Burton C. Bell

par Grum (23/02/2013)

Le rendez-vous était pris en fin d’après-midi au Bataclan. Et c’est quelques minutes seulement après avoir terminé les balances que Burton C. Bell s’est rendu disponible pour répondre à nos questions.

Burton C. Bell par Julie Balagué ©
©Julie Balagué

Cela fait trois que Fear Factory s’est reformé. Est-ce que des choses ont changé entre toi et Dino ou est-ce que ça a tout de suite fonctionné à nouveau comme avant entre vous ?

Avec  le retour de Dino dans le groupe, l’alchimie est revenue immédiatement. Notre façon de travailler ensemble est toujours la même, la part de création de chacun est la même. Mais en même temps c’est également différent, car il y a du temps qui s’est écoulé, nous avons en quelque sorte grandis, évolués chacun de notre côté, nous sommes devenus plus matures, et cela a eu pour conséquence que Dino et moi sommes maintenant capable de bien mieux communiquer entre nous qu’auparavant. C’est quelque chose de vraiment positif, et c’est cela qui constitue le réel changement pour le groupe.

Votre dernier album The Industrialist est un concept album, comme bon nombre de vos albums, mais celui-là semble différent dans son approche. Pourrais-tu m’en dire un peu plus ?

The Industrialist est différent des autres albums car il adopte le point de vue des machines. Pour résumer l’histoire, The Industrialist est un modèle de robot qui, au moment de sa conception et de sa fabrication, est le plus perfectionné qui soit. Avec le temps qui passe, il accumule des souvenirs et commence à avoir de l’attachement pour les humains qu’il côtoie et à développer une réelle perception du monde qui l’entoure. Mais un jour la compagnie qui l’a construit décide de le mettre au rebut, ainsi que tous les autres modèles identiques, pour les démonter. Sauf qu’il ne va pas se laisser faire. Pour faire court, The Industrialist est donc l’histoire d’un combat entre les hommes et les machines, mais qui se place du côté des machines.

Est-ce qu’il a été naturel pour vous de ne pas avoir recourt à un batteur pour l’enregistrement de The Industrialist ?

Tout à fait ! En fait, nous utilisons Pro-Tools depuis tellement d’années et il n’y a plus de batteurs sur nos albums depuis Digimortal. En utilisant Pro-Tools, il faut être précis avec chaque frappe et l’utilisation d’une boite à rythme permet d’obtenir cette précision. Ca ne nous manque donc pas du tout d’avoir un batteur à nos côtés pendant la phase d’enregistrement, cela rend même la phase de composition plus simple, et rapide.

Par contre en live vous préférez continuer de jouer avec un batteur ?

Cela dépend à qui tu poses la question ! Dino pense que c’est mieux d’avoir un batteur sur scène avec nous en tournée. Mais moi je pense que si on souhaitait être parfait chaque soir, il vaudrait mieux utiliser une boite à rythmes. On a eu un sacré débat à ce sujet (rires).

Que penses-tu des retours et des critiques concernant The Industrialist,  qui parlent notamment d’un retour du bon vieux Fear Factory aux affaires ? Est-ce aussi ton sentiment ?

Je trouve ça très positif ! Evidemment, tout le monde n’a pas aimé l’album, tu ne peux jamais plaire à tout le monde, mais les vrais fans du groupe et les amateurs d’indus, dont je fais partie, ont apparemment vraiment aimé. Les critiques sont bonnes et je pense que le groupe est maintenant reparti dans la bonne direction.

Vous avez enregistré une reprise de la chanson Landfill du groupe  Pitchshifter pour l’édition deluxe de l’album, y-a-t’il une raison particulière à ce choix ?

Nous voulions faire la reprise d’un classique de l’indus, que Dino et moi aimions tous les deux. L’écoute du premier album de Pitchshifter, et en particulier cette chanson, nous avait laissé sur le cul ! Nous nous disions « c’est de la folie ». D’ailleurs, nous nous sommes bien amusés à l’enregistrer.

Vous connaissez les membres de Pitchshifter ?

Oui, je connais John et Mark depuis très longtemps. On se croise assez souvent sur la route.

Le style de musique joué par Fear Factory est plutôt unique, quand vous avez commencé le groupe en 1989, quelles étaient tes influences, pas seulement musicales, à l’époque ?

Pour moi c’était Godflesh, Ministry, Head Of David, Big Black, Sisters Of Mercy, Fields Of Nephilim, le Nirvana des début, Soundgarden, Black Sabbath…  Et en dehors de ça, j’étais plutôt introspectif. Donc en dehors de la musique ma source d’inspiration était la vie, ce qui m’entourait, tout simplement (Rires).

Quel est le dernier album que tu as écouté qui t’as mis une grosse baffe ?

C’est Thirteen Songs de Fugazi. C’est un truc de malade, cet album me retourne les tripes et en même temps, il me donne un sentiment de bien-être incroyable.

Fear Factory est devenue une source d’inspiration pour bon nombre de groupes, en es-tu fier ?

Evidemment, et j’en suis très honoré. Ca signifie que j’ai pu apporter ma contribution à la communauté musicale, qui pourra être utilisée et réutilisée, et inspirer d’autres musiciens, un peu comme si j’étais un professeur. Donc oui, j’en suis fier !

Quand vous en êtes à 20 ans de carrière et 8 albums, est-ce difficile de choisir quels titres vous jouerez en concert ?

(Rires) Oui, c’est dur. On a eu presque la même setlist pendant de nombreuses années et on avait envie d’en changer, mais il nous faut toujours penser à respecter le bon rythme et la bonne énergie pour les concerts, c’est très important. Beaucoup de nos chansons ne sont pas dans les mêmes tonalités, c’est donc difficile de trouver la bonne setlist. On doit jouer une heure, et il y a des chansons incontournables que le public veut toujours nous entendre jouer. Peut-être que sur une prochaine tournée, les choses seront différentes.

Cependant, vous ne jouez aucune chanson des deux albums auxquels Dino n’a pas participé, y-a-t’il une raison particulière à ça ?

Dino ne veut pas les jouer, tout simplement (Rires).

A travers vos paroles et vos chansons, on se rend compte que votre vision du futur est quand même sacrément flippante ! N’as tu aucune confiance dans le progrès ?

(Rires) Dans le progrès de l’humanité ? Oui, parfois je perds confiance, quand on voit tout ce qu’il se passe de mauvais à travers le monde. Mais aussi tellement de bonnes choses, donc je ne peux pas m’empêcher de penser que ce seront toujours les « bons » qui prévaudront, ceux avec l’intelligence nécessaire pour faire avancer les choses dans le bon sens à travers de nouvelles technologies ou de nouvelles inventions. Mais Il y aura toujours la balance entre le positif et le négatif, et il y aura toujours quelqu’un pour détourner ces inventions et nouvelles technologies de leur utilisation dans un but mauvais, comme par exemple internet qui est un outil incroyable pour communiquer instantanément à travers le monde entier, mais sur lequel on peut aussi trouver des images pédophiles. C’est terrible.
 
Quel est ton regard sur la crise internationale actuelle, et sur la réélection de Barack Obama à la tête des États-Unis ?

Je suis heureux de la réélection de Barack Obama, mais les Etats-Unis ne sont pas dans une position facile, il y a une vraie guerre interne entre Démocrates et Républicains. Bien sûr pas une guerre au sens propre, cela n’a rien à voir avec ce qu’il se passe en Egypte, en Syrie, en Lybie, au Moyen-Orient en général. Les religions et la lutte pour le pouvoir, entre autres, empêchent les hommes de vivre côte-à-côte.
Pour ce qui est de la crise et de l’état du monde, c’est sûr qu’il se passe des choses effrayantes, mais comme je l’ai dit, j’espère et je pense que les « bons » finiront par prendre le dessus.

Qui y a t’il de prévu pour Fear Factory pour la suite ?

On va continuer notre tournée pendant l’année 2013 et tout de suite enchaîner sur l’écriture et l’enregistrement d’un nouvel album, qu’on aimerait sortir pour 2014.


Merci à Burton C. Bell pour sa disponibilité, ainsi qu’à Roger et Replica Promotions qui ont permis cet entretien.
Merci à Julie Balagué pour le portrait de Burton C. Bell. N’hésitez pas à vous rendre sur son site : www.coccolithophoride.com

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