A l'occasion du Hellfest 2014, Metalorgie rencontrait une figure emblématique du stoner américain, le légendaire John Garcia, venu pour le temps d'un concert avec son groupe Unida.
Très honoré, mais quelque peu intimidé par ce bonhomme très sympa mais un peu flippant, il a bien voulu répondre à quelques unes de nos questions.
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Bonjour John, et merci de nous accorder cette interview.
Salut, pas de soucis.
Comment vas tu, là, tout de suite ?
Très bien, très content d'être là. Il fait beaucoup trop chaud à l'intérieur de la tente presse.
C'est pour ça que ça s'appelle le Hellfest non ?
Ouais, c'est l'enfer (rires).
Tu viens juste d'arriver ou tu as déjà pu aller voir quelques concerts ?
Non je viens juste d'arriver, on verra plus tard, si j'ai un peu de temps.
John, ton premier album solo sort dans quelques semaines, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?
Je suis très, très, enthousiaste à propos de ce projet tu sais. J'ai passé pas mal de temps sur ces nouvelles chansons, y ai mis beaucoup d'énergie, et c'est quelque chose que je voulais faire depuis très longtemps.
Comment s'est déroulé l'enregistrement de l'album ? Qu'est-ce qu'il y a de particulier à partir en solo sur un album, en termes d'écriture ou de production ?
Ah tu sais je travaille avec deux fantastiques producteurs, des mecs très expérimentés, à Palm Spring, à peu près à 20 minutes de chez moi, comme ça je peux enregistrer à peu près quand je veux. Et les sessions d'enregistrement se sont très bien déroulées, c'était incroyable d'être dans le désert avec tous ces gens expérimentés autour de moi. J'ai eu énormément de chance d'être aussi bien entouré : Nick Olieveri, Chris Hale et Damon Garrison de Slo Burn, David Angstrom et Dandy Brown d'Hermano, Tom Braid et Marc Diamond de The Dwarves et bien sûr le légendaire Robby Krieger de The Doors.
Est-ce qu'il y a des événements ou des choses en particulier qui t'ont inspiré pour cet album ?
Oh tu sais l'inspiration, elle vient comme ça, un peu naturellement, je m'inspire beaucoup des guitaristes avec qui je travaille, l'inspiration vient aussi énormément de ma famille, mes gosses, ma femme, mes amis. C'est un truc de tous les jours, finalement, rien de très calculé.
Tu as l'air d'être très occupé en ce moment : Hermano, Vista Chino, ta carrière solo, Unida aujourd'hui, qu'est-ce qui te motive après toutes ces années de rock'n roll ? Pas marre du desert rock ?
What the hell are you saying... Who in the hell are you talking to.. Won't you leave me alone... - My Mind - John Garcia.
J'aime toujours autant chanter, j'aime la performance scénique, ça me passionne toujours autant, j'ai beaucoup de chance d'avoir ces trois activités : chanter, écrire, et être père de famille, j'ai pas besoin de plus. J'apprécie tout ça, j'apprécie les choses simples de la vie, (là il s'énerve un peu, gentiment, mais ça met un peu la pression) j'ai pas le temps ni l'envie de mettre ma putain de casquette de mec cool... et d'être cool. Je veux pas être putain de cool, je veux être un bon père, un mari, un père de famille. Je veux pas mettre cette putain de casquette de mec cool, d'être en backstage en me disant "j'suis une putain de rock star, c'est cool"? (il se calme) J'veux pas de toute cette merde, j'veux des choses simples, je veux jouer ma musique en toute simplicité, être avec ma famille et mes amis, et j'emmerde tout le business des rock stars... Ouais, c'est ça !
Content d'entendre ça !
Je suis content que tu sois content ! (rires)
On demande souvent aux artistes stoner, durant les interviews, ce que veut dire le terme stoner, et ici plus particulièrement le sens de desert rock pour toi ? Qu'est-ce qui est stoner et qu'est-ce qui ne l'est pas.
(il réfléchit, prend le temps de poser ses mots, ce mec c'est la force tranquille, plus de charisme tu meurs, je crains la réponse, en même temps je l'ai bien cherché).
Desert-Rock, Stoner-Rock, Cock-Rock, Underwater-Rock, Whatever-Kind-Of-Rock-You-Want-To-Call-It, pour moi c'est juste du Rock'n Roll, c'est tout.
Donc si un groupe de rock français, suédois ou thaï se revendique Desert Rock, ça ne te dérange pas ?
... Pas du tout. ça me va.
L'album était censé s'appeler Garcia vs Garcia au début, pourquoi changer le titre ?
Hum, Garcia vs Garcia était devenu un titre qui me hantait jour et nuit, les gens m'en parlaient, je réfléchissais à l'album avec ce titre en tête, et puis au bout d'un moment, j'en ai eu marre et j'ai préféré l'appeler autrement sinon il ne serait jamais sorti. Donc pas de raison très logique, c'est juste que je ne me reconnaissais plus dans ce titre d'album.
Est-ce que tu as des perspectives avec Hermano, Vista Chino ou Unida ? Quelles sont tes priorité aujourd'hui ?
Ah tu sais, ces voitures là sont au garage comme on dit chez nous, je me concentre uniquement sur mon projet solo pour le moment. Un point c'est tout. Pour le moment. On verra comment tout ça évolue dans le futur. (rires)
Désolé pour la question qui arrive, j'imagine que tout le monde te la pose en ce moment, mais j'ai entendu dire qu'il y avait des litiges judiciaires avec Josh Homme pour le retour de Kyuss sur le devant de la scène, est-ce qu'on ne reverra jamais Kyuss au complet à cause de ça, est-ce que tu peux nous en parler ?
Ouais, c'est plutôt mort. J'ai pas trop envie d'en parler, les choses sont comme elles sont mais je ne crois pas que cela arrive un jour. J'ai tendance à dire ne dit jamais jamais, mais je crois sans trop me tromper que c'est bel et bien mort.
Tu peux nous dire deux mots sur ta collaboration avec Robby Krieger des Doors sur ton album ?
Avec plaisir. C'est une putain de légende. Avoir Robby Krieger sur ton tout premier album solo, c'est fou. Quand mon producteur est venu me voir avec ce projet de feature et m'a demandé ce que j'en pensais, j'ai dit "fantastic !". Il l'a contacté parce qu'il le connaît un peu, la chanson lui a plu, et ça s'est fait très vite. Je n'oublierai jamais cette expérience, jamais.
J'ai lu sur facebook, un de tes fans dire "je pourrais écouter Garcia chanter l'alphabet, ça serait quand même génial". Est-ce que tu as des projets d'enregistrer des comptines pour enfants dans un future proche ?
(rires) Quelqu'un a vraiment dit ça ? (rires) Nan, c'est pas prévu.
Qu'est-ce que tu chantes à tes enfants alors ?
Toutes sortes de choses... (il réfléchit). Toutes sortes de choses. Mais j'essaierai l'alphabet, mais à mes gamins seulement ! (rires).
Dans ma liste des gens de la mouvance Stoner que j'adorerais interviewer, il y avait toi, et il reste Chris Goss (Masters Of Reality), parce que je suis convaincu, qu'individuellement et avec vos groupes respectifs, vous avez énormément apporté au genre, et on pourrait (mais ça se discute) facilement dire que le premier Kyuss et le premier Masters Of Reality ont pratiquement crée cette mouvance desert-rock. C'est ce que je pense. Est-ce que tu te reconnais là dedans ?
Hum, non. Pas vraiment. Enfin je sais que beaucoup pensent comme toi. Mais je le vois d'une autre façon, parce que pour moi je n'étais même pas né quand d'autres avaient déjà commencé à faire ce genre de musique. Considère ces groupes : Cactus, Buffalo, Leaf Hound, Deep Purple, Hendrix, et ce tout petit groupe qu'on appelle Black Sabbath. Ce genre de truc est arrivé bien avant que Chris Goss ou Kyuss n'existent. Je ne me préoccupe pas trop de ce genre de truc. Je suis plutôt le genre de personne qui se préoccupe plus de, je sais pas moi, quel type d'appât je vais utiliser quand j'irai pêcher avec mon fils, après ma tournée. Je ne passe pas mon temps à analyser ce genre de trucs, je suis très terre à terre tu sais. C'est arrivé comme ça tu sais, juste quatre types qui partagent la même passion, pas de diagnostique pour moi, juste quatre gamins du lycée qui se réunissent dans une chambre minuscule et qui s'amusent avec leurs instruments, c'est aussi simple que ça. Il y a sûrement du vrai dans ce que tu dis, on me l'a déjà dit, mais moi honnêtement je m'en fiche un peu. (rires).
Tu as joué dans beaucoup de festivals, un peu partout dans le monde, quelle est la plus grand différence entre les festivals européens et américains ?
Plus de hipsters aux états unis. (rires) Beaucoup plus !
Merci beaucoup pour l'interview John.
Merci à toi, super.
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