Sonisphere : Interview de Salomon Hazot, responsable de Nous Productions
par Bacteries (11/05/2013)
Les 8 et 9 juin le Sonisphere débutera sa 3ème édition, au programme du lourd avec de grosses têtes d'affiche comme Iron Maiden, Limp Bizkit, Slayer, Megadeth, Korn, ...
Le Sonisphere existe dans pas mal de pays, pour la France c'est Nous Production (société organisant des concerts en France, si vous êtes allé au Stade de France voir Metallica, Red Hot Chili Peppers ou Black Eyed Peas c'était eux, Volbeat en France de même, ...).
Entretien avec Salomon Hazot, responsable de la structure.
Bonjour Salomon, tu es responsable de Nous Productions, d’habitude plutôt un homme de l’ombre, mais là pour le Sonisphere on te voit beaucoup plus. Le Sonisphere serait-il du coup à part dans votre activité?
Nous organisons des événements très divers, principalement des concerts. Le Sonisphere s’inscrit dans cette lignée mais a ses particularités. C’est un festival jeune qui a besoin d’être porté, parfois défendu et qui me tient beaucoup à cœur.
Combien de personnes travaillent à l’élaboration du Sonisphere ? Combien de temps cela prend-il ?
Nous sommes nombreux ! Un festival se prépare d’une année sur l’autre. Une fois que l’édition 2012 a été terminée, il a fallu commencer à réfléchir aux têtes d’affiche pour l’année suivante. Je n’aurai jamais pensé qu’on en arrive là et qu’il faille s’y prendre autant à l’avance mais à l’heure actuelle il y a plus de festivals que de weekends durant l’été. En effet, s’il y a 10 ou 12 festivals en Europe le même weekend, comme c’est le cas pour Rock en Seine par exemple, les artistes peuvent choisir trois villes maximum et vont donc aller là où il y a plus d’argent, c’est ainsi qu’entre en scène le critère financier. En dehors de cela, le planning de l’artiste ou du groupe doit s’accorder avec la saison estivale des festivals en Europe.
Combien de personnes attendez vous pour l’édition 2013?
Nous souhaitons accueillir au minimum 20 000 personnes par soir et nous sommes très bien partis pour cela. Mais c’est vrai que rien n’est simple. Nous sommes dans une région où le contexte économique est délicat. Mais j’espère que les gens vont pouvoir avoir la joie de venir. Le prix des places que nous pratiquons est le prix des places d’un concert, nous sommes moins chers que beaucoup d’autres festivals, pour des sites de tailles similaires avec d’aussi bons aménagements
Que répondez-vous à ceux qui trouvent que la programmation du Sonisphere se répète ?
De façon plus général, est ce que les énormes tête d’affiche se renouvelleront? Les années 2000 et la prolifération de style semble avoir pour résultat qu’on voit de moins en moins de groupe fédérateur (comme Metallica, Iron Maiden, Rammstein, Rage Against The Machine, Nine Inch Nails) et l’apparition de groupes réputés mais moins populaire (comme Mastodon, Bring Me The Horizon, Gojira, …). Du coup les festivals basé sur de grosse tête d’affiche devront-ils s’adapter? (pour aller vers des formules comme Dour par exemple)
Je pense que le système festival va forcément décliner, principalement sur le Hard Rock, parce que tous les deux ans ce sont les mêmes groupes qui reviennent. Et c’est une constatation au niveau mondial. Dans le Hard Rock, Metal, Punk, Fusion etc,, les festivals sont arrivés à un niveau de fréquentation optimal et ils n’iront pas au delà. Ceux qui continueront à bien fonctionner sont ceux où les gens vont pour y retrouver une ambiance, une atmosphère, pour se retrouver entre amis, entre fans.
Nous Prod organise tout genre de concert, de Black Eyed Peas à Metallica en passant par Robbie Williams, System Of A Down, Katty Perry, … y’a-t-il des différence dans l’organisation d’un concert metal, d’un concert pop, electro ou hip hop?
Les bases sont très similaires. Nous traitons chaque événement avec le professionnalisme qui nous incombe. Ce qui va changer le plus d’un concert à un autre, c’est la manière dont on s’adressera à tel ou tel public. Les fans sont tous différents et il convient de leur parler de ce qu’ils aiment avec les bons mots.
Vous organisez aussi bien des concerts en salle (de toutes tailles) jusqu’au stades et là avec le Sonisphere en extérieur sur plusieurs jours, cela apporte je suppose son lot de difficultés supplémentaire?
Effectivement, les contraintes techniques sont à une toute autre échelle. On ne travaille pas sur un Bataclan comme sur un Stade de France, les moyens humains, techniques, en somme l’organisation, se voient décuplés.
Il me semble que Nous Prod a été le premier à organiser un concert de Metallica en France, du coup 30 ans plus tard c’est encore vous qui organisiez le concert au Stade de France. Les relations avec les artistes doit donc jouer un rôle, comment expliquez vous cette relation si longue (et un peu la même avec les Red Hot Chili Peppers ou Black Eyed Peas je crois?)?
En effet, nous entretenons des relations de longue date avec les artistes cités. Ce sont non seulement des relations humaines, nous nous apprécions, mais nous avons du également faire nos preuves au niveau de l’organisation. C’est un véritable métier, les choses ne s’improvisent pas. Elles doivent être maîtrisées pour arriver au meilleur résultat possible afin de satisfaire si bien les artistes que le public.
Du coup vous avez des dénicheurs de talents dans l’équipe?
Vous tentez de mettre en avant vos coups de coeur?
J’ai toujours souhaité mettre en avant ce en quoi je croyais. J’ai fait débuter toutes sortes d’artistes en France. Cela tient autant à l’instinct qu’à l’expérience.
Nous Prod a été racheté par Warner en 2010. Quel en a été l’impact ? De quelle manière la major s’implique dans votre travail ? Cela facilite le travail avec les artistes du label, mais ne pose pas de soucis avec ceux des labels concurents?
Je souhaite faire les meilleurs choix possible pour Nous Productions et c’est pour cela que l’entreprise est devenue une part de Warner en 2010. Toutefois, je garde cette liberté et cette indépendance que j’ai toujours voulu avoir en produisant ce que je souhaite.
La "marque" sonisphere vous impose-t-elle certaines contraintes (au niveau organisation, communication, etc.)?
Nous gardons une grande indépendance dans notre travail même si une cohérence certaine, notamment au niveau de l’image, doit exister entre les différentes éditions du Sonisphere.
Vous souteniez dans une interview donnée à Radio Metal qu’il y avait de la place en France pour deux festivals de metal. Pouvez-vous nous parler de ce qui différencie le Sonisphere du Hellfest à vos yeux ?
Financièrement, puisque c’est une grande part de notre travail, nous n’avons pas les mêmes bases. Nous travaillons différemment. Mais si je n’avais pas été un passionné, j’aurai arrêté depuis longtemps ce métier.
Nous proposons moins de groupes, mais c’est un parti pris. En général vous allez à un festival de 14h à minuit. Soit 10h. Si vous souhaitez réellement profiter de tous les groupes, vous ne pourrez en voir que 10 à 12 par jour. Et nous souhaitons que vous puissiez profiter de tout. Des artistes en festival j’en ai vu pendant 20 ans, en tant que fan, et c’est donc notre volonté que de ne pas mettre trop d’artistes sur un festival le même jour.
Dans une interview donnée à Rock Hard, Ben Barbaud du Hellfest a laissé entendre que le Sonisphere mettait des bâtons dans les roues du Hellfest, allant jusqu’à penser que son offre pour Iron Maiden n’était pas arrivée aux oreilles du groupe. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
Je pense qu’il faut se souvenir que j’étais là aux début du Hellfest et que s’il en est là aujourd’hui, c’est aussi grâce au fruit de notre collaboration, entre Ben et moi. Le Sonisphere n’a jamais eu vocation à aller à l’encontre du Hellfest. Je le répète, nous travaillons différemment, avec une expérience, des méthodes, des bases différentes.
D’autre part, je travaille avec Iron Maiden depuis très longtemps, nous avons d’excellentes relations et je trouve logique que cela continue ainsi.
L’année 2013 semble être providentiel pour les amateurs de rock énervé / metal / … avec le Sonisphere, le Hellfest, Rammstein aux vieilles charues, Nine Inch Nails et System Of A Down à Rock En Seine. Comment expliquerais-tu ce regain au niveau concert du metal?
C’est une constatation internationale, le rock est cyclique, dans la musique mais aussi dans la production. Nous avons la chance de voir le retour de beaucoup de grands groupes cette année !
Merci!