut-�tre davantage o� on en est sur cette question...

Imaginons (soyons fous), que vous ayez justement les moyens d'un Iron Maiden, vous aimeriez cr�er un live plut�t de quel genre ?
Ah l�, oui ! Je crois que Rammstein et Marylin Manson se sentiraient ridicules !! Non, plus s�rieusement, je pense qu'avec des moyens on irait vers un happening tr�s visuel, avec des figurants...on avait song� � un m�lange de pi�ce de th��tre et de concert, fa�on op�rette, mais plus trash bien s�r. Ce serait un spectacle mis en sc�ne par Terry Gilliam, ou Peter Jackson si Gilliam est malade...�a co�terait une fortune bien entendu, et ce serait impossible � d�placer ! Pour l'instant contentons-nous de r�ver � ce que nous pouvons faire avec nos tout petits moyens ! On peut sortir nos disques sans que �a nous co�te un centime, c'est d�j� un luxe � notre �chelle !

Parlons justement de votre dernier opus, sorti en juin dernier � Collection Prestige �. La pochette, ainsi que le titre de l�album font tr�s univers � la Richard Clayderman, est ce qu�on peut consid�rer que l�humour est un des ingr�dients majeurs de CIC ?
Oui, c'est �vident, nous cultivons un certain sens de l'humour, de plus en plus noir d'ailleurs...L'humour pr�sent sur "Sramik", notre d�mo k7, �tait plus d�monstratif, plus direct, parfois parodique. Avec ce nouvel album nous nous essayons � plus de raffinement ! Depuis notre premi�re d�mo, pas mal de groupes se sont plac�s sur le cr�neau du m�tal purement parodique (Gronibard, Ultravomit, Abitbollus pour ne citer qu'eux). D�s Vivalavida, nous avons tenu � aller vers un humour plus inattendu, plus cynique et noir...La pochette est le reflet de cette �volution, il s'agit en fait d'une r�f�rence directe � cette id�e du luxe de pacotille accessible � tous. A chaque page du livret, il y a un d�tail glauque qui vient ternir ce prestige difficilement mis en place. Et puis �a nous amusait de voir dans le catalogue d'Earache une pochette qui sorte de leurs th�matiques habituelles !

Ce n�est pas un peu compliqu� de d�marcher les labels, de vivre en tant que groupe en France, et de promouvoir votre �son� quand on est aussi atypique ? Comment avez r�ussi � d�goter un contrat avec Earache ?
En fait on a eu beaucoup de chance avec Carnival, depuis le d�but. On gal�rait beaucoup avec nos groupes pr�c�dents, qui �taient plus conventionnels, et c'est lorsqu'on s'est mis � faire un truc totalement hors normes, sans se soucier d'une quelconque recherche de label, que �a a commenc� � vraiment d�coller. Bon, faut dire qu'� l'�poque notre d�mo Sramik ne sonnait comme personne d'autre, �a a mis la puce � l'oreille du label qui nous a sign�s pour Vivalavida (War on Majors).
Il s'est pass� pratiquement la m�me chose avec Earache. Sauf que l� on b�n�ficiait d�j� d'une petite r�putation, et Lee, le mec qui s'occupe d'Elitist, la division "bizarre" d'Earache, nous suivait depuis Vivalavida ! Il faut quand m�me savoir que c'est le mec qui a sorti Emperor de l'anonymat, via le label Candlelight qu'il a mont� � l'�poque. Un jour Lee, que je ne connaissais absolument pas m'a envoy� un mail via le site pour me demander ce qu'on devenait. Deux �changes plus tard, il m'explique qu'il veut nous signer sur son label, market� par Earache. J'ai vraiment cru que c'�tait une blague au d�part !
Donc c'est assez bizarre, on n'a jamais d�march� le moindre label avec Carnival, car il n'a jamais �t� question en tout cas au d�part, de faire carri�re avec ce projet. Pour nous, au contraire, il �tait question d'en faire un truc culte, ultra-underground, sous de fausses identit�s, en parall�le avec nos projets principaux. On a �t� tr�s surpris d'int�resser autant de monde � la sortie de Vivalavida.
L'autre grande chance, c'est que les labels qui se sont occup�s de nous jusqu'ici ont toujours compris qu'il fallait nous laisser libres de nos choix artistiques, que c'�tait la raison d'�tre de Carnival. On s'est sentis un peu intimid�s au d�but avec Earache, on ne savait pas trop si tel ou tel truc allait leur plaire. Et puis finalement on s'est dit "et merde, apr�s tout ils nous ont sign�s, ils savent � quoi s'attendre !". Le fait qu'ils aient accept� cette pochette, un morceau enti�rement disco et un autre de musique contemporaine, me rassure; nous avons une totale libert� d'action avec eux.

Totale libert� d�action dans la musique et les artworks, d�rision, humour crado, chance avec les labels, vous vous permettez un tas de diableries en reprenant des tubes ann�es 80, et m�me votre nom a �t� gentiment emprunt� � un chercheur de noms pour son webzine. Ce serait pas un peu beaucoup de chance tout �a. ? Dis heu � �a ressemble � quoi la vie d�un CIC au quotidien ? Vous ne seriez pas n�s sur Krypton par hasard ?

Euuuh, l'histoire du webzine, je ne sais plus o� tu as pu la lire, mais c'est un canular (nous sommes farceurs parfois avec la presse !). Sinon, c'est vrai qu'on a eu beaucoup de chance, mais on est au d�but de l'aventure, il va nous falloir encore beaucoup de chance pour pouvoir continuer (et un peu de travail, je te l'accorde !).
Notre vie au quotidien d�cevrait beaucoup de monde. Pas d'orgies quotidiennes, ni de bacchanales interminables, nous ne mangeons pas d'enfants, ne faisons pas de messes noires. A vrai dire nous ne buvons m�me pas d'alcool ! Nous nous consacrons � notre travail et � nos hobbies, ce qui prend d�j� pas mal de temps sur nos heures de sommeil. Evidemment cette petite vie provinciale tr�s rang�e nous permet de garder sous silence nos origines kryptoniennes.

Le nom un canular ? Alors heu je me vois oblig� de te demander � Pourquoi ce nom ?
Oh, c'est tout simplement Arno qui a trouv� �a un jour, il y a dix ans. Il cherchait un nom qui �voquerait une sorte de party dans les t�n�bres, un m�lange de plaisir et d'horreur. Il y avait � l'�poque un groupe am�ricain ultra underground, Castle Blak, dont l'album s'intitulait "Another black carnival". Arno adorait la sonorit� de ce titre, il a donc cherch� quelque chose autour du mot Carnival. Il faut savoir qu'Arno est tr�s fort pour trouver des noms de groupes, demandez-lui si vous bloquez sur un nom ou sur un titre !!! Il a donc d�barqu� chez moi avec le nom "Carnival in coal" et m'a expliqu� le concept qu'il avait en t�te. J'ai alors �crit "Da�ahhh", le tout premier morceau enregistr� par CinC, qui figure sur la d�mo "Sramik". C'�tait notre acte de naissance. J'�tais loin de penser qu'on en parlerait encore dix ans plus tard !

Arno a dit lors d'une interview " Durant toute la vie on nous gave de conventions et de figures impos�es, alors ne vous imposez pas cela dans la musique que vous �coutez ". Vous ne vous imposez aucune limite en terme de cr�ations ?
A la base, non, m�me si � plus ou moins longue �ch�ance, les morceaux passent par diff�rents filtres ! Il arrive parfois qu'on enregistre un truc, qu'on travaille dessus des heures, et que le lendemain �a ne nous paraisse plus aussi pertinent que la veille...ou m�me carr�ment lourdingue ! Ca peut �tre le cas pour des plans vraiment trop compliqu�s qui ont besoin d'�tre all�g�s, ou certaines id�es qui nous paraissent marrantes le jour m�me et qui vont nous consterner le lendemain. Les id�es nous viennent souvent de mani�re assez spontan�e, alors on les enregistre aussit�t. Souvent c'est l'�preuve du temps qui va les valider. Consciemment ou non nous nous fixons tout de m�me quelques infimes limites; on ne cherche pas � �tre herm�tiques � tout prix, et nous sommes tr�s � cheval sur la qualit� des arrangements. Autrement, en termes de cr�ation pure, on cherche � aller toujours plus loin dans l'exploration sonore, dans le m�tissage, mais aussi dans la fa�on de jouer et d'aborder les instruments. C'est pourquoi nous ne ferons jamais deux fois le m�me album, ni deux fois le m�me morceau d'ailleurs.

J'imagine que lors de vos interviews, on vous pose toujours plus ou moins les m�mes questions.
Y a t-il un sujet, une question , que l'on ne vous pose jamais, que vous aimeriez aborder ?

Voici cette question, mais je doute que tu puisses la poser un jour: "Alors, qu'allez-vous pouvoir vous offrir apr�s ce premier million de disques vendus ?". Evidemment �a reste du domaine de la science-fiction, il faudrait peut-�tre qu'on s'attaque � un genre musical plus...consensuel ! Si un jour tu peux nous poser s�rieusement cette question, on t'offre un caisse du meilleur champagne !

Je vois... je vois ... ceci dit, �a tombe mal je ne bois pas une goutte d'alcool, mais merci quand m�me ! D'ailleurs, puisque nous �voquons le sujet, vous 'tournez' � quoi ?
Plus s�rieusement, tu penses quoi globalement de la culture fran�aise musicale? D'apr�s toi, o� sont les failles dans l'industrie de la musique en France ?

Amusant, on ne bo�t pas une goutte d'alcool non plus ! Personnellement, je carbure au th�, Arno est tr�s amateur de tous ces nouveaux sodas aux go�ts exotiques et aux associations os�es du type papaye/poivre de sechuan.
Globalement, je constate que l'industrie musicale fran�aise est dans la m�me situation que l'industrie musicale italienne: elle est aux mains d'une poign�e de d�cideurs qui font la part belle � la sacro-sainte vari�t� fran�aise (dans laquelle on peut d�sormais inclure le rap, et une musique "alternative" tr�s choisie. Autant dire que ce n'est pas l� qu'il faut chercher le grand frisson. Bizarrement, des pays limitrophes tels que la Belgique ou la Suisse disposent d'une sc�ne pop/rock/metal bien plus cr�dible et desinhib�e, alros qu'ils ont aussi une culture musicale populaire qui leur est propre. Ca n'emp�che pas les labels de d�velopper des artistes pointus...
Les gros labels fran�ais ind�pendants ou non, ne savent toujours pas vraiment travailler des artistes qui ont une image d�rangeante, qui s'expriment en une autre langue que le fran�ais, ou qui ne s'adressent pas � un public �troitement cibl�. Je pense que c'est un probl�me culturel, on n'a absolument pas de culture rock cr�dible en France. pourtant les groupes de qualit� internationale foisonnent actuellement, mais ils gal�rent... Comme je l'ai d�j� dit dans une autre interview, les anglais ont Pink Floyd, les Beatles, Genesis, les am�ricains ont les Beach boys, Kiss, Van Halen, et nous en France, on a Johnny Halliday ou Jean-Jacques Goldman. Ca r�sume tout � mon avis. De ce fait nous n'avons eu aucun scrupule � signer sur un label anglais. Nous revendiquons notre culture musicale  anglo-saxonne !

La derni�re question, une esp�ce de leitmotiv chez les m�talorgiens. Aimes tu le surimi ?
Et sinon qu'aimerais tu dire pour cl�turer cet petit entretien, une envie, un coup de coeur, de la promo?
Le surimi...mein Gott, je pr�f�re ne pas y penser. Je dirais que c'est l'un des grands symboles de l'�poque actuelle: fade, incolore, � la texture douteuse, et si politiquement correct que �a cache forc�ment quelque chose ! J'ai vu une �mission un jour sur la fabrication du surimi, je d�fie quiconque d'en manger apr�s avoir vu �a !
En plus de te remercier, et de te demander de transmettre bien des choses � tous les m�talorgiens et giennes, je me dois de te r�v�ler que nous tombons pile � la p�riode de sortie de la r��dition de notre tout premier album, Vivalavida, chez Equilibre Music. Il est agr�ment� de la demo 4 pistes "Sramik" remasteris�e, qui �tait introuvable depuis pas mal d'ann�es. Et un tout nouveau livret 16 pages et son artwork de toute beaut�. Voil� de quoi se rattraper pour les retardataires et les malheureux qui ne pouvaient plus mettre la main sur notre premier m�fait. A savoir qu'il sera distribu� pour la premi�re fois � l'�tranger.
Et pour finir sur un coup de coeur, guettez  la sortie, cet hiver, de l'album de Wormfood (Code 666), des amis � nous qui sont vraiment, mais vraiment � enfermer. Bye !

Buffet Froid (Septembre 2005)

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